Hurlements : la critique du film (1981)

Epouvante-horreur | 1h31min
Note de la rédaction :
5,5/10
5,5
Affiche de Hurlements de Joe Danté, un visuel signé Michel Landi

  • Réalisateur : Joe Dante
  • Acteurs : Kevin McCarthy, Dee Wallace, Christopher Stone, Patrick Macnee, Jonathan Kaplan, Roger Corman, John Carradine, Dennis Dugan, Belinda Balaski
  • Date de sortie: 21 Jan 1981
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : The Howling
  • Titres alternatifs : Das Tier (Allemagne) / Varulvar (Suède) / Aullidos (Espagne) / O Uivo da Fera (Portugal) / Skowyt (Pologne) / L'ululato (Italie) / Az üvöltés (Hongrie) / Ulvonta (Finlande) / Grito de Horror (Brésil)
  • Année de production : 1981
  • Autres acteurs : Slim Pickens, Elisabeth Brooks, Robert Picardo, Margie Impert, Noble Willingham, James Murtaugh, Jim McKrell, Kenneth Tobey, Don McLeod, Dick Miller
  • Scénaristes : John Sayles et Terence H. Winkless, d'après le roman The Howling de Gary Brandner
  • Directeur de la photographie : John Hora
  • Compositeur : Pino Donaggio
  • Monteurs : Joe Dante et Mark Goldblatt
  • Producteurs : Daniel H. Blatt, Rob Bottin, Jack Conrad, Michael Finnell et Steven A. Lane
  • Sociétés de production : International Film Investors et Wescom Productions ; Embassy Pictures
  • Distributeur : UGC - Europe 1
  • Éditeur vidéo : Warner Home Vidéo (VHS) / TF1 Vidéo (VHS) / Canal + Distribution (VHS) / StudioCanal (DVD et blu-ray, 2010) / StudioCanal (steelbook 4K UHD, blu-ray, 2021) / StudioCanal (4K UHD, version standard, 2023)
  • Date de sortie vidéo : 11 mai 2010 (DVD et blu-ray) / 27 octobre 2021 (4K UHD, steelbook) / 1er mars 2023 (UHD version standard)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 1 210 582 entrées / 233 520 entrées
  • Box-office nord-américain : 17 900 000 $ (soit 64,9 M$ au cours de 2023)
  • Budget : 1 000 000 $ / (soit 3 600 000$ au cours de 2023)
  • Date de la reprise : 13 juillet 2022
  • Distributeur de la reprise : Splendor Films
  • Formats : 1.66 : 1 / Couleurs / Son : Mono
  • Illustrateur / Création graphique Michel Landi © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : StudioCanal © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Franchise : 1er volet d'une franchise de 8 segments
  • Classification : Interdit aux 13 ans / Interdit aux moins de 12 à partir de 1990
  • Festivals et récompenses : Festival du film fantastique d'Avoriaz 1981 : Prix de la critique / Saturn Award 1981 : Prix du meilleur film
Note des spectateurs :

Hurlements vaut surtout le coup d’œil pour sa séquence centrale de transformation d’un homme en loup-garou. Le reste paraît assez anecdotique à cause d’un scénario inégal, d’une ambiance morne et de personnages peu charismatiques.

Synopsis : Karen White, une présentatrice TV, fait une pause dans sa carrière à la suite d’un incident traumatisant avec un tueur en série. La police a pu la sauver en tuant le dangereux individu. Mais Karen est-elle réellement en sécurité ? Sur les conseils du Dr George Waggner, elle rejoindra « La Colonie », un centre de repos où vivent toutes sortes d’énergumènes. Ses cauchemars lui rappellent sa rencontre avec le tueur… jusqu’à ce que celui-ci réapparaisse à la pleine lune et attaque les résidents de la Colonie…

Un roman à succès largement remanié

Critique : En 1977, le romancier américain Gary Brandner connaît un gros succès avec le premier volet de ce qui deviendra une trilogie littéraire : The Howling. Le livre rénove la thématique du loup-garou et son statut de best-seller le prédispose immédiatement à être acheté par les studios hollywoodiens pour être transposé au grand écran. Durant plusieurs années, Jack Conrad tente de monter le projet pour le compte de l’Embassy Pictures. Pourtant, au bout de plusieurs mois de travail, des désaccords s’accumulent et le studio choisit de confier le film à d’autres artistes.

Auréolé du succès récent de son Piranhas (1978) tourné pour le compte de Roger Corman, le réalisateur Joe Dante arrive donc sur le projet et apporte avec lui le scénariste – et futur cinéaste talentueux – John Sayles qui était déjà son complice sur le film précédent. Dès lors, les deux compères reprennent le script du début et s’éloignent du roman d’origine. Ainsi, ils modifient les raisons qui poussent la présentatrice télé Karen White à venir à la Colonie – il s’agissait dans le livre des suites d’un viol – et surtout, ils changent intégralement le décor et les lieux de cette institution psychiatrique.

Hurlements, affiche de la repriise 2021

© 1981 StudioCanal / © 2021 Splendor Films. Tous droits réservés.

Hurlements souffre d’une première partie peu intéressante

On peut sans doute regretter ces choix, puisque le principal défaut de ce Hurlements (1981) vient justement de l’absence de motivation forte de la part des protagonistes principaux. Ainsi, on ne comprend jamais vraiment l’origine du trauma de la journaliste – pourtant agréablement jouée par Dee Wallace. Plus globalement, le long-métrage souffre de son entrée en matière qui n’est pas franchement crédible et qui semble d’abord s’inscrire dans un thriller à connotation perverse. Cette première partie assez longue ne s’avère pas franchement passionnante à cause d’une écriture des personnages assez superficielle.

Dès que la journaliste et son conjoint – le falot Christopher Stone, pourtant réellement en couple avec Dee Wallace à cette époque – arrivent dans la fameuse Colonie, le cinéaste tarde encore à abattre ses cartes. Alors que le spectateur se doute rapidement que la Colonie cache bien des secrets liés à la lycanthropie, Joe Dante et John Sayles font mine de tergiverser et livrent plusieurs séquences de suspense assez plates et sans grand sens de l’ambiance. Le spectateur doit donc patienter une bonne cinquantaine de minutes avant qu’une séquence vienne vraiment le secouer sur son siège.

Une séquence exceptionnelle : la transformation en loup-garou

La transformation d’un homme en loup-garou, filmée en un long plan, est assurément le moment de bravoure du long-métrage. Alors que les effets devaient initialement être signés Rick Baker, celui-ci a été débauché par John Landis pour une séquence similaire dans son Loup-garou de Londres (1981). C’est donc l’assistant de Rick Baker, un certain Rob Bottin qui a eu la lourde responsabilité de signer cette séquence qui a révolutionné les effets spéciaux de maquillage. Au petit jeu des comparaisons, nous préférons toutefois la séquence londonienne tournée par John Landis, plus belle et moins frontale dans sa réalisation.

Hurlements, jaquette steelbook UHD 4K

© 1981 StudioCanal / © 2021 StudioCanal. Tous droits réservés.

Après ce coup d’éclat qui fait encore son petit effet de nos jours, Hurlements s’avère plus dynamique, même si l’on n’apprécie toujours pas ses personnages, ni même son cadre sylvestre, plutôt mal exploité. On peut également regretter la faiblesse de la composition musicale de Pino Donaggio qui fut généralement plus inspiré pour enrober les images de Brian De Palma. Ici, il se contente d’un score assez anodin où aucun thème fort ne se démarque vraiment. Certes, la dernière séquence qui entraîne les personnages vers leur fin programmée est une vraie réussite sur le plan dramatique, mais cette fois-ci, ce sont les effets de maquillage qui font défaut.

Un film qui a reçu de bonnes critiques

Finalement, Hurlements est considéré par beaucoup comme un film culte et un classique du genre, mais il nous paraît surcoté. Effectivement, sa tentative de moderniser le mythe du lycanthrope n’est pas franchement convaincante. De plus, les incessants clins d’œil cinéphiles de Joe Dante – le fait que tous les personnages portent des noms de réalisateurs ayant bossés sur des films de loup-garou par exemple – peuvent ravir les geeks, mais cela demeure assez limité et vraiment trop évident pour pleinement convaincre.

Alors que bon nombre de films d’horreur se font incendier par les critiques, Hurlements a reçu plutôt des bons papiers lors de sa sortie aux Etats-Unis en avril 1981. Dès le premier week-end, le budget du film était déjà amorti, avec plus d’un million de dollars de recettes. Le métrage a ensuite vu ses recettes grimper à 17,9 M$ (soit 64,9 M$ au cours de 2023), ce qui en fait un joli succès, puisque son budget était nettement inférieur à celui du Loup-garou de Londres, sorti la même année.

Hurlements, un prix à Avoriaz et un gros succès en France

En France, le long-métrage a été présenté au Festival d’Avoriaz en janvier 1981 où il a obtenu le Prix de la critique ex-aequo avec Quelque part dans le temps (Szwarc). Le distributeur UGC -Europe 1 a profité de cette belle exposition médiatique pour lancer les loups sur les écrans français dès le 21 janvier 1981, soit quelques mois avant les Etats-Unis. Bien lui en a pris puisqu’Hurlements sera le film d’horreur le plus vu de l’année 1981 par le public français, se plaçant même à la 31ème marche du podium annuel, toutes productions confondues.

A Paris, le long-métrage entre directement à la 2ème place de la semaine avec 71 464 mordus dans une vingtaine de sites. Ce très beau résultat permet au film de gagner plusieurs écrans et d’afficher 54 408 lycanthropes supplémentaires en deuxième septaine. Joe Dante reste en forme en troisième semaine avec 45 239 Franciliens en plus. Au bout d’un mois, le métrage franchit la barre symbolique des 200 000 Parisiens amoureux des loups. Toutefois, Hurlements va devoir laisser sa place à d’autres nouveautés et il termine sa belle carrière parisienne à 233 520 chasseurs.

Affiche teaser américaine originale de Hurlements (The Howling) de JOe Dante

© 1980 AVCO Embassy Pictures Corp

Un film d’horreur plébiscité par la province pendant des mois

Sur la France entière, le film d’horreur a démarré plus timidement, faute de copies en circulation avec une petite 12ème place et 78 249 clients. L’attaque est vraiment lancée au cours du mois de février où le métrage gagne des entrées : 85 891 en deuxième semaine, 98 818 en troisième, 107 591 au bout d’un mois. Il s’agit clairement d’un plébiscite de la part de la province. Début mars, le métrage franchit la barre symbolique des 500 000 entrées. Pourtant, avec près de 60 000 entrées supplémentaires par semaine, Hurlements se maintient parfaitement et devient un phénomène provincial alors qu’il n’est plus à l’affiche à Paris.

Début avril, les loups-garous ont englouti 800 000 spectateurs. Désormais, le métrage dévore 20 000 spectateurs supplémentaires chaque semaine et le métrage est toujours exploité au mois de juin où il franchit allègrement le million d’entrées. Avec une carrière qui s’étale encore tout l’été, Hurlements finit son parcours impressionnant à 1 210 582 spectateurs. Ainsi, il a largement dépassé Le loup-garou de Londres qui est arrivé sur les écrans au mois de novembre 1981 et qui a fini sa carrière à 932 212 entrées.

Une saga peu reluisante

Le beau succès du film s’est ensuite confirmé avec sa diffusion en VHS par le biais des vidéoclubs. Cela a permis d’initier toute une saga dont la plupart des titres furent déplorables. Ainsi, la chute qualitative a été amorcée dès le second volet intitulé dans les salles françaises Horror (Mora, 1985), inénarrable navet avec le pauvre Christopher Lee qui cachetonne. Les autres volets ont souvent été destinés à la vidéo et ce jusqu’à l’ultime déclinaison – la huitième – en 2011 intitulée Full Moon Renaissance (Nimziki). Même si nous n’apprécions pas particulièrement ce premier volet, il est indubitablement le meilleur segment d’une saga décidément dispensable.

A noter que le film a eu le droit à sa reprise en salle en version 4K par le distributeur Splendor Films à partir du 13 juillet 2022.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 21 janvier 1981 

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Affiche de Hurlements de Joe Danté, un visuel signé Michel Landi

© 1981 StudioCanal / Affiche : Michel Landi. Tous droits réservés.

Box-office France :

Quand The Howling sort en France en janvier 1981, UGC choisit une sortie au plus près du festival d’Avoriaz dont il s’agit de la 8e édition. Norman Jewison en est alors le président du jury. Celui-ci est composé de noms magnétiques : Nagisa Oshima, Jean Rochefort, Jacques Deray, Charles Aznavour, Bibi Anderson…

Avoriaz, UGC et le cinéma horrifique des années 80

Les films en compétition marqueront l’histoire du cinéma fantastique et d’épouvante (Elephant Man, Vendredi 13) ou pas (Flash Gordon, Buck Rogers)… Hurlements remporte le Prix de la critique ex-aequo avec Quelque part dans le temps de Jeannot Zwarc. Evidemment, David Lynch était couronné du Grand Prix.

Pour UGC, sans même pouvoir se reposer sur un succès américain qui n’existe pas (le film ne sera distribué qu’en avril pour 17 985 000$), il faut approcher les scores de deux grosses productions horrifiques que le distributeur français avait lancé avec succès en 1980 : Amityville de Stuart Rosenberg (293 000 entrées sur Paris) et Fog (248 000). La société française avait été très impliquée dans ce genre auquel elle croyait beaucoup avec d’autres titres variés comme Saturn 3, Le vampire de ces dames, Les crocs du diable, Alligator, et même L’enfer des zombies de Lucio Fulci.

Alligator de Sergio Martino, affiche

Affiche 1980 © Landi. Tous droits réservés.

Associé à Michel Landi pour les visuels, UGC fait des merveilles et Hurlements récoltera 233 520 spectateurs franciliens sur une carrière de 11 semaines. C’est d’ailleurs mieux que Wolfen qu’UGC distribuera en 1982, avec un visuel mythique du même artiste (147 996 entrées). Neuf mois plus tard, Le loup garou de Londres de John Landis (LMD, avec une affiche de Landi) se positionnera entre les deux longs métrages sur Paris, avec 181 706 entrées.

L’un des plus gros succès horrifiques des années 80

Hurlements est donc de loin l’un des plus gros succès du cinéma horrifique des années 80 sur la capitale où rares ont été les films d’horreur à avoir dépassé les 200 000 entrées. On le retrouve dans les eaux des Dents de la mer 3 et L’ascenseur (241 000, 1983 et 1984), Vampire…, vous avez dit vampire? (230 000, 1986)… A titre de comparaison, en 1998, Starship Troopers de Paul Verhoeven ne fera que 223 639 entrées sur Paris. On voit donc la faim du public pour ce type de production canidée.

Une carrière solide sur Paris

UGC a parfaitement orchestrée cette sortie avec un territoire de 21 écrans qui vaut au film interdit aux moins de 13 ans d’atterrir en deuxième place des nouveautés de la semaine du 21 janvier, juste derrière Brubaker alors en 2e semaine (73 000 entrées pour Redford sur une combinaison semblable).

La meute de lycanthropes fait particulièrement bien au Rex avec 8 532 spectateurs en 8 jours, soit le deuxième score également de la semaine pour une salle parisienne. Elle dépasse également les 6 000 tickets vendus à l’UGC Biarritz et à l’UGC Caméo (désormais UGC Opéra). Elle se niche également aux Montparnos, Magic Convention, Mistral, à l’UGC Danton et Gare de Lyon,  aux 3 Murat et aux 3 Secrétan, aux Paramount Montmartre et Galaxie.

En deuxième semaine, les loups garous chutent de deux places, malgré l’apport de 4 salles. Ils affichent une belle stabilité (54 408 entrées). Trois grosses nouveautés débarquent cette semaine-là : Viens chez moi, j’habite chez une copine (118 000), Flash Gordon (90 000), La Coccinelle à Mexico (55 000). Les autres nouveautés s’appellent Le lagon bleu (42 135 entrées dans 18 salles) et Les chiens de guerre (31 243 entrées dans 21 salles).

Vendredi 13 affiche française du premier volet

© 1980 New Line Productions, Inc, Warner Bros
© 2019 Warner Bros Entertainment Inc

Vendredi 13 précipite (un peu) la chute d’Hurlements

Le bouche-à-oreille est bon en troisième semaine. Le film d’épouvante passe en 8e place avec 45 239 (20 salles). En 4e semaine, la chute est certaine avec 28 900 entrées (18 salles). Il doit affronter la concurrence de Vendredi 13 (48 553 entrées). C’est cette semaine-là qu’il atteint les 200 000 entrées.

UGC programme encore Hurlements dans 12 salles en 5e semaine, et en obtient un score diabolique en intra-muros (6 666 entrées dans 6 salles), soit un total de 12 400 entrées.

En 8e semaine, Hurlements n’est plus qu’aux Cin’ac Italiens et dans une salle de banlieue pour un total  hebdomadaire de 1 778 entrées (224 000).

Un phénomène au box-office en France

Véritable phénomène en province, Hurlements restera trois mois dans le top 30 français dépassant le million de spectateurs sur l’ensemble du territoire. Avec 1 210 000 entrées, Joe Dante dépasse Amityville 1 (1 178 000), Pulsions (1 150 000), Le loup garou de Londres (932 000), Vendredi 13 (600 000), Poltergeist (777 000), The Thing (560 000), Les dents de la mer 3 (1 150 000), Vampire… vous avez dit vampire (1 084 000).

Seul L’ascenseur (1 329 000) et La mouche (2 204 000) et évidemment Aliens le retour feront mieux (1 720 000) durant les années 80. Cela se passe de commentaires. UGC avait vu juste.

Box-office par Frédéric Mignard

Le loup-garou de Londres, l'affiche

© 1981 American Werewolf Inc. / Affiche : Michel Landi. Tous droits réservés.

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Affiche de Hurlements de Joe Danté, un visuel signé Michel Landi

Bande-annonce de la reprise d'Hurlements (VOstf)

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