Acteur, réalisateur, scénariste et producteur chinois, Lo Wei est né dans la province de Jiangsu en Chine en 1918. Même s’il est désormais surtout connu pour sa carrière de réalisateur, Lo Wei a fait ses débuts au cinéma en tant qu’acteur à Shanghai durant la Seconde Guerre mondiale. C’est véritablement au moment de la guerre civile qu’il s’exile à Hong Kong en 1948 et qu’il devient alors un acteur très employé (plus d’une centaine de films dont très peu sont connus en France).
Lo Wei, un acteur devenu cinéaste
Toutefois, l’artiste s’intéresse également à la réalisation et il commence par coréaliser de nombreux longs-métrages à partir de 1953. Le réalisateur ambitieux s’installe finalement en tant que producteur indépendant en 1957 et Lo Wei tourne ses premiers films à part entière durant cette période qui s’étale de la fin des années 50 aux années 60. A la suite d’échecs répétés, il perd son indépendance et se met au service de la Shaw Brothers à partir de 1965. Toutefois, aucun de ses films, pourtant fort nombreux, ne sont parvenus en France à ce stade, le confinant dans un anonymat total en Occident.
L’association miraculeuse avec Bruce Lee
Mais l’année 1971 va bouleverser la donne puisqu’il accepte de faire tourner un certain Bruce Lee, artiste martial qui a tourné quelques séries télé à Hollywood et dont la Golden Harvest veut tenter de faire une star. Le film se nomme Big Boss (1971) et devient un carton international qui satellise la carrière de Bruce Lee et lance la mode du film de kung-fu en Occident.
Ce raz-de-marée permet à Lo Wei d’obtenir une visibilité inespérée et quelques films de son cru paraissent sur les écrans français comme Les 8 invincibles du kung fu (1971), toujours pour le compte de la Golden Harvest. L’année suivante, on lui doit Karaté en plein ouragan (1972), mais c’est la suite de Big Boss qui marquera à jamais les esprits. Effectivement, La fureur de vaincre (1972) fait de Bruce Lee l’une des plus grandes stars du moment. Même le public français se rue en masse pour assister à la naissance d’un mythe avec plus de 3 millions d’entrées. Il s’agit du sommet de la carrière de Lo Wei qui a bénéficié du talent de Bruce Lee pour régler lui-même ses propres combats.
Le cinéaste réalise ensuite quelques polars violents avec Jimmy Wang Yu comme La revanche de Wang Yu (1973) ou encore Le bras vengeur de Wang Yu (1973). Toujours pour la Golden Harvest, il fait tourner Chuck Norris dans la coproduction americano-hongkongaise Massacre à San Francisco (1974).
L’indépendant taïwanais qui fait tourner Jackie Chan
Finalement, en 1975, Lo Wei quitte la Golden Harvest et choisit de s’installer en indépendant à Taïwan à la tête de sa propre société nommée Lo Wei Motion Picture Company. Là, il tente de faire de Jackie Chan le nouveau Bruce Lee avec La nouvelle fureur de vaincre (1976). Comme le long-métrage rencontre un certain succès, Lo Wei continue à exploiter Jackie Chan en tentant d’en faire un clone de Bruce Lee. Cela ne correspond pourtant pas au tempérament plus léger de l’acteur et la plupart des films ont échoué au box-office. Parmi eux, on peut citer Le vengeur (1977), Magnificent Bodyguards (1978), L’Irrésistible (1978). Le meilleur du lot est assurément Le poing de la vengeance (1979) qui met également un terme à la carrière de réalisateur de Lo Wei après avoir tourné plus d’une soixantaine de films comme cinéaste.
Au cours des années 80, Lo Wei se consacre exclusivement à sa carrière de producteur (Le cri de la hyène pour Jackie Chan en 1983) et réapparaît régulièrement en tant qu’acteur. Il décède en 1996 à l’âge de 77 ans d’une insuffisance cardiaque et reçoit un titre honorifique pour l’ensemble de sa carrière en 1997 au Golden Horse Film Festival and Awards du cinéma taïwanais.