Ben : la critique du film (1972)

Fantastique, Epouvante | 1h34min
Note de la rédaction :
4/10
4
Ben, jaquette du film

  • Réalisateur : Phil Karlson
  • Acteurs : Lee Montgomery, Joseph Campanella, Arthur O’Connell, Rosemary Murphy
  • Date de sortie: 23 Juin 1972
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Ben
  • Titres alternatifs : Råttorna slår till igen (Suède) / Ben, la rata asesina (Mexique) / L'ultima carica di Ben (Italie) / Ben, o Rato Assassino (Brésil)
  • Année de production : 1972
  • Scénariste : Gilbert Ralston
  • Directeur de la photographie : Russell Metty
  • Compositeur : Walter Scharf / Chanson du film interprétée par Michael Jackson
  • Société(s) de production : Bing Crosby Productions
  • Distributeur : Film inédit en France, sauf quelques salles de province. La date ci-dessus est celle de la sortie américaine.
  • Éditeur(s) vidéo : Proserpine (VHS, 1987) / ESC Editions (DVD et blu-ray, 2020)
  • Date de sortie vidéo : 1987 (VHS) / 17 mars 2020 (DVD et blu-ray)
  • Box-office France / Paris-périphérie : -
  • Box-office nord-américain : 769 986 $ (soit 5,4 M$ au cours de 2022)
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : -
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleurs / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : Golden Globe 1973 de la meilleure chanson / Oscars 1973 : 1 nomination pour la meilleure chanson originale
  • Illustrateur / Création graphique : -
  • Crédits : Bing Crosby Productions
  • Franchise : 2ème volet du diptyque Willard (1971) - Ben (1972)
Note des spectateurs :

Suite ratée de Willard, Ben est une série B qui ne sait pas choisir entre film d’invasion animale et sucrerie enfantine mièvre. La réalisation banale de Phil Karlson fait du produit fini un téléfilm qui ne s’assume pas. Dispensable.

Synopsis : Un petit garçon solitaire devient ami avec un rat, qu’il prénomme Ben. Mais Ben est aussi le chef des rats tueurs de la ville…

Ben, la suite précipitée de Willard 

Critique : En 1971, la société de production indépendante Bing Crosby Productions connaît un succès inattendu avec l’adaptation du roman Ratman’s Notebooks de Stephen Gilbert, devenu Willard (Mann, 1971) pour le grand écran. Ce petit film au budget de série B a effectivement glané 19,2 M$ (soit 141 M$ au cours de 2022) rien qu’au box-office nord-américain, tandis que la France restait largement en retrait du phénomène.

Ce triomphe a forcément suscité l’envie pour la compagnie BCP de mettre aussitôt en chantier une suite. Ainsi, moins de trois semaines après la sortie du film, le producteur Mort Briskin a commandé un scénario à Gilbert Ralston qui avait déjà travaillé sur le script de Willard. Peu enthousiaste à l’idée d’écrire une suite à cette intrigue parfaitement bouclée, Ralston s’est quand même acquitté de la tâche en ne conservant que le rat Ben dont il suit les aventures auprès d’un nouveau propriétaire, le gamin malade Danny.

Ben en blu-ray chez Second Sight

Edition blu-ray britannique de Ben chez Second Sight. © 1972 Bing Crosby Productions. Tous droits réservés.

Les rats aiment le glucose

Afin de donner vie à ce nouveau protagoniste, la compagnie fait appel à Lee Montgomery qui venait tout juste de jouer dans le film Disney La cane aux œufs d’or (McEveety, 1971). Agé de 10 ans, le gamin oriente du coup le long-métrage vers le divertissement familial. Alors que Daniel Mann passe son tour, la réalisation de Ben (1972) échoie à Phil Karlson, vétéran de la série B qui a signé plusieurs films noirs mémorables au cours des années 50 (Le quatrième homme, L’Affaire de la 99ème rue). Malheureusement, ce dernier a aussi œuvré à la télévision dans les années 60 et cela a déteint sur sa réalisation qui est certes carrée, mais surtout dénuée de réelle ambition visuelle.

Débutant par les scènes finales empruntées à Willard, Ben commence exactement là où se terminait le précédent. Cela permet à Phil Karlson d’éviter de trop longues séquences introductives et de se concentrer sur une invasion de rats plus impressionnante que dans le premier volet. Toutefois, comme trop souvent, la surenchère d’effets et de séquences chocs tue l’ambiance qui faisait tout le prix du premier opus. Certes, le dresseur Moe Di Sesso a disposé de plusieurs milliers de rats qui sont d’ailleurs plutôt bien employés, mais l’invasion paraît quelque peu chiche à l’écran. A chaque fois qu’un être humain est agressé, la petite dizaine de rats qui l’entourent vient contredire l’idée d’une invasion massive. L’emploi de vrais animaux permet d’éviter des effets spéciaux kitsch et ratés, mais cela dessert l’aspect spectaculaire clamé par des dialogues emphatiques.

Des rats placides attaquent!

Quand les protagonistes évoquent la présence de millions de rongeurs, le spectateur n’en aperçoit guère qu’une centaine, n’en déplaise aux chiffres communiqués par le studio faisant état de milliers de spécimens. Du coup, l’aspect horrifique n’est jamais crédible et le spectateur doit subir une lente intrigue parallèle assaisonnée à la mièvrerie. Effectivement, le petit garçon qui s’attache au rat Ben est un gamin malade qui est protégé par sa mère et sa grande sœur, mais qui est maltraité par les autres gosses. Certes, cette intrigue peut s’avérer touchante, mais elle aurait davantage sa place dans une production Disney que dans un film à vocation horrifique.

Ben en blu-ray et DVD chez ESC

Edition DVD ESC. © 1972 Bing Crosby Productions. Tous droits réservés.

En définitive, Ben ne se relève jamais d’une contradiction manifeste liée à un cœur de cible mal défini. Trop gentil et mièvre pour un public adolescent venu rechercher le frisson de l’angoisse, mais trop effrayant pour un public de gamins qui ne se précipiteront pas vers un tel spectacle, Ben ne sait jamais à qui s’adresser et finit par ne parler à personne. Lee Montgomery livre une prestation très juste, mais le reste du casting est à la peine avec des acteurs et actrices qui ont l’habitude de cachetonner à la télévision. Si l’on ajoute à cela une bande originale de Walter Scharf qui lorgne fortement vers les illustrations sonores de la télévision US de l’époque, on a du mal à trouver un quelconque intérêt à cette production qui aurait dû rester confinée au petit écran.

Au milieu du marasme, une chanson de Michael Jackson

Finalement, on ne retiendra aujourd’hui d’un tel produit que la présence au générique final de la chanson mélancolique Ben’s Song écrite par Don Black et Walter Scharf et interprétée par un Michael Jackson de 14 ans. Cette ballade un rien sirupeuse charme surtout par la performance vocale du jeune leader des Jackson Five, mais tranche avec l’ambiance anxiogène vendue par les producteurs. Cela n’a pas empêché le titre de recevoir un Golden Globe pour la meilleure chanson originale, ainsi qu’une nomination à l’Oscar.

Sorti aux Etats-Unis au mois de juin 1972, Ben a été un très gros échec, ne glanant plus que 769 986 $ (soit 5,4 M$ au cours de 2022). Cette suite dispensable a donc attendu l’ère de la vidéo pour planter ses crocs sur la France. Si l’on parle d’une sortie provinciale hypothétique fin 1972, on se souvient surtout de sa sortie en VHS en 1987 chez l’éditeur Proserpine. Depuis, le long-métrage a également fait l’objet d’une parution en DVD et blu-ray chez l’éditeur ESC Editions, dans une copie très variable et finalement peu glorieuse. Pas de quoi éveiller la moindre passion pour ce titre franchement oubliable.

Critique de Virgile Dumez

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Ben, jaquette du film

© 1972 Bing Crosby Productions. Tous droits réservés.

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