Après la déception d’une version salle assez illisible, la version director’s cut de Batman v. Superman l’aube de la justice, intitulée Ultimate, apporte un beau contrepoids au fiasco artistique de Suicide Squad, sorti la même année, redonnant espoir aux fans dans le futur des adaptation DC.
Synopsis : Craignant que Superman n’abuse de sa toute-puissance, le Chevalier noir décide de l’affronter : le monde a-t-il davantage besoin d’un super-héros aux pouvoirs sans limite ou d’un justicier à la force redoutable mais d’origine humaine ? Pendant ce temps-là, une terrible menace se profile à l’horizon…
2016 : Batman vs Superman, Suicide Squad : l’année où Warner a eu tout faux
Critique : La pilule de Will Smith en vilain dans Suicide Squad ne passe pas ? C’est normal, la version de David Ayer était un fiasco… C’était même officiellement le second four artistique de Warner DC Comics cette année, après l’assassinat en bonne et due forme par le public et la critique du Zack Snyder, confrontant Batman et Superman. Malgré tout, grâce aux attentes des fans, et à la pub, le blockbuster avait empoché plus de 800 millions de dollars dans le monde. On en espérait 400 à 500 millions de plus chez Warner qui fera le même tour de massacre au Justice League de Zack Snyder.
Illustration : Jim Lee (2015) TM & © DC Comics. © 2016 Warner Bros Inc. Tous droits réservés. / All rights reserved.
Batman v Superman trouve la rédemption en Ultimate
Batman v Superman a donc bénéficié d’une relecture Director’s Cut pour son édition vidéo, HD ou Ultra HD, avec une version plus longue de 30mn, incluant des scènes étendues ou supplémentaires, et un montage résolument plus violent, sans altérer l’essentiel, le ton résolument grave et désespéré. Miracle, cette fois la confrontation bancale entre les icones de DC avait enfin de la gueule.
Exit les craintes d’une résurrection humoristique, qui aurait lamentablement été imposée par la furie d’un studio las de voir les gamins de 10-13 ans éconduits des chemins universels des blockbusters à plus de 200M$ de budget. L’Homme Chauve-souris et l’Homme Extraordinaire, plus que jamais dans le nouveau montage, sont à mi-chemin, pour le premier, entre l’homme et le délinquant, et, pour le second, entre la figure divine et le criminel également.
Le héros de Métropolis, étant venu d’ailleurs, doit-il se soumettre aux lois humaines, et rendre des comptes sur ses sauvetages aériens qui coûtent beaucoup en dommages collatéraux, notamment en vies humaines (la réinterprétation alternative du final de Man of Steel, en guise de quasi introduction viscérale du film).
Zack Snyder impose une vision de maître
Zack Snyder n’est pas David Ayer, et le démontre en deux plans, trois images. Toujours plus épique, toujours plus visionnaire, son opposition entre les deux géants des DC Comics, écrase l’absence de point de vue artistique d’Ayer, qui n’avait pas l’audace du sombre, et la capacité intrinsèque de déchaîner la fureur du Mal. Ayer ratait en plus le coche de l’humour cool exalté par le Deadpool de Marvel.
Snyder, lui, s’impose une fois de plus comme une divinité au contrôle de la caméra qui ne voit qu’au-travers de perspectives extra cinématographiques, mais le Monsieur, toutefois loin derrière maître Christopher Nolan, pèche toujours par des scénarios débordants d’intentions qui éreintent le commun des spectateurs. La succession de scènes préfigurant les confrontations assassines entre les deux géants de Batman v Superman, dans sa version salle, rendait la lecture du film pénible. On le lui a reproché et le montage vidéo rectifie superbement le tir. Plus lisible, plus ample, plus humaine, le parti pris d’étirer les scènes les moins spectaculaires pour recadrer le discours à thèse fonctionne bien, dans l’intimité explosive du home cinéma, où la télécommande peut permettre des pauses salvatrices sur la durée phénoménale de 3h.
Un propos intelligent sur nos sociétés gangrenées par les médias de l’immédiateté
L’introspection de notre époque terroriste, dévastée et pessimiste, de l’auteur trouve toute sa cohérence… Le public, manipulé par des médias devenus torchons (le Daily Planet), et les démagos à la Trump-Lex Luthor, abhorre collectivement Superman en début de film pour finalement regretter ses actes d’héroïsme et d’abnégation en toute fin. Depuis la sortie du film, la France s’est paré de CNews et Zemmour y a fait son show. Cela rend la vision du film encore plus viscérale. L’image de manipulateurs qui cherchent des coupables à l’horreur dans les ethnies et non dans la folie humaine des endoctrinés, la mise en scène de l’immédiateté défouloir de la responsabilité politique, tout cela est au centre de Batman versus Superman l’aube de la justice. Le blockbuster, réalisé par un cinéaste qui a longtemps été vu comme réactionnaire, pose la question de la responsabilité avec le courage de la noirceur, dans une version XXL qui accentue les enjeux psychologiques, les affres du doute, et la folie de la quête acharnée d’une vengeance coûte que coûte. Le Chevalier Noir devient le premier aveugle en quête du coupable idéal lâchée à la foule et à ses émotions, Superman, donc… Il devra se raviser au vu des dangers plus grands que l’humanité va connaître…
La critique de The Batman
Tous les défauts du film de Zack Snyder ne disparaissent pas pour autant dans cette version alternative admirable, qui redore le blason du projet ambitieux initial. Les personnages secondaires, pourtant attrayants, sont encore dilapidés, et notamment la grande Holly Hunter, bref la Isabelle Huppert américaine, qui méritait de sauter autrement que d’une façon aussi premier degré, en cours de route. C’est d’autant plus préjudiciable que les actrices sont de bien meilleures atouts que les deux endives qui prêtent leur traits aux héros viriles. Ben Affleck et Henry Cavill n’ont pas le sens de la noirceur de leurs personnages. Ceci est confirmé par l’intrusion inespérée de Wonder Woman, Gal Gadot qui est la vraie révélation de ce film.
Batman v Superman l’aube de la justice est donc à revoir dans sa version Ultimate pour ce code de l’honneur et de la rédemption si cher aux canons de ce cinéma-là. Zack Snyder ne mérite pas une cour de justice pour ses efforts grandiloquents mais bel et bien une seconde chance.