The Flash enterre un peu plus le genre super héroïque par son aspect parodique et son intrigue inutile, seulement sauvés par quelques séquences habiles et émouvantes.
Synopsis : Le super-héros Flash, Barry Allen à la ville, voyage dans le temps pour empêcher le meurtre de sa mère Nora. Mais il cause involontairement des changements qui ont pour conséquence la création d’un univers alternatif. Il se retrouve alors coincé dans ce nouvel univers dépourvu de méta-humains et dans lequel le Général Zod menace le sort de l’humanité.
The Flash, un projet de longue Allen
Critique : Le projet de film autour du personnage de Barry Allen alias The Flash constitue une véritable arlésienne puisque les premières mentions d’une telle volonté remontent carrément au début des années 80. Pourtant, ce n’est véritablement qu’en 2004 que le projet prend vraiment corps avec les premières tentatives et les premiers scripts commandés à des auteurs aussi prestigieux que David S. Goyer ou encore Zack Snyder. Il faut encore attendre dix ans et 2014 pour que l’idée ressorte du placard où elle dormait.
Dès lors, il s’agit d’intégrer le film à l’univers cinématographique DC et c’est donc l’acteur Ezra Miller qui est choisi pour incarner le personnage à l’écran. Pourtant, le film solo n’arrive toujours pas et Ezra Miller apparait dans les films collectifs Batman v Superman : L’Aube de la justice (Snyder, 2016), Suicide Squad (Ayer, 2016) et surtout Justice League (Snyder, 2017).
Malgré les résultats en demi-teinte de ces dernières œuvres, le long-métrage est confié aux scénaristes Phil Lord et Chris Miller – qui vont recycler une partie de leurs idées pour le script de Spider-Man : Across the Spider-Verse (2023), d’où des ressemblances troublantes entre les deux intrigues. Après plusieurs changements de personnel, c’est donc finalement Andy Muschietti (Ça) qui hérite du boulet et qui, avec sa scénariste Christina Hodson, va s’attaquer à un arc narratif très prisé des fans du comics, à savoir Flashpoint, pourtant déjà adapté dans la saison 3 de la série télévisée.
Une sortie impactée par les affaires entourant Ezra Miller
Après bien des vicissitudes, dont la pandémie de la Covid-19, le tournage a finalement pu avoir lieu à partir d’avril 2021. Malheureusement, la sortie du long-métrage a encore été repoussée, d’abord de juin 2022 à novembre 2022. Puis c’est la date de juin 2023 qui a été retenue, le temps de gérer les polémiques entourant l’acteur Ezra Miller, empêtré dans plusieurs affaires judiciaires lié à des cambriolages et diverses violences envers des femmes. Il fallait pour le studio organiser sa communication, si bien que la promotion du film est essentiellement centrée sur les personnages de Batman et de Supergirl, effaçant en quelque sorte l’acteur problématique des radars.
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Ezra Miller et Sasha Calle dans The Flash (2023) – Photo Credit: Courtesy of Warner Bros. Pictures/™ & © DC Comics
Pire, dès sa promotion, un bad buzz entoure The Flash qui serait un ratage grandeur nature. Si nous ne serons pas aussi sévères, il est certain que le film est loin d’être une réussite. Cela commence d’ailleurs très mal avec l’intervention de Flash pour sauver un hôpital menaçant de s’écrouler. La séquence qui devait en mettre plein la vue est non seulement parfaitement ridicule, mais elle pâtit aussi d’effets spéciaux complètement foireux (un comble pour un budget qui semble dépasser les 200 millions de dollars). Visiblement fier de sa bonne plaisanterie, le réalisateur Andy Muschietti ose la reprendre dans le générique de fin en poussant son aspect cartoonesque au maximum. Catastrophique certes, mais on doit avouer que la séquence nous as fait mourir de rire par son absurdité et son aspect de série Z.
Un script qui tient du pur prétexte
La suite du film est tout de même un peu plus tenue et entre dans le rang des productions super héroïques habituelles. Le script use et abuse encore des possibilités offertes par le multivers, tout en se référant explicitement à l’intrigue de Retour vers le futur (Zemeckis, 1985). Sauf que rien ne tient debout et que le comportement du personnage principal est absurde puisqu’il modifie sciemment le cours du temps, alors même qu’il déclare ne pas devoir intervenir dans le continuum temporel.
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Par la suite s’ouvre donc une brèche qui permet aux auteurs de nous proposer deux Flash concomitants (donc deux fois plus d’Ezra Miller en mode cabotinage intensif) et surtout de se lancer à corps perdu dans un fan service basique, fondé sur la nostalgie des films passés. Ainsi, la plupart des anciens interprètes de Batman sont appelés à la rescousse dont Ben Affleck et surtout Michael Keaton qui endosse plus de trente ans après le costume du héros masqué avec toujours beaucoup de prestance. Le spectateur aura également le droit à des apparitions clins d’œil des autres membres de la Justice League, ainsi qu’à une version latina de Supergirl – la fade Sasha Calle dont le personnage soi-disant invincible est expédié de manière assez lamentable. Et quant à réactiver la nostalgie, autant faire appel à des effets numériques pour convoquer à la fête Helen Slater (la Supergirl des années 80) et même le regretté Christopher Reeve.
The Flash ou le symbole de la fin d’un genre ?
Cette tendance à surfer entre parodie et nostalgie prouve en tout cas que le genre super héroïque est définitivement en bout de course après deux décennies entières de domination. Comme autrefois le western qui ne savait plus évoluer, le genre est en train de mourir de sa belle mort. D’ailleurs, The Flash peut apparaître comme une métaphore du chant du cygne du genre. Après tout, le héros ne tente-t-il pas de revenir sans cesse dans le passé pour pouvoir le réactiver, ce qui est finalement voué à l’échec ?
N’est-ce pas ce que l’industrie hollywoodienne propose depuis quelques années avec ses reboots sans fin et même son invention d’un multivers bien pratique sur le plan commercial, mais totalement vain sur le plan artistique. Le film pose la question de savoir s’il ne faut pas accepter la mort et la finitude de toute chose comme inéluctable – que ce soit la mère du héros au cœur d’une jolie séquence d’émotion ou le genre que le cinéaste aborde pour la première fois ici.
A force de tourner indéfiniment en boucle, le genre se condamne à ne plus rien proposer de neuf, si ce n’est du méta cinéma qui ne parle plus qu’à une petite frange d’initiés. Le spectateur lambda ne pourra donc rien attendre de plus de ce The Flash qui n’est pas pire que des ratages infames comme Morbius ou les deux Venom. Son côté volontairement parodique peut même le rendre vaguement sympathique, pour peu qu’on laisse son esprit critique de côté pendant deux heures et demie. Allez, on oublie et on passe à autre chose.
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 14 juin 2023
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Biographies +
Andy Muschietti, George Clooney, Jason Momoa, Temuera Morrison, Ben Affleck, Michael Keaton, Ron Livingston, Nicolas Cage, Jeremy Irons, Ezra Miller, Michael Shannon, Gal Gadot, Sasha Calle
Mots clés
Univers DC Comics, Films de super-héros, Les voyages dans le temps au cinéma