Robert Zemeckis est un artisan talentueux des années 80. On lui doit A la poursuite du diamant vert, la trilogie Retour vers le futur et Qui veut la peau de Roger Rabbit.
Né en 1951, Robert Zemeckis ne connaît le succès qu’après ses 33 ans. Dans les années 70, il achève des études de cinéma en Californie et rencontre Steven Spielberg. A l’instar de George Lucas et du réalisateur des Dents de la mer, il voue un culte pour les années 50-60 et c’est logiquement vers cette époque qu’il se dirige pour son premier film de cinéma, Crazy Day, dont Steven Spielberg devient producteur exécutif. Cette comédie autour de la Beatlesmania et le phénomène des groupies, ne sortira toutefois en France que sept ans plus tard après la révélation de l’auteur auprès du public français avec A la poursuite du diamant vert. Il en sera de même pour La grosse magouille qu’il a aussi écrit avec Bob Gale, éternel complice du cinéaste et co-scénariste de 1941 de Spielberg. Bon Gale sera aussi le cocréateur de Retour vers le futur, en 1985. Les deux compères sont allés à l’université ensemble. Crazy Day et La grosse magouille, tous deux distribués en France en 1985, passeront totalement inaperçus, malgré le soutien de Spielberg.
Robert Zemeckis s’offre la gloire pour ses 33 ans
En 1983, Zemeckis se place derrière la caméra d’un film qui va changer sa carrière. A la poursuite du diamant vert est un projet porté par le producteur (et star du film) Michael Douglas. La Fox distribue le film d’aventures, mettant également en scène Kathleen Turner en talons hauts dans la jungle, et Danny De Vito, en mars 1984 aux USA et en juillet de la même année en France. Le succès est éclatant : 74M$ et une 10e place annuelle devant le Splash de Touchstone/Disney d’un cinéaste qui lui ressemble beaucoup… Ron Howard. Avec 3 millions d’entrées dans l’Hexagone, la comédie agitée trouvera aussi sa place dans le Top 10 national annuel, battant même S.O.S Fantômes d‘Ivan Reitman pourtant sacré numéro 1 annuel aux USA.
Sur A la poursuite du diamant vert, Robert Zemeckis le fidèle trouvera en Alan Silvestri son compositeur attitré pour la suite de sa prestigieuse carrière.
Retour vers le futur, Qui veut la peau de Roger Rabbit… numéros 1 annuels
Durant une décennie où le cinéma américain s’éloigne des grandes thématiques sociales pour un divertissement de fantaisie, Robert Zemeckis est l’un des plus talentueux des clones de Steven Spielberg. Il officie au sein d’Amblin Entertainment – la société de Steven Spielberg – en 1985, avec son œuvre la plus emblématique, Retour vers le futur. La comédie adolescente sur fond de voyage temporel est littéralement un phénomène de société aux USA, puisque ce numéro 1 annuel encaisse 212M$, l’équivalent en 2022 de 530M$. Sans aucune star (Michael J. Fox débutait), mais avec de sérieux hits au top 40 (The Power of Love de Huey Lewis & the News, notamment), le film de S.F. achève sa carrière française à 3 457 000 entrées, en 4e place annuelle d’un box-office en crise.
Une trilogie bienaimée naîtra de ce succès, avec deux films que Robert Zemeckis enchaînera coup sur coup pour limiter le budget. Retour vers le futur 2 fera bien moins à Noël aux USA, en 1989 (118M$), et le troisième volet, calé sur une fenêtre estivale en 1990, sera carrément un échec, ne franchissant pas la barre des 100M$. En France, le second épisode marquera une certaine stabilité (2 992 497 entrées, 3e annuel), mais le troisième volet, aux allures de western, dégringole en 17e place annuelle avec 1 695 000 entrées. Désormais, Retour sur le futur restera un succès de vidéo-club, de télévision, et un gros coup de nostalgie pour les enfants des années 80, 90… Spielberg et Zemeckis n’y reviendront plus. Merci.
1988, l’année du dauphin, de l’ours et du lapin
Entre Retour vers le futur 2 et 3, Robert Zemeckis tourne le film le plus ambitieux de sa carrière. Qui veut la peau de Roger Rabbit? La comédie policière dans le monde des Toons est un phénomène de société et une révolution technologique qui démontre une fois de plus le talent de Bob Zemeckis dans le domaine généreux du divertissement débridé. Fruit d’une collaboration entre des studios ou partis cinématographiques historiquement ennemis, la production Disney et Amblin, permet au cinéaste de reprendre une première place annuelle aux USA avec 156M$ et une troisième place au classement de fin d’année de par chez nous où Roger Rabbit devient tout simplement le plus gros succès du cinéaste avec 5 890 854 entrées. Le lapin animé reste néanmoins derrière “l’ours” de J.J. Annaud et surtout derrière “le dauphin” de Luc Besson (Le Grand bleu trône avec 9 194 000 spectateurs cette année-là). Roger Rabbit, aux critiques exaltantes, est le triomphe d’une fin de décennie sous le signe d’un savoir-faire hollywoodien sans égal.
Zemeckis producteur, un premier vrai bide en tant que réalisateur
Devenu l’un des rois d’Hollywood, Robert Zemeckis fait désormais ce qu’il veut à Hollywood. Il s’amuse à produire des films au potentiel réduit, moins pour l’argent que pour le plaisir (L’oeil public d’Howard Franklin en 1992, avec Joe Pesci, deux épisodes cinématographiques des Contes de la crypte, Le Cavalier du diable, en 1995, et La reine des vampires en 1996, Fantômes contre fantômes de Peter Jackson en 1996, avec son petit protégé, Michael J. Fox…). A la réalisation, il prend son temps, avec désormais trois films en 10 ans. Si La mort lui va si bien avec Meryl Streep et Bruce Willis, comédie sur la chirurgie esthétique grotesque et “camp” est l’un des flops de l’été 1992 aux USA (58M$), l’international sauve les meubles (en France, la comédie grotesque se situe en 27e place annuelle avec 1 117 000 entrées).
Forrest Gump, un phénomène de société et un Oscar prestigieux
Zemeckis réagit bien et signe un nouveau phénomène cinématographique en 1994 avec Forrest Gump. Cette production à Oscars avec la star du moment, Tom Hanks en autiste, n’arrive qu’en 2e place annuelle aux USA à moins d’un million de dollars près, avec des recettes totales de 294M$ (contre 295M$ pour Le roi lion de Disney). Sur la durée, Forrest Gump, grâce à ses ressorties prendra toutefois le devant. Si l’on ajuste les recettes de l’époque au cours de la devise en 2022, le film aurait rapporté pas moins de 737M$ à sa sortie, se positionnant devant tous les Indiana Jones, Avengers, Jurassic World, Black Panther ou Grease. Avec 3 963 000 entrées, Tom Hanks flirte avec les 4 millions de tickets et achève l’année devant The Mask, en 5e place annuelle. Ces chiffres sont d’autant plus impressionnants que le film durait près de deux heures trente. L’Académie des Oscars est sous le charme est 6 statuettes couronnent ce raz-de-marée, dont Meilleur acteur, Meilleur Film, et Meilleur réalisateur pour son cinéaste enfin canonisé. Il est donc loin le temps des bidouillages de La grosse magouille.
En 1997, Robert Zemeckis s’inscrit dans une science-fiction adulte avec Contact. Jodie Foster, Matthew McConaughey, James Woods et John Hurt sont à la tête d’un casting de haute volée pour un film de 2h30 qui divise. Budgété à 90M$, le film se situe au-dessus des 100M$ au box-office nord-américain, avec une 13e place peu convaincante. Si l’on met de côté ses deux films des années 70, sortis en catimini en France en 1985, Contact sera le premier film de Robert Zemeckis à ne pas franchir la jauge du million d’entrées dans l’Hexagone. Dur.
Robert Zemeckis producteur aborde le nouveau millénaire en fondant, en 1999, avec Joel Silver, la société Dark Castle Entertainment, spécialisée dans l’horreur, puis l’action. On vous parle de cette société ici.
Apparences et Seul au monde, le retour au succès
En 2000, il sort deux long métrages consécutifs aux succès conséquents : Apparences est un thriller domestique avec Michelle Pfeiffer et Harrison Ford, deux stars du box-office, qui marque son époque. Sorti sous l’estampille Dreamworks, Apparences est 8e annuel aux USA (155M$, l’équivalent de 264M$ en 2022) et 25e en France où il assure quelques frayeurs auprès de 1 842 572 spectateurs (mieux que le Hollow Man de Paul Verhoeven, et presque autant que le premier X-Men). C’est tout simplement le 6e plus gros succès du cinéaste en France.
Quatre mois plus tard, Robert Zemeckis revient avec son dernier film “live” en dix ans, Seul au monde. L’événement insulaire, marque ses retrouvailles avec Tom Hanks, 7 ans après Forrest Gump, échoué sur une île. Le succès de ce Robinson Crusoé des temps modernes, est colossal : 1 972 000 entrées en France et 233M$ aux USA, soit l’équivalent en 2022 de 387M$. Il n’en sera pas pour autant nommé aux Oscars en 2001, alors que sa sortie à la fin de décembre 2000 était un appel du pied pour l’Académie. En tant que réalisateur, seul Forrest Gump lui vaudra pareille nomination. D’ailleurs, en 1995, il sera même couronné Meilleur réalisateur.
La parenthèse animée avec “la performance capture”
Alors qu’il n’a plus rien à prouver, Robert Zemeckis prend une direction inattendue en 2004 et se fait le spécialiste d’un cinéma d’animation révolutionnaire, celui de la “performance capture”. Face aux possibilités technologiques qu’offre le numérique, l’auteur embarque son pote Tom Hanks dont il capte tous les mouvements pour les retranscrire dans un personnage d’animation. Il embauche même son éternel directeur de la photographie (depuis Retour vers le futur 2, Don Burgess). Le résultat du Pôle Express est mitigé. Beaucoup crient au génie. D’autres restent peu convaincus face au regard vide des personnages. Le film de Noël de Warner, pour cette année 2004, ne fait vraiment pas l’unanimité en France, avec seulement 1 556 088 entrées, en quelque sorte un échec à notre échelle au vu de la promotion. En Amérique du Nord, en revanche, le soutien est total, avec 188M$ embarqués sur son train express pour la contrée du Père Noël (271M$ si l’on ajuste à l’inflation, en 2022).
En 2007, Zemeckis réitère ses velléités dans la “performance capture” avec La légende de Beowulf. Réalisé pour 150M$ de budget pour Paramount, Beowulf se soldera par un bide retentissant. 82M$ de recettes aux USA, 433 000 entrées en France, personne ne croit en ce conte épique et folklorique embarqué de surcroît dans une 3D qui pourtant était impressionnante. La critique sera plus que jamais très dubitative face au procédé technologique.
Deux opus avec Disney, dont le désastre Mums on Mars
Le cinéaste se risque une dernière fois dans l’animation en motion capture avec un conte de Noël cher aux Anglo-saxons, A Christmas Carol, d’après Dickens, devenu au cinéma en France Le drôle de Noël de Scrooge. Le blockbuster de saison jouit d’un budget colossal (200M$) et de la force de frappe de Walt Disney à la production, mais aussi de la 3D relief le même mois qu’Avatar, et de la présence de Jim Carrey travesti par le procédé technologique qui n’est pas sans rappeler celui du Grinch, autre comédie de Noël phénoménale aux USA. Malheureusement, le flop est au rendez-vous avec seulement 137M$ aux USA. A l’international, cette production étiquetée Disney de Noël permettra au film de se tirer d’affaire, mais le budget promotionnel étant conséquent, cette aventure sera peu intéressante pour la major.
En 2011, Robert Zemeckis producteur et Disney refont équipe pour produire un film d’animation en “performance capture” intitulé Mars Needs Mom (Milo sur Mars en VF). Cela sera le chant du cygne pour la technique controversée et Zemeckis devra enfin passer à autre chose. Le film de science-fiction de Simon Wells, au budget pharaonique de 150M$ comptera parmi les plus gros désastres de l’histoire du cinéma, avec des recettes de 21M$ aux USA et 39M$ si l’on compte l’international. Les Français le relègueront directement au marché de la vidéo. Tout le monde perd de l’argent dans cette aventure et Zemeckis, que l’on célèbre partout pour son Retour vers le futur, traverse une période un peu sombre.
Retour au cinéma adulte avec Flight
Il ressort de cette période un drame sur l’alcoolisme et la dépression avec Denzel Washington, qui démarre avec un impressionnant crash d’avion, le bien-nommé Flight. Malheureusement, le cinéaste de fantaisies ne se montre pas toujours à l’aise dans le drame à Oscars, même si parfois, il parvient à échapper à l’académisme. Avec 574 000 entrées en France et 93M$ aux USA, Flight est néanmoins une bonne affaire pour Paramount, puisque le budget initial n’est que de 31M$. Washington sera même nommé aux Oscars pour son rôle borderline. Robert Zemeckis est toujours dans le coup.
The Walk, un faux pas et une chute
En 2015, l’auteur s’associe à Sony Pictures pour un film à petit budget au casting sans prétention. The Walk – rêver plus haut, avec Joseph Gordon-Levitt (le futur Jiminy de son Pinocchio, en 2022), vend du vertige et un spectacle extra-large, puisqu’il suit l’avancée d’un funambule qui parcourt sur une corde, en 1974, le trajet aérien qui relie les deux tours du World Trade Center. Ce qui devait être un événement cinématographique est surtout un ratage narratif. Le bouche-à-oreille est catastrophique. Malgré la présence de quelques acteurs français, le biopic, lancé sur 463 cinémas, s’écrase au box-office français avec 137 000 curieux au total, dont l’essentiel en première semaine. Aux USA, la sortie limitée du film ne lui fait pas honneur puisqu’il ne glane in fine que 10M$. La Chine lui permettra de gonfler des recettes mondialement ternes, avec 13M$ dans cette partie de l’Asie.
Les films mineurs s’enchaînent
En 2016, Zemeckis revient à un budget conséquent avec le drame de guerre romanesque et glamour Alliés. Pour la première fois depuis A la poursuite du diamant vert et La mort vous va si bien, son film est bâti sur un casting de stars, en l’occurrence ici, un duo de toute beauté en la présence passionnelle de Brad Pitt et Marion Cotillard qui nourrira toutes les rumeurs (et tous les divorces !). Malheureusement, le cinéaste passe à côté du sujet et livre un film historique cucul et mou qui divise la critique. Les Américains restent distants (40M$). L’Australie (8.9M$) et la France (7.3M$) font de leur mieux pour amortir les coûts, aidés par l’Italie et le Royaume-Uni (5M$) chacun.
Un peu has-been, à l’approche des 70 ans, Robert Zemeckis ne se décourage pas pour autant et propose avec Bienvenue à Marwen une œuvre à l’imaginaire riche et adulte, sur fond de maladie mentale. Malheureusement, c’est un échec pour Universal, mais au moins un échec personnel attendrissant plutôt applaudi par la presse. La comédie dramatique, lunaire et décalée avec Steve Carrell, budgétée à 39M$, sera un mauvais moment à passer pour ses finances (13M$ de recettes mondiales, dont 80% aux USA). La France lui offrira son meilleur score international, avec 850 000$, l’équivalent de 133 000 spectateurs. C’est rien, mais au vu du néant de son exploitation mondiale, le cinéaste s’en contentera volontiers.
Dans les années 2020, Robert Zemeckis demeure actif. Il signe Sacrées sorcières d’après le roman de Roald Dahl. A l’image de l’adaptation de Nicolas Roeg, en 1990, le film connaît essentiellement une carrière de direct-to-video, sur bien des territoires comme la France et même aux USA où Warner le condamne à HBO Max. Le contexte sanitaire en 2020-2021, caractérisé par des confinements et des fermetures de salles, rend sa distribution chaotique. Cette production Alfonso Cuarón et Guillermo del Toro, avec Octavia Spencer et Anne Hathaway ne convaincra pas la presse.
En 2022, le cinéaste qui a tant travaillé avec Disney réitère sa collaboration avec l’adaptation en live-action de Pinocchio. Le choix est légitime de par la capacité du cinéaste à travailler la performance-capture et à diriger des comédiens dans ce contexte virtuel de fond vert. L’événement programmé pour Disney+, plateforme SVOD de la firme Disney, sera néanmoins un échec critique lourd, tout le monde s’accordant à dire qu’il s’agit de l’un des pires films de cet artisan du cinéma. Il y retrouvait pourtant pour la quatrième fois Tom Hanks, son acteur fétiche, ainsi que toute sa troupe de collaborateurs proches (Silvestri à la musique, Joanna Johnston aux costumes, Don Burgess à la photo…).
In fine, Zemeckis, moins bon que Spielberg, mais meilleur que Ron Howard
Considéré comme l’un des plus grands cinéastes par une génération amatrice de films à effets spéciaux et comme un usurpateur par les amoureux d’un cinéma aux thématiques plus sociales, comme celui des années 70, Robert Zemeckis tient une place à part dans l’histoire du cinéma, entre Steven Spielberg et Ron Howard. S’il a le talent et le sens du spectacle du premier, il n’en a pas sa capacité à se tourner vers les grands drames qui font d’un cinéaste un auteur total. Du second, il a le sens de la diversité et de l’efficacité dans le domaine du divertissement pas toujours personnel. Néanmoins, il reste très loin devant lui dans ses réussites extraordinaires au box-office mondial et sa capacité à allier vision de cinéma et technologie, ce qu’il partage avec Steven Spielberg.
Dans tous les cas, Robert Zemeckis est l’un des géants du 7e Art des années 1980-2010, un incontournable dont on refusera de diminuer le talent, même si beaucoup de ses films ne nous touchent pas personnellement.
Filmographie :
- 1978 : Crazy Day (I Wanna Hold Your Hand)
- 1980 : La Grosse Magouille (Used Cars)
- 1984 : À la poursuite du diamant vert (Romancing the Stone)
- 1985 : Retour vers le futur (Back to the Future)
- 1988 : Qui veut la peau de Roger Rabbit (Who framed Roger Rabbit)
- 1989 : Retour vers le futur 2 (Back to the Future Part II)
- 1990 : Retour vers le futur 3 (Back to the Future Part III)
- 1992 : La mort vous va si bien (Death Becomes Her)
- 1994 : Forrest Gump
- 1997 : Contact
- 2000 : Apparences (What Lies Beneath)
- 2000 : Seul au monde (Cast Away)
- 2004 : Le Pôle express (The Polar Express)
- 2007 : La Légende de Beowulf (Beowulf)
- 2009 : Le Drôle de Noël de Scrooge (A Christmas Carol)
- 2012 : Flight
- 2015 : The Walk : Rêver plus haut (The Walk)
- 2016 : Alliés (Allied)
- 2018 : Bienvenue à Marwen (Welcome to Marwen)
- 2020 : Sacrées Sorcières (The Witches)
- 2022 : Pinocchio