Titres alternatifs :
Enter The Dragon (titre vidéo français actuel) / Der Mann mit der Todeskralle (Allemagne) / Operación Dragón (Espagne) / O Dragão Ataca (Portugal) / Wejście smoka (Pologne) / I 3 dell'Operazione Drago (Italie) / A sárkány közbelép (Hongrie) / Lohikäärmeen kidassa (Finlande) / Operação Dragão (Brésil)
Autres acteurs :
Bob Wall, Angela Mao, Betty Chung, Geoffrey Weeks
Scénaristes :
Michael Allin
Monteurs :
Kurt Hirschler, George Watters
Directeur de la photographie :
Gilbert Hubbs
Compositeur :
Lalo Schifrin
Chef Maquilleur :
Kuo-Hsiung Chen
Chorégraphe des combats :
Bruce Lee
Directeur artistique :
Sheng-Hsi Chu
Producteurs :
Fred Weintraub, Paul M. Heller, en association avec Raymond Chow
Sociétés de production :
Warner Bros. Pictures, Concord Production Inc., Golden Harvest
Distributeur :
Warner Columbia
Distributeur reprise :
-
Date de sortie reprise :
-
Editeurs vidéo :
Warner Home Vidéo (VHS, 1981, 1986, 1987) / Warner Home Vidéo (DVD, 1999) / Warner Bros. Entertainment France (DVD, 2004) / Warner Bros. Entertainment France (blu-ray, 2007, 2013, 2016, 2018) / Warner Bros. Entertainment France (4K UHD, 2023)
Dates de sortie vidéo :
Décembre 1981 (VHS) / 1986 (VHS) / 1987 (VHS) / 3 septembre 1999 (DVD) / 6 octobre 2004 (DVD) / 24 octobre 2007 (blu-ray) / 4 décembre 2013 (blu-ray) / 16 novembre 2016 (blu-ray) / 4 juillet 2018 (blu-ray) / 20 septembre 2023 (4K UHD)
Budget :
850 000 $ (soit 6 000 000 $ au cours de 2024)
Tagline :
Opération Dragon, c'est James Bond à Hong-Kong
Note des spectateurs :
Opération dragon est un des meilleurs films de Bruce Lee, adroit mélange d’aventures exotiques et de combats d’arts martiaux. Du grand cinéma populaire.
Synopsis : Une compétition d’arts martiaux est organisée par un mystérieux Han, derrière lequel se cache un redoutable trafiquant de drogue. Lee, agent de renseignements occidental et spécialiste de kung-fu, tente de démanteler l’organisation criminelle.
Opération dragon, la première coproduction entre les Etats-Unis et Hong Kong
Critique : Alors que Bruce Lee vient tout juste de mourir en juillet 1973 à l’âge de trente-deux ans, le monde entier découvre le talent de celui qui incarne aujourd’hui encore à lui tout seul le kung-fu. En France, après les très beaux scores de Big Boss (Lo Wei, 1971), le distributeur René Chateau vient de sortir avec succès La fureur de vaincre (Lo Wei, 1972) qui a engendré plus de 3 millions d’entrées. Le distributeur s’apprête ainsi à devenir le principal promoteur du cinéma de Hong-Kong en France, notamment à travers sa salle mythique du Hollywood Boulevard, devenu un temple du kung-fu.
Pourtant, en ce mois de janvier 1974, Opération dragon sort en France sous la bannière de Warner, exception confirmant le statut très particulier de cette coproduction américano-asiatique. Effectivement, il s’agit de la toute première coproduction entre un grand studio américain et Raymond Chow, célèbre nabab hongkongais. Le but avoué était de faire de Bruce Lee une star mondiale, capable de fédérer aussi bien le public asiatique qu’occidental.
James Bond version asiatique
Pour cela, le tournage a été effectué intégralement à Hong Kong, avec une équipe technique quasiment intégralement locale, tandis que les postes clés demeurent réservés à des Américains. Ainsi, la somme plutôt modeste de 850 000 $ (soit 6 000 000 $ au cours de 2024) a été consentie par les différentes boites de production.
Et de fait, réalisé par Robert Clouse, un cinéaste américain, cet impressionnant film de kung-fu mélange les influences occidentales et orientales avec un rare bonheur. Sommet du cinéma commercial et populaire des années 70, cette ultime œuvre de Bruce Lee – interprété intégralement par la star contrairement au Jeu de la mort (Robert Clouse, 1978) – évoque immanquablement la série des James Bond avec son intrigue à base d’espionnage international, son île mystérieuse dissimulant une base militaire entièrement vouée au Mal, son méchant haut en couleur affublé de divers gadgets en lieu et place de sa main coupée et ses femmes peu farouches uniquement là pour satisfaire les besoins des héros.
Ajoutez-y un zeste de blaxploitation
A cette influence purement occidentale, il faut ajouter un large clin d’œil à la Blaxploitation à travers la musique très funky de Lalo Schifrin et la présence du grand Jim Kelly, dont les qualités physiques impressionnent, même à côté du “petit dragon”.
Connaissant ses classiques sur le bout des doigts, Robert Clouse glisse également une référence évidente à La dame de Shanghai (1947) d’Orson Welles lors du combat final au milieu d’une galerie des glaces. Malgré ce caractère typiquement américain, le réalisateur a su exploiter avec une rare intelligence le charisme de sa star : avec sa musculature parfaite, son allure féline et son fameux cri, Bruce Lee incarne à merveille une implacable machine à battre ses adversaires. D’un magnétisme rarement vu à l’écran, il dévore la caméra et empêche quasiment tous les autres acteurs d’exister. John Saxon fait ainsi pâle figure devant la majesté de l’athlète chinois.
Bruce Lee au firmament
Opération dragon (1973) demeure donc un des meilleurs films de kung-fu de l’histoire du cinéma grâce à sa mise en scène racée et à la prestation époustouflante d’un “petit dragon” maintes fois imité, mais jamais égalé.
Même si Bruce Lee est décédé avant la sortie du film événement, on peut considérer Opération dragon comme le long métrage qui va définitivement établir la légende de l’athlète. Ainsi, le métrage se hisse à la 13ème place du box-office américain avec 21 483 063 $ (soit 151 380 000 $ au cours de 2024). Du jamais vu pour une œuvre en grande partie interprétée par des Asiatiques. Dès lors, les studios américains vont prendre acte de la vogue internationale du kung-fu et développer leurs propres itérations du genre.
Lorsqu’il arrive en France, Opération dragon franchit une barre symbolique en dépassant dès sa première semaine d’exploitation les 100 000 entrées sur Paris et sa périphérie. Le reste de l’Hexagone suit la semaine suivante avec de beaux résultats qui portent le film à l’orée des 250 000 entrées sur tout le territoire. Grâce à la province, le film va encore gonfler ses résultats en troisième septaine, lui permettant d’approcher un cumul de 400 000 tickets vendus en seulement trois semaines. Parallèlement, les autres gros succès du moment se nomment Papillon (Franklin J. Schaffner), Les quatre Charlots mousquetaires (André Hunebelle) et la comédie potache Mais où est donc passée la 7ème compagnie (Robert Lamoureux).
Mi-avril 1973, Opération dragon franchit la barre du million de spectateurs sur la France, et continue à passionner les foules pendant de longs mois. Par la suite, le métrage va être exploité durant plusieurs années dans des cinémas de quartier, au point de parvenir à cumuler, toutes exploitations confondues plus de 4 444 582 entrées. Un véritable phénomène qui a été savamment entretenu par la suite avec la multiplication des produits dérivés et autres sous-Bruce Lee que l’on nomme Bruceploitation.
50 ans plus tard, Bruce Lee encore d’actualité
Avec l’ère de la VHS, le culte du petit dragon va perdurer et même s’amplifier, comme l’atteste le nombre impressionnant de rééditions, aussi bien en VHS, puis en DVD et blu-ray. Toutefois, Opération dragon est demeuré dans le giron de la Warner et n’est généralement pas compris dans les coffrets consacrés à Bruce Lee, pour des questions de droits. L’année 2023 a vu de nombreuses publications sur la star à l’occasion des cinquante ans de sa mort, tandis que Warner a édité au mois de septembre 2023 Opération dragon sous son titre original Enter the Dragon en UHD 4K.
La hype autour de Bruce Lee ne s’éteint donc toujours pas et cette année 2024 voit même fleurir des éditions autour de la Bruceploitation. Ainsi, David Gregory a consacré un documentaire formidable au phénomène intitulé Enter the Clones of Bruce (2023). Début juin 2024 sort un coffret américain chez l’éditeur Severin intitulé The Game of Clones : Bruceploitation Collection Vol. 1 qui propose justement le documentaire de David Gregory agrémenté de 12 films répartis sur 7 disques. L’occasion de redécouvrir tout un pan du cinéma d’exploitation pendant longtemps méprisé et ignoré.
Marketing : la promotion de Opération Dragon (Warner Bros) et de La Fureur du Dragon (Cathay Films Limited). All Rights Reserved.
Dossier Exploitation :
Quand le cinéma de Kung-fu renversait le western en France.
1973. Bruce Lee décède le 20 juillet et devient une légende posthume.
En France, on ne le connaît alors que pour Big Boss, succès considérable à plus d’un million d’entrées, à peine sorti via Les Films de la Boétie en mai 1973. Moins de 15 jours après son décès tragique, mois essentiel pour ce genre de production, AMLF propose La fureur de vaincre. Le film de Lo Wei sort brillamment le 2 août. C’est un triomphe qui triplera le score de Big Boss.
Le phénomène Bruce Lee profite au genre du kung-fu qui apparaissait en 1972.
En 1973, 32 films de karaté, en provenance de Hong-Kong sont exploités sur le grand écran, soit 3 223 164 spectateurs. Cette cinématographie émergeant sur notre territoire devient la 6e nationalité cinématographique, juste derrière l’Allemagne. Un an plus tôt, Hong-Kong était absent en 1972. Le Hollywood Boulevard, cinéma de René Chateau, l’attaché de presse de Jean-Paul Belmondo, qui ouvre en juillet 1973, devient le temple du genre et gagne immédiatement son pari.
L’engouement pour le genre virile se vérifie dans le nombre de licenciés en karaté qui double. On parle d’une véritable mode qui détrône pour la première fois de l’histoire du cinéma français, le genre du western, en nombre de productions exploitées.
La sortie française d’Opération Dragonest un événement considérable. Cette fois-ci, une major américaine est aux commandes, puisque le film est une coproduction entre Hong-Kong et les USA, puisqu’Hollywood ne veut pas passer à côté de la déferlante qu’elle récupère brillamment.
Un Chinois en Amérique : le blockbuster américain de 1973
Avec 4 500 000$ aux USA, en 1973, Opération Dragonde Robert Clouse apparaît dans le top 20 annuel, dans un classement qui compte des succès comme Vivre et Laisser mourir (15 500 000$), La barbe à papade Peter Bogdanovich (13M$), le sulfureux Le dernier tango à Paris(12.6M$), Jésus-Christ Superstar de Norman Jewison (10.8), American Graffitide George Lucas, produit par Francis Ford Coppola (10.3), le Disney Nanou fils de la jungle, avec Jean Michael Vincent (10M$), Lady Sings the Blues de Sidney J. Furie, avec Diana Ross (9M$), Chacalde Fred Zinneman (8.5M$), Jeremiah Johnson de Sydney Pollack, avec Robert Redford (8.3M$) L’homme des hautes plaines avec Clint Eastwood (7.1M$), Juge et Hors la loide John Huston, avec Paul Newman (7M$)… Au cœur d’une mythologie cinématographique blanche, Bruce Lee apporte une virilité asiatique différente qui profite à d’autres. La Main de ferde Cheng Chang Ho, avec Wang Bing (4M$), est le deuxième plus gros succès annuel pour un film de karaté aux USA. Quelle époque dingue.
Des titres dingues en pagaille
En France, en décembre 1973, pour profiter de l’arrivée imminente d’Opération Dragon, apparaît au cinéma Opération Karaté (Mai Ming) de Lo Chi, via le distributeur de séries B Impex. D’autres produits opportunistes se vendent avec des titres improbables tout au long de l’année 1974 : Les quatre doigts de Fureur, Kung Fu n’y va pas de main morte, Vengeur Poignets d’acier, Miss Judoka règle ses comptes, Wang Chu le redoutable Karaté Ka, Karaté gogo, Wang Yu frappe fort, Karaté à Bali, L’implacable dragon chinois, Le tigre aux griffes d’or, Le Chinois de bras de fer, L’emmerdeur chinois, Les 7 violents du Kung Fu, Tueurs au karaté, La Brute, le Bonze et le méchant, Karaté Motos, Karaté à Canton, Mission Shanghai pour un Karatéka, La furie du karaté, Les démolisseurs de Hong Kong, Hong-Kong appelle Dragon Noir, Le King Kong du Karaté… Les titres sont dingues : sans promotion dans les médias, ces séries B doivent vendre par leur titre et leur affiche, dans les colonnes du Pariscope et sur les façades des cinémas bis des quartiers populaires, situés (notamment) dans le 10e, 18e, ou le 19e.
La Blaxploitation, l’avenir du kung-fu : se préparer à un monde sans Bruce Lee
Une poignée de sociétés se répartissent les titres et savent qu’il faut y aller à fond tout de suite car la mode n’a aucune raison de se prolonger au-delà des deux années à suivre, en raison du style répétitif du genre. Même René Chateau, qui a participé à enraciner le karaté parmi les genres les plus appréciés en France, prépare une alternative au déclin du kung-fu, avec le cinéma de blaxploitation (alors dit « cinéma noir ») qu’il matraque au Hollywood Boulevard, au dernier trimestre de 1974 avec l’avènement de titre comme L’Exécuteur noir(Jim Brown en vedette), Black Cesar, le Parrain de Harlem (Fred Williamson ), Coffy la panthère noire de Harlem (Pam Grier) ou Les démolisseurs (Jim Kelly).
Pour s’assurer d’une extension de la mode qui leur réussit si bien, Sofradis, France Inter Cinéma, Les Films Jacques Leitienne, Comacico, la Compagnie Parisienne du Film, tous des pionniers dans la diffusion d’œuvres hong-kongaises, réclament à Hong-Kong des films moins violents en raison des réticences de la censure française.
Sofradis, Philippe Modica et l’explosion du kung-fu en salle
En 1974, le distributeur Sofradis, tenu par Philippe Modica, mise aussi sur une mode de deux ans. Le distributeur propose pas moins 80% de la production de films de karaté, dans son catalogue annuel. Sa société travaille essentiellement avec l’importeur Télémondial dont on souligne l’importance dans le développement de ce genre.
Pour Modica, trouver des écrans n’a pas toujours été aisé. Le distributeur fait le forcing dans les salles pour proposer ses premiers titres : Les Grands Augustins accepte, puis le Gaîté-Rochechouart, la Cigale… Le combat est gagné lorsque Gaumont diffuse Les Cinq doigts de la mort en mars 1972. Un succès qui démontre que le film d’action et d’aventures de Hong-Kong a aussi ses chances dans l’exploitation dite grand-public ou mainstream.
Il faut souligner que si, en 1974, le karaté stagne quelque peu à Paris, en province, il explose. On développe même des versions françaises pour ces productions qui n’ont pas pour vocation à seulement attirer les Chinois de France, mais bel et bien de plaire au plus grand nombre.
Décembre 1974 : Warner lance la promo d’Opération Dragon lors des Fêtes de Noël
La société Warner en France, qui distribuera le film via l’antenne hexagonale Warner-Columbia, se paie le luxe d’une promo imparable pour Opération Dragon, dès les vacances de Noël 1973. Pour les professionnels, ils achètent la première page du Film Français, et se targuent de lancer :
« la première super-production entièrement tournée par les Américains à Hong-Kong ! Succès foudroyant : recettes records dans le monde entier ! » .
On ne leur donnera pas tort. Le film a déjà glané 20 millions de dollars dans le monde.
Pour la sortie tonitruante d’ Opération Dragon, une belle première a lieu et un concours est organisé avec l’Office du Tourisme de Hong-Kong et l’Asie Tours. Les spectateurs, dans les halls des cinémas, doivent répondre à la question Combien de Français se sont rendus à H.K., en 1973 ?
De nombreux clubs de karaté sont conviés à la promotion de l’événement pour parler aux adolescents. N’oublions pas que la commission de censure a opté pour une « Interdiction aux mineurs de moins de 13 ans. »
Les spectateurs parisiens ont la chance de le découvrir en version française et originale dès le 30 janvier 1974, cinq mois après la sortie américaine. Quelques pays européens l’ont devancé de quelques semaines, comme le Royaume-Uni ou l’Italie qui le diffusent à partir du 11 janvier.
Bruce Lee contre Lacombe Julien : la France n’a pas dit son dernier mot
Pour son premier jour, le film de kung-fu écrase la concurrence, avec 15 219 spectateurs face au futur phénomène de Louis Malle, le drame de guerre Lacombe Julien (7 810), Le permis de conduire de Jean Girault (3 545), et Goyokin, la terreur des Sabaïd’Hideo Gosha (1 350).
En première semaine, Opération Dragon enthousiasme 101 979 spectateurs, et se positionne devant Papillon, sorti 5 jours plus tôt, Lacombe Lucienet Maliciade Salvatore Samperi qui est délicieusement stable en 4e semaine. Le Rex, sur les Grands Boulevards, compte à lui seul près de 60 % de la fréquentation, avec 40 384 masculinistes. Un score solide, mais pas un record, puisqu’en 1973, la salle mythique avait réussi à enchanter 70 652 pour la ressortie anniversaire de Blanche Neige et les 7 nains. Sur l’autre rive, au Miramar, Warner-Columbia à la distribution, a pu compter sur 10 723 spectateurs en 7 jours. Au total, à Paris-Périphérie, on pouvait profiter du film dans 13 cinémas, dont l’Elysées Cinéma, le Studio Cujas, le Telstar, le Mistral ou le Napoléon.
En 2e semaine, le peloton de tête brasse les positions de la semaine passée : Lacombe Julien s’octroie la première place, Papillon fait de la résistance en deuxième place, et Bruce Lee chute en 3e place, avec 65 374 spectateurs. Le Rex , qui le diffuse toujours, réalise tout de même le meilleur taux de remplissage de la semaine, avec 24 243 retardataires.
En 3e semaine, Opération Dragon rétrograde en 6e place parisienne, avec 45 525 entrées. Ce ne sont pourtant pas les nouveautés qui se bousculent au portillon. Au moins, le film d’action dépasse les 200 000 spectateurs sur la capitale et sa périphérie. En 4e semaine, le film de Robert Clouse remonte à 35 691 spectateurs et occupe la 7e place.
Le film réalise 267 907 entrées à l’issue de sa première exploitation parisienne qui tient 7 semaines. C’est mieux que Big Boss qui avait fini l’année 1973 à la 122e place annuelle, sur la capitale, avec 70 033 entrés (6 semaines), et La main de fer qui, sans Bruce Lee, a marqué de son empreinte le genre avec 83 559 spectateurs pour Warner-Columbia.
A Paris, La fureur de vaincre, de son côté, n’avait été vu que par 34 258 spectateurs (199e), soit légèrement moins que Karaté à mort pour une poignée de Soja(40 441, 177e).
En province, la date de sortie varie en fonction des villes, et des copies disponibles en circulation. A Bordeaux, par exemple, il faudra attendre le 27 février 1974 pour découvrir les assauts athlétiques de Bruce Lee. A Toulouse, le film de karaté ne sort que le 6 mars. On remarque un score énorme à Marseille où le public populaire adore les acrobaties martiales de la star posthume.
En mars 1974, Cathay Films Limited félicite le succès français et annonce ainsi la sortie à venir de La fureur du dragon, alors titré The Way of the Dragon, en France, puisque le film, tourné avant Opération Dragon, ne sortira en France qu’en décembre 1974.
Warner-Columbia, qui sort Magnum Force, avec Clint Eastwood, et Verdictde Cayatte, avec Gabin et Loren) connaîtra en septembre 1974 un autre succès colossal dans les salles françaises, avec L’Exorciste de William Friedkin, avec Linda Blair, qui réalisera plus de 5 397 000 entrées France.
L’après Opération Dragon : les ersatz de Bruce Lee attaquent
Le succès de Bruce Lee est dans toutes les têtes des majors. Universal Pictures balance pour le premier jour de l’été 1974 That Man Bolt, une production de blaxploitation et de kung-fu, avec Fred Williamson, sous le titre de Opération Hong-Kong. 586 000 spectateurs honorent cette production de studio dont l’affiche reprend les codes exacts des films avec Bruce Lee, du cadre à l’arrière-plan jaune. Le Rex en fait un joli succès parisien.
Un mois plus tard, le nabab René Chateau qui fait la pluie et le beau temps sur un autre cinéma des Grands Boulevards, à moins d’une centaine de mètres du Rex, rend hommage à Bruce Lee, mort un an plus tôt. Le festival Bruce Lee, à partir de la fin juillet 1974, rassemble ceux qui n’ont pas la chance de partir en vacances, dans ce quartier populaire. Il réceptionne 20 000 clients au Hollywood Boulevard, en 3 films-3 écrans, en première semaine, puis 15 000 en deuxième..
René Chateau ne compte pas s’arrêter là. Il a acheté les droits de Green Hornet, 26 épisodes d’une série qu’il compte exploiter au cinéma dans le cadre d’un montage en un film (Le retour du Dragon, ndlr). Il prévoit aussi la sortie événementielle de La Fureur du Dragonpour le 18 décembre 1974. Ce dernier reçoit un triomphe posthume aux USA, durant l’été 1974. L’Amérique en redemande et comble l’absence de Bruce Lee par des productions mainstream mélangeant les genres et les nationalités. Les indépendants ne sont pas en reste et balancent des productions hasardeuses, avec des sosies de Bruce Lee comme Ramon Zamora (Il était une fois Bruce Lee, bien sûr).
La fureur du Dragondébarque finalement en France, ou du moins à Paris, le 18 décembre 1974, en exclusivité, dans les trois salles du Hollywood Boulevard. René Chateau profite en effet de la jouissance des droits du film pour une exploitation sur tous les marchés francophones !
Deux jours plus tard sort L’homme au pistolet d’or, de Guy Hamilton, avec Roger Moore, neuvième James Bond qui accorde une belle place aux arts martiaux pour relancer la série. Le western est-il un genre mort ? En tout cas, les amateurs d’action se détournent de ce que l’on considérait comme le genre le plus cinématographique par excellence.
La Fureur du Dragon : quand Bruce Lee battait le Disney de Noël
Dans les 3 salles du Hollywood Boulevard, René Chateau bat son propre record, avec une séance tous les quarts d’heure et 7 050 spectateurs dès le premier jour ! Bruce Lee le géant talonne Le Retour du Grand Blond ou Chinatown de Roman Polanski présents dans bien des cinémas de la ville. En première semaine, le Hollywood Boulevard affiche 35 092 entrées et vole, la semaine de Noël, la première place au Rex qui proposait Robin des Bois des studios Disney. Parallèlement, pour les fêtes de Noël, René Chateau édite son propre ouvrage sur Bruce Lee. René Chateau, passé maître du marketing, fondera un empire autour du cinéma de Bruce Lee, reprenant certains codes visuels pour la promotion des affiches des Belmondo les plus populaires. Précurseur dans la vidéo, il fera de l’éminent athlète chinois un émissaire épatant de la vidéocassette, en 1981, avec la sortie des classiques de l’acteur, sauf Opération Dragon, qui revient à Warner. La major américaine propose la location du film en décembre 81-Janvier 82. Il deviendra l’un de leurs titres les plus exploités de l’histoire de la VHS.
Le marché de la VHS, du DVD, puis du blu-ray, les ressorties incessantes en salle, les biopics et ersatz de ses exploits ont permis d’alimenter le mythe. Bruce Lee demeure l’une des plus grandes légendes du 7e art.
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