La loi de Téhéran : la critique du film (2021)

Policier, Drame | 2h11min
Note de la rédaction :
8/10
8
La Loi de Téhéran, affiche du film

  • Réalisateur : Saeed Roustayi
  • Acteurs : Payman Maadi, Navid Mohammadzadeh, Houman Kiai, Parinaz Izadyar, Farhad Aslani
  • Date de sortie: 28 Juil 2021
  • Nationalité : Iranien
  • Titre original : Metri Shesh Va Nim
  • Titres alternatifs : Just 6.5 (titre international) / 30 gramów (Pologne)
  • Année de production : 2019
  • Scénariste(s) : Saeed Roustayi
  • Directeur de la photographie : Hooman Behmanesh
  • Compositeur : Peyman Yazdanian
  • Société(s) de production : Boshra Film
  • Distributeur (1ère sortie) : Wild Bunch Distribution
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : -
  • Date de sortie vidéo : -
  • Box-office France / Paris-périphérie : -
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleurs / Son : Dolby Digital
  • Festivals et récompenses : Présentation au Festival de Venise en 2019 / Festival de Tokyo 2019 : Prix du meilleur acteur pour Navid Mohammadzadeh et du meilleur réalisateur pour Saeed Roustayi / Fajr Film Festival 2019 : Prix du public, Meilleur montage et Meilleur son / Grand Prix et Prix de la Critique du Festival Reims Polar 2021
  • Illustrateur / Création graphique : Monsieur X
  • Crédits : Wild Bunch
Note des spectateurs :

Polar puissant doublé d’une réflexion pertinente sur la justice, La loi de Téhéran impressionne par la fluidité de sa réalisation et la justesse de son regard. À découvrir absolument.

Synopsis : En Iran, la sanction pour possession de drogue est la même que l’on ait 30 g ou 50 kg sur soi : la peine de mort. Dans ces conditions, les narcotrafiquants n’ont aucun scrupule à jouer gros et la vente de crack a explosé. Bilan : 6,5 millions de personnes ont plongé. Au terme d’une traque de plusieurs années, Samad, flic obstiné aux méthodes expéditives, met enfin la main sur le parrain de la drogue Nasser K. Alors qu’il pensait l’affaire classée, la confrontation avec le cerveau du réseau va prendre une tout autre tournure…

Un constat accablant sur la société iranienne

Critique : Constatant une recrudescence de drogués dans les rues de la capitale iranienne, le cinéaste Saeed Roustayi s’est dit qu’il tenait là un bon sujet pour un documentaire. Pour obtenir un maximum d’informations, le réalisateur s’est attaché à suivre une brigade des stupéfiants dans leur lutte quotidienne contre le trafic qui a explosé en Iran depuis une dizaine d’années. Les autorités semblent particulièrement impuissantes à juguler l’essor du crack qui ravage la société iranienne, et ceci malgré une législation particulièrement répressive. Effectivement, en Iran, la détention de quelques grammes de drogues peut se traduire par la peine de mort. Cette intransigeance, loin de générer la peur chez les trafiquants, les pousse au contraire à augmenter le poids des livraisons. Quitte à mourir, autant décrocher le pactole pour mettre sa famille à l’abri du besoin !

La loi de Téhéran, photo 1

Copyright Wild Bunch. Tous droits réservés.

Après plusieurs mois de recherches, Roustayi a opté pour la fiction et entamé un bras de fer avec les autorités afin de pouvoir mener à bien sa vision de ce qui deviendra La loi de Téhéran. Si certaines coupes ont été consenties, le réalisateur assure qu’il a pu finalement mener à bien le film qu’il souhaitait tourner. Et force est d’admettre que le résultat final n’est guère à la gloire du régime en place. Si la première heure se concentre sur la lutte des forces de police contre le trafic de drogues en suivant les codes habituels du polar classique, la suite se révèle bien plus intéressante et puissante.

Une réalisation fluide et racée

Nous suivons tout d’abord le travail quotidien des policiers qui cherchent à remonter les filières jusqu’au gros bonnet. Pour cela, les méthodes utilisées par le flic brillamment incarné par Payman Maadi, sont parfois à la lisière de la légalité. Rien de bien nouveau sous le soleil du polar puisque la fin justifie souvent les moyens dans ces cas extrêmes. Au passage, cela permet déjà au réalisateur de signer quelques scènes impressionnantes comme la course-poursuite initiale qui se termine de manière totalement originale et inattendue, ou encore cette magnifique descente de police au cœur d’un bidonville qui pourrait s’appeler Crack City, tant le nombre de figurants impressionne.

Le réalisateur Saeed Roustayi y démontre une parfaite maîtrise de la caméra avec des mouvements fluides et gracieux. On adore également sa description des geôles iraniennes qui font plutôt froid dans le dos. Là aussi, le cinéaste n’a pas hésité sur le nombre de figurants, donnant l’impression que l’Iran n’est qu’une vaste prison à ciel ouvert.

La loi de Téhéran, photo 2

Copyright Wild Bunch. Tous droits réservés.

Mais le plus intéressant dans La loi de Téhéran intervient dans sa deuxième heure, davantage consacrée au personnage du gros trafiquant présumé. Interprété de main de maître par Navid Mohammadzadeh, le personnage apparaît dans toute sa complexité humaine au fil des bobines. Si le cinéaste ne cherche aucunement à le disculper du trafic de drogues, il tente de révéler les motivations du personnage et le rend ainsi plus humain. Parallèlement, nous suivons également le travail du juge (excellent Farhad Aslani) qui doit faire face à un afflux de cas, qui vont du petit gamin qui va écoper de plusieurs années de prison pour éviter la peine de mort à son père, le vrai trafiquant, jusqu’au plus gros bonnet. On notera d’ailleurs que la suspicion s’abat également sur les policiers, souvent accusés de corruption et contraints de se justifier en permanence auprès de leur hiérarchie.

La loi de Téhéran ou comment dénoncer l’inutilité de la peine de mort

Finalement, le long-métrage gagne peu à peu en intensité et se termine par un superbe plaidoyer contre la peine de mort, l’inutilité de celle-ci étant  manifeste. Au milieu de cette noirceur totale, seule la scène du petit enfant qui fait une démonstration de gymnastique au parloir de la prison vient créer une respiration poétique de courte durée. La loi de Téhéran vient donc à point pour rappeler à tous ceux qui accusent nos démocraties de laxisme dans les décisions de justice que l’extrême intransigeance n’est aucunement suivie d’effet. La preuve en est donnée avec l’Iran qui pratique une justice particulièrement rigoriste et ne parvient tout de même pas à juguler le trafic de drogues.

En l’état, La loi de Téhéran est donc un film fort qui prend aux tripes et mérite amplement la pluie de récompenses reçues dans le monde. En France, le long-métrage a ainsi glané le Grand Prix  et le Prix de la Critique du Festival Reims Polar 2021.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 28 juillet 2021

La Loi de Téhéran, affiche du film

© Design Monsieur X / Distributeur : Wild Bunch

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La Loi de Téhéran, affiche du film

Bande-annonce de La loi de Téhéran

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