2019 après la chute de New York, post-nuke rital au succès détonnant, est un sommet de kitsch que l’on peut toutefois trouver sympathique grâce à quelques bonnes idées de mise en scène et à son rythme haletant. Cette coproduction Max Pécas, via Les Films du Griffon, est à réserver aux amateurs seulement.
Synopsis : La troisième guerre mondiale a eu lieu. Le souffle de l’atome a ravagé la planète Terre et l’humanité devenue stérile, n’a plus d’avenir. Un aventurier nommé Parsifal va pénétrer dans un New York dévasté pour y trouver la dernière femme en état de procréer. Mais dans les ruines de la mégapole, les dangers sont nombreux et la mission ne sera pas de tout repos.
Critique : Alors que les films postapocalyptiques comme New York 1997 (1980) de John Carpenter et surtout Mad Max 2 (1982) de George Miller viennent de cartonner un peu partout dans le monde, les producteurs italiens, toujours en quête d’un bon filon à exploiter se lancent à corps perdu dans ce sous-genre que l’on a appelé le post-nuke. Avec des moyens extrêmement réduits, la plupart des réalisateurs italiens ayant œuvré dans le western, le film d’espionnage ou encore l’horreur gore se retrouve aux commandes de ces longs-métrages particulièrement fauchés et kitsch. Parmi les cinéastes très actifs à l’époque, Sergio Martino s’est souvent distingué par un réel savoir-faire pour peu qu’on lui attribue les moyens suffisants pour travailler. En ce début des années 80, le cinéma populaire italien commence sérieusement à décliner et la plupart des producteurs font des économies qui, malheureusement, se voient à l’écran. Ainsi, les décors et effets spéciaux de ce 2019 après la chute de New York (1983) voulu par Martino comme un rip-off du film de New York 1997, sentent bon la maquette et les bouts de ficelle, même si de nombreuses scènes seront tournées à New York. Sergio Martino fait néanmoins preuve de beaucoup d’ambition, au moins dans son pitch, malgré le kitsch des costumes, ainsi que le ridicule de certains véhicules à la Mad Max 2 qui évoquent davantage la ringardise de post-nukes ritals comme Les nouveaux barbares de Castellari avec lequel il partage quelques décors communs (comme des carrières pour solliciter l’idée d’aridité post-atomique, sic).
2019 après la chute de New York en DVD chez Shriek Vidéo et en Blu-ray chez 88 Films. © Studio Canal, Nuova Dania Cinematografica, Medusa Distribuzione. Tous droits réservés.
Pompant sans vergogne les derniers succès américains en date, le cinéaste nous livre donc sa version de New York 1997, mélangé à Mad Max, La planète des singes (la présence d’un homme singe, joué par le titan George Eastman) mais aussi de Star wars, avec androïdes et vaisseaux spatiaux en complément de programme, ce qui nous donne l’occasion de revoir le Britannique Edmund Purdom, venu introduire et conclure le métrage pour quelques jours de travail bâclé. Ces influences disparates donnent au film un aspect fourre-tout finalement assez sympathique, d’autant que l’idée d’anticipation de départ est tout de même passionnante : la stérilité de l’humanité à la suite d’une guerre mondiale atomique et la quête d’une unique femme féconde pour sauver l’humanité, thème qui sera repris plus de vingt ans après dans le chef-d’œuvre Les fils de l’homme.
Pourtant, ici, point de réflexion philosophique ou d’atmosphère glauque puisque l’ensemble baigne dans un premier degré intégralement voué à l’action. En ce sens, 2019 se distingue des autres films du genre par une multitude de cascades et de rebondissements qui dynamisent un script pourtant anémique. Joué avec les pieds par un casting uniformément médiocre (en tête d’affiche, Michael Sopkiw, mannequin américain officiant à Milan, n’a été choisi que pour sa carrure, le cinéaste le considérant lui-même comme mauvais), ce film d’exploitation au succès conséquent en France, demeure charismatique malgré ses innombrables défauts. Il s’agit sans conteste de l’un des derniers grands jalons du cinéma bis transalpin qui allait connaître un déclin inévitable peu après, Sergio Martino, le premier, avec notamment Atomic cyborg.
Critique de Virgile Dumez
2019 après la chute de New York en VOD en France © Studio Canal, Nuova Dania Cinematografica, Medusa Distribuzione. Tous droits réservés.
Véritable surprise du box-office en France (son pays de coproduction via Les Films du Griffon de Max Pécas), 2019, après la chute de New York est probablement le plus grand succès d’exploitation pour un post-nuke italien sorti dans les années 80. Avec plus de 600 000 spectateurs, ce film distribué par Jacques Leitienne entre en compétition avec le cinéma américain de l’époque dont il reproduisait les formules avec des moyens très limités (Sergio Martino évoque 500 000 lires). Et en ce mois de janvier 1984, le cinéma de genre américain était dynamisé par la sélection d’Avoriaz plutôt riche.
Dès son premier jour, le 11 janvier, 2019, après la chute de New York réalise un score formidable pour 19 salles parisiennes, puisque pas moins de 5 389 spectateurs se laissent séduire par son affiche apocalyptique. Parallèlement, sortent dans 46 salles Ronde de nuit de Jean-Claude Missiaen, dans 42 salles Canicule d’Yves Boisset, ou encore dans 9 salles La Cage aux poules,avec Dolly Parton et Burt Reynolds.
En première semaine parisienne, le post-nuke italien se positionne à la 7e place avec 45 343 spectateurs. Pour un « Mad Max » italien tendant vers la série B nanardesque, cela relève de l’exploit ! Il est alors programmé dans 10 salles à Paris intra-muros, circuit complété par 9 écrans en périphérie. Au Rex et aux Montparnos ce sont plus de 6 000 spectateurs qui se précipitent dans chacun de ces cinémas. À l’Ermitage, on recense 5 803 spectateurs. La production est également programmée au Mistral, aux UGC Boulevard et Gare de Lyon, aux 3 Secrétan, au Forum Cinémas, à la Quintette Pathé et aux Images.
Deux affiches étrangères de 2019 après la chute de New York © Studio Canal, Nuova Dania Cinematografica, Medusa Distribuzione. Tous droits réservés.
En deuxième semaine, le film gagne 2 écrans et fait preuve d’une grande stabilité avec 37 000 spectateurs. Les deux grosses nouveautés de la semaine, Le Bon plaisir et P’tit Con ne lui font guère de concurrence devant lui car s’adressant à un public autre.
Le film glisse ensuite à la 16e position avec 17 637 spectateurs en troisième semaine, une baisse consécutive à la perte de 8 écrans ; 2019 affrontait la concurrence de films de genre comme Christine de John Carpenter et l’apocalyptique Le Jour d’après, ou encore La Foire des ténèbres. On notera que le film de Sergio Martino en profite pour dépasser les 100 000 spectateurs sur Paris et sa région.
En quatrième semaine, 2019, après la chute de New York se réfugie dans 7 cinémas, dont 3 à Paris intra-muros (L’Ermitage, le Rex et les Montparnos), dépassant largement les 1 500 spectateurs par écran. Ce sont ainsi 9 850 amateurs de films d’anticipation qui découvrent cette sympathique série B en quatrième semaine. Le score est d’autant plus honorable que d’autres films de genre, comme La Quatrième dimension (numéro un du box-office parisien) ou Brainstorm, déboulent alors sur les écrans.
En cinquième semaine, désormais consigné à seulement 2 écrans parisiens, le film attire encore 2 587 spectateurs. En sixième semaine, toujours à l’affiche au Rex, mais également propulsé dans un cinéma de quartier, La Cigale, il réalise un carton plein avec 6 600 fans de science-fiction. Un rebond qui s’explique par cette programmation dans le circuit bis des quartiers populaires.
En septième semaine, 2019, après la chute de New York visite le Paris-Ciné Strasbourg-Saint-Denis, où il est applaudi par 1 588 spectateurs. Enfin, pour sa dernière semaine, illustrant la devanture du Gaîté-Boulevard, il est découvert par 2 505 amateurs de cinéma d’exploitation. Il achève ainsi sa carrière parisienne avec 123 178 spectateurs. À titre de comparaison, à Paris, beaucoup de gros films américains n’arriveront jamais à faire autant : Starman de Carpenter (119 000), Robocop 3 (115 000), Dark City (106 106), L’invasion des profanateurs de sépulture (88 500), Los Angeles 2013 (83 360), The Crow 2 (83 360), Videodrome (78 140), Body Snatchers (76 110), Krull (75 974), L’âge de cristal (74 014), Apocalypse 2024 (67 923), La Conquête de la planète des singes (66 176), Strange Days (61 741)… La liste est interminable.
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Pour sa première semaine à l’échelle nationale, 2019, après la chute de New York est également à l’affiche d’un cinéma à Bordeaux, où il réalise 4 251 entrées pour une très belle 4e place. Il entre en 5e position à Grenoble, programmé dans 2 cinémas, avec 3 049 spectateurs. À Toulouse, c’est le 5e plus gros succès de la semaine au cinéma Les Variétés, où il séduit 3 218 spectateurs. À Marseille, il s’installe en 6e position dans 2 salles et est vu par 4 002 spectateurs.
La carrière provinciale du film se poursuit, d’abord par un élargissement à d’autres grandes villes de l’Hexagone, avant de passer aux villes moyennes, puis aux petites villes, où les copies abîmées finissaient leur course.
Devenu l’un des gros succès du cinéma bis des années 80, 2019, après la chute de New York connaîtra une très belle carrière en VHS, d’abord chez UGC Vidéo. Après plusieurs rééditions en vidéocassette, il ne parviendra curieusement pas à trouver un éditeur en DVD en France. En revanche, en 2025, il clôturera la collection Atomic de l’éditeur indépendant Pulse Vidéo, qui le proposera également en Ultra HD Blu-ray.
Une copie 4K très pertinente réalisée à partir d’un nouveau master issu du catalogue de StudioCanal, avec un excellent making-of compilant des interviews de plusieurs protagonistes du film, dont Martino, à différentes époques. On appréciera également de retrouver le film dans sa version VHS, une copie qui fait mal aux yeux, mais qui rappelle comment la cinéphilie de beaucoup a pu se faire à travers le temps.
© 1983 Nuova Dania Cinematografica – Medusa Distribuzione – Les Films du Griffon / Affiche : Renato Casaro. Tous droits réservés.
Sergio Martino, Michael Sopkiw, Valentine Monnier, Edmund Purdom, Hal Yamanouchi, George Eastman
1984, Cinéma bis italien, Cinéma d’exploitation italien, Cinéma italien, Cinéma post-apocalyptique, Post-nuke
Le gladiateur du futur, Blastfighter l’exécuteur, Les exterminateurs de l’an 3000, Atlantis Interceptor, Le camion de la mort, 2072, les mercenaires du futur, Cyborg, Furiosa : Mad Max, Conqueror (She), Les traqués de l’an 2000