Down by Law (Sous le coup de la loi) : la critique du film (1986)

Comédie dramatique | 1h46min
Note de la rédaction :
8/10
8
Down By Law, affiche du film de Jim Jarmusch

  • Réalisateur : Jim Jarmusch
  • Acteurs : John Lurie, Tom Waits, Nicoletta Braschi, Roberto Benigni
  • Date de sortie: 12 Nov 1986
  • Nationalité : Américain, Allemand
  • Scénariste : Jim Jarmusch
  • Directeur de la photographie : Robby Muller
  • Compositeur : John Lurie
  • Chansons : Tom Waits
  • Distributeur : Pari Films, Argos Films (1986)
  • Editeur vidéo : StudioCanal
  • Date de sortie vidéo : 25 septembre 2001 (DVD)
  • Festival : Festival de Cannes 1986, Sélection officielle, Film Independent Spirit Awards (5 nominations)
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 634 453 entrées / 331 293 entrées
Note des spectateurs :

Le deuxième plus gros succès de Jim Jarmusch à ce jour, Down by Law est une évasion laconique, en noir et blanc, moite et décalée, qui rend un magnifique hommage au cinéma de Wim Wenders.

Synopsis : Dans le bayou, en Louisiane, un monde de malchance et d’ennuis pour Jack et Zack. Ces deux paumés se retrouvent en prison et rencontrent Roberto, rempli de l’entrain qui leur manque. Il les entraîne à s’évader.

Down by Law, le nouvel hommage de Jarmusch à Wenders

Critique : Révélé par la Caméra d’Or cannoise en 1984, Stranger than Paradise, Jim Jarmusch connaît la consécration en 1986 avec Down by Law, son troisième long, justement sélectionné à Cannes où il se fit remarquer avant de repartir bredouille. Il s’agit là d’une version plus aboutie de Stranger.

L’auteur new-yorkais installe définitivement son style à travers une réutilisation sublimée du noir et blanc, ici par le talent de Robby Müller, directeur de la photo de Wenders (Paris, Texas), et de  longs plans latéraux hypnotiques. Leur usage sustente langoureusement un rythme languissant, marqué par une forte propension au silence, très proche du style lunaire du Wim Wenders des années 70,  que Jarmusch côtoya en filmant Nick’s movie.

Galeries de personnages paumés irrésistibles

Le jeune cinéaste déploie de nouveau une galerie de personnages paumés, à savoir ceux de Jack (John Lurie, musicien, déjà interprète dans Stranger than Paradise) et Zack (Tom Waits, chanteur, présent dans plusieurs Coppola), deux adultes introvertis, glandeurs réfractaires aux femmes, sortes d’ados rebelles figés dans la crise de la puberté, qui se rencontrent en cellule où ils tombent sur un troisième luron, l’extraverti de la logorrhée, Roberto (Benigni, l’âme humoristique de cette toile, une révélation à part entière).

Evasion folklorique et contemplative

Leur évasion qui s’ensuit dans le bayou – folklorique, contemplative, à la lisière de la douce folie, annonciatrice de la plus belle réussite du cinéaste, le western atypique Dead man – se charge de la moiteur des marécages de la Louisiane et renvoie directement au parcours de road movie de Stranger. Le monochrome des images et la musique underground de John Lurie et Tom Waits, imprègnent l’atmosphère chaude et humide de cette ré-initiation à la vie, qui fut saluée en son temps par un accueil public et critique formidables.

Box-office :

Sorti le 12 novembre 1986 chez un distributeur indépendant (Pari-Films), Down by Law devient le phénomène urbain de l’hiver, propulsé par l’accueil cannois. Le film de Jarmusch, dans seulement 10 cinémas, écrase la concurrence sur Paris, dès le premier jour où il réalise 5 008 entrées, soit autant que le polar avec Burt Reynolds, Banco, que Cannon avait lancé sur 27 écrans. Le même jour sortait Désordre, le premier long d’Olivier Assayas, 8 millions de façons de mourir d’Hal Ashby, avec Jeff Bridges et Rosanna Arquette, l’épopée spatiale pour mômes, Cap sur les étoiles, Quand la rivière devient noire, ou Ratboy de l’ancienne épouse de Clint Eastwood, Sondra Locke.

En entrant en 3e place lors de sa première semaine, Down by law (46 318) bouscule le box-office. Sur Paname, il vainc Banco (39 466, 27 écrans), Désordre (29 037/11 écrans)… Il réalise le double d’entrées de Stranger than Paradise du même Jarmusch (alors sur sa 100e semaine d’exploitation) lors de sa sortie…

Jarmusch est une tornade art et essai  que seuls les sexy Descente aux enfers (Brasseur, Marceau) et Cours Privé et son affiche cul, empêchent d’accéder à la première place. Mais peu importe, la stabilité de l’évasion poétique de Tom Waits, Lurie et Benigni sera d’une stabilité confondante. Le film finira sa carrière sur Paris à plus de 330 000 entrées, et le double sur l’ensemble du territoire, devenant increvable, restant plus d’un an à l’affiche.

Les dix premiers cinémas ayant programmé Down by Law sur Paris firent faisaient salle pleine : le Gaumont Colisée, le Gaumont Opéra, le Gaumont les Halles, le 14 Juillet Odéon, le 14 Juillet Bastille, le 14 Juillet Beaugrenelle, le Saint-André-des-Arts, La Pagode, l’Escurial Panorama et le Gaumont Parnasse. A Odéon, en une semaine, le 14 Juillet va jusqu’à accueillir 6 831 spectateurs. Phénoménal.

Frédéric Mignard

Sorties de la semaine du 12 novembre 1986

Down by law bandeau

Fanmade – d’après l’affiche de Michel Haberland © Michel Haberland

Le DVD

Test de l’édition vidéo de 2011. Digne d’intérêt en son temps, rigoureusement soignée.

Compléments : 4 / 5

L’édition est riche en suppléments précieux, à commencer par 16 scènes coupées, en plus ou moins bon état, must absolu pour les fans qui peuvent enfin prolonger leur plaisir, d’autant qu’elles s’inscrivent avec cohérence dans le prolongement de l’œuvre, apportant leur dose d’humour via le personnage de Benigni, et une bonne dose de décalage poétique. Au total, ce sont 24 minutes de plus à découvrir, dont une fin alternative.

Une longue interview avec le chef opérateur de Jarmusch, l’européen Robby Müller (qui travailla notamment pour Wim Wenders), nous plonge de manière instructive dans les coulisses artistiques (choix de réalisation et décisions esthétiques…).
Faute de commentaires audio, on devra se contenter de conversations téléphoniques avec Jarmusch, Tom Waits, Benigni et Lurie. Toutes en version originale non sous-titrée. Les anglophones apprécieront, les autres moins. Jarmusch appelle ses potes et ravive les souvenirs du passé. L’exercice de nostalgie, qui dure près d’une heure, s’avère néanmoins enlevé et drôle.

La bande originale figure également parmi les suppléments. Une option précieuse pour les amateurs de John Lurie et Tom Waits. De même un vidéo-clip de ce dernier, tourné par Jarmusch, est proposé en annexe, ainsi que les bandes-annonces de la collection du cinéaste, les inévitables filmographies et la galerie photos.

Images : 3.5 / 5

Le noir et blanc est magnifié par une image exempte de défauts. Les tons de gris sont magistralement déclinés et les noirs sont profonds, alors que le grain est continuellement absent. Un bonheur esthétique respecté à la lettre.

Son : 3.5 / 5
Le son mono ne présente aucune trace du temps. S’il faut se réhabituer à la rigueur de cette spécificité d’époque, force est d’admettre que les voix sont parfaitement distinctes et la musique suffisamment ample pour nous charmer. Une belle édition par conséquent qui saura ravir les nombreux amoureux du cinéaste.

Down By Law, affiche du film de Jim Jarmusch

Création : Michel Haberland © Michel Haberland

Trailers & Vidéos

x