Night Eyes (Les rats attaquent) : la critique du film + le test blu-ray (1984)

1984 | 1h27min
Note de la rédaction :
4/10
4
Les rats attaquent, affiche cinéma (1984) de Night Eyes

  • Réalisateur : Robert Clouse
  • Acteurs : Scatman Crothers, Sara Botsford, Sam Groom, Cec Linder, Lisa Langlois
  • Date de sortie: 22 Août 1984
  • Année de production : 1982
  • Nationalité : Canadien
  • Titre original : Deadly Eyes
  • Titres alternatifs : Les Rats attaquent (titre VHS, DVD, Blu-ray, France), Rats (Australie), Kæmperotterne angriber (Danemark), Las ratas asesinas (Mexique), Die Rückkehr der Killerratten (Allemagne), Ojos de la noche (Argentine), Occhi nella notte (Italie), Olhos da Noite (Brésil), Oczy w ciemności (Pologne), Nattens øyne (Norvège), Os Olhos da Noite (Portugal), Fieras radiactivas (Espagne)
  • Autres acteurs : James Douglas, Lesleh Donaldson, Lee-Max Walton, Wendy Bushell, Lee-Max Walton, Joseph Kelly, Dora Dainton, Kevin Foxx, Bridget O'Sullivan
  • Scénaristes : Lonon F. Smith, Charles H. Eglee
  • D'après le roman de : James Herbert ("The Rats")
  • Monteur : Ron Wisman
  • Directeur de la photographie : René Verzier
  • Compositeur : Anthony Guefen
  • Producteurs : Paul Kahnert, Jeff Schechtman
  • Producteurs exécutifs : J. Gordon Arnold, Andre Morgan
  • Sociétés de production : Golden Harvest Company, Filmtrust Productions, Northshore Investments Ltd., J.G. Arnold & Associates, Paragon Films Ltd.
  • Distributeur : Warner Bros (Etats-Unis)
  • Editeur vidéo : Lumières - Carrère (VHS), Seven7 (DVD, 2011), Rimini (DVD, Blu-ray 2024)
  • Date de sortie vidéo : 6 septembre 2011 (DVD), 12 avril 2024 (DVD, Blu-ray)
  • Budget : 1 500 000$
  • Box-office France / Paris-Périphérie : Inconnu / Inédit
  • Classification : Interdit aux moins de 13 ans (moins de 12 ans depuis 1990)
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleur (35 mm) / Mono
  • Illustrateur/Création graphique : © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : ©Northshore Investments Ltd., J.G. Arnold & Associates. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Tagline : L'horreur est totale ! Par milliers des créatures monstrueuses surgissent des profondeurs de la nuit...
Note des spectateurs :

Série B paresseuse et opportuniste tournée dans le grand froid de Toronto, du début de l’année 1982, Night Eyes de Robert Clouse est un film devenu culte sous le titre Les rats attaquent dès sa sortie en DVD. Pourquoi ? La découverte de ses “drôles” d’effets spéciaux canins, à savoir des teckels déguisés en rats. Forcément, le film est sympathique dans son exploitation hasardeuse du genre animalier sous influence carnassière, mais toutefois longuet dans ses détours narratifs qui remplissent une intrigue maigre.

Synopsis : Après avoir mangé du maïs contaminé, des rats se transforment en prédateurs féroces et se mettent à attaquer les humains, tout d’abord, des personnes isolées, puis un cinéma et une rame de métro. Kelly Leonard, inspectrice au département de la santé, et Paul Harris, professeur, vont tenter d’arrêter cette invasion sans précédent.

Les rats attaquent (Night Eyes), photo du film

© Golden Harvest, Northshore Investments Limited and J.G. Arnold & Associates Limited. All Rights Reserved.

Critique : Projet initié par la Golden Harvest de Raymond Chow, Deadly Eyes est l’adaptation du premier roman de James Herbert, The Rats (1974) maintes fois publié en France. De son vivant, l’écrivain aimait dire qu’il détestait cette adaptation qui trahissait son récit jusqu’à troquer le cadre anglais pour celui de l’Amérique. L’auteur disparu en 2013 connaîtra peu d’adaptations de ses œuvres (Le survivant d’un monde parallèle est la plus remarquable), mais sera à chaque fois traîné dans les affres du film d’exploitation sans talent jusqu’à La chapelle du diable en 2021.

Le projet autour de The Rats tarde à se mettre en place et c’est seulement en 1982, après des tonnes d’agressions animales au cinéma post Dents de la mer, que le film trouve naissance. The Rats doit être mis en boîte par Paul Lynch qui sort du succès du Bal de l’horreur, slasher avec Jamie Lee Curtis et Leslie Nielsen balancé aux adolescents dans la foulée du phénomène de John Carpenter, Halloween, la nuit des masques. Un choix également lié à la nationalité du cinéaste puisque tout Canadien qu’il était, sa présence à la réalisation pouvait permettre à la Golden Harvest de bénéficier de la Tax Shelter mise en place par le gouvernement local pour attirer les tournages de films horrifiques sur son territoire. Frissons parasite murders, Rage, Une si gentille petite fille, Meurtres à la St-Valentin, L’enfant du diable (The Changeling), ou évidemment Le Bal de l’horreur ont tous profité de cette incitation au tournage sur le sol canadien par la réduction des impôts pour se faire.

Robert Clouse, dix ans après Bruce Lee, Opération Sauvetage

La Golden Harvest fait donc appel à l’un de leurs poulains, Robert Clouse, pour sauver l’entreprise. Clouse est un artisan souvent compétent quand il s’agit de mettre en scène l’intensité de l’action au cinéma. Il l’a prouvé notamment avec Opération Dragon, qui révéla Bruce Lee aux USA, et surtout avec Le jeu de la mort, habile sauvetage de l’œuvre commencée par Bruce Lee mais subitement interrompue par la mort prématurée de l’icone naissante. Clouse s’était chargé d’achever l’ouvrage posthume, à base de montage, tournage de séquences additionnelles, inserts et réorientation narrative pour un film hybride qui permit à la société de Chow d’éviter bien des tracas.

Les rats attaquent (Night Eyes), photo du film

© Golden Harvest, Northshore Investments Limited and J.G. Arnold & Associates Limited. All Rights Reserved.

Evidemment, Clouse n’en est pas à son coup d’essai dans l’épouvante, genre en vogue dans les années 70-80. Le spécialiste du cinéma viril, qui avait aussi œuvré dans la blaxploitation, a mis en scène une série B méconnue intitulée The Pack dans les années 70. Elle relatait les assauts de chiens affamés et coordonnés contre des humains retranchés dans une maison. Le postulat était classique pour son époque. Pour le cinéaste, certes le film n’avait pas fonctionné, mais au moins pouvait-il compter sur son expérience animalière pour progresser.

Deadly Eyes n’est évidemment pas le bon film attendu. Tout le monde le saurait sinon sa réputation aurait sûrement mieux traverser les décennies, à l’instar des Piranhas, Cujo et consorts. Entre la publication du roman d’Herbert et du film de Clouse, le cinéma et la télévision ont assuré les attaques animales les plus délirantes, des ours aux insectes, en passant même par des vers géants. De nombreux films avec des rats sortent aussi, parfois avec un peu d’avance : Willard et sa suite Ben (1971, 1972) et Soudain les monstres (The Food of the Gods) de Bert I. Gordon, vaguement inspiré par H.G. Wells.

Les rats attaquent au cinéma (et en vidéo)

Les Français ne verront pas Deadly Eyes au cinéma de par son écho américain limité. Ou du moins peu auront l’occasion de l’y découvrir, puisqu’il ne sortira qu’en province, de façon décousue, sans publicité… Pour l’occasion, le film a changé de titre ; il est devenu Night Eyes. Son appellation alternative, Les rats attaquent, sera destinée au marché de la vidéo où il prospère davantage chez Lumière-Carrère en VHS. Sa diffusion à la fin des années 80 sur le sacrosaint espace crypté de Canal + lui permettra aussi de créer quelques angoisses chez les ados de son époque et d’élargir son socle. Sinon, comme tous les rongeurs cannibales au cinéma, il passera inaperçu : D’origine inconnue de George P. Cosmatos est un direct-to-video en France, Les Rats de Manhattan de Bruno Mattei est du pur bis pour cinéma de quartier, Ratman est du bis rital précipité en VHS, La créature du cimetière est une adaptation chétive de Stephen King, Les Rats de John Lafia et Rats de Tibor Takacs ont attaqué la falaise avant le réchauffement climatique. En 2021, même les Chinois ont donné de leurs personnes avec Junkrat Train (Rat Train, ou Rats on a Train) en sacrifiant les passagers d’un train à une attaque de rongeurs carnassiers. La liste est non exhaustive.

Rats on a train, Affiche allemande

Copyrights : Splendid Film Gmbh. All Rights Reserved.

Dans ce flot de séries allant du B au Z, Night Eyes, que l’on appelle désormais surtout par son titre vidéo en France, depuis la parution de son DVD chez Seven7 en 2011 et de sa belle édition chez Rimini dans la Collection Angoisses, n’est vraiment pas la pire pitrerie de ce flot de “rodent-exploitation”. Clouse tire d’un scénario malingre un thriller plutôt bien troussé dans ses premiers instants, avec quelques moments gore. Mais pour apprécier vraiment ces passages, il aurait au moins fallu mettre de côté un triangle amoureux improbable et surtout hors sujet. Au sommet de la pyramide, les scénaristes ont placé la figure d’un professeur de fac insipide en la personne de l’acteur de soaps Sam Groom, qui doit éconduire une jeune étudiante qui souhaite croquer son corps de quadra. Il penche en effet davantage vers une scientifique plus mature, franche de sa sexualité, qui ne rechigne pas à être entreprenante avec ce “héros” de pacotille. Oui, il faut l’avouer, Sam Groom n’a ni l’incarnation pour porter l’intrigue horrifique ni le charisme fougueux pour la trame romantique qui fait perdre à la pellicule de son allant.

Les rats attaquent (Night Eyes), photo du film

© Golden Harvest, Northshore Investments Limited and J.G. Arnold & Associates Limited. All Rights Reserved.

Des teckels attaquent la ville

Mais, finalement, qu’est-ce qui vaut l’indulgence du public face à Night Eyes? Ses rats bien sûr. Ces créatures musquées à la taille massive ne sont pas en CGI, puisque le film date de 1982, et ne repose jamais sur l’animatronics. Ce sont bel et bien des teckels qui attaquent ou du moins qui foncent emmitouflés dans leur “couverture” de cinéma, vers leurs proies ou du moins le bon steak que l’on devait leur tendre pour arriver à les attirer dans la bonne direction. Une fois l’idée de bassets customisés bien intégrée, l’ensemble revêt un caractère bis assez nanardesque et donc très sympathique. On parle ici de chiens inoffensifs à la taille basse, donc carrément improbables dans ce genre de production qui versait plutôt dans le crocodile ou l’alligator géant au tournant des années 80.

Bancale et grotesque, cette parenthèse horrifique d’un Robert Clouse en retrait, entre deux attaques de karatékas, est un pur moment dans l’esprit alternatif de son époque, magnifiquement griffé par son visuel vendeur, forcément décevant dans son contenu, mais instantanément culte pour son fourrage improbable que seuls les amateurs de cinéma bis sauront savourer comme il se doit.

Frédéric Mignard

Les sorties de la semaine du 22 août 1984

Biographies +

Robert Clouse, Scatman Crothers, Sara Botsford, Sam Groom, Cec Linder, Lisa Langlois

 

Les rats attaquent, affiche cinéma (1984) de Night Eyes

© Golden Harvest, Northshore Investments Limited and J.G. Arnold & Associates Limited. All Rights Reserved.

Le test blu-ray de Les Rats attaquent

Night Eyes (Les Rats attaquent) est le troisième film de la collection Angoisses de Rimini Editions en 2024 après La nuit de la comète et Le Chat et le canari. La collection regroupe notamment des séries B de vidéo-clubs qui ont fait frémir les enfants des années 80-90 comme Nuit noireAlice Sweet AliceLa peau sur les osHell NightL’autoroute de l’enferLes traqués de l’an 2000Terreur sur la ville, Mutant Sweet SixteenDominiqueSlumber Party Massacre Des œuvres rares en France dont le point commun est de raviver l’esprit des vidéo-clubs des années 80. Et c’est réussi.

Packaging & Compléments : 2.5 / 5

Le packaging est identique à tous les titres de la collection, de toute beauté. Il renferme un digipack avec fourreau au graphisme inédit vraiment avenant et deux disques (DVD ou Blu-ray) pour un combo qui porte la marque de son éditeur droit dans ses bottes. A ce niveau, c’est du 5/5.

Malheureusement, la collection n’est basée sur aucun supplément audiovisuel, ce qui devrait lui valoir un zéro pointé, mais elle se rattrape largement de par la présence d’un livret exclusif à cette édition. Marc Toullec, sur 24 pages, revient sur la carrière de Robert Clouse et la création des Rats attaquent. C’est passionnant, précis, sourcé, et cela gratifie cette édition personnalisée à souhait.

Les rats attaquent en Digipack collector chez Rimini Editions

© Golden Harvest, Northshore Investments Limited and J.G. Arnold & Associates Limited. All Rights Reserved.

Pour ceux qui veulent encore en savoir plus, de nombreux suppléments originaux de Shout! Factory sont présents sur YouTube. la plateforme JoBlo Horror Originals propose le passionnant documentaire sur les Tax Shelter Terrors du même titre.

L’image : 3 /5

Copie blu-ray au master sans éclat, avec quelques petites traces du passé pour signifier l’esprit d’une époque… Il a fallu une décennie pour que Les rats attaquent en HD puisse percer sur le marché français ; l’éditeur Shout! Factory l’avait proposé en région A en 2014. A ce moment, dans l’Hexagone, on devait se contenter d’une édition DVD chez Seven7 à la jaquette franchement dégueulasse (on n’a de copie vidéo sous la main pour la comparaison).

Les rats attaquent (Night Eyes), photo du film

Graphisme : Leo K. © Golden Harvest, Northshore Investments Limited and J.G. Arnold & Associates Limited. All Rights Reserved.

La copie que l’on nous propose dix ans après en bluray n’a rien de rédhibitoire puisque le film n’a jamais bénéficié de vraies belles conditions de visionnage en France. La cassette vidéo était d’une grande médiocrité avec une copie trop sombre. Ce que nous propose Rimini est loin d’être bancal car l’on retrouve bien une certaine texture, une luminosité accrue, un contraste plus développé, mais il faut accepter de se situer à distance des canons 4K auxquels nos yeux se sont progressivement habitués.

Le son : 3 / 5

Les Rats attaquent a été tourné en Mono à une époque où le Dolby Stéréo commençait à s’imposer à une grande échelle aux USA. Cela signifie qu’effectivement la série B pâtissait d’un budget restreint sans une ambition démesurée pour affirmer des prouesses techniques dont elle ne bénéficiait nullement.

Pour cette édition vidéo, on retrouve donc du Mono, pour les deux pistes, originale et française. Pour les puristes, la VO DTS HD Master Audio gagne en équilibre et en positionnement des voix par rapports à la musique. Le naturel est davantage impacté par la VF qui a au moins l’énorme avantage de restaurer le doublage d’époque, présent notamment sur la VHS. Une piste qui fait plaisir malgré ses limites.

Frédéric Mignard

Les différentes affiches des Rats attaquent (Night Eyes)

© Golden Harvest, Northshore Investments Limited and J.G. Arnold & Associates Limited. All Rights Reserved.

Mots clés 

Les animaux tueursLes rats au cinéma, Films d’horreur des années 80, Collection Angoisses de Rimini, Les films de 1982, Cinéma américain, Interdit aux moins de 12 ans, Nanar

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Les rats attaquent, affiche cinéma (1984) de Night Eyes

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