Note des spectateurs :

Avant le biopic de Rob Cohen, en 1993, Dragon, l’histoire de Bruce Lee, l’acteur, décédé en 1973, était une source d’inspiration intarissable pour les escrocs du 7e art qui se faisaient de l’or dans le dur en nourrissant le phénomène de la Bruceploitation.

1979. René Chateau, distributeur officiel des films de Bruce Lee au cinéma et éditeur de ses œuvres en VHS, n’en peut plus. Avec Linda Lee, l’épouse du mythe Bruce Lee, et le producteur des cinq classiques du maître des arts martiaux, Raymond Chow, il est temps de mettre un terme au plagiat, à l’usurpation et à la contrefaçon qui inondent les cinémas bis de France, gros consommateur en produits de kung-fu qui envahissent les cinémas spécialisés des quartiers populaires.

Un procès pour remettre de l’ordre dans les quartiers

Une opération judiciaire a pour but de laver le nom de la star décédée en 1973, alors que René Chateau compte ressortir sur le grand écran, durant l’été 1979, les classiques du vrai Bruce Lee : La Fureur de vaincre, Opération Dragon (Warner Bros), Big Boss

Mais quels sont les films ciblés par les éditions René Chateau ? Citons en vrac : Il était une fois Bruce Lee, Bruce Lee fait la java à Bornéo, Le doigt vengeur de Bruce Lee, Qui a tué Bruce Lee ?, Hai le disciple de Bruce Lee, La sœur de Bruce Lee, Bruce Lee défie Las Vegas… Des titres déments qui osaient les failles d’une exploitation éclatée, incontrôlables et dopés par l’avènement du marché de la vidéocassette. L’asssociation “50 millions de consommateurs” est même saisie pour y voir plus clair dans ce phénomène surnommé la Bruceploitation.

Crédt photo : archives personnelles Frédéric Mignard

Fin de la Bruceploitation, Jackie Chan se pointe

Parmi les acteurs qui œuvrent dans l’ersatz, Bruce Li, Bruce Le et autres homonymes éhontés vendent des combats au rabais en exploitant le souvenir du Petit Dragon. La pub vend du fake, les images se volent, avec des chutes des films de la star décédée insérées insidieusement dans des productions d’exploitation honteuses… Les années 70 osaient tout, mais la justice mettait enfin le nez dans le nauséabond et cela ne sentait pas forcément très bon.

Un autre élément salvateur pour le nom du grand Lee sera la naissance d’un nouveau mythe des arts martiaux. On ne parle pas de Chuck Norris, mais beL et bien de Jackie Chan. Ses pérégrinations vont calmer la « Bruceploitation » et l’acteur devient une authentique star, avec des franchises comme Le Chinois ou Police Story.

On entrait enfin dans les années 80.

Frédéric Mignard

Sources : Le Film Français n° 1767, du 27 avril 1979