Piranha 3D trempe dans les ambiances festives des clips de David Guetta, de façon ultra gore, puisque les sexy chicks qui ondulent du corps pendant une heure finissent par se faire déchiqueter. C’est le menu de ce remake fun et extravagant signé Alexandre Aja.
Synopsis : Alors que la ville de Lake Victoria s’apprête à recevoir des milliers d’étudiants pour le week-end de Pâques, un tremblement de terre secoue la ville et ouvre, sous le lac, une faille d’où des milliers de piranhas s’échappent. Inconscients du danger qui les guette, tous les étudiants font la fête sur le lac tandis que Julie, la shérif, découvre un premier corps dévoré… La journée va être d’autant plus longue pour elle que Jake, son fils, a délaissé la garde de ses jeunes frères et sœurs pour servir de guide à bord du bateau des sexy Wild Wild Girls !
Piranha 3D, une capture festive de l’air du temps
Critique : Dernier remake en date du français Alexandre Aja, après La colline a des yeux et Mirrors, Piranha 3D tombe à point, en septembre 2010, pour sortir les amateurs de films d’horreur de l’ennui, après la piètre relecture des Griffes de la nuit, qui a tenté, en vain, de faire sensation au début de l’été.
Sea, Sex and Salmons
Comme prévu, le cinéaste français dépoussière le film original vieillot de Joe Dante (1978) et livre sa version du Spring Break, cette célébration estudiantine alcoolisée et déshabillée qui dérape chaque année sur les côtes sud des USA et du Mexique, à Pâques. En gros, alors que la mode musicale est à la musique vrombissante des Black-Eyed Peas et de Rihanna, Alexandre Aja capte l’humeur festive de l’époque, et propose pendant près d’une heure, un festin de sexy chicks qui ondulent du corps et du popotin – en bikini, seins nus ou complètement dévêtues sous l’eau, en gracieuses nymphes lesbiennes (une histoire d’eau, avec Kelly Brooke, deux O, comme oh oui !!!!). Et ce, sur une musique électro pop à la David Guetta !
Des piranhas voraces de la gueule et frétillants de la queue
Effectivement, cette première partie particulièrement festive ressemble à s’y méprendre à un vidéo-clip – dans l’esprit du moins – du célèbre DJ illuminé, mais avec une vraie caméra de cinéma et un sens aiguisé de la réalisation. Aja n’ait pas là pour mettre en boîte du prêt à mâcher pour MTV, même s’il faut nourrir un lâché de Piranhas voraces de la gueule et frétillants de la queue. Vous excuserez la métaphore aquatique.
Une farce outrancière, totalement assumée
On ne va donc pas argumenter pendant des heures pour vendre le produit, Piranha 3D n’a rien de sérieux, et s’assume comme une grosse farce adolescente, totalement outrancière dans sa démarche. Aja, généreux maître-nageur, roule de la caméra, offrant aux jeunes spectateurs testostéronés exactement ce qu’ils sont venus voir : du sexe et des sexes, déchiquetés pour ces derniers (au sens propre, donc, pour les membres de ces messieurs qui en imposent en relief !).
Alexandre Aja à son meilleur
Aja, dans son meilleur film depuis le sérieux Haute tension, agit en bon artisan de la série B, avec talent (la fluidité de sa caméra est souvent enthousiasmante) et sans jamais dénigrer le genre, pour compenser les manquements d’un scénario bidon forcément kleenex. En gros, une secousse provoque l’apparition d’une fente au fond d’un lac qui libère des milliers de piranhas préhystériques, la veille du Spring Break !
Le gore contre-attaque
Dans sa générosité, le cinéaste français n’oublie pas de se faire plaisir, puisqu’il est le premier spectateur de ce type de spectacles décérébrés : il déjoue les conventions par une sacrée dose de second degré salvateur et de violence excessive qui dépasse à elle seule les quatre volets des Dents de la mer et des deux Piranha des années 80 mis bout à bout !
Les amateurs de gore exulteront ; Aja est inventif et se refuse à la moindre paresse dans l’orchestration des attaques, proposant des dizaines de massacres originaux. Tremblez steak sur pattes, le châtiment ne sera pas céleste, mais bel et bien aquatique.
Partouze de stars sous des cubes d’eau
Eternel amoureux du genre, Aja est un jeune trentenaire qui connaît ses classiques et s’est par dévotion aux séries B de son adolescence qu’il convie à cette partouze sous-marine un sacré casting. La victime d’ouverture n’est nul autre que Richard Dreyfuss, le héros de Jaws de Steven Spielberg, la mère du jeune protagoniste principal (et tête d’affiche) est la toujours formidable Elisabeth Shue qui, avant d’être nominée à l’Oscar pour Leaving Las Vegas, avait dû se frotter à la malice d’un orang-outan, dans l’excellent Link de Richard Franklin (1985). La comédienne retrouve par ailleurs son partenaire des Retour vers le futur 2 & 3, en la personne de Christopher Lloyd (le savant fou hirsute !). Forcément culte. Parmi les caméos, on citera volontiers ce bon vieux Eli Roth, réalisateur des Hostel, ou encore Dina Meyer vue dans Starship troopers et Saw.
Piranha 3D est un fleuron dégénéré du cinéma américain
Bref, Piranha 3D vaut bien mieux que son scénario et son modèle pantouflard, pourtant signé par l’iconoclaste Joe Dante. Ce délire, volontairement interdit aux moins de 16 ans, dynamisé par une 3D puissante, est sang pour sang récréative, avec comme apothéose du divertissement, et c’est un oxymore, la plus longue séquence de carnage de ce type de spectacle, qui ne se veut pas être le bouquet final !
Ce fleuron du cinéma dégénéré à la sauce nasty d’une production européenne a su proliférer dans les salles de cinéma, lorsque, habituellement, ce type de projet est confiné au marché de ma VOD ; il a empoché plus de 85 millions de dollars dans le monde, dont 25 aux USA. Un score de fin d’été assez satisfaisant qui incita la Weinstein Company à mettre dans le bassin un second opus, avec moins de moyens, mais David Hasselhoff en plus.
Après les échecs des plus personnels Horns et La 9e vie de Louis Drax, Aja reviendra en 2019 au thriller aquatique, avec Crawl, mais délaissant cette fois-ci la satire et la comédie horrifique pour la terreur marécageuse. Une autre réussite patente d’un cinéaste qui a besoin d’eau dans le moteur pour livrer le meilleur de lui.