Batman v Superman l’aube de la justice : la critique du film (2016)

Action, Film de super-héros | 2h33min / 3h23min (Ultimate edition)
Note de la rédaction :
7.5/10
7.5
Affiche cinéma de Batman v Superman l'aube de la justice

  • Réalisateur : Zack Snyder
  • Acteurs : Diane Lane, Jason Momoa, Kevin Costner, Ben Affleck, Jesse Eisenberg, Laurence Fishburne, Henry Cavill, Tao Okamoto, Scoot McNairy, Holly Hunter, Jena Malone, Jeremy Irons, Ezra Miller, Michael Shannon, Gal Gadot, Amy Adams, Joe Morton, Ray Fisher, Ahney Her
  • Date de sortie: 23 Mar 2016
  • Année de production : 2016
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Batman v Superman: Dawn of Justice
  • Titres alternatifs : Batman vs Superman: El origen de la justicia (Péruvien), Batman vs Superman: A Origem da Justiça (Brésilien), Batman v Super-Homem: O Despertar da Justiça (Portugais), Бэтмен против Супермена: На заре справедливости (Russe), Batman neged Superman: Shakhar ha'tzedek (Israëlien), Бетмен проти Супермена: На зорі справедливості (Ukrainien), Batman v Superman: Świt sprawiedliwości (Pologne), Batman vs. Superman: Zorii dreptății (Roumain), Batman v Superman: El origen de la justicia (Espagne)
  • Scénaristes : Chris Terrio, David S. Goyer
  • D'après des personnages crées par : Bob Kane, Bill Finger (pour Batman) / Jerry Siegel, Joe Shuster (pour Superman) / William Moulton Marston (pour Wonder Woman)
  • Directeur de la photographie : Larry Fong
  • Monteur : David Brenner
  • Compositeur : Junkie XL, Hans Zimmer
  • Producteurs / Producteurs exécutifs : Charles Roven, Deborah Snyder, coproduit par Curt Kanemoto, Jim Rowe, Gregor Wilson / Christopher Nolan, Steven Mnuchin, Benjmain Melniker, Michael E. Uslan, David Goyer, Wesley Coller
  • Sociétés de production : Warner Bros., Atlas Entertainment, DC Comics, DC Entertainment, Zak Prouctions, Cruel & Unusual Films, en assocation avec RatPac-Dune Entertainment
  • Distributeur : Warner Bros
  • Distributeur reprise :
  • Date de sortie reprise :
  • Editeur vidéo : Warner Bros. Entertainment France
  • Date de sortie vidéo : 2 août 2016 (Ultimate Edition), 23 juin 2021 (4K Ultra HD + Blu-ray Ultilmate Edition), 21 octobre 2020 (4K Ultra HD + Blu-ray - Édition boîtier SteelBook)
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 2 500 796 entrées / 717 957 entrées
  • Box-office nord américain / monde : 330 360 194$ / 873 637 528$
  • Budget : 250 000 000$
  • Rentabilité :
  • Classification : Tous publics avec avertissement : "Certaines scènes violentes sont susceptibles de heurter le jeune public" (CNC)
  • Formats : 2.39 : 1, 1.43 : 1 pour quelques scènes en Imax70mm, 1.90 : 1 pour quelques scènes en Imax 70mm / Couleur (4K, Dolby Vision, 3D, Imax, Imax 3D, Panavision, Panavision Super 70 / Dolby Atmos,12-Track Digital Sound, Dolby Surround 7.1, IMAX 6-Track
  • Festivals et récompenses : Academy of Science Fiction, Fantasy & Horror Films, USA (2 nominations aux Staurn Awards (2017), 7 nominations aux Kids' Choice Awards, USA (2017), mais aucune victoire, 8 nominations aux Razzie Awards dont 4 prix, 8 nominations aux Teen Choice Awards (2016), mais aucun prix.
  • Illustrateur / Création graphique : © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : TM & © DC Comics. © 2016 Warner Bros Inc. Tous droits réservés. / All rights reserved.
  • Franchise : Premier Batman avec Ben Affleck, deuxième Superman avec Henri Cavill
Note des spectateurs :

Après la déception d’une version salle assez illisible, la version director’s cut de Batman v. Superman l’aube de la justice, intitulée Ultimate, apporte un beau contrepoids au fiasco artistique de Suicide Squad, sorti la même année, redonnant espoir aux fans dans le futur des adaptation DC.

Synopsis : Craignant que Superman n’abuse de sa toute-puissance, le Chevalier noir décide de l’affronter : le monde a-t-il davantage besoin d’un super-héros aux pouvoirs sans limite ou d’un justicier à la force redoutable mais d’origine humaine ? Pendant ce temps-là, une terrible menace se profile à l’horizon…

2016 : Batman vs Superman, Suicide Squad : l’année où Warner a eu tout faux

Critique : La pilule de Will Smith en vilain dans Suicide Squad ne passe pas ? C’est normal, la version de David Ayer était un fiasco… C’était même officiellement le second four artistique de Warner DC Comics cette année, après l’assassinat en bonne et due forme par le public et la critique du Zack Snyder, confrontant Batman et Superman. Malgré tout, grâce aux attentes des fans, et à la pub, le blockbuster avait empoché plus de 800 millions de dollars dans le monde. On en espérait 400 à 500 millions de plus chez Warner qui fera le même tour de massacre au Justice League de Zack Snyder.

Steelbook collector 2020 de Batman v Superman l'aube de la justice, ultimate edition

Illustration : Jim Lee (2015) TM & © DC Comics. © 2016 Warner Bros Inc. Tous droits réservés. / All rights reserved.

Batman v Superman trouve la rédemption en Ultimate

Batman v Superman a donc bénéficié d’une relecture Director’s Cut pour son édition vidéo, HD ou Ultra HD, avec une version plus longue de 30mn, incluant des scènes étendues ou supplémentaires, et un montage résolument plus violent, sans altérer l’essentiel, le ton résolument grave et désespéré. Miracle, cette fois la confrontation bancale entre les icones de  DC avait enfin de la gueule.

Exit les craintes d’une résurrection humoristique, qui aurait lamentablement été imposée par la furie d’un studio las de voir les gamins de 10-13 ans éconduits des chemins universels des blockbusters à plus de 200M$ de budget. L’Homme Chauve-souris et l’Homme Extraordinaire, plus que jamais dans le nouveau montage, sont à mi-chemin, pour le premier, entre l’homme et le délinquant, et, pour le second, entre la figure divine et le criminel également.

Le héros de Métropolis, étant venu d’ailleurs, doit-il se soumettre aux lois humaines, et rendre des comptes sur ses sauvetages aériens qui coûtent beaucoup en dommages collatéraux, notamment en vies humaines (la réinterprétation alternative du final de Man of Steel, en guise de quasi introduction viscérale du film).

Zack Snyder impose une vision de maître

Zack Snyder n’est pas David Ayer, et le démontre en deux plans, trois images. Toujours plus épique, toujours plus visionnaire, son opposition entre les deux géants des DC Comics, écrase l’absence de point de vue artistique d’Ayer, qui n’avait pas l’audace du sombre, et la capacité intrinsèque de déchaîner la fureur du Mal. Ayer ratait en plus le coche de l’humour cool exalté par le Deadpool de Marvel.

Snyder, lui, s’impose une fois de plus comme une divinité au contrôle de la caméra qui ne voit qu’au-travers de perspectives extra cinématographiques, mais le Monsieur, toutefois loin derrière maître Christopher Nolan, pèche toujours par des scénarios débordants d’intentions qui éreintent le commun des spectateurs. La succession de scènes préfigurant les confrontations assassines entre les deux géants de Batman v Superman, dans sa version salle, rendait la lecture du film pénible. On le lui a reproché et le montage vidéo rectifie superbement le tir. Plus lisible, plus ample, plus humaine, le parti pris d’étirer les scènes les moins spectaculaires pour recadrer le discours à thèse fonctionne bien, dans l’intimité explosive du home cinéma, où la télécommande peut permettre des pauses salvatrices sur la durée phénoménale de 3h.

Batman v Superman l'aube de la justice, ultimate edition

TM & © DC Comics. © 2016 Warner Bros Inc. Tous droits réservés. / All rights reserved.

Un propos intelligent sur nos sociétés gangrenées par les médias de l’immédiateté

L’introspection de notre époque terroriste, dévastée et pessimiste, de l’auteur trouve toute sa cohérence… Le public, manipulé par des médias devenus torchons (le Daily Planet), et les démagos à la Trump-Lex Luthor, abhorre collectivement Superman en début de film pour finalement regretter ses actes d’héroïsme et d’abnégation en toute fin. Depuis la sortie du film, la France s’est paré de CNews et Zemmour y a fait son show. Cela rend la vision du film encore plus viscérale. L’image de manipulateurs qui cherchent des coupables à l’horreur dans les ethnies et non dans la folie humaine des endoctrinés, la mise en scène de l’immédiateté défouloir de la responsabilité politique, tout cela est au centre de Batman versus Superman l’aube de la justice. Le blockbuster, réalisé par un cinéaste qui a longtemps été vu comme réactionnaire, pose la question de la responsabilité avec le courage de la noirceur, dans une version XXL qui accentue les enjeux psychologiques, les affres du doute, et la folie de la quête acharnée d’une vengeance coûte que coûte. Le Chevalier Noir devient le premier aveugle en quête du coupable idéal lâchée à la foule et à ses émotions, Superman, donc… Il devra se raviser au vu des dangers plus grands que l’humanité va connaître…

La critique de The Batman

Tous les défauts du film de  Zack Snyder  ne disparaissent pas pour autant dans cette version alternative admirable, qui redore le blason du projet ambitieux initial. Les personnages secondaires, pourtant attrayants, sont encore dilapidés, et notamment la grande Holly Hunter, bref la Isabelle Huppert américaine, qui méritait de sauter autrement que d’une façon aussi premier degré, en cours de route. C’est d’autant plus préjudiciable que les actrices sont de bien meilleures atouts que les deux endives qui prêtent leur traits aux héros viriles. Ben Affleck et Henry Cavill n’ont pas le sens de la noirceur de leurs personnages. Ceci est confirmé par l’intrusion inespérée de Wonder Woman, Gal Gadot qui est la vraie révélation de ce film.

Batman v Superman l’aube de la justice est donc à revoir dans sa version Ultimate pour ce code de l’honneur et de la rédemption si cher aux canons de ce cinéma-là. Zack Snyder ne mérite pas une cour de justice pour ses efforts grandiloquents mais bel et bien une seconde chance.

Frédéric Mignard

Les films de super-héros sur CinéDweller

Sorties de la semaine du 23 mars 2016

Affiche cinéma de Batman v Superman l'aube de la justice

TM & © DC Comics. © 2016 Warner Bros Inc. Tous droits réservés. / All rights reserved.

Les films DC sur CinéDweller

Box-office :

Dans une France où les Avengers réunissaient plus 4 500 000 entrées en 2012 et près de 7 millions d’entrées en 2019, les 2 500 000 entrées de l’hypermarketé Batman v Superman en 2016 ont laissé un goût amer. La promo a coûté très cher à Warner qui avait déjà investi une fortune (le budget originel de 250 M$ était alors monumental).

Une sortie en fanfare mais sans projo de presse

Warner, honteux du résultat, avait senti venir la déception commerciale et s’était donc gardé de montrer le film à la presse pour ne pas rater la première semaine héroïque du tandem de super-héros des DC Comics.

Avec 1 251 205 entrées pour sa première semaine, qui succédait au Printemps du Cinéma, Batman v Superman peinait à éblouir. Il rappelait même les débuts de Man of Steel (1 054 552 entrées) qui avait péniblement fini sa carrière française  à 2 300 000 fans de Superman.

Logé dans 822 cinémas, les premiers chiffres de Batman v Superman met tout de suite le distributeur face à ses responsabilités. Pour son lancement, le premier Avengers avait fédéré 2 millions d’entrées, The Dark Knight Rises pour clôturer la trilogie mise en scène par Christopher Nolan, avait insufflé un souffle épique en salle (1 835 547 entrées pour sa semaine d’investiture)… La version Warner de Batman v Superman ne laissera guère d’enthousiasme.

Une première semaine loin des 2 millions d’entrées attendues

La hype était telle qu’un avis défavorable du public en première semaine aurait des conséquences assassines pour la seconde semaine. Et ce fut le cas. Même si Batman v Superman parvient à accomplir le 5e démarrage des 3 premiers mois de 2016, juste devant les 935 000 entrées de Pataya, le studio en attendait entre 1 600 000 et 2 millions. En  deuxième semaine, la chute est perceptible (525 704 entrées, soit une perte de 58% de sa fréquentation). Les vacances de Pâques atténuent le gadin en 3e semaine (-39%, mais seulement 320 000 entrées et un total peu sérieux de 2 097 000 fans hardcore des DC Comics). Toujours stable grâce aux vacances, le film de Snyder, perd 31% de sa fréquentation en 4e semaine (220 471). En 5e semaine, il plonge de 45% pour s’établir à 121 000 entrées dans 501 cinémas. Fin des vacances.

A ce moment, il est clair pour les exploitants que le film monstre est en rade, loin des triomphes de la version livre du Livre de la jungle (qui accomplit autant d’entrées en 15 jours). Le 27 avril, l’arrivée de Captain America Civil War mettra un terme à toute ambition : 44 079 spectateurs dans 280 cinémas, puis en 7e semaine 11 718 entrées… L’affrontement s’achèvera au bout de 9 semaines. Autant d’années de travail pour une carrière si brève…

Batman v Superman dans le monde

Aux USA, le film le plus attendu de l’année démarrait de façon incroyable (181M$ dans 4 242 cinémas), mais en 4e semaine, il se retrouvait amèrement sous la barre des 10 millions.

Après les USA, on retrouve le marché chinois (95M$, beau succès) et Britannique (seulement 53M$, toutefois). Le Brésil (37M$), le Mexique (36M$) et l’Australie (22M$) assurent comme ils peuvent. La France sera le 7e marché mondial  (21M$), malgré toutes les réserves énoncées ci-dessus.

L’Allemagne ne sera guère impressionnée ; l’Italie et l’Espagne en feront un vrai bide. Le Japon et la Corée du Sud aussi. Même en Russie (12M$), pourtant pas exigeant dans la qualité des blockbusters, ce fut vraiment décevant.

Avec un buzz beaucoup moins élevé, car le monde n’a pas été fan des deux premiers épisodes de Captain America, Civil War réussira de son côté à amasser 1 153 000 000$.

Quand les studios se trompent

Ne tirant aucune leçon du passé, Warner réitèrera l’erreur avec la Justice League, flop notoire sauvé, lui aussi, par un Snyder’s Cut. A l’arrivée, le studio sera plus clairvoyant avec The Batman, donnant les pleins pouvoirs à Matt Reeves pour un film aussi sombre qu’il le souhaitait. Et justement, ce fut une réussite.

Frédéric Mignard

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