Box-office du 11 août 2021 : La Pat’Patrouille est le seul succès d’une semaine durant laquelle le beau temps, la peur du variant Delta, le besoin d’oxygène et le passe sanitaire ont détourné l’attention des spectateurs. On notera que le 15 août est tombé durant un week-end, et qu’en général, cette semaine de bascule n’est jamais glorieuse pour ceux qui veulent s’y frotter. Paris, en particulier, étant vide, cette année tout particulièrement.

Numéro 1 :

• La Pat’Patrouille est un gros succès pour Paramount qui aurait pu revendre le film à une plateforme, mais la major a tenu bon, consciente du potentiel des films d’animation en salle, malgré la Covid-19. Les enfants ne sont pas tenus par le passe sanitaire et les parents doivent varier hebdomadairement les activités. La sortie au cinéma en fait partie et la franchise télévisée est extrêmement populaire. Ses passages dans les cinémas CGR lors d’happenings avaient déjà montré la voie à ses chiots mignons qui ont sauvé le box-office. Avec 459 566 entrées en une semaine, ils ont humilié Warner et ses 533 130 spectateurs pour The Suicide Squad, en 3 semaines !

© Paramount Pictures, Nickelodeon Movies, Spin Master Entertainment

Les entrées :

• Deuxième entrée de la semaine, Free Guy est un film de Shawn Levy, cinéaste à l’humour trop américain pour les Français. Il en va de même pour Ryan Reynolds. Le premier n’a trouvé le succès chez nous qu’à travers la popularité ancienne de Ben Stiller pour la trilogie Une nuit au musée, le second ne vaut pas tripette au box-office hexagonal en dehors d’une certaine franchise Marvel. Avec 174 093 entrées pour le film Fox/Disney, c’est une humiliation nationale qui ne se retrouve pas aux USA où tous les éléments figurent pour être un beau succès, avec deux belles semaines en tête du classement local.
• En entrant en 5^e position, C’est quoi ce papy ?! s’annonce être le dernier épisode d’une trilogie dont le précédent volet avait été millionnaire sur la France. UGC ne retrouve pas l’énergie de la série familiale. 120 764 entrées dans 463 cinémas, ce n’est pas bon. Patrick Chesnais n’avait pas les épaules humoristiques de Chantal Ladessou pour faire rameuter les foules.
• Pil, chez SND, a chassé Le tour du monde en 80 jours, qui lui-même succédait à Spirit : l’indomptable, à la suite de Space Jam 2, qui prenait la place d’Ainbi, princesse d’Amazonie, le lendemain de la victoire des Croods 2… Trop de films pour enfants avec La Pat Patrouille ? Clairement. Cette nouveauté se contente d’une première semaine de 112 220 spectateurs dans 382 cinémas, en matinée.
• Escape Game 2 : les films d’épouvante ont généralement la cote en été. Cette suite démarre mal, à 80 504 spectateurs, dans une combinaison de 268 spectateurs. En entrant 9^e, ce sequel d’une production médiocre déjà oubliée, rame derrière American Nightmare 5  qui lui fait la nique en 8^e place (-50%, 84 138 entrées, total honorable de 257 867).
• Rouge : film français courageux, le thriller écolo de Farid Bentoumi se fait discret en 13^e place, avec 32 894 entrées dans 184 cinémas. Vraiment dommage.
• Catastrophe pour Passion simple : 16 497 entrées dans 104 cinémas, l’assurance de salles vides pour les exploitants qui l’ont diffusé.
• Deuxième catastrophe avec Sentimental qui ne pouvait pas marcher dans ce contexte. 9 802 entrées dans 70 cinémas, c’est désespérant.
• Troisième catastrophe : l’original et solide Berlin Alexanderplatz s’écrase en 38^e place, avec 2 908 spectateurs dans 49 cinémas. Pour Le Pacte, c’est un bide qui laisse pensif.

Affiche : RYSK – Distributeur : Ad Vitam. Tous droits réservés

Les gadins de la semaine :

• C’est une très mauvaise semaine pour les continuations en place, avec des baisses vertigineuses. Les films d’animation sont les plus impactés. Le gadin de la semaine est à voir du côté de Ainbo, princesse d’Amazonie, film indépendant proposé par Le Pacte, qui dégringole de 83% de sa fréquentation. Même s’il restait à l’affiche dans 227 cinémas, les exploitants l’abandonnaient pour faire de la place aux nouveautés. La princesse sud-américaine perdait surtout 247 cinémas. Elle reste en-deçà des 300 000 spectateurs au final et cela aurait pu être bien pire. C’est même un score encourageant dans ce contexte. Son arrivée en début d’été lui a plutôt été favorable.
• C’est la vie, comédie UGC au casting riche, n’a pas plu. Bouche-à-oreille globalement négatif et contexte compliqué, le bide était assuré. Son gadin de 77% en fait la 2^e plus grosse chute de la semaine, alors qu’il n’est exploité que depuis 3 semaines. Ses 144 971 entrées sont rudes pour son distributeur qui bénéficiait de son large circuit français, notamment de multiplexes Ciné Cité.
• Les Croods 2 plonge de 76% en 6^e semaine, avec 16 171 amateurs d’humour pré-hystérique et un total de 1 090 391 entrées, soit le 6^e meilleur score pour une œuvre sortie en 2021.
• Profession du père avec Benoît Poelvoorde semble être inconnu pour les spectateurs qui n’ont pas intégré sa sortie sur nos écrans. Une carrière épouvantable (38 005 entrées en 3 semaines) et une perte de 75% pour cette adaptation qui finit bien seule (2 529 spectateurs dans… 218 cinémas). C’est donc également « La pire moyenne de la semaine », avec 12 curieux par cinéma (et non par séance !).
• Autre film d’animation dans la tourmente, Spirit : l’indomptable de Dreamworks (-72%, 24 467, total de 230 426)  pourrait finir derrière Ainbo en fin de galop.
• Le tour du monde en 80 jours (film d’animation chez StudioCanal) perd 70% en 2^e semaine (47 608 entrées dans 472 salles). Aucun rapport avec la qualité de ce dernier, il s’agit juste de la conséquence des arrivées de La Pat’Patrouille et à un moindre niveau de Pil dans les cinémas.
• Ice Road, avec Liam Neeson est englouti sous le poids des glaçons : sa perte de 69% en 2^e semaine démontre que l’acteur n’est plus une valeur sûre dans le cinéma d’action en France et que cette sortie improvisée pour Metropolitan FilmExport n’a pas été suffisamment préparée en amont. 74 570 entrées en 15 jours quand le distributeur en espérait plus de 300 000 sur cette période, c’est effectivement douloureux.

Design : Les Aliens.Com – © 2021 Ice Road Productions, LLC. Tous droits réservés.

La plus grosse combinaison de la semaine :

• 863 copies pour Kaamelot – premier volet :. Avec 212 982 spectateurs en 4^e semaine (-42%), le fameux succès de l’été 2021 est loin d’un score de blockbuster puisqu’il vient à peine de dépasser les 2 millions. Qui a dit que le passe sanitaire n’avait eu aucun effet au vu des chiffres de ce film très attendu ? Pour mémoire, son distributeur, SND, en espérait au moins le double. Il s’agit ici de lancer une franchise au cinéma. Encore une fois, la comédie d’Alexandre Astier n’est pas responsable de son sort, puisqu’en proportion, il a déplacé les foules dans le mesure du possible,  tout en jouissant d’un bouche-à-oreille qu’OSS 117, alerte rouge en Afrique noire ne semble pas avoir (-53% en 2^e semaine, toujours sous le million en quinze jours).

Les belles continuations :

• La loi de Téhéran est définitivement le sleeper de l’été 2021. Souvent qualifié de meilleur film de l’année, ou de thriller parmi les plus réussis de ces dernières années, le polar iranien couronné à Reims Polar ne perd que 26% de sa fréquentation (21 366). Ce qui est moins normal, c’est de voir qu’il demeure sous les 100 000 entrées. Dans un contexte sanitaire autre, c’est le genre de coup qui aurait pu monter à 200…, 300 000 spectateurs.
• Adieu les cons est le film le plus ancien (43^e semaine contre 10 pour Nomadland, qui est numéro 33) mais il se permet de remonter de 31%. Le film ne gagnait pourtant que 12 salles en 8 jours. Une surprise, une belle pour Gaumont.
• In the Mood for Love est un chef-d’œuvre intemporel qui séduit également les nouvelles générations de cinéphiles. Il a parfaitement sa place durant cet été 2021 et ne perd que 30% de son audience, avec 3 363 spectateurs dans 36 cinémas. La classe.
• Belle tenue pour Les 2 Alfred (-36% en 9^e semaine), Nomadland (-36% en 10^e semaine), Titane (-40%, 246 102), Onoda (-43% en 4e) et Désigné coupable (-42% en 5^e). Ce dernier, proposé par Metro, perdait pourtant 61 écrans. Il franchit la barre symbolique des 300 000 spectateurs. Ces quelques films mentionnés sont appréciés du public et auraient pu vraiment faire mieux dans un contexte normal.

© Design Monsieur X / Distributeur : Wild Bunch

Ils nous ont quittés :

• C’est fini pour Pierre Lapin 2 qui nous quitte en 7^e semaine avec 885 490 entrées. Un succès.
• La fine fleur avec Catherine Frot a été retiré de l’affiche et quitte le classement avec 6 semaines de présence, dont la Fête du Cinéma sous le coude. Ses 201 897 spectateurs font du film un bide qui n’a rien à voir avec la Covid.
• Présidents, avec Sarko et Hollande, a fait un peu le buzz. Anne Fontaine peut se satisfaire des 429 566 spectateurs en 7 semaines.
• Bonne mère nous quitte avec des résultats bien frêles autour des 26 000 spectateurs.
• Bergman Island a séduit 60 000 rêveurs ; Mia Hansen-Løve a tenu 4 semaines dans le top 40 et a peu bénéficié de sa présence cannoise.
• Spirale : l’héritage de Saw, four absolu, avec 60 430 spectateurs en 3 semaines dans le classement. Absolument inimaginable pour cette franchise. C’est moins que la première semaine d’Escape Game 2 en première semaine. Le retour de Jigsaw avait été lancé lors de la mise en place du passe sanitaire avec une interdiction aux moins de 18 ans qui l’a littéralement vidé de tout public potentiel.
• Mystère à Saint-Tropez  s’est arrêté à 178 738 spectateurs et 4 semaines. À ce niveau, c’est un désastre. Le distributeur StudioCanal n’envisageait pas autre chose.
• De bas étage est resté une seule semaine dans le top 40, avec 4 981 spectateurs pour sa semaine de lancement.
• Idem pour Dream Horse, deuxième feel- ood movie britannique a être évité par le public. Eurozoom a tenu une semaine avec ce film dans le classement, malgré un lancement sur 133 copies. Le film ne dépassant pas les 10 000 spectateurs en 15 jours, il est avec Fisherman’s Friends l’un des vrais accidentés de l’été.

Analyse : Frédéric Mignard                                                    Source : Le Film Français

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De bas étage (2021) – Affiche : Benjamin Seznec pour Troïka / Photo : Shanna Besson