Scorpio : la critique du film (1973)

Espionnage, Action, Thriller | 1h54min
Note de la rédaction :
7/10
7
Scorpio, l'affiche

Note des spectateurs :

Film d’espionnage pessimiste et paranoïaque, Scorpio offre une intrigue tortueuse rondement menée par un réalisateur compétent et des acteurs au meilleur de leur forme. Du bon cinéma commercial.

Synopsis : Agent secret compromis dans un trafic de drogue, Paul Laurier n’a pas le choix : à la demande d’un haut cadre de la CIA, il doit retrouver Cross, l’homme qui l’a formé, et l’éliminer. Mais Cross n’est pas une proie facile, d’autant qu’il bénéficie de l’aide d’un ami du KGB. La traque prend une tournure plus tragique encore après que sa femme est tuée par ses anciens frères d’armes. Désormais, pour lui, seule compte la vengeance…

Delon et Lancaster : des retrouvailles sous le signe de la rivalité

Critique : Alors qu’il vient d’enchaîner plusieurs films avec Charles Bronson, le cinéaste britannique Michael Winner a l’occasion de retrouver Burt Lancaster avec qui il a déjà tourné L’homme de la loi (1971). Il s’agit cette fois-ci d’une intrigue d’espionnage originale qui oppose un ancien maître et son élève. Cette opposition de deux styles permet au passage de réunir à l’écran Burt Lancaster et Alain Delon qui ont déjà joué ensemble dans Le guépard de Visconti, dix ans auparavant.

Scorpio, la jaquette du blu-ray

© 1973 Metro-Goldwyn Mayer Studios Inc. / © 2018 ESC Editions. Tous droits réservés.

Tourné à Washington, Paris et surtout Vienne, Scorpio appartient clairement aux projets commerciaux des différents intervenants, ce qui n’empêche pourtant pas une grande pertinence du propos des scénaristes David W. Rintels et Gerald Wilson, ce dernier étant un collaborateur régulier de Winner. Ainsi, le long-métrage s’inscrit dans une veine réaliste du film d’espionnage. Point de gadget fantaisiste, d’aventures trépidantes et d’exotisme à la James Bond dans cette œuvre qui fait le point sur la guerre froide pour mieux constater l’impasse de cet affrontement sans fin.

La fin d’un monde bipolaire et des idéologies

En réalité, les auteurs orchestrent ici la mort de l’espionnage à l’ancienne en confrontant un maître et son ancien élève, tous deux dépassés par les intérêts de l’agence qui les emploie, à savoir la CIA. Sorte d’épouvantail de l’époque, la fameuse agence est une fois de plus la cible des auteurs qui décrivent son fonctionnement comme bureaucratique, froid et inhumain. Toutefois, Winner a l’intelligence d’octroyer à Paul Scofield le rôle d’un espion soviétique, tout aussi écœuré par les méthodes du KGB. Finalement, Winner fait preuve d’un terrible pessimisme en opposant deux systèmes ennemis qui sont en réalité très proches.

Au milieu de ce grand bal diplomatique marqué par une hypocrisie constante, les espions que sont Lancaster, Delon et Scofield ne sont que des pions ou des variables d’ajustement dont on peut se passer à n’importe quel moment. Michael Winner s’inscrit donc avec Scorpio dans la veine de ce cinéma américain paranoïaque qui fleurissait sur les écrans dans les années 70. Il propose une vision plus nuancée qu’il y paraît de prime abord et se refuse à prendre parti pour qui que ce soit. Ainsi, il est impossible de savoir si Burt Lancaster est un agent double, comme le suggère son nom de Cross. Le réalisateur laisse planer de nombreuses zones d’ombres et d’incertitudes, plaçant ainsi le spectateur dans une sensation désagréable de flou qui correspond à l’état d’esprit des personnages.

Quelques scènes d’action mémorables, tournées par les acteurs eux-mêmes

Pour donner corps à cette intrigue tortueuse et la rendre palpitante, le cinéaste signe quelques belles scènes d’action, notamment la mémorable course-poursuite entre Lancaster et Delon dans le métro en construction de Vienne, le tout réalisé sans cascadeur par des acteurs au meilleur de leur forme physique. On apprécie également les quelques éclats de violence, aussi soudains que foudroyants. Tout ceci se fait sans jamais négliger la psychologie des différents protagonistes.

Certes, la réalisation de Michael Winner est un peu plus classique qu’à l’accoutumée, mais elle accompagne judicieusement l’action et les rebondissements, sans se faire trop intrusive. Seule la musique de Jerry Fielding, quelque peu étrange, vient bouleverser les attentes du spectateur à plusieurs reprises, offrant un contre-point intéressant au classicisme de la mise en scène.

Sorti sans succès aux Etats-Unis, Scorpio a surtout connu un joli écho en Europe, et notamment en France, grâce à la présence au générique de Delon. Le long-métrage a ainsi dépassé le million d’entrées sur toute la France, ce qui en fait une bonne affaire pour la star, sans exploser les compteurs. Pour Michael Winner, il s’agit de l’un de ses plus beaux succès, avec les films mettant en valeur Charles Bronson.

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Critique du film :  Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 11 avril 1973

Scorpio, l'affiche

© 1973 Metro-Goldwyn Mayer Studios Inc. Tous droits réservés.

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