La quatrième dimension : la critique du film (1984)

Fantastique, Horreur, Science-fiction, Film à Sketches | 1h41min
Note de la rédaction :
6/10
6
La quatrième dimension, l'affiche

  • Réalisateur : George Miller Joe Dante Steven Spielberg John Landis
  • Acteurs : John Lithgow, Dan Aykroyd, Kevin McCarthy, Scatman Crothers, Burgess Meredith, Vic Morrow, Albert Brooks, Kathleen Quinlan
  • Date de sortie: 01 Fév 1984
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Twilight Zone : The Movie
  • Titres alternatifs : Unheimliche Schattenlichter (Allemagne) / En los límites de la realidad (Espagne) / No Limiar da Realidade (Portugal) / Strefa mroku (Pologne) / Al filo de la realidad (Mexique) / Ai confini della realtà (Italie) / No Limite da Realidade (Brésil)
  • Année de production : 1983
  • Scénariste(s) : John Landis, George Clayton Johnson, Richard Matheson, Melissa Mathison, Jerome Bixby, Robert Garland
  • Directeur de la photographie : Steven Larner, Allen Daviau, John Hora
  • Compositeur : Jerry Goldsmith
  • Société(s) de production : Warner Bros, Amblin Entertainment (non crédité)
  • Distributeur (1ère sortie) : Warner Columbia
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : Warner Home Vidéo (VHS) / Warner Bros. Entertainment France (DVD, 2007)
  • Date de sortie vidéo : 7 novembre 2007 (DVD)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 708 228 entrées / 207 978 entrées
  • Box-office nord-américain : 29,4 M$ (81,6 M$ au cours ajusté de 2021)
  • Budget : 10 M$ (27,7 M$ au cours ajusté de 2021)
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleurs / Son : Dolby Stéréo
  • Festivals et récompenses : Saturn Award 1984 : Prix du meilleur acteur dans un second rôle pour John Lithgow
  • Illustrateur / Création graphique : John Alvin
  • Crédits : Warner Bros.
  • Franchise : Adaptation au cinéma de la série télévisée La quatrième dimension.
Note des spectateurs :

La quatrième dimension est un film à sketches foncièrement inégal, mais qui demeure sympathique grâce à ses deux derniers segments, vraiment excellents.

Synopsis : Quatre épisodes de La quatrième dimension revisités par quatre grands cinéastes hollywoodiens : Un homme d’affaires raciste se retrouve poursuivi par des nazis dans la France occupée. Dans un hospice, un homme fait revivre leur enfance à des vieillards. Pour recréer un monde issu de son imagination, un jeune garçon utilise de mystérieux pouvoirs. Un homme fait d’étranges cauchemars quand il prend l’avion…

La jeune génération de Hollywood rend hommage à une série télé culte

Critique : Au début des années 80 émerge une jeune génération de cinéastes américains qui ont grandi avec la télévision et les séries comme La quatrième dimension, dont les 159 épisodes ont bouleversé des générations de téléspectateurs entre 1959 et 1964. Le programme culte initié par Rod Sterling est donc dans le viseur de John Landis et Steven Spielberg qui souhaitent tous les deux rendre hommage à la série à travers un long-métrage de cinéma. Pour mémoire, John Landis est désormais fort des succès de la comédie The Blues Brothers (1980) et du film d’horreur Le loup-garou de Londres (1981), tandis que Steven Spielberg est le nouveau roi de Hollywood depuis les triomphes des Dents de la mer (1975), Les aventuriers de l’arche perdue (1981) et surtout E.T. (1982).

Devenus des valeurs sûres au box-office mondial, les deux hommes peuvent initier les projets de leur choix et s’associent avec deux autres cinéastes du moment. Ainsi Joe Dante a connu le succès avec Piranhas (1978) et Hurlements (1981), tandis que l’Australien George Miller vient de bouleverser le monde entier avec Mad Max (1979) et Mad Max 2, le défi (1981). Si Steven Spielberg est clairement à la manœuvre par le biais de sa société Amblin Entertainment, le long-métrage est officiellement produit par le studio Warner. Toutefois, les différents réalisateurs ont tourné avec leurs équipes techniques habituelles, d’où l’aspect quelque peu hétérogène du résultat final sur le plan esthétique.

Le terrible accident intervenu lors du tournage et le décès de Vic Morrow

Si les astres semblaient parfaitement alignés pour faire de La quatrième dimension une œuvre récréative pour chacun des réalisateurs, un terrible drame est venu ternir l’ambiance générale. Effectivement, lors du tournage du segment de John Landis, la séquence qui se déroule lors de la guerre du Vietnam a été endeuillée par un accident d’hélicoptère à l’issue tragique. Alors que la scène est tournée de nuit, un pilote a perdu le contrôle de son hélicoptère qui s’est crashé directement sur l’acteur Vic Morrow et deux enfants qui tournaient la scène avec lui. Outre le choc généré par le drame, John Landis – en tant que réalisateur – et Steven Spielberg – en tant que coproducteur – ont dû faire face à de longues procédures judiciaires. Effectivement, les lois californiennes interdisent le tournage de nuit des enfants qui ne devaient donc pas se trouver sur le terrain lors de l’accident.

Ce drame humain atroce a non seulement écorné l’amitié entre John Landis et Steven Spielberg, mais également affecté le réalisateur George Miller qui a terminé le tournage de son segment, mais l’a ensuite abandonné à la production sans jeter un œil sur le résultat final. Cet accident a fait une publicité contre-productive envers ce film qui se voulait avant tout destiné à un jeune public.

Un prologue et deux premiers sketches décevants

Débutant par un prologue plutôt comique réalisé par John Landis, La quatrième dimension débute vraiment avec le segment mettant en scène un Vic Morrow raciste qui se retrouve plongé comme par magie dans des époques historiques marquées par une forte intolérance. Écrit par John Landis, le récit s’avère bien mené, mais sans doute trop explicite dans sa volonté de dénoncer le racisme à travers les âges (serait-ce une référence inconsciente à Intolérance de Griffith ?). Heureusement, le segment est porté par l’interprétation impliquée de Vic Morrow.

On enchaîne avec le segment réalisé par Steven Spielberg. Celui-ci s’inspire d’un ancien épisode de la série et son choix – bien que contestable – reste très cohérent avec le reste de sa filmographie. Effectivement, point de frissons à la clé pour cet épisode qui fait surtout appel au merveilleux. La référence évidente est ici le Peter Pan de J.M. Barrie que Spielberg retrouvera quelques temps plus tard avec Hook (1991). En effet, le réalisateur plonge dans une maison de retraite où les pensionnaires retrouvent leur jeunesse perdue le temps d’une nuit magique. Plombé par une certaine mièvrerie inhérente à un certain cinéma de Spielberg, le segment est de loin le moins intéressant du lot et semble s’adresser avant tout aux plus jeunes. La musique dégoulinante de Jerry Goldsmith semble même parodier les mélopées de John Williams.

Joe Dante ajoute un brin de folie à un ensemble sage

Arrivé à mi-parcours, le spectateur se dit que La quatrième dimension est bien mal partie. Heureusement, le troisième opus tourné par Joe Dante remet du baume au cœur et s’avère l’un des meilleurs du projet Tiré d’une nouvelle de Jérôme Bixby, le sketch est foisonnant par l’originalité de son histoire, la folie générale qui s’en dégage et son caractère d’étrangeté. Nous plongeons ici dans un univers enfantin proche du cartoon – ce qui rejoint les obsessions de Dante – mais où le réalisateur insiste sur l’aspect angoissant et terrifiant de l’enfance. C’est donc ce sketch qui embrasse davantage le film d’horreur, tout en interpellant un jeune public par l’univers cartoonesque mis en avant.

Après cette excellente surprise, le dernier segment reprend l’un des épisodes les plus célèbres de la série d’origine. George Miller s’amuse comme un petit fou dans cet avion où l’acteur John Lithgow en fait des tonnes en passager stressé. Entre humour et angoisse, le sketch est d’une belle efficacité et demeure un final très appréciable d’un long-métrage inégal, mais qui se termine mieux qu’il ne commence.

La quatrième dimension, un petit succès sans grande envergure par rapport aux attentes

Sorti aux États-Unis avec une énorme promotion, La quatrième dimension (1983) a certes généré 29,4 M$ (81,6 M$ au cours ajusté de 2021) pour un budget trois fois inférieur, sa 25ème place annuelle en fait une légère déception par rapport aux attentes des producteurs. Même le notoire Les dents de la mer 3, écrit également par Richard Matheson, accomplira des recettes supérieures (45M$). D’ailleurs, aucune suite n’a été envisagée. Un an auparavant, Warner avait fait quasiment amassé autant avec Creepshow (21M$), qui avait pourtant un potentiel moindre en raison de son caractère horrifique.

Une chute spectaculaire au box-office français

En France, le métrage a été présenté hors compétition au Festival d’Avoriaz 1984, en clôture, avant de sortir début février, alors que de nombreux films fantastiques étaient proposés en concurrence (Christine, L’Ascenseur, La foire des ténèbres, Brainstorm, Le jour d’après, Krull…). A Paris, La quatrième dimension entre à la première place lors de sa semaine d’investiture avec 116 003 spectateurs dans un parc de salles très large et une publicité monstre. Dès la semaine suivante, le film s’effondre, perdant de nombreux écrans et n’attirant plus que 52 785 curieux. A noter que le long-métrage se fait même doubler par la ressortie du classique de Hitchcock Fenêtre sur cour. La troisième semaine accueille encore 29 441 fans de séries télévisées à l’ancienne, mais le long-métrage s’écroule encore un peu plus les semaines suivantes et s’arrête finalement à 207 978 entrées dans la capitale et sa périphérie. De façon surréaliste, le métrage ne reste que 5 semaines à l’affiche sur la capitale, finissant sa carrière dans 3 cinémas, avec 3 355 spectateurs entrées. La bascule se fait à l’issue de la troisième semaine. L’hémorragie de spectateurs le voue à la disparition.

On récapitule. Sur Paris-périphérie, le destin de The Twilight Zone, the Movie, connaîtra une carrière exceptionnelle de par sa brièveté :

  • Semaine 1 : 118 003 entrées (38 cinémas, dont 20 en intra muros)
  • Semaine 2 : 52 785 (39 cinémas, dont 20 en intra muros)
  • Semaine 3 : 29 441 (25 cinémas, dont 15 en intra muros)
  • Semaine 4 : 6 394 entrées (5 cinémas, dont 4 en intra muros)
  • Semaine 5 : 3 355 entrées (3 cinémas en intra muros)

Un film un peu oublié et qui n’est pas encore édité en Blu-ray en France

Sur la France entière, La quatrième dimension entre en deuxième position derrière la comédie avec Francis Perrin Le joli cœur pour sa semaine d’investiture avec 318 463 jeunes dans les salles. On constate le même effondrement qu’à Paris pour la deuxième semaine avec 164 604 nouveaux tickets vendus. La troisième semaine confirme la chute inexorable avec 88 388 spectateurs de plus. La carrière du film s’achève avec 708 228 spectateurs au compteur, ce qui n’est pas mauvais pour une œuvre à caractère fantastique, mais démontre la déception du grand public après un démarrage qui augurait un score final plus élevé.

Le long-métrage sort en VHS chez Warner Home Vidéo avec un nouveau visuel plus horrifique, tandis que son exploitation en DVD a été peu intensive, loin de l’écho d’origine. On notera que le film n’existe toujours pas en Blu-ray sur le territoire français, ce qui est tout de même bien dommage pour un spectacle de cet envergure.

Une œuvre pourtant générationnelle

Néanmoins, l’influence de La quatrième dimension marquera la production de l’époque, avec de nombreuses séries surfant sur le phénomène médiatique. La cinquième dimension (The Twilight Zone ou The New Twilight Zone en version originale), diffusée sur feu La Cinq, en 1986, en est un exemple. Spielberg lui-même produira Histoires fantastiques (Amazing Stories) en 1985. Plusieurs segments constitueront un film distribué sur nos écrans, en 1987. Il passera inaperçu.

On notera l’arrivée d’une pléthore de productions jouant sur les dimensions parallèles. Disney sortira en France, en 1985, une production adolescente avec John Stockwell : Les aventuriers de la quatrième dimension (My Science Project, en V.O.).

De son passage à Avoriaz 84, l’année d’un très grand cru, aux librairies qui proposaient une novélisation du film par l’auteur de Psychose, Robert Bloch, basé sur le script de Richard Matheson, La quatrième dimension était du pain bénit pour les jeunes cinéphiles, lecteurs de L’écran Fantastique ou Starfix, ce dernier proposant même une belle couverture à ce film qui sera l’un des coups de cœur de l’année pour la rédaction.

 

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 1er février 1984

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La quatrième dimension, l'affiche

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