Bruno Mattei

Réalisateur, Scénariste, Monteur
Bianco Apache de Vincent Dawn (Bruno Mattei)

Personal Info

  • Nationalité : Italien
  • Pseudonymes : Vincent Dawn, Herik Montgomery, Pierre Le Blanc, David Graham, David Hunt, Jimmy Matheus, Jordy Matheus
  • Date de naissance : 30 juillet 1931 à Rome (Italie)
  • Date de décès : 21 mai 2007 (75 ans) à Rome, Italie
  • Crédit visuel : © 1984 Beatrice Film. Tous droits réservés.

Biographie

Note des spectateurs :

Réalisateur, monteur et scénariste italien, Bruno Mattei est un cinéaste controversé qui a œuvré dans le cinéma d’exploitation durant une quarantaine d’années, s’attirant les foudres de la critique, tout en étant admiré par une poignée de bisseux idolâtres. Sa carrière, d’une grande richesse, ne peut en tout cas laisser indifférent.

Bruno Mattei entre en cinéma par le montage

Né à Rome en 1931, Bruno Mattei semble prédestiné à devenir cinéaste puisque son père était monteur et possédait même son propre studio de montage. Alors que son père le destine à une carrière militaire, Bruno Mattei n’en fait qu’à sa tête et s’inscrit aux Beaux-Arts en section architecture. Pourtant, il commence déjà à s’initier au montage avec son père et devient assistant monteur à partir de 1951. A cette occasion, il fait la rencontre du réalisateur Sergio Grieco pour qui il devient un collaborateur régulier. Il est ainsi assistant monteur sur Le chevalier de la violence (Grieco, 1956). Il fait aussi la connaissance du cinéaste bis Roberto Bianchi Montero qui le fait entrer dans la compagnie Filmar. Là, il devient monteur à part entière, notamment pour des documentaires, ce qui l’amènera par la suite au genre du mondo.

Au cours des années 60, Bruno Mattei se fait la main en tant que monteur sur des mondos, des péplums, une poignée d’eurospys et bien évidemment des westerns. Il embrasse déjà la totalité des genres populaires du cinéma italien.

Un premier film passé inaperçu

A la fin des années 60, Bruno Mattei travaille en tant que monteur pour Jess Franco, mais c’est surtout en 1969 qu’il signe son premier film de réalisateur avec Armida, il dramma di una sposa, un drame. Toutefois, il faut nuancer notre propos puisque le long-métrage utilise en réalité la moitié d’un film grec préexistant et intégré à une nouvelle intrigue tournée par Mattei. Ce goût pour le bidouillage se retrouvera durant l’ensemble de sa carrière, notamment par son goût du stock-shot.

Le film étant un bide, Mattei attend cinq ans avant de revenir derrière la caméra. Il redevient donc monteur. Bruno Mattei revient à la réalisation avec Cuginetta… amore mio (1976) qui est coréalisé par Manlio Camastro, mais c’est surtout avec Hôtel du plaisir pour SS (1977) que commence véritablement sa filmographie personnelle.

Bianco Apache de Vincent Dawn (Bruno Mattei)

© 1986 Beatrice Film

Un tour du monde trash

Effectivement, Bruno Mattei va s’illustrer dès le début de sa carrière tardive de réalisateur par un genre crapuleux du bis italien, la nazisploitation. Il signe coup sur coup Hôtel du plaisir pour SS (1977) et KZ9 camp d’extermination (1977), deux films qui redéfinissent la notion de bon goût au cinéma. Il enchaîne ensuite avec plusieurs mondos – autre genre putassier par excellence – comme Notti porno nel mondo (1977), Emanuelle e le porno notti nel mondo 2 (1978), Cicciolina amore mio (1979), Le sexe interdit (1979) et Sesso perverso, mondo violento (1980). Ces deux derniers films sont coréalisés par Claudio Fragasso qui devient alors le complice de ses méfaits cinématographiques pour de longues années.

Caligula et Messaline, l'affiche

© 1981 Italfrance Films. Tous droits réservés.

Puisque la mode est à la fois au film de zombie et de cannibale, Bruno Mattei se lance dans le genre avec l’inénarrable Virus cannibale (1980), monument du film Z. Pour l’occasion, il inaugure un nouveau pseudo, Vincent Dawn, qui sera bien connu des amoureux de bis. Il poursuit son exploration de l’horreur avec L’autre enfer (1981), une bisserie tout aussi incroyable.

Toutes les saveurs du bis

Bruno Mattei surfe ensuite sur le succès du Caligula de Tinto Brass et livre deux péplums érotiques risibles : Caligula et Messaline (1981) et Les aventures sexuelles de Néron et Poppée (1982). Mais rien ne pouvait nous préparer à son incursion dans le WIP avec les très bis Pénitencier de femmes (1982) et Révolte au pénitencier de femmes (1983).

Les rats de Manhattan, l'affiche

© 1984 Beatrice Film. Tous droits réservés.

On notera d’ailleurs la tendance du réalisateur à enchaîner systématiquement deux films du même genre coup sur coup, parfois issus d’un même tournage. En 1983, il tourne pour la branche italienne de la Cannon Les sept gladiateurs (1983), puis livre son film le plus culte, à savoir le post-apocalyptique Les rats de Manhattan (1984), avec la très Française et très jeune Ann-Gisel Glass.

Escapade filmique aux Philippines

Après une interruption, Bruno Mattei est embauché par la Flora Film pour tourner quelques films de guerre aux Philippines. Le temps est à la Rambosploitation et Bruno Mattei nous livre sa version très libre de la guerre dans Strike Commando (1987) et Double Target (1987). Alors que le genre est depuis longtemps tombé en désuétude, Mattei revisite le western spaghetti avec le diptyque Bianco Apache (1987) et Scalps (1987), généralement appréciés des amateurs du genre malgré un emploi encore immodéré de stock-shots.

En 1988, il participe au naufrage de Zombi 3 (Fulci, Fragasso, Mattei, 1988) qu’il reprend avec son complice Fragasso des mains d’un Lucio Fulci malade. Le résultat est tout bonnement pathétique. Toujours aux Philippines, notre homme enchaîne les tournages et livre Mission suicide (1988) qui est en réalité Strike Commando 2 et surtout le nanardesque Robowar (1988) mélangeant Predator et RoboCop pour le plus grand plaisir des amoureux de cinéma Z.

Les années 90 à l’heure de la vidéo

La suite n’est guère plus convaincante avec un Cop Game (1988) passé inaperçu et un Shocking Dark (1989) qui pompe sans vergogne Aliens, le retour (Cameron). Mais déjà les derniers feux du bis italien s’éteignent progressivement. Pourtant, Bruno Mattei ne s’avoue pas vaincu et tourne assez peu pour la télévision, contrairement à bon nombre de ses confrères. Il va continuer à livrer des films, notamment pour le marché vidéo. Il œuvre au début des années 90 dans le drame érotique, puis exploite le thriller sexy après le succès international rencontré par Basic Instinct (Verhoeven, 1992). Il en livre plusieurs qui restent inédits chez nous.

Disponible en VHS en France, Cruel Jaws (1995) débarque bien avant la mode des Shark Attack. Pour sa fin de carrière, on peut citer son incursion dans le mythe du snuff movie avec Snuff Killer (2003). Mais c’est surtout sa volonté de revenir aux films de cannibales qui a affolé la sphère des bisseux avec Cannibal World (2003) et Land of Death (2003). Il signe encore des films d’horreur comme La tombe (2004), L’île des morts-vivants (2007) et La création (2007) qui sera son dernier méfait cinématographique.

Il décède en 2007 à l’âge de 75 ans. Si sa filmographie fait toujours débat, elle a le mérite d’être cohérente et de démontrer un véritable amour d’un cinéma populaire qu’il aura pratiqué jusqu’au bout, en dépit des modes et des difficultés de production rencontrées.

Virgile Dumez

Femina DIstribution - VHS Virus Cannibale

© Femina DIstribution – VHS Virus Cannibale

Filmographie (réalisateur, longs métrages crédités, vidéo compris) :

  • 1970 : Armida, il dramma di un sposa
  • 1976 : Cuginotta, amore moi ! (coréalisé par Manlio Camastro)
  • 1977 : Hôtel du plaisir pour SS (Casa privata per le SS)
  • 1977 : KZ9 Camp d’extermination / Camp de femmes 119 (KZ9 – Lager di Sterminio)
  • 1977 : Notti porno nel mondo (documentaire)
  • 1978 : Emanuelle e le porno notti nel mondo 2 (documentaire)
  • 1979 : Le Sexe interdit (Sesso perverso)
  • 1979 : Cicciolina amore moi
  • 1980 : Sesso perverso, mondo violento (documentaire)
  • 1980 : Les Novices libertines (La vera storia della monaca di Monza)
  • 1980 : Virus cannibale (Virus)
  • 1981 : L’autre enfer (L’altro inferno)
  • 1981 : Caligula et Messaline
  • 1982 : Les Aventures sexuelles de Néron et Poppée (Nerone e Poppea)
  • 1982 : Pénitencier de femmes (Violenza in un carcere femminile) (coréalisé par Claudio Fragasso et Gérard Olivier)
  • 1983 : Révolte au pénitencier de filles (Blade Violent – I violenti) (coréalisé par Claudio Fragasso et Gérard Olivier)
  • 1983 : Les sept gladiateurs (I sette magnifici gladiatori)
  • 1984 : Les Rats de Manhattan (Notte di terrore) (coréalisé par Claudio Fragasso)
  • 1987 : Double target – Cible à abattre (Double Target) (coréalisé par Claudio Fragasso)
  • 1987 : Bianco Apache (coréalisé par Claudio Fragasso)
  • 1987 : Scalps (coréalisé par Claudio Fragasso)
  • 1987 : Strike Commando (coréalisé par Claudio Fragasso)
  • 1988 : Mission suicide / Strike Commando 2 (Trappola diabolica) (coréalisé par Claudio Fragasso)
  • 1988 : Zombi 3 (coréalisé par Claudio Fragasso et Lucio Fulci)
  • 1988 : Robowar (Robot da guerra)
  • 1988 : Cop Game
  • 1989 : Shocking dark – Spectres à Venise (Terminator II)
  • 1989 : Natto per combattere
  • 1990 : Désir (Desideri)
  • 1990 : Tre pesci, una gatta nel letto che scotta
  • 1993 : Attrazione pericolosa
  • 1994 : Occhi senza volto
  • 1994 : Omicidio al telefono
  • 1995 : Legittima vendetta
  • 1995 : Cruel Jaws
  • 1996 : Ljuba – Corpo e anima
  • 1999 : Un giudice di rispetto
  • 2001 : Bella da morire
  • 2002 : L’altra donna
  • 2002 : Capriccio veneziano
  • 2003 : Snuff Killer
  • 2003 : Cannibal World (Mondo cannibale)
  • 2003 : Land of Death (Nella terra dei cannibali)
  • 2004 : La tombe (La tomba)
  • 2005 : Un brivido sulla pelle
  • 2005 : Fuga orientale
  • 2005 : Segreti di donna
  • 2005 : Segreti di donna 2
  • 2006 : Anime perse
  • 2007 : L’île des morts-vivants (L’isola dei morti viventi)
  • 2007 : La création (Zombi : la creazione)
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