Top Gun : dossier exclusif et critique du film (1986)

Action, Romance | 1h50min
Note de la rédaction :
5.5/10
5.5
Top Gun, affiche cinéma 1986

  • Réalisateur : Tony Scott
  • Acteurs : Michael Ironside, John Stockwell, Tom Cruise, Meg Ryan, Val Kilmer, Tom Skerritt, Tim Robbins
  • Date de sortie: 17 Sep 1986
  • Année de production : 1986
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Top Gun
  • Titres alternatifs : Top Gun: Pasión y gloria (Mexique, Chili), Top Gun - Reto a la gloria (Argentine), Top Gun: Ases Indomáveis (Argentine), Top Gun - den beste av de beste (Norvège), Top Gun - lentäjistä parhaat (Finlande), Top Gun (Ídolos del aire) (Espagne), Top Gun - Sie fürchten weder Tod noch Teufel (Allemagne), Top Gun - Ases Indomáveis (Portugal),
  • Scénaristes : Jim Cash, Jack Epps Jr
  • D'après l'œuvre de :
  • Directeur de la photographie : Jeffrey L. Kimball
  • Monteur : Chris Lebenzon, Billy Weber
  • Compositeur : Harold Faltermeyer
  • Producteurs : Jerry Bruckheimer, Don Simpson
  • Sociétés de production : Paramount Pictures, Don Simpson/Jerry Bruckheimer Films
  • Distributeur : United International Pictures (UIP)
  • Distributeur reprise : Splendor Films
  • Date de sortie reprise : 30 septembre 2015 (3D), 20 décembre 2020 (reprise 4K annulée en raison de la crise de la Covid 19)
  • Editeur vidéo : ‎ Paramount Pictures (DVD, blu-ray, Ultra HD 4K)
  • Date de sortie vidéo : VHS (1987), 10 août 2000 (DVD), 17 mars 2005 (DVD, édition spéciale), 8 avril 2009 (Blu-ray, édition collector), 12 juin 2013 (Edition limitée blu-ray 3D + blu-ray), 21 mai 2014 (Edition Digibook), 1er juillet 2020 (blu-ray), 2 décembre 2020 (Edition limitée Steelbook combo 4K+Blu-ray), 9 juin 2021 (4K ultra HD)
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 3 571 206 entrées
  • Box-office nord américain / monde : 180 258 178 $ / 357 288 178 $
  • Budget : 15 000 000$
  • Rentabilité :
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.20 : 1 (70 mm) - 2.39 : 1 / Couleur (35, 70mm, Eastman, 3D Imax en 2013) /
  • Festivals et récompenses : Taormina Film Festival (Italie, 1986), Film de Gala Deauville 1986, Golden Gobe de la Meilleure chanson pour Tom Whitlock & Giorgio Moroder (Take My Breath Away), 4 nominations aux Oscars dont une statuette pour la chanson de Tom Whitlock & Giorgio Moroder (Take My Breath Away), Brit Awards (Meilleur bande-originale, 1987), People's Choice Awards du Meilleur film (USA, 1987), Inclusion au National Film Preservation Board américain en 2015
  • Illustrateur / Création graphique : © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Paramount Pictures Corporation. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Franchise : Premier volet du diptyque Top Gun
Note des spectateurs :

Les dix premières minutes de Top Gun

Phénomène américain de l’année 1986, Top Gun détient quelques records et mérite bien un dossier exclusif, même si, qualitativement, le film nous a toujours laissés totalement indifférent. La critique du film est forcément dérisoire, voire inutile tellement cette production en pilotage automatique a été vue, racontée et critiquée au-delà du raisonnable. On laissera chacun se faire à son idée.

Synopsis : Pilote de chasse émérite mais casse-cou Maverick Mitchell est admis à Top Gun, l’école de l’élite de l’aéronavale. Son manque de prudence lui attire les foudres de ses supérieurs et la haine de certains coéquipiers. Il perd subitement la foi et confiance en lui quand son ami de toujours meurt en vol et qu’il s’en croit responsable…

Critique : L’aviation et Hollywood. Une histoire d’amour. Entre les épopées d’Howard Hawks (Seuls les anges ont des ailes) et L’Etoffe des héros de Philip Kaufman, aux films catastrophe aériens et à ses parodies (Y a-t-il un pilote dans l’avion), l’héroïsme anime ce cinéma qui allait être ranimé par Tony Scott en 1986, avec l’aide des producteurs Jerry Bruckheimer et Don Simpson, connus alors pour American Gigolo, La Féline avec Nastassia Kinski, et surtout les triomphes de Flashdance et Le flic de Beverly Hills. Leur complicité allait entrer dans la légende hollywoodienne.

En pleine  période reaganienne, lors d’une décennie obsédée par la guerre froide (la terreur nucléaire qui animait la production cinématographique), les conséquences psychologiques du Vietnam (Rambo, Platoon, Né un 4 juillet), et un besoin de gonfler du torse avec d’innombrables triomphes dans le genre de l’action et de la guerre, des séries B aux séries A, Top Gun est la synthèse pop et stylée qui s’approprie à peu près tous les codes visuels de la culture homosexuelle yankee des porns de l’époque et de la publicité esthétisante qui vouait un culte au corps baignant dans des lumières de l’orgueil.

Top Gun en VOD

© Paramount Pictures Corporation. All Rights Reserved.

Tom Cruise transpirant de tous les plans, au regard surexploité, devient l’égérie d’une génération du perfectionnisme jusque dans sa propre névrose de la jeunesse, devenant avec les décennies au cinéma ce que Madonna restera à la musique, l’incarnation de l’impossible raccrochage.

Plus petit que l’héroïne d’une romance improbable avec l’actrice Kelly McGillis qui sortait du polar en territoire Amish Witness de Peter Weir, alors que Tom Cruise n’était connu que pour des rôles adolescents antérieurs à 1984, la vedette masculine est constamment dans la lutte pour être dans la lumière, sous son angle le plus charismatique. Cette lutte de l’ego, dans les cieux et à la base militaire, est surtout au cœur même du script qui relate les exploits d’une tête brûlée, indomptable et rebelle, l’individualisme américain qui devra apprendre à partager les louanges et à faire équipe pour cesser de mettre en danger les autres. Ce n’est pas pour rien que les scénaristes très paresseux, ont tout simplement baptisé leur personnage Maverick dont le mot même en anglais exprime l’individualisme, l’entêtement, et l’acharnement à rester rebelle et indépendant.

Après son trip vampirique avec David Bowie et Catherine Deneuve, Les prédateurs (1983), Tony Scott, toujours en retrait qualitatif par rapport à son frère Ridley, s’évertue à filmer beau, fluide et léché et se fait comme d’autres en cette décennie l’artisan du vide. Top Gun vibre de ses prouesses esthétiques et résonne de son creux scénaristique qui après tout pouvait aussi résonner dans les classiques de l’aviation de l’âge d’or d’Hollywood, dans les années 30 ou dans les années 50.

Avec une bande originale qui compte parmi les premières avec Flashdance, Footloose, et Le flic de Beverly Hills, à compter sur les tubes pour alimenter à foison sa promo par le top 50, Top Gun est délicieusement daté et ses images en haute définition 4K confinent à la perfection. Ce n’est pas pour autant qu’on trouvera matière à s’extasier. Son absence de narration solide a rendu toute tentative de suite immédiate périlleuse. Le sequel arrive donc 36 ans après. Top Gun Maverick s’avère logique en 2022, avec un autre cinéaste de l’épate aérienne, Joseph Kosinski (Oblivion, avec l’éternellement beau Tom Cruise, et surtout Tron l’héritage) pour succéder à Tony Scott, malheureusement décédé tragiquement en 2012, mais qui tentera de réexploiter son tandem sportif avec Cruise dans Jours de tonnerre, un échec artistique et commercial qui laissera pantois.

Frédéric Mignard

Sorties de la semaine du 17 septembre 1986

Top Gun, affiche 4X3 originale (1986), issue des Archives de CinéDweller

Les archives de CinéDweller © Paramount Pictures Corporation. All Rights Reserved.

Dossier box-office mondial :

Top Gun est sorti en France le jour d’un attentat historique. Vendu comme le film de l’année 1986, le phénomène Top Gun a-t-il eu lieu en  France? Retour sur un événement qui méritait un dossier.

Après une avant-première à New York et à Los Angeles, Top Gun s’envole en salle le 16 mai 1986, un vendredi. Le festival de Cannes aborde son week-end de clôture et dévoile ce 16 mai ce qui deviendra la Palme deux jours plus tard, Mission de Roland Joffé. Le samedi, les louanges accompagneront un certain Jarmusch pour Down By Law. Et on garde encore en tête la projection de La couleur pourpre de Steven Spielberg, avec une débutante, Whoopi Goldberg… Top Gun n’est en rien un film pour Cannes où l’Amérique est omniprésente via la société israélienne de Menahem Golan et Yoram Globus, Cannon, qui placarde ses projets sur la Croisette : Over the Top avec Stallone, Superman IV avec Reeve et Hackman, Investigation de Konchalovsky avec Al Pacino, King Lear de Godard, Captain America de Michael Winner sur un scénario de Stan Lee, Spider-Man the Movie de Joseph – Vendredi 13 Chapitre Final – Zito, Le temple du soleil de Jack Lee Thompson, avec Chuck Norris et Louis Gossett Jr., L’invasion vient de Mars et Massacre à la tronçonneuse 2 de Tobe Hooper, Public enemies avec John Travolta et Whoopi Goldberg, Salomé d’après Oscar Wilde, avec Tomas Milian, Les maîtres de l’univers de Gary Goddard…

Bref, à Cannes, on s’affaire et on n’a guère l’occasion d’évoquer ce qui sera le plus gros succès annuel aux USA, avec 180M$, soit un total de 437 000 000 si l’on ajuste le cours du dollar de l’époque à l’inflation d’aujourd’hui.

L’une des raisons pour lesquelles on parle finalement peu de Tom Cruise en ce début d’année repose sur deux faits. Qui connaît vraiment Tom Cruise ? Ceux qui ont vu Legend du frère de Tony Scott, Ridley, accident industriel qui est sorti aux USA neuf mois après la France pour un piteux 15M$, soit autant que All the Right Moves, film ado sportif avec le jeune acteur, proposé dans les salles américaines en octobre 1983 ? Risky Business ayant été un gros succès deux ans auparavant, avec un look pas très sexy, Tom Cruise a tout à prouver. Il en va de même pour Tony Scott dont Les prédateurs, avec Catherine Deneuve et David Bowie, proposé en avril 1983, s’était à peine abreuvé de 4 800 000$.

L’une des plus belles longévité dans l’histoire du cinéma contemporain

Top Gun n’est en rien le plus attendu des films de l’année 86 lorsqu’il débarque aux USA. Le blockbuster en devenir, au gros potentiel pour Paramount qui sort des succès de Rose Bonbon (production John Hugues) et Gung Ho (Ron Howard) est toutefois le nouveau fruit de la collaboration choc entre Jerry Brucheimer et Don Simpson. Le décollage de début de saison estivale est très convenable pour son budget élevé de 15M$, mais ne peut alors prétendre au moindre record. Ses 8 193 000$ en trois jours lui permettent néanmoins d’orchestrer le deuxième démarrage des cinq premiers mois de l’année 86, derrière un certain Police Academy 3 Instructeurs de choc. La patrouille aérienne déloge de la première place le film de science-fiction pour adolescents, Short Circuit.

Le triomphe du métrage ne sera jamais celui d’un bulldozer qui écrase tout, mais plutôt celui d’un vol long-courrier avec l’une des carrières les plus épatantes en termes de bouche-à-oreille. Le film de Tony Scott tiendra pas moins de 25 semaines dans le top 10 américain, ne redescendant jamais durant l’été, et poursuivant son parcours brillant au-delà de la rentrée. A l’issue du mois de novembre, il a retrouvé la 10e place (29e semaine), et restera pour sa première exploitation, hors reprise anniversaire ou 3D, classé pendant une quarantaine de semaines dans les salles américaines, planant encore à un bon niveau pendant tout le mois de janvier 1987.

Cette longévité rare, peu de films en profiteront autant. Les aventuriers de l’arche perdue (démarrage à 8M$ pour un total de 225M$), Amadeus, E.T. ou Flashdance font partie des autres phénomènes. On citera également Retour vers le futur ou, dans les années 90 Titanic et Ghost.

Tom Cruise contre Sylvester Stallone contre Arnold Schwarzenegger

Pour son 2e week-end américain, Top Gun glisse de la première à la 3e place. Il est dépassé par le très attendu mais survendu Cobra avec Stallone qui réalise un gros démarrage (15M$), qui est jugé peu suffisant au vu de sa combinaison record. De même, le blockbuster d’aviation pour jeunes rétrograde derrière Poltergeist 2 (12M$). Néanmoins, ce second week-end vaut au futur numéro 1 annuel de réaliser un peu plus de recettes (9 449 000$) et même de dépasser les 20M$, rentabilisant son budget de production élevée.

Top Gun bat des records au box-office mondial

© Paramount Pictures Corporation. All Rights Reserved.

Pour son 3e week-end américain, plutôt calme, Stallone s’effondre avec Cobra (7 500 000$) et Top Gun a encore du carburant dans le moteur (6 900 000), pour des recettes totales de 31M$ en 18 jours. Désormais, avec un tel score, il faudra envisager une grosse sortie pour le film en France. Et celle-ci est vite posée au 17 septembre pour profiter de Deauville et ne pas souffrir du peu d’affluence dans les cinémas français en été. Paramount communique avec une double page dans le Film Français. Tom Cruise, encore joufflu, le pouce levé, va connaître son premier succès hexagonal.

Une année exceptionnelle pour Paramount

Désormais phénoménal, Top Gun savoure. Sa 4e semaine lui permet de récupérer la première place avec 8 230 000$ devant Le contrat (Arnold Schwarzenegger, second avec 5 434 000$). L’invasion vient de Mars de la Cannon est un gouffre en 7e place, avec 2M$ en trois jours. En 5e semaine, Tom Cruise atterrit en 3e place, derrière deux nouveautés dont La folle journée de Ferris Bueller, autre succès estampillé Paramount. Le studio américain achète dans la lancée les droits de Crocodile Dundee, plus gros succès pour un film australien, qui fera figure de phénomène en septembre 1986 aux USA réalisant autant de recettes que Top Gun in fine sur le territoire américain, tout en réalisant près de 6 000 000 d’entrées en France en 1987, soit plus de 2 500 000 entrées que Top Gun sur notre territoire. Le studio finira numéro 1 annuel en 1986, très loin devant la concurrence, classant deux autres longs dans le top 10 annuel américain, Star Trek IV (7e) et La folle journée de Ferris Bueller (10e).

Fin juillet, alors qu’Aliens de James Cameron s’éprend de la tête du box-office pour un deuxième week-end, Top Gun, avion à réaction, dépasse les 100M$ et écrase encore des nouveautés comme Maximum Overdrive et Nuit de noces chez les fantômes tous deux aux alentours des 3M$  pour leur investiture.

Film d’ouverture de Deauville 1986

En France, en septembre 1986, la branche française de Paramount, associée à Universal, United International Pictures (ex-CIC), s’apprête à mettre Top Gun sur orbite. La rampe de lancement est le festival de Deauville, avec une projection le samedi 6 septembre. Déjà numéro 1 annuel aux USA, le film de Tony Scott est projeté en film de gala. Un honneur qui vient aussi annoncer les 90 ans de Paramount.

Peu de concurrence en France face à Tom Cruise dans Top Gun. Le film UIP ouvre dans 44 salles parisiennes et décroche 16 882 entrées pour son premier jour parisien, quand Le clochard de Beverly Hills, avec Bette Midler, sauve 6 244 spectateurs de ses eaux. On est déçu par ce démarrage en-deçà de Karaté Kid 2 (20 192, 45 salles), Jean de Florette (43 085, + 60 écrans).

 

Box-office de Top Gun, Paris Première semaine

Box-office de Top Gun, Paris Première semaine – Semaine du 17 septembre 1986. © Le Film Français

La sortie française du film correspond à la reprise de la pole position pour Top Gun aux USA, numéro 1 après 128 jours d’exploitation, avec un score de 3 292 000$.

Top Gun sort en salle le jour d’un attentat meurtrier sur Paris

Top Gun a la malchance de démarrer sa carrière le jour de l’attentat de la rue de Rennes à Paris. Sept morts, 55 blessés. Le drame déchire la France, le Septembre noir, aura une forte incidence sur la carrière de Top Gun en France qui trouve donc 120 448 spectateurs dans 46 salles contre 48 000 pour Le clochard de Beverly Hills. La baisse de la fréquentation est de 21% par rapport à la semaine précédente, et surtout de 42% par rapport à la semaine correspondante, en 1985, puisqu’il faut ajouter à cela les aléas de la crise du cinéma naissante, mais bien visible.

Dans l’Hexagone, Top Gun démarre à 461 000 entrées. Seulement. Le film est empêché dans sa course aux étoiles par Jean de Florette, leader brillant en 4e semaine, avec encore 491 000 entrées. Le premier volet du diptyque de Claude Berri est ainsi toujours en tête des entrées sur des marchés majeurs comme ceux de Marseille, Lille, Nantes, Rouen, St-Etienne…

En 2e semaine, sur Paris-Périphérie, Top Gun reste à une bonne hauteur, ne perdant que 26% de sa fréquentation, avec 89 193 entrées. Tom Cruise doit néanmoins céder sa place au décevant Nuit d’ivresse (Lhermitte, Balasko à 94 000). En province Jean de Florette a encore 88 000 entrées d’avance, mais Top Gun est loin d’avoir dit son dernier mot avec 360 000 entrées et un total de 823 000 entrées. Le film accueillera 3 500 000 aviateurs dans son cockpit, avec 5 semaines au-dessus des 200 000 entrées, 2 millions d’entrées acquises à l’issue de sa 9e semaine (quand Cobra avec Stallone y parviendra en 4 semaines !)…

Une carrière longue marketée par une bande originale à “couper le souffle”

La première semaine de janvier 1987, Tom Cruise, nouvelle idole des jeunes, est toujours dans le top 15 national, et flirte avec les 2 500 000 entrées. Il lui reste encore plus d’un million de passagers en attente, avec une carrière parfaitement marketée, notamment par le succès incroyable de la bande originale. Si le 45 tours de Kenny Rogers Danger Zone est un succès de radio, la chanson composée par Giorgio Moroder, Take My Breath Away est un triomphe mondial dont la sortie européenne est parfaitement orchestrée à la fin du mois d’octobre 1986. Le groupe américain Berlin qui l’interprète entre en 29e place des meilleures ventes de singles en France et finira sa carrière en mars 1987, permettant au film de rester longuement d’actualité, avec un Golden Globe et un Oscar de la Meilleure chanson. Le thème romantique obtiendra un succès phénoménal au Royaume-Uni avec une première position quand la France se contentera d’une seconde place déjà brillante.

Top Gun, affiche reprise 3D

Affiche reprise 3D de Top Gun © Paramount Pictures Corporation. All Rights Reserved.

Top Gun, l’héritage

Même si aux USA, Le flic de Beverly Hills, autre production Don Simpson Jerry Bruckheimer a réalisé des recettes plus conséquentes car sorti lors d’une année plus favorable (234M$ en 1984), dans le monde Top Gun est l’une des meilleures affaires de la décennie 80. On ne compte plus, du porno à la série Z, l’exploitation d’un film qui deviendra la marque d’un savoir-faire pour le duo de producteur et tout un symbole pour Tom Cruise qui va construire son identité par rapport à cette œuvre fondatrice dans une carrière. Il devient du jour au lendemain aussi bankable que Sylvester Stallone et impose un physique adolescent propret qu’Hollywood a rarement porté au pinacle. Top Gun se positionne d’ailleurs dans la carrière du comédien entre deux films de grands cinéastes, Legend de Ridley Scott (1985) et La couleur de l’argent de Martin Scorsese. Dans ce dernier, qui sort à l’automne 1986 aux USA, la symbolique est immense ; Paul Newman lui lègue un héritage générationnel l’année où le film d’aviation devient lui-même, faute d’être un grand film, une immense œuvre générationnelle elle-même.

Top Gun vieillira mal aux yeux des générations qui suivirent. Sa thématique de l’aéronautique, son nationalisme, son machisme ambiant n’ont guère suscité l’enthousiasme des cinéphiles post années 80 qui préfèreront découvrir Tom Cruise dans un cinéma plus sérieux (Magnolia) ou des œuvres commerciales comme Mission : Impossible, davantage dans l’attente de leur époque. Cela n’empêchera pas la Fighter Weapons School de Miramar de revenir gonflée à la technologie 3D dans les années 2010, en 2013 aux USA et en 2015 en France, suivant la mode de l’époque post Avatar, avec une ressortie exceptionnelle, notamment en Imax, aux USA et même en France.

Top Gun a aimé évoluer au gré des technologies, passant du support VHS qui le fit triompher en 1987  à celui du laser disc certifié THX, avec ses premières pistes Surround dans les années 90, puis de nombreuses éditions DVD, collector ou non, Blu-ray, double, 3D, et le 4K Ultra HD, Steelbook ou Amaray en préambule de la sortie de Top Gun Maverick posée pendant longtemps à une date stratégique en juillet 2020, avant de devoir retarder son décollage en 2021 puis 2022, les salles de cinéma étant toujours sous l’effet sévère de la covid-19.

La bande originale suivra un parcours glorieux, avec une Special Expanded Edition en 1999 et une édition Deluxe en 2006. Le décalage des ventes entre les USA et l’Europe est manifeste, puisqu’aux USA, l’album a été certifié 9 fois disques de platine (9 000 000 de copies envoyées en magasin) contre 600 000 au Royaume-Uni, et 600 000 exemplaires vendus en France.

Les USA connaîtront pas moins de 6 singles contre deux pour l’Europe, avec notamment un titre des Mighty Wings, un autre morceau de Kenny Loggins, la ballade rock de Loverboy, mis en orbite pour alimenter les ventes d’albums sur le marché américain et prolonger la carrière du film en salle. La major Columbia décida en revanche de ne pas les exploiter en Europe en raison de leur caractère trop américain. En 2022, c’est la chanteuse Lady Gaga qui aura l’honneur de figurer en fer de lance de la B.O. de Top Gun Maverick, avec Hold My Hand, qui reprend des airs de rock FM californien des années 80 avec un succès plus mitigé à la veille du lancement du film.

Frédéric Mignard

Top Gun, 4K Ultra HD

© Paramount Pictures Corporation. All Rights Reserved.

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