Starship Troopers : la critique du film (1998)

Science-fiction, Action | 2h09min
Note de la rédaction :
8/10
8
Starship Troopers, affiche du film de Paul Verhoeven

  • Réalisateur : Paul Verhoeven
  • Acteurs : Michael Ironside, Dean Norris, Amy Smart, Clancy Brown, Neil Patrick Harris, Denise Richards, Denise Dowse, Casper Van Dien, Dina Meyer, Jake Busey
  • Date de sortie: 21 Jan 1998
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Starship Troopers
  • Titres alternatifs : Les patrouilleurs de l'espace (Québec) / Soldados do Universo (Portugal) / Żołnierze kosmosu (Pologne) / Invasión (Mexique) / Starship Troopers - Fanteria dello spazio (Italie) / Csillagközi invázió (Hongrie) / Tropas Estelares (Brésil)
  • Année de production : 1997
  • Scénariste : Edward Neumeier, d'après le roman Étoiles, garde-à-vous ! de Robert A. Heinlein
  • Directeur de la photographie : Jost Vacano
  • Compositeur : Basil Poledouris
  • Société(s) de production : Big Bug Pictures, Digital Image Associates, Touchstone Pictures, TriStar Pictures
  • Distributeur : Gaumont Buena Vista International (GBVI)
  • Éditeur(s) vidéo : Film Office (VHS, 1998) / Touchstone Home Vidéo (VHS) / Buena Vista International (Laserdisc, 1998) / Buena Vista Home Entertainment (DVD, 1999) / Touchstone Home Video (DVD, 2001) / Touchstone Home Video (blu-ray, 2007)
  • Date de sortie vidéo : 1998 (VHS) / 1998 (Laserdisc) / 18 mai 1999 (DVD) / 3 juillet 2001 (DVD) / 14 août 2007 (blu-ray)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 964 630 entrées / 223 639 entrées
  • Box-office nord-américain / Monde : 54,8 M$ (soit 99,9 M$ au cours de 2023) / 121,2 M$ (soit 221 M$ au cours de 2023)
  • Budget : 105 M$ (soit 191,4 M$ au cours de 2023)
  • Rentabilité : -
  • Classification : Interdiction aux mineurs -12 ans
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleurs (Technicolor) / Son : DTS, SDDS(8 channels), Dolby Digital, Dolby Atmos
  • Festivals et récompenses : Saturn Awards 1998 : Meilleurs costumes pour Ellen Mirojnick ; Meilleurs effets visuels pour Scott E. Anderson, Alec Gillis, John Richardson, Phil Tippett et Tom Woodruff / Oscars 1998 : 1 nomination pour les effets visuels / Fangoria Chainsaw Awards 1998 : Prix des meilleurs maquillages
  • Illustrateur / Création graphique : -
  • Crédits : Touchstone Pictures, TriStar Pictures
  • Franchise : 1er volet de la saga Starship Troopers
Note des spectateurs :

Starship Troopers emprunte la forme d’un film de propagande fasciste pour mieux dénoncer l’impérialisme américain avec un second degré particulièrement cinglant. Indispensable.

Synopsis : Au XXIVe siècle, une fédération musclée fait régner sur la Terre l’ordre et la vertu, exhortant sans relâche la jeunesse à la lutte, au devoir, à l’abnégation et au sacrifice de soi. Mais aux confins de la galaxie, une armée d’arachnides se dresse contre l’espèce humaine et ces insectes géants rasent en quelques secondes la ville de Buenos-Aires. Cinq jeunes gens, cinq volontaires à peine sortis du lycée, pleins d’ardeur et de courage, partent en mission dans l’espace pour combattre les envahisseurs. Ils sont loin de se douter de ce qui les attend.

Starship Troopers, un film largement incompris à sa sortie

Critique : De l’eau a coulé sous les ponts depuis la polémique qui a fait rage au moment de la sortie de ce Starship troopers (1997), accusé par de nombreux critiques et intellectuels d’être une apologie du fascisme. Déjà à l’époque, il fallait vraiment être aveugle pour ne pas comprendre les intentions réelles des auteurs. Paul Verhoeven et son scénariste Edward Neumeier avaient déjà collaboré sur RoboCop (1987) où de nombreux flashs de journaux télévisés dénonçaient par l’absurde la manipulation médiatique.

En adaptant le roman de SF de Robert Heinlein (effectivement peu connu pour ses opinions progressistes), les deux lurons poussent le bouchon bien plus loin en réalisant un gigantesque spot de pub de plus de deux heures. Utilisant jusqu’à la nausée l’esthétique propre aux films de propagande nazis (merci Leni Riefenstahl), Verhoeven trouble le spectateur et le force à adopter le point de vue indéfendable de personnages d’une superficialité crasse.

I’m a Barbie Girl in a Barbie world

Ainsi, tous les protagonistes humains semblent sortis d’une agence de mannequins : beaux, musclés, absolument divins dans leur perfection physique, ils exhibent un sourire éclatant qui rappellent les figurines désincarnées des jouets Barbie. Durant une première heure, sans doute un peu trop longue, le cinéaste nous plonge dans un soap dégoulinant où les jeunes recrues qui s’engagent sont d’une naïveté et d’une superficialité irritantes. Il anticipe d’ailleurs sans le vouloir certaines dérives de nos sociétés actuelles.

Ces poupées Barbie sont en fait le produit d’une société normative dont on apprend peu à peu à déchiffrer les codes : la réflexion y est totalement absente, le service militaire est le seul moyen de devenir citoyen et les célébrations de masse se font sous des emblèmes impériaux (l’aigle d’acier). Finalement, cette société « idéale » n’est autre qu’un vaste empire fasciste qui prétend se défendre contre des agresseurs aliens.

Affiche espagnole de Starship Troopers de Paul Verhoeven

Affiche espagnole de Starship Troopers © 1997 Big Bug Pictures – Digital Image Associates – Touchstone Pictures – TriStar Pictures. All Rights Reserved.

Verhoeven flingue l’esprit pionnier des Etats-Unis et ses ingérences dans la politique mondiale

Très rapidement, le spectateur se rend compte que l’espèce en question est certes dangereuse, mais elle défend simplement son territoire colonisé par une puissance impérialiste. Les séquences finales qui montrent le cerveau alien faire l’objet d’expériences odieuses ne peuvent que confirmer l’aspect totalement ironique du long-métrage. En réalité, Paul Verhoeven s’en prend de manière indirecte à la toute-puissante Amérique.

Les nombreuses séquences qui renvoient à la mythologie de la conquête de l’Ouest (l’attaque du fort en plein désert, la chevauchée de l’insecte géant) sont autant d’indices qui invitent le spectateur à réfléchir à l’extermination des Indiens par une société dite « civilisée ». A posteriori, on pourrait également y voir un commentaire acerbe de l’intrusion américaine au Proche-Orient.

Un spectacle total aux effets spéciaux encore solides

A côté de cet aspect politique particulièrement détonnant, il ne faut pas négliger la qualité du spectacle de SF qui nous est offert. Sur ce plan, le cinéaste ne se moque pas de son public : il offre des combats spatiaux dantesques et de très violentes attaques entre humains et aliens. Très gore, Starship troopers bénéficie d’effets spéciaux absolument parfaits qui font du film une référence du genre. Alors, pour le sourire faux-jeton de Denise Richards, la plastique irréprochable de Casper Van Dien et la représentation jubilatoire d’une société impérialiste, Starship Troopers est assurément une œuvre majeure et restée longtemps incomprise.

Lors de sa sortie aux Etats-Unis, le film s’est fait assassiner par les critiques qui n’y ont vu qu’une apologie du fascisme. Le grand public ne s’est pas rué en masse non plus et le film, après un début correct, a calé à 54,8 M$ (soit 99,9 M$ au cours de 2023) pour un budget deux fois supérieur. En France également, malgré des critiques plus nuancées, Starship Troopers n’a pas été le carton espéré, puisque le space opera a échoué aux portes du million d’entrées.

On notera que le film a connu ensuite une destinée plus satisfaisante avec ses multiples sorties en vidéo. Devenant culte, le métrage a même fait l’objet de deux suites très inégales éditées directement en DVD. Au cours des années 2010, le film a connu aussi une déclinaison en animation avec deux produits vidéo intitulés Starship Troopers : Invasion (2012) et Starship Troopers : Traitor of Mars (2017).

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 21 janvier 1998

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Starship Troopers, affiche du film de Paul Verhoeven

© 1997. Touchstone Pictures, TriStar Pictures. All Rights Reserved

Biographie +

Paul Verhoeven, Michael Ironside, Dean Norris, Amy Smart, Clancy Brown, Neil Patrick Harris, Denise Richards, Denise Dowse, Casper Van Dien, Dina Meyer, Jake Busey

Mots clés

La dictature au cinéma, Les films de SF des années 90, Les attaques extraterrestres au cinéma

Box-office :

Initialement prévu pour sortir en salle aux USA durant l’été, Starship Troopers a été un embarrassement pour Sony qui ne savait pas comment sortir cette satire atypique. Le film est repoussé à novembre 1997, dans la confusion d’un studio aux changements internes qui percutent la sortie américaine du film. Retour sur un accident industriel.

Starship Troopers est le film de la révolution pour les Britanniques. Le programme marquait ainsi au tout début de l’année un relâchement du système de classification, le plus sévère pour un pays européen. Le pamphlet de Paul Verhoeven se voit ainsi attribué une interdiction aux moins de 15 ans malgré sa violence graphique qui, quelques mois plus tôt aurait dû le condamner à une interdiction aux  moins de 18 ans. Est-ce que cela en a fait un succès local pour autant? Que nenni. Après le bide de Showgirls, Paul Verhoeven réitérait dans la déception commerciale, au risque de lasser Hollywood et son système maso.

Affiche britannique de Starship Troopers - Les archives de CinéDweller

Affiche britannique de Starship Troopers – Les archives de CinéDweller © 1997 Big Bug Pictures – Digital Image Associates – Touchstone Pictures – TriStar Pictures. All Rights Reserved.

Le film ouvre en tête chez nos voisins d’Outre-Manche, le premier week-end de 1998, avec 3 554 000$ dans 360 cinémas. Il met un terme au règne des Spice Girls en tête du box-office avec Spice World qui restera toujours plus lucratif que le Verhoeven qui va s’écrouler et dépassera à peine les 10M$ au pays de Sa Majesté, contrée de la science-fiction où l’on voue un culte à Star Trek et cie. Une légère déception avec néanmoins plus d’ 1 600 000 Britanniques en salle, mais Starship Troopers restera à distance hors du top 20 annuel. Le bouche-à-oreille est exécrable.

En France, le consortium Gaumont-Buena Vista (Disney donc), le sort 21 janvier 1998, dans l’ombre d’un certain Titanic, alors en 3e semaine.

Une sortie de blockbuster en France

Starship Troopers bénéficie d’une publicité considérable et d’une presse globalement enthousiaste, sur notre territoire où même le Figaro l’encense. La commission de classification est indulgente et accorde une petite interdiction aux moins de 12 ans quand le reste de l’Europe lui octroie généralement une interdiction aux moins de 16 ans.

Malgré le buzz et l’amour du public français pour Verhoeven qui avait fait de son Basic Instinct le numéro 1 de l’année 1992, le résultat est décevant. La superproduction ne parvient pas à réaliser un million d’entrées, malgré une hystérie collective pour le média cinématographique en 1998, qui bat des records sur notre territoire avec les triomphes de Titanic (20.6M d’entrées), Le dîner de cons (9 200 000), Les Visiteurs 2 (8M), Taxi (6 500 000), sans oublier Mulan, La vie est belle, Armageddon, Il faut sauver le soldat Ryan, Le Masque de Zorro, Mary à tout prix, Scream 2… L’année est magnifique : même le slasher Souviens-toi… l’été dernier réalise 1 193 000 spectateurs.

Le public déconcerté par la satire déteste Starship Troopers

Le public en quête d’une œuvre d’action sombre et efficace, sortira déconcerté par le ton humoristique qui n’est pas celui vendu par une affiche froide. Authentique comédie de S.F., à la limite de la parodie, Starship Troopers n’est ni Total Recall pour la fantaisie spatiale, ni Jurassic Park pour le film de monstre en images de synthèse, même si les insectes géants y sont sublimes.

Lorsque Starship Troopers s’envole enfin en salle, deux mois et demi après la sortie américaine et plus d’un an après la fin du tournage (la postproduction fut longue), Paul Verhoeven est mis en échec par Woody Allen qui triomphe avec la comédie Harry dans tous ses états. Dès le premier jour, les Parisiens accordent l’avantage à leur cinéaste préféré (22 322 entrées) contre 17 903 pour le film d’action américain. Titanic demeure leader incontesté en 3e semaine et L’associé du diable avec Keanu Reeves poursuit une carrière sur la durée.

Paul Verhoeven battu par un slasher pour ados et Woody Allen

Avec 517 036 entrées dans 491 cinémas en première semaine, Starship Troopers se fait battre par Harry dans tous ses états qui est présent dans 200 salles en moins. L’audience déteste le film et la chute est vertigineuse en deuxième semaine : Starship Troopers perd 51% de son public en 2e semaine contre 32% pour le Allen. La sortie de Souviens-toi… l’été dernier, ersatz bien vendu de Scream, est tonitruante. Il double dès sa première semaine Starship malgré 227 écrans en moins.

En ne parvenant pas à atteindre les 700 000 spectateurs en 15 jours, le crash est patent pour la patrouille de l’espace qui est dans la déroute face à une approche artistique engagée invendable.

Un bide qui relève du cas d’école en France

En troisième semaine, les vacances d’hiver redonnent du tonus à tous les films du top 20 qui voient leurs entrées gonfler ou se stabiliser. Starship Troopers, dans 422 cinémas, chute pourtant de 40%, avec 133 780 spectateurs. Il dépasse alors de justesse les 800 000 spectateurs. En 4e semaine, le déclin s’accentue (-59%), le plus fort pour un film du top 20.

Le combat national s’achève à 915 000 entrées sur la France et à 223 639 spectateurs sur la capitale et sa périphérie. Malgré le soutien de Gaumont et Disney en France, le blockbuster ne restera que six semaines dans les salles, perdant plus de 500 écrans en un mois. Un cas d’école.

Box-office : Frédéric Mignard

Affiche américaine de Starship Troopers

Affiche américaine de Starship Troopers © 1997  Touchstone Pictures – TriStar Pictures. All Rights Reserved.

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Starship Troopers, affiche du film de Paul Verhoeven

Bande-annonce de Starship Troopers (VF)

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