One Dark Night, sorti dans les années 80-90 sous deux titres en vidéocassette en France, notamment Nuit noire, est une savoureuse série B par Tom McLoughlin, réalisateur culte de Jason le mort-vivant (alias Vendredi 13 VI). Avec une future vedette débutante, Meg Tilly (Les copains d’abord, Masquerade, Valmont).
Synopsis : Afin d’intégrer une sororité étudiante, Julie doit se soumettre à un rite d’initiation : passer une nuit entière dans un imposant monument funéraire, sous le contrôle de deux autres étudiantes. Or, le mausolée est celui d’un ancien mage, qui possédait de terrifiants pouvoirs psychiques.
Nuit Noire par le futur réalisateur de Jason le mort-vivant
Critique : Tom McLoughlin est connu des fans de cinéma horrifique pour avoir relancé la franchise exsangue de Vendredi 13, en 1986. C’est lui qui réanima le célèbre croquemitaine, qui mangeait alors les pissenlits par la racine, d’un coup de foudre énergisante, à l’occasion du sixième opus de l’increvable série – Jason Lives, distribué discrètement au début de l’année 1987 en France, sous le titre bien-heureux de Jason le mort-vivant.
Le talent est évident, l’amateur d’épouvante étant capable d’insérer une bonne dose d’humour décapant dans une saga où le premier degré cumulait les victimes sans grande inventivité.
Paramount, studio derrière Jason Lives, avait opté pour sa verve de par le talent polyvalent du musicien, mime et magicien de l’image qu’il avait notamment mis en oeuvre dans un premier long charismatique. Tom McLoughlin, en 1981, avait démarré le tournage d’un premier film, One Dark Night, qui, faute de trouver une distribution cohérente aux USA, avait roulé sa bosse dans les différents états américains, de 1981 à 1983, en ratissant les billets verts dans les bourgades de l’arrière-pays, lors des séances du samedi soir, auprès des adolescents. Il faut dire que la production surnaturelle, peu violente, avait été généreusement affublé d’un PG par le système de classification hollywoodien, loin de l’ultra-violence des productions de cette époque comme Evil Dead la nuit des démons qui lui est contemporain.
One Dark Night, produit occulte dans un marché de films eighties culte
Authentique petit produit indépendant, réalisé à l’ombre des studios, One Dark Night n’a pas connu les joies d’une diffusion large dans les salles américaines où le marché florissant de la vidéo cassette récupérait volontiers des petites sardines dans les mailles de ses filets. Aussi, le manque de notoriété de One Dark Night à l’international est une évidence auprès des spectateurs, des dizaines d’années plus tard. Le cinéma horrifique des années 80 est souvent culte ; One Dark Night est un produit occulte.
Faute de trouver sa place en salle – selon le site Encyclociné il serait toutefois sorti dans de rares cinémas dans le Nord de la France en 1985 -, le premier long de McLoughlin a surtout écopé du statut peu reluisant de direct-to-video, avec en France, deux éditions vidéo, notamment chez Proserpine, sous le titre de Une Nuit trop noire et de Nuit Noire.
© 1982 The Picture Company. All Rights Reserved
On ne cherchera pas à épiloguer sur ces titres, traductions littérales de One Dark Night évoquant l’unité de temps – une nuit -, mais pas celle du lieu (un mausolée aux couloirs dantesques qui évoque celui de Phantasm de Don Coscarelli). Depuis l’époque de la VHS, Nuit noire a disparu des préoccupations des amateurs de cinéma bis, probablement enfoui parmi les souvenirs de locations honteuses ou anodines, quand le cinéma de genre avait tant à offrir. Il est vrai que la copie française ne rendait pas hommage au cadre macabre, inhérent à bien des films de son époque, jusqu’au postulat de conte funéraire où l’essentiel du récit repose sur le rite initiatique auquel est soumise une lycéenne souhaitant incorporer une sororité. Celle-ci n’est autre que Meg Tilly, débutante aux portes de la célébrité. Elle jouera dans de nombreux films à Oscar moins de deux ans après (Les copains d’abord, Agnès de Dieu), tout en enchaînant avec la suite de Psychose par Richard Franklin.
Au choix : nuit de terreur dans un caveau ou exclusion de la caste estudiantine.
Ces défis au coeur de la nécropole évoque forcément bien des classiques, de La rose de fer de Jean Rollin, au Graveyard Disturbance de Lamberto Bava, et dans un cadre de slasher dans un chateau maléfique, Hell Night avec la vedette du B-movie, Linda Blair. L’histoire de One Dark Night (Nuit noire) ne raconte guère plus, si ce n’est un surnaturel ancré dans l’occulte, la manipulation des esprits, thématique qui va se mêler aux défis macabres d’une jeunesse en manque d’inspiration dans sa quête de la trouille.
One Dark Night enfin en blu-ray et DVD en France en 2023
De retour dans nos chaumières 2.0 avec un combo DVD+Blu-ray pour s’adapter aux exigences des gaillards des années 80, aujourd’hui grandis, vieillissants, et cinématographiquement moins exigeants car nostalgiques de leur époque de poussées hormonales, One Dark Night réapparaît en 2023 chez l’Editeur français Rimini Editions et se rappelle à des mémoires. La série B n’a pas la prétention de s’imposer comme un classique. Elle n’en est pas un. Ni même de se définir comme un must du genre, son prétexte scénaristique est famélique et orienterait inévitablement le regard du public vers une forme d’embarras.
En revanche, la première réalisation de McLoughlin jouit de bien des qualités mémorielles pour tous ceux qui envisagent le cinéma comme une madeleine de Proust. Tout à l’écran profane les souvenirs issus des bandes magnétiques de l’époque bénie d’une génération habituée à l’outrance, mais qui, dans One Dark Night (Nuit noire) a dû se contenter d’un spectacle surnaturel aux confins de l’anecdote. Le conte de la crypte, niché dans un paranormal de série télévisée, est à réserver aux enfants bénits d’une époque. Le rythme peu haletant de l’ensemble saura réveiller les moins concentrés des spectateurs lors d’une longue dernière séquence où zombies et effets lumineux à la Poltergeist, autre oeuvre contemporaine mais qui semblerait avoir été produite après Nuit noire, selon les dires de McLoughlin, électrise une intrigue qui a mis du mal à se mettre en place.
One Dark Night (Nuit noire) Artwork 2023 Koemzo – © 1982 The Picture Company. All Rights Reserved
Le test blu-ray
Packaging & Compléments : 2.5 / 5
Les quelques bonus du blu-ray américain ont disparu. Toutefois, tout l’intérêt de cette édition repose dans son sublime packaging limité. Un Digipack luxueux qui intègre la collection de la terreur de l’éditeur Rimini. C’est dans le livret de Marc Toullec, A tombeaux ouverts, que les amateurs trouveront la contextualisation de l’oeuvre. C’est intéressant et cela confère à One Dark Night (Nuit noire) d’authentiques qualités d’édition physique.
L’image : 3 / 5
Petite série B d’époque qui n’a pas connu la rigueur des belles restaurations, One Dark Night n’a pas été disséquée dans son image qui conserve des anicroches et une définition irrégulière. Le master est toutefois bien mieux utilisé qu’en VHS et nous permet de profiter de lumières chiadées et d’une profondeur de champ opportune pour jouir des détails et de la nuit profonde.
Le son : 3.5 / 5
La piste française, très certainement extirpée de la VHS Proserpine, n’est pas très charismatique de par l’absence d’environnement sonore pour emmitoufler les dialogues. On préfèrera donc la piste originale 2.0 HD Master Audio, qui trouve un certain équilibre et un peu plus de volume, sans pour autant être à la hauteur des exigences contemporaines.
Le site de l’éditeur
One Dark Night (Nuit noire) Artwork 2023 Koemzo – © 1982 The Picture Company. All Rights Reserved