Appartenant à la catégorie des mauvais films sympathiques, Atomic Cyborg est certes un nanar, mais d’une redoutable efficacité et d’une belle générosité en matière d’action.
Synopsis : En 1997 au Nouveau-Mexique. Le professeur Mosley, l’un des plus importants dénonciateurs de la pollution atmosphérique, se bat pour empêcher la construction de nouvelles structures dans des quartiers surpeuplés. Turner, riche industriel, fait appel à des hommes de la pègre pour se débarrasser de lui. Mosley est placé sous la protection de la police, mais Paco Queruak, un cyborg dont les organes humains ont été remplacés à 70 % par de l’électronique après un accident, parvient à le blesser. Turner, furieux qu’il ait raté sa cible, ordonne d’éliminer Paco. Traqué, celui-ci retourne vers son pays natal, l’Arizona, et s’installe dans le motel de Linda…
De l’art du recyclage
Critique : Sur le déclin depuis le début des années 80, l’industrie cinématographique italienne ne produit plus que des ersatz des succès commerciaux américains, le tout vendu par une affiche aguicheuse. Ainsi, les sept scénaristes qui se sont relayés pour accoucher du script d’Atomic Cyborg (1986) se sont surtout arrangés pour compiler les idées des autres, et notamment de ce qui a fonctionné dernièrement au box-office mondial. Si la trame générale peut évidemment faire songer à Terminator (Cameron, 1984), il ne faut pas négliger d’autres emprunts très volontaires. Ainsi, toute la partie centrale se déroulant dans un coin perdu de l’Arizona ressemble furieusement à Over The Top – le bras de fer (Golan, 1987) alors en pleine production. On notera aussi la présence d’un personnage féminin cyborg entièrement calqué sur celui de Darryl Hannah dans Blade Runner (Scott, 1982).
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Dans cette grande foire au recyclage, Sergio Martino (sous le pseudo de Martin Dolman) n’oublie pas d’injecter une bonne dose de science-fiction post-nuke, avec des cités gangrenées par la criminalité et la pollution. Enfin, les quelques séquences finales avec des camions rappellent bien évidemment le Duel de Spielberg. Le cinéphile chercherait sans succès la moindre idée originale dans ce démarquage typique d’une époque où le respect des droits d’auteur n’était qu’une vague idée.
Ma main bionique dans ta face !
A cela, il faut ajouter des acteurs peu ou mal dirigés. Daniel Greene fait un gros bras parfaitement inexpressif – comme il est censé être un cyborg, on dira que son jeu minimaliste était intentionnel – tandis que George Eastman cabotine un maximum. La plupart des autres comédiens se contentent de réciter leurs pauvres dialogues sans réelle conviction, y compris John Saxon, d’ordinaire plus impliqué.
Mais contre toute attente, le résultat, certes piteux et foncièrement bis, n’est finalement pas si catastrophique grâce au savoir-faire d’un réalisateur soucieux de livrer un spectacle généreux en action. Si le script est évidemment aux abonnés absents, on remarquera une capacité à transcender certaines limites en jouant sur un rythme assez endiablé, notamment dans la dernière demi-heure, très efficace.
Des séquences d’action impressionnantes où la prise de risques fut maximale
Ainsi, la production, même chiche, a pu poser ses caméras dans les magnifiques paysages désertiques de l’Arizona, ce qui donne aussitôt un certain cachet aux images. Le réalisateur parvient à tourner des scènes d’action efficaces mettant en scène l’affrontement entre voitures, camions et hélicoptères. D’ailleurs, cette dangerosité qui se ressent à l’image fut malheureusement bien réelle. Ainsi, l’hélicoptère qui transportait l’acteur Claudio Cassinelli s’est crashé à la suite d’une erreur de pilotage, endeuillant un tournage sous haute tension. Le comédien, fidèle de Sergio Martino, est décédé à l’âge de 46 ans, en même temps que le pilote.
Au final, cette dernière partie du film relève l’ensemble et permet de faire d’Atomic Cyborg un film bis à la fois nanardesque dans ses développements improbables et sacrément sympathique dans son ensemble. D’ailleurs, le long-métrage fut un petit succès lors de sa sortie française, avec un cumul de 367 979 entrées sur l’ensemble du territoire. Il s’agissait là des derniers feux d’un certain cinéma d’exploitation italien, avant la crise du cinéma qui allait balayer définitivement ce type de productions de nos grands écrans.
Enfin, notons que le film vient de sortir en combo DVD / Blu-ray par souscription chez l’éditeur Pulse Vidéo dans une copie de bonne tenue et agrémentée d’un long entretien d’une heure avec le réalisateur Sergio Martino. Une belle acquisition pour tous les bisseux.
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Critique du film : Virgile Dumez