Cyborg : la critique du film (1989)

Action, Science-fiction | 1h26min
Note de la rédaction :
5/10
5
Cyborg avec Jean-Claude Van Damme par Melki

  • Réalisateur : Albert Pyun
  • Acteurs : Jean-Claude Van Damme, Dayle Haddon, Deborah Richter, Vincent Klyn
  • Date de sortie: 07 Juin 1989
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Cyborg
  • Titres alternatifs : Slinger (titre souhaité par Albert Pyun) / Cyborg: el guerrero (Mexique) / Helten (Danemark) / Cyborg: O Dragão do Futuro (Brésil)
  • Année de production : 1989
  • Scénariste(s) : Albert Pyun (sous le pseudonyme de Kitty Chalmers)
  • Directeur de la photographie : Philip Alan Waters
  • Compositeur : Kevin Bassinson
  • Société(s) de production / Producteurs : Cannon Entertainment, Golan-Globus Productions / Yoram Globus, Menahem Golan
  • Distributeur (1ère sortie) : Cannon France
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : Delta Vidéo (VHS, 1989) / MGM (DVD, 2000) / MGM - Lionheart - ESC Editions (collector DVD / blu-ray, 2020)
  • Date de sortie vidéo : 2 décembre 2020 (collector)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 279 121 entrées / 63 285 entrées
  • Box-office nord-américain : 10,1 M$
  • Budget : 500 000 $
  • Rentabilité : -
  • Classification : Interdit aux moins de 12 ans
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleurs / Son : Ultra Stéréo
  • Festivals et récompenses : -
  • Illustrateur / Création graphique : Melki (jaquette 2020)
  • Crédits : Metro-Goldwyn-Mayer
Note des spectateurs :

Réalisé en pleine période de faillite de la Cannon, Cyborg est un film post-apocalyptique fauché, mais à l’esthétique soignée, largement sous influence du western spaghetti. Sympathique.

Synopsis : Dévastée par l’anarchie sociale et la peste, l’Amérique du 21ème siècle est plongée dans un cauchemar barbare. Seul Pearl Prophet, une magnifique mi-humaine / mi-robot, a les connaissances nécessaires pour développer un vaccin. Mais Pearl est capturée par des pirates cannibales qui veulent garder l’antidote pour eux… et dominer la Terre ! Seuls les talents de combattant de Gibson Richenbaker peuvent la sauver. Et, avec elle, le reste de la civilisation.Blu-ray de Cyborg de Van Damme

Comment exploiter les préparatifs de deux films abandonnés ?

Critique : En 1987, la compagnie Cannon Films fait faillite et doit donc se résoudre à mettre un terme à de nombreux contrats, ainsi qu’à ses projets les plus ambitieux. Parmi eux, Les maîtres de l’univers 2 et Spider-Man – qui devaient initialement être tournés par Albert Pyun – sont stoppés net alors que plus de deux millions de dollars ont déjà été dépensés en accessoires et costumes. Afin de ne pas être totalement perdants, l’inénarrable duo Menahem Golan et Yoram Globus demandent à Albert Pyun de leur livrer à toute vitesse un script qui permettrait de réutiliser tous ces accessoires disparates dans une même série B. Ils ne dépensent donc que 500 000 dollars supplémentaires pour mettre en boîte ce Cyborg. Et quoi de mieux pour recycler tout ce dont dispose le studio qu’un bon vieux film post-apocalyptique dans la mouvance de Mad Max 2.

Cyborg, jaquette 2020

© 2020 Metro-Goldwyn-Mayer Pictures Inc. / © 2020 Lionheart – ESC Editions. / Conception graphique : Melki. Tous droits réservés.

Toutefois, la référence qui saute aux yeux lorsque l’on découvre Cyborg de nos jours n’est pas tant le métrage séminal de George Miller que toutes les déclinaisons ritales des années 80. Quand on est un producteur fauché, il suffit d’une carrière désolée, d’une usine désaffectée, de quelques véhicules customisés et d’un bric-à-brac d’objets hétéroclites et de vêtements disparates pour emballer un film de science-fiction bon marché.

Van Damme au pays du western rital

Prévu tout d’abord pour Chuck Norris, Cyborg est finalement confié au belge Jean-Claude Van Damme qui vient alors de remporter un joli succès avec Bloodsport (Newt Arnold, 1988). Toujours indécis face à une caméra, Van Damme livre une fois de plus une prestation moyenne – il s’améliorera nettement par la suite – notamment lors de flashback où il est affublé d’une chevelure improbable et hilarante.         .

Visiblement passionné par le western spaghetti, Albert Pyun truffe son film de références prestigieuses (on pense beaucoup à Il était une fois dans l’Ouest, mais aussi à Keoma lors de la séquence de crucifixion) mais se contente d’illustrer une intrigue rachitique dont on peine à comprendre les enjeux. Réduite à une simple affaire de vengeance personnelle, l’histoire n’est guère passionnante, même si le cinéaste la caviarde de références religieuses. L’amateur de film bis peut toutefois compter sur quelques séquences de combat sympathiques, tandis que le cinéaste soigne sa photographie tant bien que mal. Typique d’une esthétique clipesque des années 80, avec filtres bleutés, ventilateurs et des tonnes de vapeur pour cacher la misère des décors, Cyborg bénéficie d’un certain savoir-faire de la part du réalisateur.

Les films de la Cannon sur CinéDweller

Une réalisation clinquante qui fait son petit effet

Assez proche dans la magnificence de ses mouvements de caméra de l’esthétique développée par un Russell Mulcahy, Cyborg est donc magnifié par une réalisation inspirée et d’une belle efficacité. Certes, Pyun abuse parfois d’effets faciles (des ralentis, notamment), mais il emballe son produit du mieux qu’il le peut avec les moyens alloués.

Enfin, réservons notre dernière remarque à la bande originale de Kevin Bassinson qui se défoule sur son Bontempi avec une fougue confinant au délire. Si le résultat est clairement cheap, l’ensemble dégage un certain charme old school qui nous renvoie aux grandes heures de la musique synthétique des années 80.

Cyborg avec Jean-Claude Van Damme par Melki

© Laurent Melki 2019 (voir site officiel de l’artiste)

Un montage remanié par Van Damme

A la suite de projections test catastrophiques, Albert Pyun a été évincé de son propre film par Jean-Claude Van Damme qui s’est chargé de remonter l’intégralité du long-métrage, comme il l’avait déjà fait pour Bloodsport, afin de resserrer au maximum le métrage sur les combats. Comme l’atteste aujourd’hui la diffusion de la version Slinger de Pyun qui se donnait pour mission de rétablir la vision initiale du cinéaste, le travail de Van Damme est plutôt de qualité. Il a ainsi permis de donner du punch à des séquences qui étaient trop étirées et de donner une vague structure à une œuvre cryptique qui ne racontait pas grand-chose, confinant au trip arty sans grand intérêt.

Finalement, Cyborg a connu un petit succès aux Etats-Unis et a ensuite été largement rentabilisé grâce à l’essor du marché de la vidéo. Depuis quelques années, il fait l’objet d’un culte auprès des amateurs de bisserie. Si le film est loin d’être un chef-d’œuvre, il se place plutôt parmi les bons Van Damme, par la grâce d’une réalisation tape-à-l’œil qui compense en partie les faiblesses du script et du budget.

Cyborg, édition VHS, ESC Distribution

Edition VHS Collector ESC Editions. Tous Droits Réservés

Attention collector rarissime !

Le film est désormais disponible dans une magnifique édition DVD / Blu-ray limitée qui prend la forme d’une VHS. Outre d’imposants suppléments, dont le montage de Pyun, le blu-ray propose une image splendide, tandis que le coffret contient des goodies comme une affiche du film, des photographies d’exploitation, une bande dessinée d’époque et bien d’autres surprises qui en font un collector indispensable, mais très rapidement épuisé.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 7 juin 1989

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Le post-nuke sur CinéDweller

Affiche française de Cyborg d'Albert Pyun, avec Jean Claude Van Damme

© 2020 Metro-Goldwyn-Mayer Pictures Inc. Tous droits réservés.

Les films de la Cannon sur CinéDweller

Box-office :

Sorti le 7 juin 1989, Cyborg avec Jean-Claude Van Damme est le chant du cygne de la Cannon qui est sur le point de disparaître. Distribué par Cannon France (Pathé Europa), le film sera encore suivi par quelques films de ce genre par le distributeur à l’agonie (American Ninja 3, Le messager de la mort).

Cyborg fait suite à la sortie peu concluante de Kinjite avec Bronson, en avril 89. Le succès sera néanmoins au rendez-vous par rapport à son petit budget de 500 000$. 63 285 entrées sur Paname, dont la moitié en première semaine, il est vrai. Sur la France, la réalisation d’Albert Pyun (Campus 86) dynamite 271 000 spectateurs.  Il s’agit alors du 4e film de Van Damme a être distribué sur nos écrans et de son score le plus faible. D’ailleurs, il faudra attendre 1998 et Piège à Hong Kong pour voir la star belge faire aussi peu.

Le 7 juin, Cyborg affrontait sur Paris L’amour est un chien de l’enfer (5 écrans), La barbare, réalisation de Mireille Darc, la reprise de Dangereusement vôtre (présent dans 26 salles), Dead Bang de John Frankenheimer avec Don Johnson…

Cyborg dans les cinémas parisiens

Extrait du Pariscope, N° 1098

Pour sa première semaine, Cyborg figurait au George V, au Pathé Marignan / Wepler / Montparnasse, au Forum Horizon, Paramount Opéra, Gambetta, Mistral, Rex et à l’UGC Convention. 13 autres écrans en banlieue l’accueillaient pour son investiture. Après 30 609 entrées, le post-nuke glissait à 13 395 entrées.

En 3e semaine, le gadin se poursuit, avec un déclin évident dans sa programmation. Seuls 6 cinémas le proposaient encore en intra muros (le George V, la Fauvette, le Paramount Opéra, le Rex, le Pathé Montparnasse, les Images). La série B dépasse les 50 000 entrées grâce à 8 319 tickets supplémentaires.

La production Cannon trouve encore 7 écrans sur Paris-Périphérie en 4e semaine. Le Rex lui offre une clientèle robotique de 2 024 clients. Le George V et les Images lui jettent quelques miettes (6 312 entrées).

En 5e semaine, le Rex est l’unique cinéma parisien à le programmer encore, avec 2 petits cinémas de périphérie (1 393 spectateurs, les 60 000 entrées sont franchis).

Pour sa 6e et ultime semaine dans les cinémas parisiens, Cyborg trouvait dans 2 cinémas de quartier un semblant de rebond : 1 850 au Hollywood Boulevard et 1 407 au Paris Ciné.

La fin d’une époque.

Frédéric Mignard

Box-office de la semaine du 7 juin 1989

Extrait du Pariscope N°1100, Tous droits réservés.

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Cyborg avec Jean-Claude Van Damme par Melki

Bande-annonce de Cyborg (VF)

Action, Science-fiction

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