Supergirl : la critique du film (1984)

Film de super-héros, Fantastique, Action, Aventures, Comédie | 2h04min
Note de la rédaction :
5/10
5
Supergirl (film 1984), affiche française

  • Réalisateur : Jeannot Szwarc
  • Acteurs : Faye Dunaway, Mia Farrow, Simon Ward, Peter O’Toole, Hart Bochner, Helen Slater, Brenda Vaccaro, Peter Cook, Marc McClure
  • Date de sortie: 17 Oct 1984
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Supergirl
  • Titres alternatifs : Superniña (Pérou) / Supergirl - La ragazza d'acciaio (Italie)
  • Année de production : 1984
  • Scénariste(s) : David Odell, d'après le personnage créé par Otto Binder et Al Plastino
  • Directeur de la photographie : Alan Hume
  • Compositeur : Jerry Goldsmith
  • Société(s) de production : Artistry Limited, Investors In Industry PLC, Major Studio Partners, Robert Fleming Leasing Limited, St. Michael Finance Limited, Warner Bros.
  • Distributeur (1ère sortie) : AMLF
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : Thorn Emi Vidéo (VHS, 1985) / Warner Home Vidéo (VHS, 1989) / UGC Vidéo (VHS) / Warner Bros (DVD, 2007)
  • Date de sortie vidéo : 10 octobre 2007 (DVD)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 255 200 entrées / 86 142 entrées
  • Box-office nord-américain : 14,2 M$ (36,7 M$ au cours ajusté en 2021)
  • Budget : 35 M$ (90,6 M$ au cours ajusté de 2021)
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.35 : 1 / Couleurs / Son : Dolby Stereo
  • Festivals et récompenses : 2 nominations aux Razzie Awards 1985 : Plus mauvais acteur pour Peter O'Toole ; Plus mauvaise actrice pour Faye Dunaway
  • Illustrateur / Création graphique : © Michel Jouin
  • Crédits (1984) : © 1984 DC Comics Inc, Columbia, St. Michael Finance Limited, Robert Fleming Leasing Limited. Tous droits réservés. All Rights Reserved.
Note des spectateurs :

Véritable accident industriel, Supergirl est une kitscherie fort sympathique grâce au jeu survolté de Faye Dunaway et un second degré salvateur.

Synopsis : Un jeune homme est ensorcelé par la sorcière Selena pour qu’il tombe amoureux d’elle au premier regard. Malheureusement, la première femme sur qui il pose les yeux est Supergirl. Arrivée accidentellement sur Terre, cette cousine de Superman déclenche la fureur de la sorcière…

Un spin-off de la saga Superman

Critique : Heureux producteur du tout premier Superman (Donner, 1978), Alexander Salkind a continué à exploiter la franchise DC Comics au début des années 80. Avec l’aide de son fils Ilya Salkind, il développe non seulement le personnage de Superman, mais acquiert également les droits d’exploitation de la cousine de l’extra-terrestre, à savoir Supergirl. Le but était déjà de créer un univers partagé où certains personnages d’une franchise se retrouvent dans une autre afin de créer des ponts entre les films.

Supergirl, jaquette dvd

© 2006 Warner Bros. Pictures. Tous droits réservés.

Il était ainsi initialement prévu que Christopher Reeve fasse une apparition dans Supergirl (Szwarc, 1984), mais celui-ci ne pourra finalement pas se rendre sur les lieux du tournage en Angleterre et il n’apparaît que sous la forme d’une photographie au mur de la chambre universitaire de l’héroïne. Par contre, les producteurs ont réussi à obtenir la participation de Marc McClure qui interprète le photographe Jimmy Olsen dans l’intégralité des épisodes de la célèbre franchise.

Des enjeux dramatiques très limités

Dans l’optique de développer une nouvelle franchise, les scénaristes et producteurs choisissent de raconter les origines du personnage à travers des séquences spatiales qui font écho à celles du premier Superman. On convoque pour cela plusieurs pointures comme Peter O’Toole, Mia Farrow ou encore Simon Ward qui sont chargés de donner du prestige à un film entièrement porté par une inconnue du grand public, à savoir la jeune Helen Slater. Ces séquences initiales indiquent rapidement l’option choisie par l’équipe artistique : les décors sont clinquants, pour ne pas dire outrageusement kitsch, de même que les costumes.

Parallèlement, la méchante sorcière terrestre incarnée avec gourmandise par Faye Dunaway est le pendant féminin du personnage de Lex Luthor (Gene Hackman dans le film de Richard Donner). En fait, l’intrigue semble calquée sur celle du film de 1978, mais dénuée du moindre enjeu véritablement sérieux. Ainsi, l’intégralité de l’histoire repose sur la jalousie éprouvée par une vieille sorcière en mode cougar envers la jeune héroïne, amoureuse d’un jardinier un peu benêt, mais beau gosse. Niveau enjeu dramatique, Supergirl n’est clairement pas au top.

Affiche américaine de Supergirl

© 1984 DC Comics, Columbia Tri Star

Faye Dunaway, délicieusement excessive en sorcière cougar

Pour autant, nous ne serons pas aussi catégoriques que les critiques de l’époque qui furent assassines. Effectivement, le réalisateur Jeannot Szwarc a bien conscience qu’il n’est pas en train de tourner un chef-d’œuvre du cinéma et en profite pour glisser un humour camp plutôt sympathique. La seule présence de Faye Dunaway – inoubliable Joan Crawford dans Maman très chère – garantit un grand moment d’humour décalé. L’actrice ose pousser une fois de plus le curseur du cabotinage au maximum et ses interventions s’avèrent toujours réjouissantes pour peu que l’on aime l’humour bitchy.

Si l’on ajoute à cela un certain nombre de gags efficaces et un ton volontairement léger, on peut apprécier Supergirl en tant que sucrerie inoffensive destinée uniquement à divertir par une bonne dose de second degré. N’oublions pas que le cœur de cible d’un tel film était clairement le public enfantin puisque l’on estimait à cette époque que les adultes ne s’intéresseraient jamais aux aventures de héros en collants.

Quelques rares scènes spectaculaires

Dans ce grand déballage de kitscherie, Supergirl propose tout de même quelques séquences spectaculaires, bien que rares, comme la destruction d’un centre-ville par un bulldozer possédé, ainsi qu’un combat entre Supergirl et un monstre géant. Toutefois, celui qui peut être considéré comme le boss de fin pâtit du même caractère vaporeux qui faisait déjà des ravages à la fin de Krull (Yates, 1983). Rétrospectivement, on a un peu de mal à comprendre la raison d’être de plans flous sur un monstre que l’on imagine pourtant très réussi.

Réalisé avec un certain sens de l’efficacité par Jeannot Szwarc (par ailleurs cinéaste des Dents de la mer 2ème partie), Supergirl bénéficie également d’une musique symphonique tonitruante de Jerry Goldsmith. Si l’on excepte le thème principal qui copie de manière trop évidente celui écrit par John Williams pour Superman, la bande originale est plutôt valeureuse et donne une certaine puissance aux images et aux effets spéciaux. On sera davantage réservé quant à la prestation de Helen Slater qui, malgré un entraînement intensif pour se muscler, n’a pas vraiment les épaules du rôle. Elle paraît en tout cas nettement en retrait par rapport à la grande Faye Dunaway qui écrase tous ses partenaires par son abattage.

Affiche espagnole de Supergirl

© 1984 DC Comics, Columbia Tri Star

Première tentative de mettre en avant un personnage féminin dans le genre super-héroïque, Supergirl n’est bien entendu pas un grand moment de cinéma, mais le métrage est loin d’être le pire de la saga. Ainsi, le pathétique Superman 4 (Furie, 1987) sera un naufrage artistique bien plus accablant, lié notamment à des conditions de production catastrophiques au sein de la firme Cannon.

Une sortie désastreuse aux Etats-Unis

Doté d’un gros budget de 35 millions de dollars (l’équivalent en 2021 de 90 millions de billets vert), Supergirl a été une sévère déception au box-office américain. Alors que Superman 3 (Lester, 1983) avait déjà connu une contre-performance, le spin-off est lâché par la Warner qui confie la distribution à la société Tri-Star. Il est alors décidé d’amputer le film de vingt minutes afin de le rendre plus efficace. Cela a abouti à un cuisant échec avec un gain de 14,2 millions sur le sol nord-américain. A l’international, le long-métrage est sorti dans sa version intégrale de plus de deux heures, mais l’échec nord-américain a été confirmé en France puisque Supergirl n’est entré qu’en septième position à Paris lors de sa semaine d’investiture (46 987 spectateurs) et il a fini sa carrière sur les écrans de P.P. au bout de quatre la laborieuses semaines, à l’issue desquels le blockbuster achèvera sa course parisienne à 86 142 adolescents. D’ailleurs, ce ne fut pas une major qui proposera le film en salle en France, mais le distributeur 100% français AMLF (devenu aujourd’hui Pathé) qui s’était essayé à le déployer dans l’Hexagone.

Sorti la même semaine que le rouleau compresseur de Christian Fechner Marche à l’ombre (Blanc, 1984), Supergirl ne faisait assurément pas le poids puisqu’il se destinait essentiellement à un public de jeunes filles. La date de sortie était positionnée afin de permettre au film de cartonner durant les vacances scolaires de la Toussaint, avec l’espoir de rester encore solide pendant les fêtes de Noël, mais Supergirl a été un tel échec qu’il n’a pas survécu au mois de novembre. En fin de parcours, l’héroïne était renvoyée au placard avec seulement 255 200 groupies dans son escarcelle. Autant dire une misère au vu du coût d’une telle production.

Depuis cette époque désormais lointaine, l’univers des super-héros est devenu dominant, à tel point qu’une série Supergirl a été créée avec succès entre 2015 et 2020, s’étalant sur six saisons et un total de 126 épisodes. Pour ceux qui ont connu la sortie du film des années 80, la super-héroïne restera toujours associée à un monument de kitsch sympathique.

Attention, une version Director’s cut du film de 138 minutes existe ; elle figure sur le double DVD collector zone 1 d’Anchor Bay, proposé en édition limitée au début des années 2000. Elle est exploitée par Warner à l’occasion d’un blu-ray deux disques, mais en SD, dans le cadre de la collection Warner Archive Collection, en 2018.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 17 octobre 1984

Voir le film en VOD

Supergirl (film 1984), affiche française

© 1984 DC Comics. Inc. Illustrateur : © Michel Jouin. Tous droits réservés.

Box-office :

Supergirl est sorti à Paris le 17 octobre 1984 dans 40 cinémas, si on inclus la périphérie. Marche à l’ombre en comprenait le même jour 52. La reprise de La corde d’Hitchcock était animée dans 19 cinémas par CIC. Aldo Maccione dans La Classe ne jouissait que de 11 salles. Jacques Rivette et son superbe L’amour par terre profitait via Gaumont de 7 écrans.

Pour son premier jour, Supergirl obtient une moyenne calamiteuse, avec 6 977 spectateurs contre 42 436 pour Marche à l’ombre. Aldo, lui, n’a plus la cote, avec 835 amateurs de comédies italiennes old-school. Assez bons démarrages en revanche pour L’amour par terre (1 744) et La corde (4 091) dans un contexte d’art et essai pour le premier et de reprise pour le second. Rivette reste toutefois en retrait par rapport au film de Resnais, L’amour à mort, sorti en un mois plus tôt par AAA, dans 10 cinémas (premier jour à 4 389).

Supergirl au box-office, un flop mondial

© 1984 DC Comics. Inc. Illustrateur : © Michel Jouin. Tous droits réservés.

Première semaine parisienne de Supergirl, chiffres, salles…

En première semaine, Supergirl agit auprès de 46 987 Parisiens et entre timidement en 7e place. La corde en réalise 36 240 avec 21 écrans de moins.

On pouvait trouver Supergirl en intra-muros dans les salles suivantes : le Paramount Mercury/Montparnasse/Orléans/Maillot/Galaxie/Montmartre/Opéra, le Rex, les UGC Ermitage/Convention/Montparnasse/Danton/Boulevard/Gare de Lyon/Gobelins, mais aussi au Quintette Pathé, au Convention St-Charles, Forum Cinémas, au Ciné Beaubourg, au 3 Murat, au 3 Sécrétan, aux Images.

Le blockbuster couvre tous les quartiers, avec parfois deux copies dans le même quartier. A part au Rex (5 508 spectateurs), les entrées par copie sont effroyables, avec de nombreux sites qui ne franchissent pas les 1 000 amateurs de super-héros par copie.

Pendant ce temps, le porno de la semaine, Les profondeurs du clitoris attirait 8 378 amateurs de plaisirs solitaires dans seulement 4 cinémas, avec une moyenne de plus de 2 000 spectateurs par écran. Cela fait mal.

Un accident industriel qui a marqué l’année 1984

La deuxième semaine de Supergirl est marquée par le début des vacances scolaires, mais aussi la sortie d’une compétition sous-marine avec la sortie de la romance fantastique de Splash chez Touchstone Pictures (c’est-à-dire Disney). Avec 37 écrans, Daryl Hannah et Tom Hanks convainquent 128 442 marins et la sirène s’installe en 3e place, derrière le nouveau Belmondo avec Sophie Marceau (Joyeuses Pâques) et évidemment, le numéro 1 phénoménal qu’est Marche à l’ombre.

Avec les maintiens de Greystoke, Les Ripoux ou Indiana Jones, il ne reste rien pour la super-héroïne qui glisse en 11e place, derrière La corde d’Alfred Hitchcock. Helen Slater, qui était venu en promo en France, a perdu 7 écrans et se retrouve à 28 309 spectateurs. AMLF en reste coi. Dans 19 cinémas en intra-muros, Supergirl n’a pu accéder aux mille spectateurs que dans quatre cinémas. Le désastre est absolu. Avec 75 296 entrées en 15 jours, sa carrière est quasi achevée.

Un vol qui finit dans le mur en 4 semaines

Perte de 23 cinémas en 3e semaine. La cousine de Superman est désormais agonisante au Paramount City, au Paramount Opéra, au Rex, à l’UGC Montparnasse et, en proche périphérie, au Carrefour Pantin. Le film accède alors, pour la fin des vacances scolaires, à 7 381 spectateurs à l’esprit de contradiction.

Pour son ultime semaine, la super production de Jeannot Szwarc garde ses 4 écrans intra-muros mais voit ses entrées fondre : 3 465 curieux qui veulent découvrir à quoi ressemble un flop super-héroïque. Avec un total de 86 142 amateurs de divertissement eighties, Supergirl est un cas d’école.

Frédéric Mignard

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Supergirl (film 1984), affiche française

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