Producteur, réalisateur et scénariste israélien, Menahem Golan est le très célèbre patron avec son complice Yoram Globus de la Cannon, firme des années 80 spécialisée dans l’action. Golan a d’abord commencé sa carrière au théâtre, avant de se lancer dans la production de films en Israël. Il s’associe dès le début des années 60 avec son cousin Yoram Globus au sein de la Noah Films. Golan se charge alors de l’aspect créatif tandis que Globus est affecté aux finances, répartition des tâches qui durera près de trente ans.

Un influent producteur israélien aux ambitions démesurées

En 1964, la compagnie connaît son premier gros succès avec Sallah Shabati (Kishon) qui est nommé à l’Oscar du meilleur film étranger. Durant cette période, Menahem Golan tourne un nombre considérable de films dans le but de les exporter sur le marché international. Toutefois, seul Kazablan (1973) parvient à être acheté par la MGM sans pour autant rencontrer le succès. On notera pourtant que la France fut une terre d’accueil privilégiée pour ses films avec la distribution (confidentielle, certes), de La malle du Caire (1967), Norman banquier (1969), Les putains aussi (1971) , Lepke le caïd (1975) et Opération Thunderbolt (1978).

La reprise de la Cannon et la conquête d’Hollywood

Toutefois, le basculement intervient en 1979 avec le rachat d’une compagnie américaine en faillite nommée The Cannon Group Inc. L’ambition affichée est désormais de conquérir Hollywood. L’ascension de cette petite compagnie indépendante est fulgurante, avec un nombre de productions impressionnant – jusqu’à une trentaine de films par an au cours des années 80. C’est le succès de L’implacable ninja (Golan, 1981) qui permet au groupe de percer. Peu à peu, la firme signe des stars comme Charles Bronson ou Chuck Norris et se spécialise dans le film d’action bas du front, avec une forte dose de testostérone.

En tant que réalisateur, Menahem Golan tourne notamment Delta Force (1986) qui est un beau succès. Vers le milieu des années 80, le duo Golan-Globus, peu considéré à Hollywood, cherche à se forger une légitimité artistique et produit plusieurs films de prestige comme Love Streams (Cassavetes, 1984), Maria’s Lovers (Konchalovsky, 1984), Le soulier de Satin (de Oliveira, 1985), Berlin Affair (Cavani, 1985), Fool for Love (Altman, 1985), Salomé (d’Anna, 1986), Otello (Zeffirelli, 1986), King Lear (Godard, 1987) ou encore Barfly (Schroeder, 1987).

Le temps des faillites et des déboires

Pourtant, le succès intervient surtout dans le domaine du cinéma d’action et notamment par Charles Bronson (la saga du Justicier) et Chuck Norris (Portés disparus). A partir de 1987, la firme de Menahem Golan connaît des difficultés financières liées à plusieurs échecs consécutifs. On pense notamment à Over The Top, le bras de fer (Golan, 1987), Superman IV (Furie, 1987), Les maîtres de l’univers (Goddard, 1987).

La Cannon fait officiellement faillite en 1989. Le producteur et cinéaste continue tout de même à officier et finit par créer une nouvelle compagnie : la 21st Century Pictures. Celle-ci a également fait faillite, de même que toutes les autres tentatives de résurrection de la Cannon. Pourtant, Menahem Golan n’a cessé de tourner des films durant toute cette période et ceci jusqu’en 2008 où il se retire du monde du cinéma. Il décède en 2014 à l’âge de 85 ans.

Virgile Dumez