Né à Paris en 1927, Pierre Granier-Deferre, ancien étudiant de l’IDHEC, a tout d’abord été l’assistant de nombreux cinéastes tels que Marcel Carné ou André Berthomieu. En marge de la révolution stylistique de la Nouvelle Vague – tout en étant un grand admirateur de Godard – Granier-Deferre se lance dans la réalisation en 1962 avec Le petit garçon de l’ascenseur.
Souvent associé au scénariste Pascal Jardin, il tourne essentiellement des adaptations de succès littéraires dans un style plutôt froid et impersonnel. Malgré cette rigidité, son tempérament lui permet de transposer les œuvres noires de Simenon avec un certain succès. Bénéficiant de la collaboration des plus grandes stars de l’époque, il explose souvent le box-office grâce à un savoir-faire indéniable.
Il permet à Lino Ventura (La métamorphose des cloportes en 1965 ou Adieu poulet en 1975), Jean Gabin (La horse en 1970 ou Le chat un an plus tard), Simone Signoret (La veuve Couderc en 1971), Alain Delon (Le toubib, 1979) ou encore Philippe Noiret (L’étoile du Nord en 1982 et Noyade interdite en 1987) de satisfaire les attentes de leur public.
S’effaçant derrière les monstres sacrés qu’il dirige discrètement, on sent toutefois poindre un certain désenchantement à travers ses métrages les plus personnels. N’ayant jamais signé de chef-d’œuvre, ce modeste artisan du “cinéma du samedi soir” s’est toujours fait un honneur de tourner des films commerciaux honnêtes et respectueux du grand public, ce qui lui valut d’obtenir une nomination au César du meilleur réalisateur pour Une étrange affaire (1981).