Deux hommes dans la ville : la critique du film (1973)

Drame, Polar, Mélodrame, Suspense | 1h40min
Note de la rédaction :
8/10
8
Deux hommes dans la ville, affiche du film

  • Réalisateur : José Giovanni
  • Acteurs : Gérard Depardieu, Alain Delon, Victor Lanoux, Bernard Giraudeau, Jean Gabin, Michel Bouquet, Mimsy Farmer, Jacques Marbeuf, Maurice Barrier, Jacques Monod, Ginette Garcin, Robert Castel, Paul Beauvais, Rémy Julienne, Jacques Rispal, Charles Millot, Armand Mestral, Jean-Pierre Honoré
  • Date de sortie: 25 Oct 1973
  • Année de production : 1973
  • Nationalité : Français, Italien
  • Titre original : Deux hommes dans la ville
  • Titres alternatifs : Due contro la citta' (Italien), Endstation Schafott (Allemagne), Hämnden och rättvisan (Suède), Two Menin Town (USA), Dos hombres en la ciudad (Espagne), Dois Homens na Cidade (Portugal), Dos contra la ciudad (Amérique du Sud), Dwaj ludzie z miasta (Pologne), Dois Homens Contra uma Cidade (Brésil),
  • Scénaristes : José Giovanni, Daniel Boulanger, Gianfranco Clerici (adaptation version italienne)
  • Monteur : Françoise Javet
  • Directeur de la photographie : Jean-Jacques Tarbès
  • Compositeur : Philippe Sarde
  • Maquilleurs : Yvonne Gasperina, Jean-Pierre Craco
  • Ingénieur du son : Jean Rieul
  • Directeur artistique : Hélène Nourry
  • Producteurs : Alain Delon, André Mucchielli, Hercule Mucchielli
  • Producteurs exécutifs : Pierre Caro
  • Sociétés de production : Adel Productions, Medusa Distribuzione
  • Distributeur : Valoria Films (France), Medusa Distribuzione (Italie)
  • Distributeur reprise :
  • Date de sortie reprise :
  • Editeur vidéo : VIP (VHS), René Chateau Vidéo (VHS, 1988), Fox Pathé Europa, Pathé
  • Date de sortie vidéo : 18 juin 2003 (DVD, Collection Gabin), 14 février 2008 (DVD, Collection Alain Delon), 1er octobre 2019 (DVD, Blu-ray, Pathé)
  • Budget : 8 000 000 Francs / 800 000 francs (publicité)
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 2 454 112 entrées / 668 210 entrées
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.66 : 1 / Couleur (35 mm, Eastmancolor) / Mono
  • Illustrateur/Création graphique : © Michel Landi © ADAGP Paris, 2020 Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Pathé Renn Productions, Medusa Distribuzione.Tous droits réservés / All rights reserved
  • Remaké par Rachid Bouchareb (La voix de l'ennemi, 2014)
Note des spectateurs :

A la fois nuancé et profondément touchant, ce brillant réquisitoire contre la peine de mort est assurément le meilleur film de José Giovanni.

Synopsis : A sa libération, Gino Strabliggi, un ancien truand, est chaperonné par l’éducateur Cazeneuve, inspecteur à la retraite, qui l’aide à se réinsérer. Malheureusement un autre policier cherche à le faire trébucher.

Les films de l’année 1973

Critique : Ancien taulard reconverti dans l’écriture de romans policiers, José Giovanni a également réalisé de nombreux films entre 1967 et 2001. Toutefois, si l’histoire devait retenir un titre de sa longue filmographie, il s’agirait sans nul doute de son septième long-métrage intitulé Deux hommes dans la ville, sorti sur les écrans français en octobre 1973. Fort de son expérience personnelle en tant qu’ancien truand et du traumatisme lié à son incarcération, José Giovanni livre avec ce superbe scénario un réquisitoire contre la peine de mort, doublé d’une pertinente réflexion sur la justice. Afin de rendre son discours plus percutant, l’auteur parvient à convaincre Alain Delon et Jean Gabin (pourtant tous deux peu connus pour leurs idées progressistes) de le rejoindre dans cette aventure. Aussitôt, le public prend fait et cause pour ce duo attachant, ce qui permet au cinéaste de se concentrer sur d’autres aspects fondamentaux du script. Ainsi, José Giovanni échappe à de nombreux écueils dans ce vibrant plaidoyer pour une justice plus humaine. Le personnage d’Alain Delon n’est en aucun cas un enfant de chœur et il est bien coupable du crime dont on l’accuse, les membres de l’administration judiciaire ne sont pas tous de froids fonctionnaires et la population entière n’est pas assoiffée de sang au point de souhaiter la mort des criminels. Certes, on peut sans doute reprocher au réalisateur d’avoir un peu forcé le trait par rapport au rôle du commissaire joué par Michel Bouquet. Ce policier zélé utilise effectivement des méthodes qui évoquent de manière un peu trop évidentes celles des miliciens de Vichy, ce qui décrédibilise fortement ses actes.

La peine de mort au cinéma

Pour autant, si le film se laisse parfois aller à la facilité du mélo (notamment grâce au superbe thème musical de Philippe Sarde, ou encore à la mort plutôt inutile de la première femme de l’ex-taulard incarné par Delon), il reste toujours digne. On sent notamment à chaque instant la puissance d’indignation d’un cinéaste qui dénonce une situation scandaleuse. Il s’est appuyé pour cela sur le savoir-faire de trois générations de comédiens talentueux. Vétéran de l’équipe, Jean Gabin, surnommé affectueusement « le vieux », du haut de ses 70 ans, compose une figure d’éducateur progressiste digne et nuancée. Il est ici d’une sobriété exemplaire. Autre style, Alain Delon est parfaitement à l’aise dans cet emploi du truand au grand coeur. Enfin, une jeune génération vient faire souffler un vent frais sur ce casting avec la présence revigorante de Bernard Giraudeau, Gérard Depardieu, Victor Lanoux ou encore la très jolie Mimsy Farmer.

Succès mérité lors de sa sortie en salles (avec plus de 2 457 900 entrées / France), Deux hommes dans la ville (1973) peut donc être considéré comme le meilleur film de son auteur, tout en restant aujourd’hui encore d’une actualité brûlante. N’oublions pas que si la peine de mort a bien été abolie en 1981, les conditions de détention en France sont régulièrement la cible des associations des droits de l’homme, à cause de la scandaleuse insalubrité et de la surcharge des établissements pénitentiaires. Mais comme le dit très bien le personnage de Jean Gabin : qui défilera dans les rues en faveur des prisonniers de droit commun ?

Critique de Virgile Dumez


Les classiques français des années 70

Deux hommes dans la ville de José Giovanni, avec Alain Delon et Jean Gabin

Deux hommes dans la ville à travers le monde. © Pathé Renn Productions, Medusa Distribuzione. Tous droits réservés.

Box-office de Deux hommes dans la ville

Deux hommes dans la ville est le 5e film avec Alain Delon à sortir en 1973. Cela sera aussi son plus grand succès pour cette année-là. En effet, la star Delon qui avait écumé les sommets du box-office, au début de la décennie, avec Borsalino de Jacques Deray (4 710 000, 1970), Le cercle rouge (4 339 000, 1970), et Soleil rouge (3 300 000, 1971), ne connaît pas sa plus belle année en 73, puisque Les Granges brûlées de  Jean Chapot et Big Guns ne parviennent pas à dépasser le million. En revanche l’Américain Scorpio, de Michael Winner, avec Burt Lancaster, se hisse tout juste au million (avril 1973).

Quand Big Guns/Les Grands fusils sort à la fin du mois d’août 73, l’on sent la production franco-italienne comme secondaire dans la carrière d’Alain Delon, comme si l’idole des Françaises l’avait surtout tourné pour le public italien qui lui octroiera effectivement un vrai beau succès d’occasion.

En France, pour cette rentrée du cinéma, on va surtout voir L’Emmerdeur de Molinaro (3 354 000) et Le Grand Bazar de Zidi, avec les Charlots.

Quand s’approche Deux hommes dans la ville dans les salles, un autre classique du rire est lâché, un succès tel qu’il empêchera le Giovanni d’atteindre la première place hebdomadaire malgré ses 2 454 000 tickets vendus. En effet, Les aventures de Rabbi Jacob avec Louis de Funès est lancé une semaine avant le pamphlet anti peine de mort de José Giovanni. La publicité est monstrueuse, c’est le blockbuster de 1973. D’ailleurs, cette comédie contre l’antisémtisme remplira sa fonction puisque le classique du rire de Gérard Oury, entièrement tourné autour de Louis de Funès, amusera 7 295 000 spectateurs.

Avec son beau budget de 9 millions de francs et une campagne publicitaire de 600 000 francs parfaitement controlée par la star qui décide des affiches, typo, des espaces publicitaires…, Deux hommes dans la ville a de son côté de vrais arguments. C’est la troisième collaboration entre Alain Delon et son idole, Jean Gabin, que Delon producteur, souhaite garder au firmament de la célébrité pour une nouvelle décennie. Les “anciens”, on ne les cache pas du public, on les sublime. Delon marque sa fidélité et son sens de la valeur, la hiérarchie, l’amitié, la droiture.

Le ton dramatique de Deux hommes dans la ville ne sera pas celui plus léger de Mélodie en sous-sol en 1963 (3 518 000) ni celui iconique du Clan des Siciliens qui fera encore mieux en 1969 (4 821 000). Le drame sur la peine de mort est d’ailleurs l’un des trois derniers films de Jean Gabin, dont il s’agit du plus gros succès dans les années 70, devant La horse (2 113 000) et Le verdict (1 532 000).

Cette 8e production d’Alain Delon, film progressiste porté par des valeurs humanistes qui insistait sur le droit à la vie, même celle d’un meurtrier, est un pur Delon avec un goût pour les castings de seconds couteaux et de vétérans, à une époque où la jeune garde s’apprête à prendre les rênes (Les Valseuses était alors en tournage). La prise de risque est moindre pour Delon superstar après le thriller d’épouvante Traitement de choc de Jessua, qui malgré sa noirceur a tout de même flirté avec les 2 millions, en début d’année 73. Mais Delon, dans sa fidélité aux hommes de poigne d’hier s’écarte toujours plus des vedettes gamines du lendemain, dont on trouve pourtant un représentant hargneux dans Deux hommes dans la ville, un certain Bernard Giraudeau.

Le succès de Deux hommes dans la ville est une évidence : 105 719 entrées à Paris et sa périphérie en semaine 1, dans le réseau Gaumont. La stabilité est totale en semaine 2 (104 909). Les Parisiens trouvent dans le mélodrame une vraie source d’émotion collective. La suite est belle : 69 541 entrées en 3e semaine, 63 437 (4e), 49 515 (5e), 32 854 (6e), 22 111 (7e). C’est en 8e semaine que la chute est rude, avec 7 425 spectateurs. Le Giovanni n’est plus exploité que dans 5 salles à Paris. Pourtant, en 12e semaine, Deux hommes dans la ville est toujours stable (10 031 entrées, et plus de 500 000 entrées). Ce nouveau carton populaire pour le tandem Delon et Gabin traverse toute la France, avec des entrées globales s’élevant à 2 454 000, soit le 4e plus gros carton de Delon sur 29 longs durant les années 70. L’artiste dépassera ce score dans les années 80 une fois, avec le polar Parole de flic (1985).

Dans sa course boulimique à vouloir occuper la scène, le plus bel acteur du monde annonce le tournage de Creezy de Pierre Granier-Deferre, avec Sydne Rome dans le rôle éponyme, en septembre 1973 (devenu très vite La race des seigneurs), puis enchaîne en janvier 74 avec Borsalino and Co, et Les seins de glace, en mai 1974… L’acteur producteur ne s’efface pas. Oui, Delon n’était pas condamné à mort, mais sa gestion personnelle et autocentrée de sa carrière ne lui permettra pas d’assurer un héritage auprès des jeunes comédiens des années 70-80.

Box-office analysé par Frédéric Mignard

Biographies +

José Giovanni, Alain Delon, Victor Lanoux, Bernard Giraudeau, Jean Gabin, Michel Bouquet, Mimsy Farmer, Jacques Marbeuf, Maurice Barrier, Jacques Monod, Ginette Garcin, Robert Castel, Paul Beauvais, Rémy Julienne, Jacques Rispal, Charles Millot, Armand Mestral, Jean-Pierre Honoré

Les sorties de la semaine du 25 octobre 1973

Deux hommes dans la ville, affiche du film

Deux hommes dans la ville, affiche cinéma du film – © Pathé Renn Productions, Medusa Distribuzione. Tous droits réservés. Illustrateur: Landi. Crédit : Michel Landi © ADAGP Paris, 2020

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Deux hommes dans la ville, affiche du film

Bande-annonce de Deux hommes dans la ville

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