Terreur sur la ville, disponible en VHS en France, dix ans après sa sortie aux USA, est un ancêtre du slasher qui influença les maîtres du cinéma d’épouvante américains. Une curiosité au charme impeccable.
Synopsis : Texakarna, Texas, à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Les derniers soldats sont rentrés, les années de rationnement et de pénurie s’éloignent. La ville s’apprête à retrouver calme et prospérité mais un mystérieux tueur va s’en prendre aux habitants de la ville.
Un classique du cinéma underground américain
Critique : Succès du cinéma local qui s’est bâtit une solide réputation aux USA dans sa catégorie de film indépendant prenant à rebrousse-poil les formules du cinéma américain, Terreur sur la ville est sans aucun doute l’un des meilleurs films de Charles B. Pierce. Ce faiseur de séries B, qui a agit dans les domaines du fantastique folklorique et du western bon marché, est totalement inconnu en France, où même le remake de Terreur sur la ville par Blumhouse (2014) n’est pas parvenu sur nos écrans.
Entre docufiction et slasher
Dans les années 70, le slasher monte aux USA, Black Christmas (1974) de Bob Clark est une œuvre novatrice dans son schéma répétitif du meurtre en série qui sera repris par Halloween, la nuit des masques de John Carpenter. C’est entre les deux qu’intervient Terreur sur la ville. Avec un format scope, une narration de documentaire qui laisse planer un sentiment de menace sur les images, l’empreinte iconique d’une Amérique rurale, terre de danger, est sans équivoque séduisante. La beauté de la photographie et l’ambiance hors du temps (le fait divers relaté remonte aux années 40, mais trouve un écho dans tout l’imaginaire horrifique du XXe siècle) confère au film des atouts puissants pour éprouver les amateurs de thrillers horrifiques.
Le tueur, qui frappe sur un long laps de temps, loin du rythme industriel des serial killers contemporains, est masqué comme Michael Myers et un Jason Voorhees dont il est l’inspiration évidente d’une cosmogonie en cours de construction. Sa force relève aussi de son mode opératoire, violent, sadique, original. Il devient d’ailleurs, dans le film, le tueur au trombone, avec un talent insolite pour infliger la douleur par la musique.
Une curiosité à découvrir
Curiosité évidente pour les historiens du cinéma, les spectateurs qui aiment approfondir un genre dont ils pensaient tout connaître ou du moins en avoir fait le tour, Terreur sur la ville n’est pas pour autant une œuvre qui s’amorce aisément. Le rythme et l’action peuvent marquer le pas. De plus, un défaut inhérent au caractère local et folklorique de la production, et son utilisation d’une musique pas toujours favorable à l’angoisse diminuent fortement l’impression d’être face à une évidence cinématographique.
Terreur sur la ville marque les esprits
Et pourtant, le soin du cadrage, l’originalité de la réalisation qui se refuse à filmer l’intrigue de façon télévisuelle, et surtout la réalisation impressionnante des mises à mort confèrent à Terreur sur la ville un caractère que l’on savoure comme un mets unique. Par ailleurs, la grande scène d’anthologie, le supplice que le personnage de Dawn Wells connaît à l’écran, ravive le plaisir de retrouver ces acteurs de série B des années 60-70 dans des contre-emplois détonants.
The Town That Dreaded Sundown (c’est son magnifique titre original) mérite tout l’enthousiasme qui l’auréole. Une édition HD est apparue en 2022. Une opportunité à saisir.
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