Pot-pourri de tous les succès du début des années 80, Atlantis Interceptors est un faux post-nuke tout juste sauvé du naufrage total par une réalisation musclée de Ruggero Deodato. Mais où est passé le scénario ?
Synopsis : Sur une plate-forme pétrolière, une mission océanographique, dont le véritable but est de récupérer un sous-marin atomique russe, découvre une plaque en or, gravée de mystérieuses inscriptions.
Le retour de Deodato, le proscrit
Critique : Après l’énorme retentissement de son Cannibal Holocaust, Ruggero Deodato a éprouvé de réelles difficultés pour retrouver du travail, délaissé par les producteurs, effrayés par son seul nom. Le réalisateur doit également faire face à plusieurs procès et accusations quant aux conditions de tournage extrêmes d’un film qui a certes fait sa réputation, mais l’a condamné aux yeux de beaucoup au sein même de la profession. Aussi, lorsque le producteur Edmondo Amati lui propose de tourner un film d’aventures aux Philippines, Deodato ne se fait pas trop prier, même si le script qui lui est confié paraît peu satisfaisant.
Arrivé aux Philippines, Deodato constate la bonne tenue des infrastructures, mais l’absence de professionnels au sein des nouveaux studios mis en place par la famille Marcos. Le pays qui allait devenir un nouvel El Dorado pour les productions italiennes fauchées permet à Deodato d’obtenir des cascadeurs expérimentés, des décors impressionnants à bas coût et des paysages exotiques. Finalement, après des repérages peu convaincants, le cinéaste décide de revenir tourner sur place avec des comédiens chevronnés comme Christopher Connelly, Ivan Rassimov et George Hilton.
Un melting-pot d’influences mal agencé
Avec Atlantis Interceptors, Ruggero Deodato semble pris d’une étonnante frénésie puisqu’il mélange à peu près tous les thèmes à la mode dans un seul et même long métrage. Sorte de pot-pourri de tout ce qui se réalise alors en matière de cinéma populaire, ce pur concentré d’action puise son inspiration aussi bien dans le post-nuke que dans les aventures à la Indiana Jones, couplés à un hommage appuyé à Jules Verne et au Zombie de George A. Romero. Autant dire un mélange incohérent que les failles béantes du scénario ne parviennent jamais à faire oublier.
Visiblement en manque d’une intrigue valable, le réalisateur fait alors de son mieux pour en donner un maximum au spectateur. Et pour peu que l’on ne soit pas trop regardant sur la crédibilité de l’histoire contée, on peut prendre un certain plaisir devant cette œuvre à l’indéniable efficacité. Ne nous laissant jamais le temps de respirer, Deodato enchaîne avec une rage peu commune les séquences d’action : des fusillades dantesques – clairement inspirées des westerns et autres films de guerre américains – en passant par des cascades spectaculaires (en voiture, en moto, en bus ou encore en hélicoptère), il assure le spectacle durant une heure et demie qui passe finalement très vite.
Un scénario incohérent compensé par une action menée tambour battant
Certes, les esprits cartésiens diront à raison que le scénario est tout simplement incompréhensible, mais le soin apporté à la réalisation, aux images (beau travail de Roberto D’Ettorre Piazzoli) et à la partition très goblinesque des frères De Angelis finit par faire illusion avant que l’on réfléchisse au caractère improbable du résultat final. En réalité, on ne comprend jamais pourquoi les Atlantes ont été grimés comme des barbares issus de Mad Max 2, si ce n’est par un quelconque effet de mode. Enfin, signalons que la plupart des acteurs assurent dans des rôles pourtant pas toujours bien écrits. Seule la jolie Gioia Scola semble se demander ce qu’elle vient faire là.
Sorti chez nous au cinéma en 1986, Atlantis Interceptors a surtout fait le bonheur des bisseux français par le biais de la cassette vidéo disponible sous le titre Les prédateurs du futur. Celle-ci semble d’ailleurs avoir été éditée en 1985, c’est-à-dire avant la sortie cinéma très tardive d’octobre 1986. Cette rareté mérite finalement une certaine indulgence au regard de la plupart des autres post-nuke, souvent aussi peu crédibles, mais généralement ennuyeux. On notera que le long-métrage vient d’être édité pour la première fois dans un combo DVD / Blu-ray chez Pulse Vidéo, avec l’ajout d’un entretien passionnant avec Ruggero Deodato et d’une série de bandes -annonces de ses films et d’autres post-nuke.
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 15 octobre 1986
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© 1983 StudioCanal – Regency Productions / Affiche : Renato Casaro. Tous droits réservés.