Tobe Hooper

Réalisateur, Scénariste, Producteur
Portrait de Tobe Hooper

Personal Info

  • Nationalité : Américain
  • Date de naissance : 25 janvier 1943, à Austin, Texas (Etats-Unis)
  • Date de décès : 26 août 2017, à Los Angeles, Californie (Etats-Unis) à l’âge de 74 ans
  • Illustrateur bandeau : © Landi
  • Crédits : Portrait de Tobe Hooper proposé par Carlotta - © 1974. Vortex Inc, Kim Henkel, Tobe Hooper. Tous droits réservés / All rights reserved

Biographie

Note des spectateurs :

Né à Austin au Texas le 25 janvier 1943, Tobe Hooper est le réalisateur des dégénérés Massacre à la tronçonneuse, Le crocodile de la mort et Poltergeist. L’un des plus grands auteurs du cinéma horrifique du XXe siècle.

Massacre à la tronçonneuse déchaîne les passions

Avec Texas Chainsaw Massacre, en 1974, son vrai premier film de cinéma, Tobe Hooper déchaîne les passions. Le Texan réussit avec un budget dérisoire à bouleverser l’ordre établi dans le cinéma d’horreur en imposant la figure du redneck crasseux au panthéon des monstres de cinéma. Saisi de frénésie, toujours dans la surenchère d’émotions à vif, la série B home made conserve une force de persuasion intacte des décennies après avoir été déclinée en VHS, DVD, blu-ray ou Ultra HD, grâce à sa suggestion de l’horreur qui se refuse aux bains d’hémoglobine. Le cinéaste fait sensation notamment auprès des commissions de censure de la planète entière. Son massacre texan est même assujetti à un classement X en France, une interdiction qui ne sera levée qu’en 1982, alors que son exploitation en vidéo, chez René Chateau, dans la catégorie des Films que vous ne verrez jamais à la télévision, a fait de lui une œuvre phénomène.

Affiche alternative de Massacre à la tronçonneuse (Cinéma, 1982)

© René Chateau © 1974. Vortex Inc, Kim Henkel, Tobe Hooper. Tous droits réservés / All rights reserved

Tobe Hooper rencontre Stephen King et Steven Spielberg

Avec Le crocodile de la mort (1976), série B horrifique folk et hystérique, Hooper soigne les décors et crée une œuvre nauséabonde dans un bayou mortifère. L’échec est évident. Tobe Hooper, ancien enseignant dans les années 60, y retrouve la rage expérimentale de ses premiers courts et celle de son premier long, l’étrange Eggshells (1969), que l’on découvrira en France au détour d’un festival dans les années 2000. La contre-performance commerciale d’Eaten Alive n’enlève rien à l’intérêt qu’il suscite auprès des studios. Aussi, Hooper est associé à l’adaptation des Vampires de Salem d’après Stephen King, remplaçant au pied levé Romero qui se refusait à voir son travail rabaissé au format télévisuel. Warner proposera le film dans certains cinémas européens, comme en France.

En 1981, Tobe Hooper revient au film d’épouvante de fête foraine : Massacres dans le train fantôme, cauchemar à moitié réussi, vaut pour le brio de sa réalisation et insinue des effluves de nostalgie pure, celle de l’auteur qui fait revivre ses peurs et ses objets de fascination enfantines.

Le succès reviendra avec Poltergeist que Steven Spielberg producteur lui demande de diriger (1981). Plus surnaturelle qu’horrifique, cette production mainstream est marquée par le sceau du réalisateur des Dents de la mer qui, selon les rumeurs, aurait achevé la réalisation. Il supervisera ce projet de près, juste avant la finalisation E.T.

Les années Cannon : la fin d’une ère

Au moins, le succès de Poltergeist permet à Hooper d’être bankable à nouveau. De quoi attiser les convoitises et notamment celles de la Cannon Films. Le contrat qui le lie aux producteurs Golan Globus lui permet d’enchaîner trois sorties cinématographiques consécutives. Les producteurs israéliens qui ont le vent en poupe alignent 25 millions de dollars pour Lifeforce (1985), mélange des genres savoureux (terreur spatiale à la Alien, film de vampires, de zombies, avec un zeste d’érotisme). L’échec américain est certain mais l’on parle beaucoup de cette œuvre, notamment en France puisque le film met en scène une vampire de l’espace aux charmes bien français, ceux de Mathilda May.

L’invasion vient de Mars (1986), toujours pour Cannon, prend l’allure d’un hommage à la série B de son enfance, celle des années 50. Film pour mômes inégal, mais pas inintéressant, qui sent bon le décor de studio factice : le bide est cuisant. Tobe Hooper est poussé par les pontes de la Cannon à commettre l’irréparable, produire un sequel à son chef d’œuvre originel. Suite tardive, Massacre à la tronçonneuse 2 (1987), kitsch, gorissime (les effets sont signés Tom Savini), est surtout une production assurément dingue où l’on dézingue du yuppie dans la chair et le sang. L’échec est effroyable, y compris en France où sa sélection à Avoriaz en 1987 ne lui permet pas de trouver la rédemption.

Déchéance télévisuelle

Lâché par les studios, désormais indépendant, Tobe Hooper va traverser le désert des DTV. La faute à la crise du cinéma de genre désormais condamné au seul marché de la vidéo et à une décennie 90 où le genre horrifique n’existe plus. La filmographie de Tobe Hooper se place donc uniquement sous le signe de séries B indigentes. Si quelques films apparaissent dans des salles américaines, l’inspiration du cinéaste dégénéré des années 70 semble s’être tarie. Spontaneous combustion (avec Brad Dourif en 1990), The Mangler (pour lequel il redigirera Robert – Freddy – Englund, 17 ans après Le crocodile de la mort) ou The Toolbox murders révèlent un artiste au bout du rouleau, en manque d’inspiration et de moyens.

En France, c’est en 2005, via la série B pas très honorable Mortuary que le cinéaste retrouve laborieusement le chemin des salles obscures, près de 18 ans après Massacre 2. Un sursaut qui fait la hype auprès des fans lors de sa venue en France, invité par le distributeur pour la promo, mais le public ne se déplace pas.

le crocodile de la mort VHS René Chateau

© 1981 René Chateau © 1976 et 2000 Par Mars Production Corp. Tous droits réservés.

Tobe Hooper, géant du cinéma horrifique du XXe siècle

Hooper dispose désormais du statut d’auteur culte, au même titre que Wes Craven, John Carpenter et George A. Romero qui auront pu rester  productifs plus longtemps. L’auteur texan est évidemment convié au générique de la série Masters of horror  pour ses deux saisons. Dans l’indifférence généralisé, il tourne Djinn (2013), financé par les Emirats arabes Unis. Le nanar est inédit en France et démontre un besoin alimentaire de tourner.

Décédé en 2017, quelques mois après une autre figure de la contre-culture américaine, George A. Romero, Hooper est un géant. On gardera en mémoire, une dizaine années d’inspiration tumultueuse qui ont fait battre le cœur des aficionados de productions enragées et rêveuses, même dans les cauchemars les plus intenses qu’il aimaient dépeindre. Son intransigeance demeure sa marque de fabrique. Il mourra en auteur intègre, parmi les plus grands du cinéma de genre de la deuxième moitié du XXe siècle.

Frédéric Mignard

Filmographie

Lifeforce, l'étoile du mal de Tobe Hooper

© Illustrateur Raffin by Spadem – © Metro Goldwyn Mayer

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