Les exterminateurs de l’an 3000 : critique et test du blu-ray (1984)

Fantastique, Science-fiction, Action | 1h30min
Note de la rédaction :
5/10
5
Les exterminateurs de l'an 3000, l'affiche

  • Réalisateur : Giuliano Carnimeo
  • Acteurs : Luciano Pigozzi, Eduardo Fajardo, Venantino Venantini, Robert Iannucci, Alicia Moro, Goffredo Unger, Beryl Cunningham
  • Date de sortie: 18 Juil 1984
  • Nationalité : Italien, Espagnol
  • Titre original : Il giustiziere della strada
  • Année de production : 1983
  • Scénaristes : Elisa Briganti, Dardano Sacchetti, José Truchado
  • Directeur de la photographie : Alejandro Ulloa
  • Compositeur : Detto Mariano
  • Distributeur : Artedis
  • Editeur vidéo : Super Vidéo Productions (VHS) / Pulse Vidéo (DVD-Blu-ray)
  • Box-office Paris Périphérie 11 292 entrées
  • Festival : Film présenté en 1983 lors du 13e Festival international de Paris du Film fantastique et de Science-Fiction, au Rex
  • Crédit affiche : © 1983 21 Produzione Films - Globe Films / Illustrateur : Enzo Sciotti. Tous droits réservés.
Note des spectateurs :

Devenu culte auprès des amateurs de cinéma bis, Les exterminateurs de l’an 3000, par-delà ses inévitables maladresses, appartient plutôt aux bons ersatz de Mad Max 2. Le spectacle y est généreux en péripéties.

Synopsis : Un territoire immense, aride et dévasté par les guerres atomiques. Alien, un aventurier solitaire, est laissé pour mort après s’être fait voler son véhicule surarmé. Dans une grotte souterraine, une communauté de survivants essaie par tous les moyens de maintenir leurs plantes en vie. Ils manquent d’eau, la ressource devenue la plus rare dans ce monde désolé. Tommy, 10 ans et doté d’un bras biomécanique, se cache dans la citerne d’un convoi de volontaires à la recherche de réserves en eau. Une horde d’exterminateurs sanguinaires, menée par le cruel Crazy Bull, les massacre tous. Tommy est le seul rescapé.

Une énième copie de Mad Max 2

Critique : Le début des années 80 est marqué par l’essor d’un sous-genre du cinéma d’anticipation, à savoir le post-apo ou post-nuke. S’il existe déjà bon nombre de films traitant de l’apocalypse nucléaire au cours des années 60-70 (thématique liée à la guerre froide), le sous-genre explose véritablement au début des années 80 à cause de la sortie de Mad Max 2 (Miller, 1982) qui pousse tous les curseurs de la violence et de l’action dans le rouge (sang forcément).

Dès lors, les producteurs italiens se sont jetés sur l’occasion pour tourner à moindre frais des ersatz plus ou moins bien achalandés. Les productions les plus cossues ont pu profiter d’un tournage aux Etats-Unis, d’autres comme Carnimeo pour ses Exterminateurs de l’an 3000 se sont contentés du désert d’Almeria, tandis que les plus malchanceux ont exploité toutes les ressources offertes par de vieilles carrières romaines.

Un spectacle kitsch, mais pas trop…

A chaque film, les scénaristes copient allègrement le script déjà minimal du film australien avec Mel Gibson, en ajoutant quelques petites variantes plus ou moins inspirées. Ici, le script est une pure photocopie de celui de Mad Max 2, mis à part que la quête de pétrole a été remplacée par celle de l’eau. Il ne faut donc surtout pas chercher la moindre trace d’originalité dans ce pur produit de consommation bas de gamme.

Toutefois, dans un genre particulièrement désargenté, il faut bien avouer que Les exterminateurs de l’an 3000 est loin d’être le plus mauvais bougre. Effectivement, le cinéaste a pu compter sur la magnificence des décors naturels espagnols d’Almeria pour habiller ses images. Les costumes ne sont pas trop ridicules et les véhicules customisés jouent la carte du minimalisme, évitant ainsi de peu l’accusation de kitsch.

Du bis généreux en action et jamais ennuyeux

Bien évidemment, les esprits chagrins et les cyniques ne verront dans ce long-métrage qu’une tentative maladroite de surfer sur un genre à la mode, mais les amateurs de ce cinéma populaire pourront signaler que la réalisation de Carnimeo est plutôt correcte, notamment dans ses séquences d’action, bien balancées et montées. Le réalisateur a bien conscience de ne pas signer le film du siècle, mais il semble s’être appliqué pour offrir au spectateur ce qu’il attend, dans les limites de son maigre budget.

Rythmée, l’aventure proposée est certes pleine d’invraisemblances (mais c’est la loi du genre) et de facilités narratives, mais elle se suit avec un réel plaisir grâce à un nombre conséquent de séquences d’action efficaces, mais aussi à des acteurs plutôt corrects dans l’ensemble (attention toutefois à éviter l’atroce doublage français qui fait plonger le film dans le Z). Bien entendu, Robert Iannucci n’a qu’une seule expression à son actif, mais il n’est pas trop transparent à l’écran. Face à lui, on trouve une Alicia Moro plutôt convaincante, ainsi que quelques vieilles gloires du western spaghetti qui assurent le job :  Luciano Pigozzi, Eduardo Fajardo et  Venantino Venantini sont des acteurs solides sur qui on peut toujours compter.

Un western déguisé en post-apo

D’ailleurs, Les exterminateurs de l’an 3000 bénéficie encore du savoir-faire de Giuliano Carnimeo qui a tourné une grosse dizaine de westerns dans les années 70. C’est sans aucun doute cette appétence à filmer les grands espaces qui explique la qualité générale d’un film décidément sympathique, par-delà ses limites budgétaires. On notera aussi la présence d’une musique synthétique correcte de Detto Mariano qui délivre un thème agréable, même si ses déclinaisons sont parfois bis.

Adulé par certains, moqué par beaucoup, Les exterminateurs de l’an 3000 est surtout le témoin d’une industrie cinématographique qui tentait de fourbir ses dernières armes pour égaler le cinéma américain, sans jamais y parvenir. Cet opus est loin d’être le plus déshonorant du genre, sans pour autant être un indispensable.

Le test du combo DVD / Blu-ray

Atomic Cyborg et Les extrerminateurs de l'an 3000

© 2020 Pulse Vidéo. Tous droits réservés.

Compléments & packaging : 3 / 5

Né grâce à une campagne de crowdfunding, le combo DVD / Blu-ray édité par Pulse Video se présente dans un boîtier bleu classique, sans livret. Au niveau des suppléments vidéo, on dispose tout d’abord d’un commentaire audio intitulé « commentaires odieux ». Ce dernier a été enregistré par les compères de la chaîne YouTube Terrain Z qui ont l’habitude de se moquer des films durant leur projection. Certains déconneurs trouveront l’initiative fort drôle, mais nous n’avons pas été sensibles à ce bonus qui ne nous apporte strictement rien, à part des moqueries bas du front à propos d’un film certes perfectible, mais pas si ridicule que cela.

On préfère largement la possibilité offerte de redécouvrir le film en version VHS, histoire de mieux comprendre pourquoi on considérait alors ces films comme de purs navets, tant les images recadrées, les couleurs baveuses et le doublage pourri dénaturaient le produit d’origine.

Ensuite, le spectateur amoureux des années 80 sera ravi de pouvoir visionner plus de 36 minutes de bandes-annonces – pour la plupart remasterisées – issues du courant post-nuke. Outre les classiques que sont Les guerriers du Bronx 1 et 2, Les nouveaux barbares, 2019 après la chute de New York ou Les rats de Manhattan, le spectateur pourra aussi découvrir les bandes-annonces des Prédateurs du futur de Deodato, de Metalstorm de Charles Band ou encore celle de Terminus avec Johnny Hallyday. Il s’agit là d’un beau cadeau.

Enfin, on aime l’entretien avec Claude Gaillard qui revient en détail durant 10 minutes sur l’aventure de son livre Retour vers les futurs et notamment ses déboires avec les éditeurs. On termine ce tour d’horizon par un court-métrage de 9min non visionné et une galerie de photographies d’exploitation d’époque.

L’image du blu-ray : 4 / 5

Bien entendu, on ne peut attendre ici un rendu exceptionnel, mais la restauration est tout de même de bonne tenue, avec une colorimétrie soignée, un piqué relativement précis (même si on pouvait espérer un peu mieux), mais surtout une parfaite fluidité et une image dépouillée de toute poussière parasite ou de toute brûlure. Bref, il ne s’agit pas de la plus belle copie blu-ray du monde, mais le film y gagne très largement. Il suffit de visionner le mode VHS pour comprendre le saut qualitatif.

Le son du blu-ray : 3 / 5

Les deux pistes son (anglaise et française) ont le droit à un mixage LPCM Audio 2.0 mono. Vous avez deux options possibles selon votre envie du moment : soit regarder le film pour ce qu’il est réellement et profiter du mixage en anglais, plutôt de bonne tenue et assez équilibré, soit préférer déconner avec des potes et auquel cas la version française vous propulsera dans le Z absolu. C’est évidemment parfois très drôle, mais il ne faut pas oublier que cela s’éloigne fortement de la volonté initiale des auteurs.

Pour les retardataires, il est toujours possible de commander les blu-ray en cliquant ici

Critique du film et test blu-ray :  Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 18 juillet 1984

Les exterminateurs de l'an 3000, l'affiche

© 1983 21 Produzione Films – Globe Films / Illustrateur : Enzo Sciotti. Tous droits réservés.

Box-office :

A une époque où le post-nuke, notamment italien, déversait sa médiocrité à raison d’un ou deux titres par mois, l’overdose était proche pour les spectateurs qui ne se sont pas précipités voir Les exterminateurs de l’an 3000. D’ailleurs le jour de sa sortie, le 18 juillet 1984, Le chevalier du monde perdu lui faisait une concurrence frontale, sur 15 écrans, avec un final parisien légèrement supérieur sur sa première semaine.

Si nous n’avons pas les chiffres français des Exterminateurs, qui ne doivent pas être faramineux, on reviendra rapidement sur la très courte exploitation sur Paris-Périphérie.

Les exterminateurs de l’an 3000 exterminés en 3 semaines !

A l’affiche de 15 cinémas sur Paris-Périphéries, nos exterminateurs du mercredi réalisent un score minable de  7 631 spectateurs. Aucun des cinémas le programmant ne dépasse les 1 000 tickets par salle. Au mieux, la Maxeville engendre sur les Grands Boulevards parisiens l’achat de 877 tickets. Dans l’enceinte de la capitale, le film bis était aussi programmé au George V, au Paramount Bastille/Galaxie/Montmartre, à la Fauvette, aux Images et au Convention St Charles.

En deuxième semaine, les choses sont claires, Les exterminateurs de l’an 3000 a perdu toutes ses salles sauf une, la Maxeville, évidemment, qui engendre quelques 822 spectateurs.

Pour sa 3e et ultime semaine de première exploitation, le film rempile à la Maxeville où il baisse à 431 spectateurs, mais obtient le secours d’un cinéma de quartier, le Gaîté Boulevard qui lui vaut un rebond providentiel de 2 408 spectateurs. Au total, il réalise pour cette 3e semaine apocalyptique 2 839 entrées, ce qui lui permet de se hisser au-dessus des 10 000 pèlerins.

Pour beaucoup de Français, Les exterminateurs est donc un film découvert en VHS, chez l’éditeur très B-movie, Super Vidéo Productions.

Frédéric Mignard

La VHS de Les Exterminateurs de l'an 3 000 chez Super Video Production

© 1983 21 Produzione Films – Globe Films / Illustrateur : Enzo Sciotti. Design VHS : Super Vidéo Productions (Sergio Gobbi) Tous droits réservés.

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Les exterminateurs de l'an 3000, l'affiche

Bande-annonce de Les exterminateurs de l'an 3000

Fantastique, Science-fiction, Action

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