Le gang : la critique du film (1977)

Polar | 1h40min
Note de la rédaction :
5/10
5
Alain Delon dans Le gang

  • Réalisateur : Jacques Deray
  • Acteurs : Alain Delon, Laura Betti, Maurice Barrier, Adalberto Maria Merli, André Falcon, Nicole Calfan, Robert Dalban, Catherine Lachens
  • Date de sortie: 19 Jan 1977
  • Année de production : 1976
  • Nationalité : Français, Italien
  • Titre original : Le gang
  • Titres alternatifs : La gang del parigino (Italie), The Gang (USA), El gang (Espagne), Banden (Norvège), O Gang (Portugal), Los gangsters (Amérique du Sud), Kopla (Finlande), Gangstergänget (Suède), Gang (Turquie), Pierrot és bandája (Hongrie),
  • Assistants réalisateurs : Thierry Chabert, Jean Couturier
  • Scénaristes : Alphonse Boudard, Jean-Claude Carrière
  • D'après le livre de Roger Borniche
  • Monteur : Henri Lanoë
  • Directeur de la photographie : Silvano Ippoliti
  • Compositeur : Carlo Rustichelli
  • Chef Maquilleur : Eric Muller
  • Chef décorateur : Pierre Charron
  • Producteurs : Alain Delon
  • Sociétés de production : Adel Productions, Mondial Televisione Film
  • Distributeur : Warner Columbia Distribution
  • Distributeur reprise :
  • Date de sortie reprise :
  • Editeur vidéo : Pathé (DVD), Pathé (2015)
  • Date de sortie vidéo : 18 juin 2003 (DVD), 1er septembre 2015 (Edition Spéciale DVD+Blu-ray),
  • Budget :
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 1 190 355 entrées / 374 509 entrées
  • Box-office nord-américain / monde : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleur (35 mm, Eastmancolor) / Monor
  • Illustrateur/Création graphique : © Ferracci Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Pathé Renn Productions, Mondial Tele. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Attachés de presse : André Nicard
Note des spectateurs :

Classique film de gangsters, Le Gang manque clairement de personnalité pour s’extraire de la gangue du cinéma commercial des années 70. Toujours sympathique, mais également parfaitement dispensable.

Synopsis : Le gang des Tractions Avant commence à opérer tout juste après la Libération de la France en 1944. A sa tête, Robert dit “le Dingue” organise de nombreux casses qui ont la particularité de ne jamais faire de victime. Les cinq amis mènent la belle vie avec les sommes amassées et le Dingue entame une idylle avec la belle Marinette sans craindre la riposte des forces de l’ordre complètement dépassées.

Critique : Après quelques films plus ambitieux qui ne s’adressaient pas forcément au public habituel de Delon (Monsieur Klein de Losey) et une déception (Comme un boomerang de José Giovanni), la star retrouve son metteur en scène fétiche pour Le Gang (1977) qui tente de surfer à la fois sur le phénomène Borsalino (1970) pour l’aspect fantaisiste de la reconstitution d’époque et sur l’aspect documenté de Flic Story (1975) déjà adapté d’un roman de Roger Borniche. Comme très souvent dans le cas de calculs savants visant à remporter un succès facile, le compte n’y est pas. Si l’idée d’évoquer le gang des Tractions Avant mené par Pierrot le fou (Pierre Boutrel) en vaut une autre, on peut rester davantage dubitatif devant le traitement révisionniste opéré par le cinéaste et sa star. Effectivement, les deux compères optent pour une idéalisation absolue des exactions des truands, montrés uniquement sous un jour sympathique, par-delà leurs excès de violence. De l’autre côté, les forces de l’ordre sont systématiquement raillées, voire ridiculisées. Ces relents de populisme n’étonnent pas vraiment, mais peuvent parasiter la vision de ce polar ultra-classique.

Entre les différents hold-up et autres actions « de gloire » de la fine équipe, Jacques Deray ne sait pas vraiment comment présenter le quotidien de ces truands et signe une suite de scènes anecdotiques narrées par la petite amie du chef de gang (ici appelé Robert le Dingue), la jolie Nicole Calfan. Rien de vraiment mauvais, mais aucune scène ne semble se détacher d’un ensemble très prévisible. Certes, la reconstitution d’époque est soignée, et l’on apprécie la scène qui dénonce le harcèlement mené par la police contre la communauté maghrébine, mais il manque clairement un point de vue affirmé à ce divertissement qui n’a d’autre but que de servir la soupe à sa star. C’est bien simple, dès que Delon n’est pas à l’écran, le film perd toute consistance. Par ailleurs quelques décisions malheureuses viennent minorer le résultat final, comme le port d’une perruque bouclée ridicule imposé par Delon qui pensait que cela briserait son image habituelle. Si l’acteur s’en sort plutôt bien en jeune chien fou, ses efforts sont en partie ruinés par cet attribut capillaire pour le moins étrange.

Trop prévisible, jusque dans son issue programmée dès le début, Le Gang est donc un spectacle sympathique, mais trop balisé pour susciter autre chose qu’un regard superficiel. Le public de l’époque n’a d’ailleurs pas vraiment répondu à l’appel puisque le film n’a réalisé que 1 190 355 entrées, ce qui dans le contexte peut être considéré comme une petite déception. On vous en dit plus en détail ci-dessous.

Critique de Virgile Dumez

Box-office de Le Gang

C’est une trentaine de films qu’Alain Delon a sortis dans les années 70. Ni plus ni moins.

Le gang arrive en 15e position de ses opus les plus vus, avec seulement 1 190 355. Pour un polar avec Delon, c’est forcément décevant, puisque Le Gitan avait atteint les 1 800 000 entrées, Flic Story avait flirté avec les deux millions, Borsalino & co avait déçu avec 1 700 000 entrées…

En janvier 1977, Alain Delon est annoncé en tête d’affiche de L’homme pressé de Molinaro. Il est officiellement nommé aux César dans la catégorie du Meilleur acteur pour Monsieur Klein, chef d’œuvre de Joseph Losey qui arrive en 26e place des Delon de la décennie, avec 711 752 entrées. Un échec qui va contraindre Delon à prendre ses distances avec le cinéma d’auteur de qualité. Il faut dire que parallèlement, Jean-Paul Belmondo tourne beaucoup moins, mais essentiellement dans des comédies (L’animal) ou des films d’action (Peur sur la ville) et s’en sort beaucoup mieux au box-office. Parallèlement, une nouvelle génération d’acteurs scrutent les grands rôles dramatiques : Gérard Depardieu et Patrick Dewaere pour n’en citer que deux.

La semaine du 19 janvier 1977 voit donc Le Gang tentant de faire un hold-up sur le box-office. Si la première place parisienne lui est assurée, le film ne franchit pas les 100 000 spectateurs en première semaine. On chipote puisqu’il démarre à 99 043. En fait, aucune nouveauté ne peut vraiment lui faire de l’ombre, puisque Les rescapés du futur, avec Peter Fonda, entre en 10e place (26 084) et Alice ou la Dernière Fugue de Claude Chabrol, avec Sylvia Kristel, s’égare dans les tréfonds (15e, 17 862 entrées). Todo modo d’Elio Petri trouve 10 169 spectateurs en première semaine, Ursula l’anti-gang, avec Marc Porel et Ursula Andress, ne bénéficie que d’un écran (2 580), L’indomptable dragon dompte 9 948 spectateurs dont la moitié à la Cigale, Monsieur Sade, film coquin avec une musique de Pierre Bachelet, séduit 11 302 spectateurs dans 5 cinémas, L’appât de Peter Patzak est un flop avec 7 793 spectateurs sur 9 sites…

Le seul concurrent du Gang est Le juge Fayard dit ‘Le Shériff”, succès d’Yves Boisset avec Patrick Dewaere, Aurore Clément, Philippe Léotard, qui reste imperturbable en 2e semaine, avec 87 540 entrées, pour un total de près de 200 000 entrées en 15 jours, soit quasiment autant que Monsieur Klein qui est toujours à l’affiche, en 13e semaine, avec 884 spectateurs dans un dernier cinéma, pour un total encore provisoire de 242 104 spectateurs.

Lors de sa 2e semaine Le gang glisse en seconde place (71 233) et perd l’avantage sur Le juge Fayard (71 429).

En 3e semaine, Le gang (52 439) est toujours dépassé par Le Juge Fayard (53 853), tandis qu’Annie Girardot s’arroge une petite première place dans A chacun son enfer d’André Cayatte (62 611)…

A Paris, Le gang finira sa carrière à  374 000 spectateurs, ce qui n’est pas déshonorant face à Un flic (354 000), Le samouraï (320 030), Les granges brûlées (302 000), Zorro (265 000), Comme un boomerang (240 000), Scorpio 238 000)…

Pour Delon, le score moyen du Gang sera secondaire face à l’humiliation que les César lui feront subir. En février, Monsieur Klein est récompensé du prix du Meilleur film, réalisateur et décor. L’icône, elle, est privée du prix d’interprétation qu’il désirait tant. On lui a préféré Michel Galabru dans Le juge et l’assassin.

Message reçu pour Alain Delon qui annonce la “Série noire” Mort d’un pourri, produit par Norbert Saada, pour un début de tournage en mai de cette année. L’occasion de retrouver le cinéaste des Seins de glace, Georges Lautner. Il restera désormais confiné avec ses proches de cinéma. La grande famille des César n’occupe aucune place dans son Gang.

Les spectateurs, eux, retrouveront Alain Delon un mois plus tard dans Armaguedon d’Alain Jessua en mars 1977. Là encore, ils ne seront pas nombreux.

Box-office analysé par Frédéric Mignard

Alain Delon dans Le gang

Affiche © Ferracci – © Pathé Renn Productions, Mondial Tele. Tous droits réservés.

Le test du DVD 

Le combo DVD / Blu-ray de qualité. Ceci est le test du DVD puisque la galette bleue ne nous a pas été fournie.

Compléments : 3 / 5

Outre la bande-annonce d’époque, le DVD propose un documentaire rétrospectif de 19mn absolument passionnant. Si les interventions de Deray et de Delon datent de la promotion du film, les autres témoignages obtenus récemment viennent casser la rhétorique classique de l’exercice pour dresser un état des lieux moins flamboyant d’un tournage tendu. Effectivement, Alain Delon était de plus en plus conscient de son rôle de producteur et il s’impliquait alors de manière plus intrusive dans la création du long-métrage. On lui doit notamment le port de la fameuse perruque, ainsi que quelques changements de décors intempestifs. L’ensemble est à la fois respectueux des différents participants tout en évitant la langue de bois.

Image 3.5 / 5

Pour une image SD, le résultat est tout à fait honorable grâce à une copie lavée de toute trace du temps qui passe. Les couleurs sont bien équilibrées et les contrastes bien gérés. On reprochera bien évidemment le manque de piqué et de profondeur de champ inhérent à ce support. Tout défaut qui doit être supprimé sur la galette bleue (non fournie).

Son :  3.5 / 5 
Il s’agit d’un Mono d’époque tout à fait classique qui parvient à retranscrire avec clarté les voix sans oblitérer les ambiances et la musique sautillante. Aucune saturation à l’horizon pour un rendu optimal dans les limites de ce format sonore étriqué.

Test DVD de Virgile Dumez

Biographies +

Jacques Deray, Alain Delon, Laura Betti, Maurice Barrier, Adalberto Maria Merli, André Falcon, Nicole Calfan, Robert Dalban, Catherine Lachens

Edition Combo DVD + Blu-ray - Le Gang, avec Alain Delon

Edition Combo DVD + Blu-ray – Le Gang, avec Alain Delon © Pathé Renn Productions, Mondial Tele. Tous droits réservés.

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