Les chiens de guerre : la critique du film et le test blu-ray (1981)

Guerre, Action | 1h44 min/ 1
Note de la rédaction :
6/10
6
Les chiens de guerre, affiche du film de John Irvin

  • Réalisateur : John Irvin
  • Acteurs : Pedro Armendáriz Jr., Christopher Walken, Tom Berenger, Colin Blakely, Jean-François Stévenin, Jim Broadbent, Jean-Pierre Kalfon
  • Date de sortie: 28 Jan 1981
  • Année de production : 1980
  • Nationalité : Britannique
  • Titre original : The Dogs of War
  • Titres alternatifs : Los perros de la guerra (Espagne, Amérique latine), Cães de Guerra (Portugal, Brésil), Dødens drabanter (Danemark), Krigens hunder (Norvège), Die Hunde des Krieges (Allemagne, Autriche), I mastini della guerra (Italie), Psy wojny (Pologne)
  • Durée : 1h44min (version cinéma) / 1h58 min (version longue)
  • Scénaristes : Gary DeVore, George Malko, d'après le roman de Frederick Forsyth
  • Directeur de la photographie : Jack Cardiff
  • Monteur : Antony Gibbs
  • Compositeur : Geoffrey Burgon
  • Producteur : Larry DeWaay
  • Société de production : Juniper Films
  • Distributeur : Les artistes associés
  • Distributeur reprise :
  • Date de sortie reprise :
  • Editeur vidéo : MGM/UA (VHS), MGM Vidéo (DVD), Les Editions Atlas (DVD), L'Atelier du Film (Blu-ray)
  • Date de sortie vidéo : 23 août 2022 (DVD, blu-ray)
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 234 890 entrées / 70 273 entrées
  • Box-office nord-américain : 5 484 132$
  • Budget : 8 000 000$
  • Classification : Interdit aux moins de 13 ans à sa sortie, en 1980
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleur (35 mm) / Dolby Stereo
  • Festivals et récompenses : -
  • Illustrateur / Création graphique : © Jouineau & Bourduge. Tous droits réservés / All rights reserved - Graphisme blu-ray / DVD : L'Atelier d'image © 2022 Metro-Goldwyn-Mayer Studios (Droits Conception graphique DVD)
  • Crédits : © Jupiter Films. Tous droits réservés / All rights reserved
Note des spectateurs :

Les chiens de guerre est un film de mercenaire méticuleux et désabusé qui aborde la géopolitique africaine avec une assurance documentaire et la classe froide et martiale de Christopher Walken, fraîchement sorti oscarisé de Voyage au bout de l’enfer.

Synopsis : Jamie Shannon est un mercenaire de renom. Son job : parcourir le monde et participer à toutes les guerres qui peuvent l’enrichir. Il vient d’accepter la mission la plus dangereuse de toute sa carrière : organiser un putsch au Zangaro, État africain gouverné par un dictateur sanguinaire. Pour remplir son contrat, il doit recruter une équipe de dangereux mercenaires… de véritables chiens de guerre.

Les chiens de guerre, un best-seller de Frederick Forsyth

Critique : 1974. Le britannique Frederick Forsyth publie le best-seller Les chiens de guerre. Après Chacal (1971) et Le dossier O.D.E.S.S.A. (1972), c’est un nouveau succès immédiat pour le journaliste écrivain qui ne va pas sans prendre des risques pour aller au plus près de sa recherche documentaire. Ainsi, en Afrique, il avait prétendu fomenter un coup d’état pour pouvoir obtenir des informations au sujet des autorités d’un régime instable de cette époque ; Forsyth avait même infiltré un groupe de trafiquants d’armes patibulaires à Hambourg.

Les adaptations cinématographiques du Chacal de Fred Zinnemann en 1973, puis du Dossier O.D.E.S.S.A. en 1974, sonnent comme une évidence. Les chiens de guerre sera un film à son tour. La société United Artists en achète les droits immédiats et plusieurs noms circulent pour la réalisation : Don Siegel, Michael Cimino qui écrit une version du scénario, Norman Jewison… Ce dernier croit dans le projet et le produira volontiers, faute de le réaliser suite à un différend sur le script finalement adopté.

Le développement prendra six longues années avant l’engagement du documentariste et homme de télévision britannique John Irvin qui signe son premier long métrage. Le succès des Oies sauvages de Andrew V. McLaglen, avec Burton, Roger Moore et Richard Harris, relancera au bon moment la mode des mercenaires au cinéma, figures à la mode dans le western dans les années 60, mais aussi dans les productions de guerre des années 70.

Christopher Walken dans Les chiens de guerre

© United Artists, MGM

Mercenaires, dictateurs et géopolitique crasse

Dans Les chiens de guerre, les mercenaires sont dirigés par Christopher Walken, et comptent des noms comme Tom Berenger ou le Français Jean-François Stévenin. L’action démarre in media res, avec la fin des exploits guerriers en Amérique centrale. On entreaperçoit un certain talent d’Irvin pour le spectaculaire et l’appétence pour les cieux soufflés de braise. Mais l’aspect documentaire du roman passionne Irvin qui va méticuleusement mettre en scène la préparation d’un putsch, décrivant les différentes étapes, parfois au détriment de l’action.

Irvin met en scène volontiers des protagonistes calculateurs, des anti-héros assez détestables, sans foi ni loi, qui opèrent des transactions politiques avec le cynisme de l’ancien monde libéral. Le monde, à leurs yeux, n’est qu’un champ de bataille néolibéral où le profit justifie la mise en place d’hommes de paille pour servir les intérêts supérieurs des groupes occidentaux.

Christopher Walken est parfait d’élégance et de magnétisme pour ce rôle qui donne froid dans le dos. Il endosse avec subtilité les enjeux géopolitiques et économiques du XXe siècle, trempant volontiers pour de l’argent dans ce qui a le plus déstabilisé le XXe siècle, en Afrique et Amérique latine, les coups d’état successifs à la décolonisation. Dans un casting masculin où la seule femme à bord est l’enjeu de convoitise de tous les bords, l’homme part en mission ornithologique – c’est sa couverture – dans la contrée africaine imaginaire du Zangaro et part chasser de drôles d’oiseaux comme le dictateur au pouvoir, parmi les plus viles et les plus sanguinaires.

Naissance d’un putsch

La longue mise en place africaine perd le rythme des premières minutes, au risque de quelques séquences assez télévisuelles. Mais c’est sans compter le talent d’Irvin pour faire rebondir sa série B avec des séquences européennes très Mission : Impossible. Indéniablement, le tempo reprend ; la dernière partie, ostentatoirement celle du commando, est plutôt efficace et Christopher Walken rayonne. Le spectacle qui paraissait fatigué reprend de l’exaltation et de l’ampleur dans un contexte historique qui est loin de désintéresser le spectateur contemporain. Et pour cause, les décennies passées, la réalité africaine ne paraît guère différente de ce qui est montrée dans ce spectacle de série B de qualité. Il faut y ajouter des Russes et Islamistes, et vous entendrez le désespoir d’un continent.

Frédéric Mignard

Les sorties de la semaine du 28 janvier 1981

Les chiens de guerre, affiche du film de John Irvin

© Jouineau & Bourduge

Box-office :

Sorti en France le 28 janvier 1981 dans 21 cinémas, Les chiens de guerre a réalisé un score de série B, faute d’une tête d’affiche bankable. Le premier film de John Irvin dépassera à peine les 230 000 entrées sur l’ensemble de la France quand sur Paris, le score sera de 70 000 spectateurs.

En première semaine parisienne, le film trouve à peine 31 243 entrées, soit une petite 8e place, derrière les trois grosses nouveautés que sont Viens chez moi, j’habite chez une copine (118 217 entrées dans 25 salles), le blockbuster Flash Gordon (90 667 entrées dans 27 salles) et La Coccinelle à Mexico (55 651 entrées dans 22 salles). Les chiens de guerre se fait aussi doubler par Le lagon bleu, avec Brooke Shields, qui entre en 7e place, avec 42 135 entrées dans seulement 18 écrans.

Le poilu Hurlements de Joe Dante dévore encore 54 000 entrées,  en 2e semaine, dans 25 salles.

Les deux autres nouveautés du mercredi, Chaudes adolescentes (27 268 entrées dans 12 salles) et Je fais où tu me dis (15 379 entrées dans 6 salles), font très bien le job. En revanche, C’est la vie de Paul Vecchiali ne suscite guère curiosité (1 427 entrées, 3 salles), quand Masoch de Franco-Brogi Taviani réalise 8 585 entrées dans 8 cinémas.

Box-office france des Chiens de guerre

Extrait du Film Français – Les Archives de CinéDweller

En deuxième semaine, Les chiens de guerre passe à 16 546 entrées dans 9 salles exclusivement parisiennes. Un score correct au vu de l’exploitation qui s’est réduite.

La troisième semaine est bonne : 9 948 entrées dans un circuit réduit à 5 cinémas. En perdant un écran en 4e semaine, l’adaptation du best-seller trouve encore 5 711 entrées. Le film de mercenaires est encore exploité au Publicis Elysées et aux Paramount Odéon/Opéra/Montparnasse.

The Dogs of War tiendra 6 semaines sur Paris, avec une ultime présence dans la salle du Gaîté Rochechouart où il glane 4 136 spectateurs. Pendant ce temps, Chaudes adolescentes, encore dans trois salles, a pris largement les devants prenant au mot l’expression faites l’amour, pas la guerre.

Les chiens de guerre, affiche française

© United Artists, MGM

Le test Blu-ray :

Annoncé sur la jaquette comme une édition collector, la sortie HD des Chiens de guerre propose deux montages du film et une copie satisfaisante.

Compléments & packaging : 3 / 5

L’éditeur L’Atelier d’Images est conscient du caractère daté de l’œuvre qui n’a pas pris de galon parmi les films culte ; il propose donc un minimum d’efforts sur cette édition. Le packaging amaray est accompagné d’un fourreau traditionnel.  Le bonus central est une présentation du film par le journaliste Philippe Lombard qui revient tout particulièrement sur la vague des films de commandos des années 70, mais cela reste assez court (moins de 15 minutes).  Et la bande-annonce d’époque figure aussi au menu.

Le plus intéressant est la présence de la version longue (V.O.S.T.F.) de près de deux heures, qui propose 14 minutes supplémentaires. Un apport fondamental, mais que nous n’avons pas pu eu le temps de visionner. La critique du film a été réalisé à partir de la version cinéma américaine d’époque à laquelle nous étions attachés, car c’est celle qui fut exploitée au cinéma sur notre territoire.

Sorti au Royaume-Uni chez Eureka en 2019, le blu-ray des Chiens de guerre bénéficiait d’une édition quasi identique à la française. Chez Scorpio, aux USA, un blu-ray plus fourni est paru en 2020.

Blu-ray des Chiens de guerre chez L'Atelier de l'image

© United Artists, MGM

L’image du blu-ray : 4 / 5

L’image est de toute beauté, mais persistent ici et là quelques scories et anicroches qui auraient pu aisément être effacées lors du travail de restauration initiale dont l’éditeur français n’est nullement responsable. Néanmoins, c’est une vraie belle copie pour un film que l’on n’avait jamais vu aussi choyé. Bravo.

Le son du blu-ray : 4 / 5

Les chiens de guerre fait partie de ces films américains tournés en Dolby Stéréo dans la deuxième moitié des années 70 et le début des années 80. Avec une force exponentielle en DTS-HD Master Audio 2.0. convaincante en blu-ray, le travail sonore est captivant, tant en VO qu’en VF sur la version cinéma. On apprécie particulièrement l’accompagnement musical. Coup de cœur pour le générique de fin, à la dimension lyrique particulièrement sombre. Si le film d’action est parfois bavard, il n’est pas dépourvu de moments de bravoure qui épatent l’oreille, notamment lors de l’introduction explosive et le dernier quart d’heure.

Frédéric Mignard

Affiche américaine des Chiens de guerre (The Dogs of War)

© United Artists, MGM

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