2072, les mercenaires du futur : la critique du film (1985)

Science-fiction, Action, Nanar | 1h34min
Note de la rédaction :
4,5/10
4,5

  • Réalisateur : Lucio Fulci
  • Acteurs : Hal Yamanouchi, Cinzia Monreale, Al Cliver, Fred Williamson, Claudio Cassinelli, Donald O’Brien, Howard Ross, Valeria Cavalli, Mario Novelli, Jared Martin, Eleonora Brigliadori, Cosimo Cinieri
  • Date de sortie: 21 Août 1985
  • Nationalité : Italien
  • Titre original : I guerrieri dell'anno 2072
  • Titres alternatifs : Les centurions de l'an 2001 (Québec) / Rome 2033 - The Fighter Centurions (UK) / Die Schlacht der Centurions (Allemagne) / Roma Año 2072 D.C. Los gladiadores (Espagne) / Os Gladiadores do Futuro (Portugal) / Wojownicy roku 2072 (Pologne) / El Torneo de la Muerte (Mexique)
  • Année de production : 1984
  • Scénariste(s) : Elisa Briganti, Cesare Frugoni, Lucio Fulci, Dardano Sacchetti
  • Directeur de la photographie : Giuseppe Pinori
  • Compositeur : Riz Ortolani
  • Société(s) de production : Regency Productions
  • Distributeur (1ère sortie) : Films Loye, Soredis Ste Regionale Distribution
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : Festival Edition (VHS, 1986) / Pulse Vidéo (DVD / Blu-ray, 2021)
  • Date de sortie vidéo : Juin 2021 (blu-ray)
  • Box-office Paris-périphérie : 3 175 entrées
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleurs / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : -
  • Illustrateur / Création graphique : Vanni Tealdi (affiche 1985)
  • Crédits : StudioCanal - Regency Productions
Note des spectateurs :

Véritable nanar kitsch, 2072, les mercenaires du futur délivre tout de même quelques bons moments au cœur d’une histoire assez délirante. On aime également sa dénonciation d’une certaine télévision poubelle. Un Lucio Fulci qui mérite une seconde chance grâce à une copie de bonne qualité.

Synopsis : Rome, 2072. La ville ne connait plus que violence et cruauté. Dans un monde en pleine décadence, les chaînes de télévision se livrent à une impitoyable course à l’audience. Pour Cortez, homme de télévision aguerri et prêt à toutes les compromissions, la recette du succès réside dans l’exploitation à outrance de la violence. La chaîne qu’il dirige est en fait sous la coupe de Junior, un ordinateur qui rêve de devenir le maître du monde. Pour distancer définitivement les chaînes concurrentes, Cortez invente un jeu cruel et violent qui se déroulera au sein d’une gigantesque arène : un combat de gladiateurs motorisés, dont les participants sont des détenus condamnés à mort…

Un patchwork de tous les derniers succès du moment

Critique : Lorsque les frères Amati lancent la production de 2072, les mercenaires du futur en 1983, ils s’appuient sur un traitement de Dardano Sacchetti et son épouse Elisa Briganti qui évoque des jeux du cirque se déroulant dans le futur. Le but des auteurs était à la fois de surfer sur un thème à la mode, tout en critiquant les dérives d’une certaine télévision, uniquement intéressée par les audiences et l’argent qu’elles génèrent. Toutefois, lorsque le réalisateur Lucio Fulci est envisagé et que le projet se monte enfin, la société de production des Amati connaît de grosses difficultés financières, ce qui réduit considérablement le budget initial. Il faut donc revoir le scénario afin de limiter au maximum les séquences spectaculaires.

2072, les mercenaires du futur, jaquette blu-ray

© 1983 StudioCanal -Regency Productions / © 2021 Pulse Vidéo. Tous droits réservés.

Sacchetti et Fulci décident donc d’inclure dans le script une sous-intrigue de giallo qui permet non seulement d’arriver à une durée acceptable, mais aussi de satisfaire leur goût commun pour les ambiances sombres. Tel quel, 2072, les mercenaires du futur (1984) se présente donc comme un rapiéçage de dernière minute qui entend profiter des derniers succès du moment pour obtenir de bons résultats au box-office. Véritable patchwork d’influences diverses, le long-métrage se présente initialement comme un post-nuke basique à la Mad Max (Miller, 1979) qu’on aurait couplé à Rollerball (1975) de Norman Jewison.

Quand le post-nuke déferle sur l’Italie

Toutefois, le film s’avère un pot-pourri bien plus déroutant puisque les images de la métropole tentaculaire font penser à Blade Runner (Scott, 1982), le pétage de plomb de l’ordinateur rappellant celui de H.A.L. 9000 dans 2001, l’odyssée de l’espace (Kubrick, 1968). Enfin, les éléments de l’intrigue directement issus du genre giallo évoquent nécessairement les œuvres de Dario Argento (L’oiseau au plumage de cristal, notamment). Enfin, les batailles à coups de rayons laser succombent à la mode initiée par La guerre des étoiles (1977) de George Lucas. Même la dénonciation des dérives violentes de la télévision fait furieusement penser au film français Le prix du danger (Boisset, 1983).

Il est donc inutile de chercher la moindre originalité dans ce patchwork kitsch qui s’inscrit pleinement dans un cinéma d’exploitation italien qui a vu dans le genre du post-nuke une opportunité de se renouveler à peu de frais. Pourtant, au cœur de cette production aussi profuse que déplorable, 2072, les mercenaires du futur (1984) est loin d’être le pire rejeton. Certes, l’intrigue est excessivement alambiquée et d’une crédibilité toute relative, mais le spectacle s’avère suffisamment rythmé pour ne pas vraiment ennuyer, contrairement à bon nombre de films similaires de l’époque.

Du pur cinéma bis, avec ses défauts et son charme

Alors oui, convenons immédiatement que le film est extrêmement fauché, que les maquettes qui représentent une grande métropole futuriste sont trop schématiques pour être défendables, que les costumes et les décors sont outrageusement kitsch. Pour autant, le réalisateur Lucio Fulci parvient à plusieurs reprises à s’affranchir de ces limites budgétaires pour signer quelques bonnes scènes. On aime par exemple toute la partie giallo où le goût du cinéaste pour l’horreur et l’œuvre d’Edgar Allan Poe rejaillit avec quelques fulgurances. La séquence gore avec le pendule est fort sympathique, tandis que le meurtre de l’épouse du héros nommé Drake est efficace. Lors de plusieurs séquences, le sens visuel de Fulci reprend le dessus et le réalisateur est capable de livrer quelques beaux plans de cinéma. Il est important pour cela de visionner le long-métrage en Blu-ray, car la VHS mise sur le marché était proprement catastrophique.

Si la qualité de la copie visionnée joue un rôle dans l’appréciation que l’on peut avoir du film, elle ne permet pas de relever le niveau de certains plans flous ou tout simplement mal éclairés. De même, l’excès d’effets stroboscopiques ou de lumières clignotantes peut légitimement irriter le spectateur moyen. Enfin, les cinéphiles trouveront les combats de gladiateurs bien fades par rapport à ce que nous vend l’histoire : loin d’être le spectacle du siècle vu par des millions de spectateurs, le film nous fait assister à une vague démonstration de cross sur motos customisées. La grande enceinte du Colisée n’est qu’un plateau de studio assez mal décoré et tout ceci tient donc de la supercherie la plus pure.

2072, les mercenaires du futur sur Kiss Kiss Bank Bank

projet Pulse Kiss Kiss Bank Bank © 1983 StudioCanal -Regency Productions / © 2021 Pulse Vidéo. Tous droits réservés.

Une ambiance années 80 plutôt séduisante

Toutefois, une fois ces considérations prises en compte, 2072, les mercenaires du futur, tout piteux et nanardesque qu’il est, possède une ambiance eighties séduisante pour qui aime le cinéma bis de cette époque. Ainsi, les acteurs s’avèrent plutôt convaincants, que ce soit les Américains Jared Martin (issu du soap Dallas) et Fred Williamson ou bien les Italiens Howard Ross, Al Cliver et Claudio Cassinelli. Même la présentatrice de télévision Eleonora Brigliadori s’en sort plutôt bien en héroïne dont le rôle n’est pas si éloigné du sien dans la vraie vie.

Certes totalement improbable et partant dans tous les sens, l’intrigue a le mérite de tenir le spectateur éveillé par son caractère assez imprévisible. Il faut ajouter à cela la présence d’une bande originale plutôt satisfaisante de Riz Ortolani, en mode Synth Wave. Les allergiques au synthétiseur bon marché risquent de hurler, mais les thèmes créés par Ortolani ont le mérite de l’efficacité.

Un film à redécouvrir dans une bonne copie chez Pulse Vidéo

Sorti dans l’indifférence la plus totale en Italie, puis en France, 2072, les mercenaires du futur est généralement considéré avec dédain, y compris par les fans de Lucio Fulci. Si nous n’en ferons clairement pas un jalon essentiel de sa filmographie et que nous ne nierons pas son classement dans la catégorie nanar, le long-métrage mérite en réalité une seconde chance par son aspect généreux en matière d’ambiances et la présence en son sein de quelques scènes vraiment réussies.

A noter que le film est désormais disponible en combo DVD / Blu-ray chez l’éditeur Pulse Vidéo, dans une copie globalement satisfaisante et qui permet d’effacer l’affront du visionnage de la VHS, tout bonnement déplorable.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 21 août 1985

Acheter le combo DVD / blu-ray sur le site de l’éditeur

2072, les mercenaires du futur, l'affiche

© 1983 StudioCanal -Regency Productions / Affiche : Vanni Tealdi. Tous droits réservés.

Biographies +

Lucio Fulci, Hal Yamanouchi, Cinzia Monreale, Al Cliver, Fred Williamson, Claudio Cassinelli, Donald O’Brien, Howard Ross, Valeria Cavalli, Mario Novelli, Jared Martin, Eleonora Brigliadori, Cosmo Cinieri

Box-office semaine du 21 août 2021

Fin de l’été 85. Très bis, truffé de productions de genre qu’affectionnent les cinémas de quartier. Le régal est total pour les adolescents et lecteurs de Mad Movies et Starfix alors porté sur le cinéma bis.

Le premier jour Paris-Périphérie

La sortie de 2072, les mercenaires du futur a lieu le 21 août. Alain Delon est la star de la semaine avec Parole de flic de José Pinheiro qui plastronne dans 56 cinémas. La star célèbre ce jour-là la sortie de son ultime vrai succès en salle. Triste à dire, mais douloureusement vrai. C’est un carton à 27 031 spectateurs pour le premier jour.

On retrouve ensuite dans 23 cinémas Amazonia la jungle blanche, film d’aventures sanglants, avec des narco-trafiquants et des cannibales, et c’est signé Ruggero Deodato, le réalisateur du mythique Cannibal Holocaust. Le premier jour est accablant sur la capitale, avec 2 250 nostalgiques de la grande ère du bis rital.

Dans 21 salles, Florent Pagny dans Blessure est inconnu du grand public. Il sort de quelques seconds rôles, notamment pour Les fauves de Jean-Louis Daniel, mais cette fois-ci, il porte le petit film noir sur ses épaules. Malgré une belle campagne d’affichage, c’est juste un désastre au démarrage pour la production indépendante, avec 684 bikers.

On passera vite sur l’anthologie de courts de Disney, Les chefs-d’œuvres de Walt Disney, vu par 1 134 spectateurs dans 18 cinémas. Plus intéressant est l’entame de Pierre Jolivet, de 1 468 pour sa première réalisation, Strictement personnel. Il n’était que sur 11 salles.

Quid de Lucio Fulci dans ce contexte ? 2072, les mercenaires du futur trouve tout de même 8 écrans alors que son précédent film, œuvre d’heroic fantasy barbare, Conquest, n’était même pas sorti dans nos salles. Le tout petit distributeur, Les Films Loye, associé par Soradis notamment pour la province, et avec l’aide des Films Jacques Leitienne, s’occupe de la sortie. Il délivre une belle affiche dans le style de Landi, mais peine à réaliser une belle promotion dans les médias papiers. Le film passe inaperçu et, à part pour les lecteurs du Pariscope ou de L’Officiel des Spectacles, il est bien difficile de savoir que cet ersatz de post-nuke était à l’affiche. Aussi, avec 295 gladiateurs, les arènes sont vides. Même Strangers Kiss, production Orion inconnue au bataillon, avec pour seul nom célèbre celui de Peter Coyote, fait mieux -659 entrées- avec 4 écrans en moins.

Top première semaine

Sur Paris, 2072, les mercenaires du futur est exploité sur 4 cinémas (la Maxéville, la Fauvette, Les Images et La Bastille). Il y récolte 1 936 fans hardcore du cinéaste italien. Si l’on ajoute les 1 239 spectateurs de la périphérie, on tombe à un score ahurissant de nullité : 3 175 entrées en première semaine sur 8 écrans. Il est immédiatement retiré de l’affiche, à l’issue d’une première semaine.

Que Fulci se rassure, les autres ont réalisé des scores poussifs dans l’ombre du grand Alain Delon, puisque l’on pouvait recenser 211 546 entrées pour Parole de flic, malgré une interdiction aux moins de 13 ans. Amazonia la jungle blanche entrait 5e sur Paris avec 20 131 entrées. Strictement personnel s’en sortait mieux avec 15 686 spectateurs dans 12 salles, suivi par la compil’ Disney (15 500/20 salles). 8 220 entrées pour Florent Pagny dans Blessure : l perdrait 19 écrans la semaine suivante en guise de punition fatale.

Blessure de Michel Gérard, affiche du film de Michel Gérard par Renato Casaro iche

Illustrateur : Renato Casaro © 1985 Ciné 84 Prod. – M.G. Productions – Rex Oreg. Tous droits réservés.

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Bande-annonce de 2072, les mercenaires du futur (VF)

Science-fiction, Action, Nanar

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