Mort d’un pourri : la critique du film (1977)

Policier, Drame, Thriller | 2h03min
Note de la rédaction :
7/10
7
Mort d'un pourri, l'affiche

Note des spectateurs :

Sur le refrain connu du « tous pourris », Lautner trousse avec Mort d’un pourri un divertissement efficace porté par les dialogues d’Audiard et l’interprétation remarquable d’un casting quatre étoiles.

Synopsis : Cherchant à protéger un ami, le député Philippe Dubaye, Xavier Maréchal rentre en possession d’un dossier compromettant. Des tueurs se lancent à ses trousses pour récupérer ces documents.

Delon s’attaque aux milieux de la finance

Critique : Alors que la France de Giscard d’Estaing est minée par les affaires mettant en cause les milieux de la finance liés à la corruption des hommes politiques, Alain Delon décide de produire l’adaptation d’un roman de Raf Vallet, un habitué des polars sur fond d’activités frauduleuses (on lui doit déjà le roman Adieu poulet porté à l’écran en 1975 par Granier-Deferre).

Mort d'un pourri, jaquette du blu-ray

© 1977 Pathé Productions / Affiche : René Ferracci © ADAGP Paris, 2014. Tous droits réservés.

Malgré un manque évident de précision dans la dénonciation, ce nouveau film à caractère politique se révèle n’être qu’un simple divertissement qui surfe sur la vague du « tous pourris », refrain populaire et populiste maintes fois entonné. Si l’on souscrit sans état d’âme à la vision clairvoyante du cinéaste sur le monde de l’argent, on peut toutefois trouver ses conclusions légèrement réactionnaires.

Un point de vue réactionnaire, certes, mais emballé avec talent

Au milieu de la boue généralisée, seul l’individu et son sens indéfectible de l’amitié peut encore sauver la situation. On n’est jamais très loin du constat banalisé par les premiers films de Clint Eastwood ou encore ceux avec Charles Bronson. On doit toutefois saluer la pertinence de certaines analyses, comme la prédiction d’un bouleversement politique imminent (entendez par là l’arrivée au pouvoir de la gauche en 1981) ou encore le développement et le futur avènement de la mondialisation capitaliste.

Malgré le caractère peu convaincant de la dénonciation politique, Mort d’un pourri demeure un très bon divertissement. Réalisé par un Georges Lautner alors au creux de la vague – son film suivant n’est autre que l’inénarrable Ils sont fous ces sorciers, sans doute son plus beau nanar – ce polar efficace bénéficie de son indéniable savoir-faire. Les dialogues de Michel Audiard, moins brillants que d’habitude, ont le mérite de s’effacer derrière le jeu des acteurs.

Delon surplombe un casting particulièrement brillant

Alain Delon est impérial dans un rôle qu’il maîtrise désormais totalement. Il est entouré par une belle brochette de professionnels dont les plus remarquables sont Stéphane Audran (en femme alcoolique), Maurice Ronet en politicien véreux et Jean Bouise en flic intègre. Et que dire de l’apparition furtive, mais glaçante du grand Klaus Kinski.

Ce divertissement particulièrement efficace et bien mené a d’ailleurs été récompensé par un bel accueil de la part du public avec plus de 1,8 million d’entrées sur toute la France, score tout à fait honorable pour la star, sans casser totalement la baraque. Aujourd’hui, Mort d’un pourri peut être aisément considéré comme l’un des meilleurs films de Lautner.

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Critique du film :  Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 7 décembre 1977

Mort d'un pourri, l'affiche

© 1977 Pathé Productions / Affiche : René Ferracci © ADAGP Paris, 2020. Tous droits réservés.

Box-office :

Sorti le 7 décembre 1977, Mort d’un pourri était la grosse sortie de la semaine et pourtant Alain Delon échoua à ravir la première place au Disney de fin d’année, Les aventures de Bernard et Bianca qui célébrait sa deuxième semaine au sommet du box-office. Le Disney allait de toute façon finir l’année en tête des sorties avec 7 219 000 spectateurs, loin devant La Guerre des Etoiles (6 400 000), le 007 L’espion qui m’aimait (3 500 000) ou le duo Terence Hill et Bud Spencer dans Deux super-flics (3 400 000).

En fait, Mort d’un pourri finira l’année en 11e position, du fait d’être un divertissement sombre pour adultes, avec 1 854 000 spectateurs. Forcément, pour un acteur dans la compétition avec Belmondo, c’était décevant puisque celui-ci achevait l’année en 5e place annuelle avec L’animal de Zidi (3 157 000), qui était pourtant perçu comme une déception en son temps, puisque ses producteurs en espéraient plus de 5 millions d’entrées France.

Également intéressant, Mort d’un pourri réalisera moins qu’Arrête ton char bidasse qui était sorti le même jour (1 907 000 entrées pour la comédie Z de Michel Gérard). Delon se fera même doubler par le phénomène Diabolo Menthe de Diane Kurys qui allait être distribué lors de la deuxième semaine d’exploitation de Mort d’un pourri. La comédie adolescente allait dépasser les 3 millions d’entrées sans bénéficier du budget de L’animal ou du casting de stars de Mort d’un pourri.

Lors de sa sortie, le grand concurrent de Mort d’un pourri n’était finalement pas l’universel Bernard et Bianca, mais bel et bien Orca, vendu comme le film de monstre de fin d’année, comme le King Kong de Dino De Laurentiis fut celui de 1976. L’épaulard vengeur allait toutefois entrer en 3e position derrière le Delon, et finir l’année très loin des 6 200 000 spectateurs des Dents de la mer 1 en 1976, avec 1 439 000 spectateurs.

On notera que la semaine du 7 décembre était particulièrement encombrée avec Arrête ton char bidasse qui affrontait La 7e compagnie au clair de Lune de Lamoureux qui visait le même public et sortait curieusement le même jour. La guerre de la comédie franchouillarde était déclarée.

En première semaine sur Paris, Mort d’un pourri bénéficiait de 11 salles à Paris-intramuros : le Gaumont Ambassade où il faisait fort (16 693 entrées) et le Berlitz, avec 20 560 spectateurs. Il était également présent au Cluny Palace, St-Michel, Le Bosquet, le Gaumont Sud, le Gaumont Gambetta, le Wepler Pathé, le Montparnasse Pathé, le Cambronne et le Mayfair. En première semaine, il réalisait 114 771 entrées.

Mort d’un pourri restera 21 semaines à l’affiche à Paris où il finira sa carrière au cinéma le Cinéac, pour un total de 541 435 entrées.

Frédéric Mignard

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Mort d'un pourri, l'affiche

Bande-annonce de Mort d'un pourri

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