Sweet Sixteen : la critique du film + le test blu-ray (1983)

Slasher, Horreur | 1h30min
Note de la rédaction :
4/10
4
Cassette vidéo VHS de Sweet Sixteen (MPM, 1984)

  • Réalisateur : Jim Sotos
  • Acteurs : Susan Strasberg, Patrick Macnee, Michael Pataki, Bo Hopkins, Aleisa Shirley, Steve Antin, Sharon Farrell
  • Date de sortie: 01 Fév 1984
  • Année de production : 1983
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Sweet Sixteen
  • Titres alternatifs : Sweet 16 (International), Piken med dødskysset (Norvège), Tappava himo (Finlande)
  • Autres acteurs : Don Stroud, Dana Kimmell, Don Shanks, Logan Clarke, Henry Wilcoxon, Glenn Withrow, Michael Cutt, Larry Storch
  • Scénaristes : Erwin Goldman
  • Monteur : Drake Silliman
  • Directeur de la photographie : James L. Carter
  • Compositeur : Tommy Vig
  • Chef Maquilleur : Jim Gillespie
  • Producteur : Jim Sotos, Jim Gillespie
  • Producteurs exécutifs : June Perfit, Martin Perfit
  • Sociétés de production : Sweet Sixteen Productions, Productions Two
  • Distributeur : Century International (USA)
  • Editeur vidéo : MPM (VHS), Rimini Editions (Combo DVD+Blu-Ray), 88 Films (blu-ray, Royaume-Uni)
  • Date de sortie vidéo : Janvier-Février 1984 (VHS, première édition), 15 juin 2023 (Combo DVD + blu-ray collector), 2015 (Code Red, USA), 2018 (88 Films, Royaume-Uni)
  • Budget : Inconnu
  • Box-office France / Paris-Périphérie : Inédit au cinéma
  • Box-office nord-américain / monde : Inconnu
  • Rentabilité :
  • Classification : Aucune classification officielle du CNC, Rated R (USA)
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleur (35 mm) / Mono
  • Festivals :
  • Nominations :
  • Récompenses :
  • Illustrateur/Création graphique : © Koemzo Artwork (jaquette 2023, Rimini). Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Sweet Sixteen Productions - Productions Two Hollywood, California. All Rights Reserved. All rights reserved
  • Tagline : Terreur dans la nuit (France, VHS) / Ne devenez jamais son petit-ami (France, comboà, What terrors are unleashed when a girl turns... (Sweet Sixteen), USA
  • Collection : Collection Angoisses (Rimini Editions)
Note des spectateurs :

Slasher méconnu sorti aux USA en 1983, Sweet Sixteen n’a pour seul titre de gloire qu’une affiche mythique, issue de l’imagerie des vidéo-clubs des années 80. Une curiosité pour ceux qui veulent avoir tout vu de la légendaire production horrifique de cette décennie prolifique qu’il faut aussi savoir prendre via ses productions les moins renommées.

Synopsis : La famille de Melissa vient d’emménager dans une petite ville du Texas, et la jolie jeune fille est rapidement l’objet de toutes les attentions. Or, tous les hommes, jeunes ou plus âgés, qui s’approchent d’elle sont victimes d’un tueur fou. Le shérif Dan Burke mène l’enquête, et découvre bientôt d’étranges éléments…

Sweet Sixteen, une affiche iconique et métaphorique

Critique : De Sweet Sixteen – on ne parle pas ici du film de Ken Loach -, les clients des vidéos club des années 80, s’ils ont pu voir le film (cassette vidéo MPM sortie en début d’année 1984), ont dû largement oublié le contenu qui est assez vain pour son époque. En revanche, il est impossible de ne pas se remémorer le visuel de l’affiche américaine, repris sur la jaquette française, absolument iconique. Le slasher distribué discrètement aux USA en janvier 1983, en suivant la carte des états américains, production ultra indépendante oblige, reprend l’imagerie du lac vénéneux, celui de Vendredi 13 (le fameux Crystal Lake) ou de The Burning même si le danger ici ne frappera pas vraiment dans l’eau, mais, lors d’une séquence, sur la rive d’un lac. L’idée est là, et l’analogie évidente. L’arme du crime, le couteau est associé au corps, celui de la femme, du pénis de l’assassin, si d’un pénis il est doté. Le couteau revêt toujours un imaginaire phallique au cinéma. Et ici, il va se retourner contre ceux qui le manient (le phallus) un peu trop aisément à l’air libre (comme sur les terres d’un ancien cimetière indien…).

Après le coït, le phallus tombera

C’est probablement ce qui est intéressant dans ce slasher, la volonté de Jim Sotos – réalisateur et producteur -, de faire des jeunes machos, souvent des racistes prêts à poursuivre le génocide indien commis par leurs ancêtres, les victimes d’un compte à rebours mortel dont on connaîtra le perpétrateur en fin de métrage. Comme Psychose d’Alfred Hitchcock n’a alors que 20 ans d’âge, son souvenir est bien présent, tout comme les délires psychanalytiques des années 70. Le final est largement dans la veine trouble de ces films explosés. Il n’est pas impossible de deviner en chemin l’identité du tueur à l’arme blanche. L’exercice est nullement difficile et le cinéaste nous facilite la tâche en filmant mou, avec un rythme lambinant, des scènes à l’allure de téléfilm. Toutes les apparitions de Patrick McNee, qui cachetonne comme il peu, avec un air grave, relèvent du format télévisuel, qui restera l’une des marques de l’oeuvre de Sotos dont le talent n’est jamais passé par la réalisation pour le grand écran (voir son navrant  Viol sans issue (1976), avec Tanya Roberts, qui était déjà l’épitome du vide). Ce type de réalisation, que l’on retrouvait dans de nombreuses productions indépendantes américaines autour de 1980, a largement détourné les spectateurs européens de ce type de cinéma américain pour les précipiter dans les affres rocambolesques du cinéma de genre italien qui affichait alors l’héritage stylé de Dario Argento. Un rital, deux ritaux. Les “ritaux” faisaient mieux.

Cinéma d’exploitation pure, sans la passion de son faiseur qui semble être passé par ce “mauvais” genre sans conviction dans sa courte filmographie d’une demi dizaine de titres, Sweet Sixteen n’est pas la plus osée des séries B pour son époque. Le slasher était rarement frileux pour émoustiller la libido de son public cible : les adolescents. Mais est-il subversif ?

La lycéenne fait de l’œil aux (futures) victimes

La jeune femme sur la jaquette originale est censée avoir 16 ans. La scène illustrée immortalise la fête de son “Sweet Sixteen”, c’est-à-dire son passage à l’âge de 16 ans qui marque un degré vers l’indépendance (permis de conduire, voire permis de tuer, car dans certains états, il octroie le droit d’utiliser une arme à feu). Le personnage, proche de celui, éponyme, d’Amber Heard dans All the Boys Love Mandy Lane, a en réalité 15 ans pendant une très grande partie du film et s’avère être typique des jeunes femmes fantasmées à l’époque, dans les teen-comédies et les films d’horreur. Elle est donc nymphomane, ce qui s’expliquera de façon psychanalytique. Elle drague dangereusement de jeunes lycéens à la virilité de blanc-bec qui vont périr dans le sang et leur semence, les uns après les autres. L’âge pourra paraître subversif, dans nos années post #MeToo, mais l’actrice Aleisa Shirley avait 19 ans lors du tournage ; elle paraît physiquement bien plus mature que son personnage qui ressemble à tout sauf à une jeune fille de 15 ans. Et pour cause… Au niveau de la subversion, le film est donc sage par rapport aux électrons libres de son temps, mais la société américaine elle-même prenait un tournant beaucoup plus conservateur en ce début de décennie et de reaganisme.

Sweet Sixteen de Jim Sotos, artwork française (Rimini Editions)

© Rimini Editions. Tous droits Réservés. © Sweet Sixteen Productions – Productions Two Hollywood, California. All Rights Reserved.

Happy Birthdead to You

Le titre est faussement subversif. On imagine qu’il s’agissait ici de vendre un concept, celui d’un titre, dont tout le scénario semble avoir été bâti sur son idée. Cette référence à une célébration d’un âge de la vie, à la symbolique initiatique importante, se fait l’écho opportuniste de deux classiques du slasher que sont My Bloody Valentine (Meurtres à la Saint-Valentin) (1981) de George Mihalka et Happy Birthday : Souhaitez de ne jamais être invité (1981) de J. Lee Thompson. Pour le réalisateur et producteur Jim Sotos, il faut avant tout exploiter les succès de supermarché du moment et profiter de l’engouement pour ce genre pour propulser sa société naissante, Productions Two, qui semble avoir périclité peu après.

L’absence d’arguments qualitatifs (scénario souvent incohérent, séquence d’ouverture mal raccordée au reste du film, seconds rôles célèbres inutiles car mal exploités, évolution des personnages peu pertinente, chanson du générique de fin mièvre et totalement improbable ailleurs que dans un soap opera…) a condamné Sweet Sixteen au marché de la VHS en Europe, sur la plupart des territoires. Son sort était tout particulièrement scellé en France, puisque le festival d’Avoriaz l’éconduira en 1983, puis en 1984. Sans studio derrière à un âge où le direct-to-VHS était prospère. L’éditeur vidéo MPM propose donc le film en vidéocassette au tout début de 1984, à peine un an après sa diffusion de drive-in américaine. Une réédition interviendra en 1991 dans la collection Horreur & Fantastique. Depuis, le film est progressivement tombé dans l’oubli jusqu’à l’arrivée du DVD aux USA, chez Code RED, qui proposait une version director’s cut avec des crédits d’ouverture différents, et surtout du blu-ray, chez Code Red, en 2015 puis 88 Films au Royaume-Uni, et différentes éditions européennes.

En France, c’est l’éditeur Rimini Editions qui a décidé de raviver le souvenir de cette honnête série B devenu trop fugace. En 2023, l’éditeur revisite l’affiche originale, en changeant notamment le visage de la jeune femme sur l’affiche, et propose un combo DVD + Blu-Ray dans sa collection Angoisses. Evidemment, il s’agit d’avantage de viser la cible des quinqua et quadragénaires, et non des plus jeunes. L’époque a changé. Les enfants des années 80 ont bien vieilli. Sweet Sixteen aussi.

Frédéric Mignard

Cassette vidéo VHS de Sweet Sixteen (MPM, 1984)

© 1983 Sweet Sixteen Productions – Productions Two Hollywood, California. All Rights Reserved.

Le test blu-ray de Sweet Sixteen

La collection Angoisses de Rimini Editions s’agrandit. Après Nuit noireAlice Sweet AliceLa peau sur les osHell NightL’autoroute de l’enferLes traqués de l’an 2000Terreur sur la ville, Mutant, Rimini Editions propose un nouvel ersatz de vidéo-club, inconnu des plus jeunes, oublié par les anciens qui se souviendront surtout de son affiche tape-à-l’œil.

Packaging & Compléments : 2 / 5

Le packaging est somptueux. Koemzo Artwork a livré le meilleur de lui-même et propose un visuel retravaillé de l’affiche originale, matinée des touches de graphisme contemporain que l’on adore. C’est beau et cela ravive les plaisirs jadis ressentis lors des visites dans les vidéo-clubs. Bravo. L’édition limitée du digipack reprend le même format que les éditions précédentes et s’incorpore dans une collection cohérente, y compris dans le caractère parfois mineur des productions proposées, mais tellement dans l’esprit de découverte des vidéo-clubs d’antan où le pire côtoyait le meilleur.

Concernant le livret, pierre angulaire de chaque collector, on retrouve la plume de Marc Toullec, mais celui-ci est en mode “repeat“. Le livret n’a aucun intérêt par rapport au film, puisqu’il s’agit d’un énième historique du slasher. La cible du marketing est évidemment les plus de 35 ans qui connaissent parfaitement l’histoire de ce sous-genre qui a fait l’objet d’ouvrages, d’hors séries de magazines, et de nombreux suppléments vidéo à travers le temps, et encore tout récemment. C’est la raison pour laquelle cette fois-ci le livret de 18 pages, aussi beau soit-il, ne vient pas compenser l’absence de documents audiovisuels.

Le seul bonus vidéo est une bande-annonce. Les quelques suppléments de Code Red n’ont pas été repris. Sweet Sixteen demeure donc assez obscur après le visionnage, puisqu’on n’apprendra rien sur cette série B.

Image : 3.5 / 5

L’image convenable sur l’ensemble du film reste contenue et ne va pas au-delà du minimum syndical de la haute définition contemporaine. C’est propre, souvent trop lissé, mais pas toujours bien défini, notamment lors de la séquence onirique qui ouvre le film qui est aussi laborieuse que sa copie. Globalement satisfaisant.

Son : 3.5/ 5

On retrouve le Mono d’époque, avec une piste française un peu basse dans son volume, mais bienvenue. La piste originale est un peu plus riche et pêchue. Elle propose des voix claires qui rendent le visionnage plaisant, jusqu’au générique de fin où l’on retrouve le titre Melissa (slow larmoyant et kitsch improbable dans ce type de film, plus proche d’une approche sud-coréenne ou d’un soap américain).

Le site de l’éditeur

Coffret combo collector de Sweet Sixteen

© Rimini Editions. Tous droits Réservés. © Sweet Sixteen Productions – Productions Two Hollywood, California. All Rights Reserved.

Trailers & Vidéos

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Cassette vidéo VHS de Sweet Sixteen (MPM, 1984)

Bande-annonce de Sweet Sixteen

Slasher, Horreur

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