Méconnu en France, The Slumber Party Massacre est un petit budget issu du répertoire Roger Corman qui se savoure différemment, dans les années post #MeToo, à savoir comme une tentative de slasher féministe, fauchée, mais attachante dans son esprit années 80.
Synopsis : En l’absence de ses parents, Trish Devereaux invite chez elle quelques amies de son équipe de basket… pour une soirée entre filles ! Ses deux voisines et leurs petits amis, n’étant pas conviés, observent jalousement les préparatifs de l’autre côté de la rue, et préparent une intrusion inopinée, histoire de leur causer une petite frayeur. Mais tout ce petit monde ignore qu’un évadé de l’hôpital psychiatrique a lui aussi l’intention de participer à sa manière à la petite partie… emmenant avec lui son infernale foreuse mécanique pour transformer cette nuit en hurlements de peur et de mort !
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Critique : Selon le site de référence Encyclociné, The Slumber Party Massacre serait sorti en province, en France en 1984, sous le titre québécois de Fête sanglante, avec un gros point d’interrogation. Et effectivement, au CNC, le film est rattaché depuis des décennies à ce titre qui est aussi utilisé alternativement à celui d’Orgie sanglante (Blood Feast, 1983) de Herschell Gordon Lewis.
Pourquoi le film culte The Slumber Party Massacre est-il si méconnu en France ?
On aimerait vous en apprendre beaucoup plus dessus, mais rien n’est vraiment explicite sur les conditions d’une distribution en salles qui reste très incertaine. De là à qualifier le film d’inédit cinéma, il n’y a qu’un pas que nous allons franchir. The Slumber Party Massacre aka Fête sanglante l’est au cinéma en France et semble l’être totalement en VHS de par chez nous. Cela paraît à première vue invraisemblable pour une production Roger Corman au succès américain certain, faite pour briller de tous ses feux en vidéocassette, lors d’une décennie féconde en slashers que les éditeurs hexagonaux balançaient directement en VHS car les Français n’étaient pas réceptifs au genre au cinéma. Les franchises Halloween et Vendredi 13 affichaient des chiffres embarrassants sur notre territoire. En fait, il faudra attendre que Warner Home Vidéo France édite le 3e volet de The Slumber Party Massacre, sous le titre de Massacre à la perceuse, pour voir le bout d’une lame de cette saga culte. La perceuse est évidemment l’outil préféré de notre tortionnaire de psychopathe dès le premier numéro qui aurait très bien pu être baptisé Massacre à la perceuse en France. La tendance était de mettre en avant les outils de tortures, suivant les sorties de Massacre à la tronçonneuse (1982 en France) qui accoucha d’un Sadique à la tronçonneuse ( !) et autres réjouissances du côté de l’exploitation, comme l’improbable Meurtres au crayon.
La perceuse de The Slumber Party Massacre est finalement une arme pas si originale que cela puisqu’une série B underground s’était manifestée à la fin des années 70, un certain Driller Killer de et avec Abel Ferrara, aussi ravagé que ravageur. Loin de là de dire que l’idée d’un tueur à la perceuse dans The Slumber Party Massacre puisse être une excentricité volée, mais le problème, au premier abord, reste la vraisemblance quant à l’autonomie de la dite perceuse de la mort, à cette époque. On passe.
Un film #MeToo avant l’heure
Notre Fête sanglante ne s’estimera pas sur sa vraisemblance ou ses qualités, le slasher dépouillé de tout budget par la bricole du grand manitou du bis Roger Corman, se regarde surtout comme vecteur essentiel des clichés d’une époque rude pour les jeunes filles en fleur, assassinées en série par les tarés yankees aux frustrations sexuelles généralement symbolisées par l’aspect phallique de leurs armes blanches.
Le premier film d’Amy Jones – féministe qui croyait en ce projet de série B, pour pouvoir percer à Hollywood, à l’instar de Scorsese, Coppola et Jonathan Demme, tous trois issus de l’écurie Corman -, est surtout intéressant quand considéré via le prisme #MeToo. Il en sort alors la possibilité de réévaluer les intentions de la scénariste Rita Mae Brown et de la cinéaste Amy Holden Jones qui essaie d’aller au-delà du cahier des charges qu’on lui imposait (nudité féminine totalement gratuite…). Elle se moque des protagonistes mâles bien plus qu’elle ne s’inquiète de la légèreté de ses personnages féminins, et massacre aussi beaucoup d’hommes, avec une fierté émasculatrice.
Les intentions de la jeune femme ne seront pas forcément comprises dans les années 80 puisque la presse assassina son film, et effectivement, pas toujours maîtresse des directions qu’emprunte le film, elle nourrira sa satire des mêmes stéréotypes que les slashers et teen-comedies du moment : des crétins qu’on aime voir humiliés et même dézingués dans les productions horrifiques qui, certes, privilégiaient le massacre de starlettes hurlantes en série, mais mettait également en scène celui de leurs fades amants qui y passaient les uns après les autres.
Une édition combo DVD + Blu-ray dans la collection Angoisses chez Rimini Editions en 2023
Au sujet des intentions de la cinéaste et de la genèse de The Slumber Party Massacre nous serions bien embêtés de les développer. Cela serait paraphraser l’excellent livret de 24 pages, par Marc Toullec, inclus dans l’édition DVD-Blu-ray de Rimini Editions d’octobre 2023 : elle synthétise tout. Une première sur cette œuvre qui avait reçu peu d’articles en Navarre. Nous l’avons lu et nous en conseillerions la lecture à tous ceux qui veulent aller au-delà du simple spectacle de cette comédie horrifique un peu datée et dont le suspense est tué dans l’œuf à vouloir révéler tout de suite l’identité du tueur.
Mais The Slumber Party Massacre a ses qualités, notamment une ironie féroce quant à la mise en abîme de son incipit qui slashe sur fond de slasher à la télévision, et un montage assez sardonique, et même un humour noir. On apprécie également son ambiance imparable nourrie par le synthé Casio vite composé par le frère de l’autrice, Ralph Jones, qui rempilera sur le second long de la sœurette, Love Letters, avec Jamie Lee Curtis (1983). L’ensemble est agréable, faute d’être convenable, et plutôt attachant. Et on le (re)découvre favorablement en blu-ray grâce à une restauration haute définition qui efface les souvenirs lointains de copies étrangères assez médiocres.
Outre les suites, toutes réalisées par des femmes, un remake sera produit en 2021, réalisé par Danishka Esterhazy et co-écrit par la scénariste de Leprechaun Returns. Restez à l’original !
The Slumber Party Massacre est le 27e titre de l’édition angoisse de Rimini, en combo DVD + Blu-ray, proposé dans un packaging limité cartonné. Il est paru le 3 octobre, entre Dominique – Les yeux de l’épouvante et Audrey Rose.