Frissons Parasite Murders : la critique du film (1976)

Epouvante-Horreur, Gore | 1h28 min
Note de la rédaction :
7,5/10
7,5
Frissons Parasite Murders : affiche cinéma 1976

  • Réalisateur : David Cronenberg
  • Acteurs : Barbara Steele, Paul Hampton, Joe Silver, Lynn Lowry, Allan Kolman
  • Date de sortie: 04 Août 1976
  • Nationalité : Canadien
  • Titre original / Titres alternatifs : Shivers / It Came from Within (USA) / The Parasite Murders
  • Scénariste : David Cronenberg
  • Montage musical : Ivan Reitman
  • Directeur de la photographie : Robert Saad
  • Producteur / Société de production Ivan Reitman / Dal-Reitman pour Cinépix
  • Distributeur : SND (Société Nationale de Doublage) - P.M Productions (Reprise)
  • Editeur vidéo : Hollywood Vidéo (VHS) / Metropolitan Vidéo (coffret DVD comprenant Rage et Frissons) / ESC Éditions (combo DVD-Blu-ray)
  • Sortie vidéo (combo DVD-Blu-ray) : Avril 1982 (Hollywood Vidéo, VHS), 24 juin 2003 (DVD combo) 3 juin 2020
  • Budget : 100 000 $
  • Box-office : 38 577 (sortie parisienne originale)
  • Format : 1.66 : 1 / Son : Mono
  • Classification : Interdit aux moins de 16 ans
  • Crédits affiche : © 1976 DAL Productions Ltd / Affiche 1976 P. Marty - Affiche reprise : Gilbert Raffin © ADAGP Paris, 2020. Tous droits réservés.
  • Festival Festival international du film fantastique d'Avoriaz 1976 (Compétition)
Note des spectateurs :

Premier vrai film professionnel de David Cronenberg, Frissons imposait déjà toutes les thématiques chères au cinéaste canadien, avec la rage de la jeunesse. Nécessairement perfectible, mais ô combien stimulant.

Synopsis : Dans une résidence luxueuse située près de Montréal, un professeur renommé se suicide après avoir étranglé et éventré une jeune femme. L’affaire est vite étouffée mais le médecin du complexe hôtelier décide de mener l’enquête en apprenant que ce professeur s’était livré à des traitements médicaux singuliers, fondés sur la greffe de parasites. Or ceux-ci semblent déclencher chez les patients traités des réactions particulières et engendrent une épidémie…

Bienvenue dans la résidence  de luxe Starline…

Critique : Au milieu des années 70, le jeune cinéaste David Cronenberg n’a à son actif que quelques courts-métrages expérimentaux, ainsi que des bandes underground d’avant-garde qui n’ont pas été distribuées (Stereo et Crimes of the Future). Après quelques travaux pour la télévision canadienne, il pousse la porte de la société de production Cinepix, une des seules boîtes indépendantes du Canada, spécialisée dans les comédies érotiques et le cinéma d’exploitation. Pour eux, il est prêt à tourner une petite bande érotique, mais les essais se révèlent catastrophiques. Finalement, il propose aux producteurs John Dunning et André Link un scénario de film d’horreur alors intitulé Orgy of the Blood Parasites.

Frissons, jaquette du combo DVD / Blu-ray

© 1976 DAL Productions Ltd / © 2020 Lions Gate Entertainment Inc – ESC Editions. Tous droits réservés.

Si les producteurs sont effectivement intéressés par le projet, ils attendent une aide de l’Etat canadien pour le valider définitivement. Cronenberg tente de monter le film de son côté, en partant pour Hollywood. Entre-temps, le gouvernement canadien accepte de le financer et Cronenberg revient donc tourner son premier vrai film professionnel dans son pays natal, ce qui est sans aucun doute une bonne nouvelle puisque le réalisateur a ainsi eu les mains libres sur ce qui deviendra Frissons.

Vue imprenable sur l’amer…

Aidé par le producteur Ivan Reitman (futur réalisateur de SOS Fantômes) qui lui apporte un casting complet sur un plateau, mais aussi un certain nombre de conseils techniques, David Cronenberg doit se contenter d’un budget resserré et de quinze jours de tournage. Une urgence qui explique certains défauts de ce premier long techniquement perfectible, mais annonce pourtant l’intégralité des thématiques chères au cinéaste.

Critique à peine voilée d’une certaine société consumériste totalement aseptisée, Frissons débute par un générique en forme de publicité pour un immeuble de grand standing. Alors que les décors dépouillés suggèrent une propreté absolue de cet espace ripoliné, le cinéaste nous montre en parallèle une séquence de meurtre affreuse et chirurgicale. Le ton glacial est ainsi posé dès les premières minutes, avec une éventration au scalpel marquante. Les fondements de l’intrigue sont également exposés en moins d’un quart d’heure, ce qui permet au long-métrage de n’être jamais ennuyeux malgré un décor limité à un immeuble.

Des voisins à croquer…

Ce qui choque immédiatement le spectateur, c’est cette volonté de Cronenberg de nous confronter à la maladie, à l’intrusion dans notre corps d’un parasite qui transforme notre métabolisme. Déjà obsédé par les fluides, les sécrétions et autres éléments organiques, Cronenberg parvient à révulser à l’aide d’effets spéciaux rudimentaires mais efficaces (signés de Joe Blasco). Toute la partie sur la contamination est donc parfaitement menée en confrontant le spectateur à ses angoisses les plus profondes (celles liées à la décadence irréversible du corps).

1976 DAL – Cinépix Productions Ltd – All Rights Reserved – 2020 Lions Gate Entertainment Inc – ESC Editions. Tous droits réservés.

Le long-métrage prend un tour encore plus original lorsque les contaminés, au lieu de devenir des morts-vivants comme dans bon nombre de films, se transforment en bombes sexuelles uniquement vouées à copuler. Cronenberg explore dès lors la sexualité dans toutes ses composantes. Il évoque sans détour l’homosexualité, l’échangisme, les parties fines, mais également la pédophilie et le sado-masochisme au détour de quelques scènes audacieuses. Ajoutons à cela la forme phallique du fameux parasite et le viol symbolique subi par le personnage incarné par Barbara Steele et Frissons constitue ici la semence de tous les autres films de Cronenberg.

Une expérience inoubliable qui vous prendra aux tripes

Certes, tout n’est pas parfait dans ce Frissons puisque l’on trouve quelques erreurs de raccord. Le jeu d’acteur n’est pas toujours maîtrisé (Paul Hampton est un peu fade et certains seconds rôles font sourire par leur maladresse), mais il faut toujours garder à l’esprit l’économie dans laquelle il a été conçu, souvent sans possibilité de refaire les prises.

Sorti sur de nombreux territoires, souvent dans un circuit restreint, Frissons a suscité l’intérêt de nombreux spectateurs partout dans le monde. Le film confirmait une nouvelle tendance du film d’horreur contemporain qui visait à se débarrasser de l’héritage gothique pour plonger dans la modernité. Ayant coûté autour de 100 000 $, le film en aurait rapporté plus de 5 millions autour du monde.

Frissons de David Cronenberg, affiche britannique

Affiche britannique – 1976 DAL – Cinépix Productions Ltd – All Rights Reserved

Des souvenirs à conserver toute la mort

Rappelons enfin qu’à l’époque, les critiques ont déversé leur bile sur ce long-métrage souvent comparé à de la pornographie. Ce sont parfois les mêmes qui, plusieurs années plus tard, ont salué David Cronenberg comme étant un grand auteur. Les fans d’horreur, eux, n’ont pas attendu aussi longtemps pour comprendre l’importance d’un réalisateur alors conspué par la majorité.

Frissons est désormais disponible dans une belle édition combo DVD / Blu-ray chez ESC Editions, avec une qualité d’image très correcte et des suppléments très pertinents. On y trouve notamment un entretien audio avec Cronenberg, un passionnant making of rétrospectif d’une quarantaine de minutes, ainsi que des analyses fondamentales délivrées par Olivier Père. Une édition indispensable donc.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 4 août 1976

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Frissons Parasite Murders : affiche cinéma 1976

© 1976 P. Marty

Box-office :

Passé inaperçu sur Paris-Périphérie lors de sa sortie salle, Frissons est originellement sorti sous le titre de Frissons Parasite Murders chez SND (Société Nationale de Doublage) le 4 août 1976, soit une semaine après la date fixée initialement.

Pour sa première semaine, le film de Cronenberg entre en 7e place d’un box-office aoûtien catastrophique. Le numéro 1 de la semaine, le fameux Sex O’clock USA, est en tête en 3e semaine avec 29 943 entrées ! Le top 15 contient pas moins de 8 reprises, les Parisiens sont en vacances.

Frissons, la jaquette VHS de Melki

Copyrights : Melki

Frissons, à peine meilleur qu’un Cuisses en chaleur en 3e semaine, ouvre à 20 532 spectateurs. Ses parasites vicieux se sont immiscés au Concorde Pathé, au Panthéon, au Montparnasse 83, à La Maxéville, le Nation, La Fauvette, le Cambronne et le Clichy Pathé. Trois salles complètent sa sortie francilienne en banlieue.

Après trois semaines à l’affiche, la contagion est déjà éteinte et s’arrête à 38 577 porteurs.

Le film connaît fort heureusement une deuxième vie au début des années 80 en VHS, au moment de l’heure de gloire des éditeurs indépendants, chez Hollywood Vidéo. L’éditeur vidéo travaille alors le jeune Melki pour le visuel de ses jaquettes et celui de VHS sera culte pour toute une génération de cinéphile.

On notera également une reprise salle en 1984, avec une nouvelle affiche qui lui permettra de gonfler ses entrées. L’effet Videodrome et Dead Zone.

Frédéric Mignard

Frissons, l'affiche

© 1976 DAL Productions Ltd / Affiche : Gilbert Raffin © ADAGP Paris, 2020. Tous droits réservés.

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Frissons Parasite Murders : affiche cinéma 1976

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