Zack Snyder

Réalisateur, Scénariste, Producteur, Directeur de la photo
Zack Snyder sur le plateau de Army of the Dead

Personal Info

  • Nationalité : Américain
  • Date de naissance : 1er mars 1966, à Green Bay, Wisconsin (USA)
  • Crédits photos : Zack Snyder sur le plateau d'Army of the Dead Cr. CLAY ENOS/NETFLIX © 2021
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Biographie

Note des spectateurs :

Zack Snyder est un cinéaste révélé dans les années 2000 avec L’armée des morts. Une série d’échecs en fait un réalisateur maudit aux yeux de son public de fidèle. Il trouve un regain d’intérêt au début des années 2020 grâce à un director’s cut et l’amplification des réseaux sociaux.

Zack Snyder est un cinéaste du visuel, issu du clip vidéo, souvent considéré comme visionnaire, qui aura entièrement bâti sa carrière sur l’esthétique de l’image et son rapport au son et à la musique. Peu célébré pour ses scénarios et les personnages de ses films que l’on ne pourrait pas qualifier de fins et subtils, il divise la critique entre ses fulgurances techniques et la médiocrité psychologique de ses œuvres.

L'armée des morts (2004), afiche du remake de Zombie

Fabrication affiche française : Troïka

Zack Snyder est révélé en 2004 avec L’armée des morts. Le film surfe sur le revival des films de morts-vivants, après les succès de Resident Evil de Paul W.S. Anderson et 28 jours plus tard de Danny Boyle en 2002. Après le remake de Ring, de Massacre à la tronçonneuse, la mode est au remake horrifique, et L’armée des morts s’inscrit au firmament de cette veine. C’est un succès considérable pour un film de zombies, avec 59 000 000$, ce qui le place dans la lignée des résultats terrifiants du hardcore Massacre à la tronçonneuse de Marcus Nispel (80 000 000$). Le scénario de L’armée des morts est rédigé par le futur réalisateur des Gardiens de la galaxie, James Gunn. La séquence d’ouverture, avec Sarah Polley découvrant l’apocalypse zombie dans son quartier, demeure l’une des séquences d’ouverture phares des années 2000.

Zack Snyder surfe sur les vagues avec un certain talent

Le talent indépendant de Zack Snyder s’installe ensuite chez Warner Bros. Le studio lui sera fidèle, malgré des échecs importants. Il faut dire que 300, en 2006, fait illusion. Le film barbare, homo-érotique et sur-esthétisant, fait un carton qui va confirmer la mode lancée par la série Rome (HBO). 300, avec Gerard Butler et Lena Headey, dépassera les 210 000 000$ au box-office américain, devenant un phénomène malgré (à cause ? de) sa violence décomplexée. Le film provoque des polémiques et le goût des armes du cinéaste le voue à se ranger dans un conservatisme à contre-courant de l’esprit anti-Bush de l’époque. L’actrice Sarah Polley, qui s’est pourtant bien amusée sur le tournage de L’armée des morts, se souvient de ses débats avec le cinéaste engagé en faveur de la NRA et de la politique belliqueuse de Bush après les attentats du 11 septembre 2001.

Peu apprécié par la critique de par ses ambiguïtés, 300 sera un OVNI au sein des succès américains des années 2000. Les cinéphiles des années 2020 lui trouveront davantage de circonstances atténuantes.

300, affiche du film de Zack Snyder

© 2007 Warner Bros. Tous droits réservés

En 2009, Zack Snyder ne change pas de charte graphique et convoque Watchmen – Les Gardiens au cinéma. L’œuvre de Gibbons et Moore divise encore, notamment aux USA, où la critique est loin d’être unanime quand la France essaie, du moins dans les papiers, de racheter le vilain petit canard. Violent, sexy, Watchmen est tellement détesté par le public à sa sortie qu’il devient un accident industriel. Il ouvre à 55M$ pour achever sa carrière à 107 000 000$. L’international n’aidera pas. La production budgétée 130 000 000$ trouvera à nouveau une rédemption chez une nouvelle génération de cinéphiles dans les années 2020, gavés à la consommation de films de super-héros, cela va sans dire.

En 2010, Zack Snyder connaît son second échec consécutif avec La légende de Ga’Hoole. Le film d’animation en images de synthèses reprend le parti pris de Happy Feet de George Miller, sorti plus tôt chez Warner. Il s’agit d’une nouvelle œuvre pour enfants épiques à l’esthétique et à la réalisation sublimes. Malgré l’apport de la 3D relief, l’échec est mondial, avec 140M$ de recettes pour un budget cossu de 80M.

Sucker Punch, affiche du film

© 2011 Warner Bros. Tous droits réservés

Après le bide de Sucker Punch, Snyder passera le reste de la décennie 2010 à courir après les succès dans le domaine du film de super-héros

Malgré tout, Warner ne lâche pas Zack Snyder. La passion du cinéaste, son enthousiasme, sa singularité esthétique et technique, en font un auteur à part entière qui pourrait leur être profitable un jour. Malheureusement Sucker Punch, en 2011, ne sera pas ce film, puisque l’OVNI, succession de séquences tableaux aux vapeurs délirantes de clip vidéo, est un désastre absolu : 36M$ de recettes aux USA et un budget qui ne sera même pas remboursé par l’exploitation étrangère. Véritable prise de risque artistique, Sucker Punch sera l’ultime film original de Snyder qui passera le reste de la décennie 2010 à courir après les succès dans le domaine du film de super-héros, redevenu à la mode grâce à Marvel, sans pour autant se délester de ses ambitions visuelles.

En 2013, Snyder vient à la rescousse de Superman, dont le come-back chez Bryan Singer, en 2006, n’avait pas convaincu ni Warner, ni la critique ni même le public. Man of Steel de Snyder met en scène un acteur fade (Henry Cavill) qui ne fait pas le consensus dans le rôle. Cette version hystérique dans le montage, sorte de Marvel réalisé par Michael Bay, avec un zeste sombre post-Dark Knight de Nolan, est une nouvelle déception pour Warner qui escomptait toucher au moins 850 000 000$ dans le monde. La superproduction de 225M$ de budget (hors marketing) fait le minimum aux USA (291 000 00$), loin derrière Iron Man 3 (409M$) ou même… Hunger Games, une série B pour adolescents qui frôle les 400 000 000. En France, avec 2 300 000 entrées, on se situe bien plus haut que Superman Returns (un échec foudroyant à 1 500 000 tickets, en 2006), mais on est loin de la hype suscitée par ce nouveau retour de Superman. Le film de super-héros achève sa carrière en dix-huitième place annuelle, derrière Thor 2, Turbo, Belle et Sébastien, Insaississables… Consternant quand on sait que la trilogie des Spider-Man de Sam Raimi explosait les compteurs, la décennie passée.

Man of Steel de Zack Snyder, affiche du film

© 2013 Warner Bros

Une vision sombre du film de super-héros calquée sur celle de son mentor, Christopher Nolan

Man of Steel coécrit et coproduit par un Christopher Nolan qui commence à se détacher du monde des super-héros, après la trilogie phénoménale The Dark Knight, laisse transparaître des signes d’impatience chez Warner qui pousse Snyder à coller le plus possible au style dépressif des derniers Batman qui leur avait tant réussi. Pour répondre aux Avengers de Marvel/Disney et à la carte d’un collectif plus basé sur l’humour (2012, Joss Whedon), le studio Warner lance la production de Batman V Superman: Dawn of Justice. Avec 873M$, Warner considère le nouveau Zack Snyder comme un échec. La version salle est le plus possible dissimulée à la presse pour essayer de taire les mauvais échos ; après un démarrage tonitruant (166M$ aux USA), l’affrontement annoncé sur le papier tourne à l’amertume : 330M$ aux USA, c’est peu quand le studio en attendait 500. Superman avait été le plus grand super-héros des années 70/80, et Batman la figure super-héroïque des années 90-00 ; leur rencontre est surtout de deux acteurs qui portent mal leur costume.

Le style Snyder est remis en cause. Pourtant la version director’s cut, proposée en blu-ray, offrira un peu plus de consistance narrative à cette œuvre de près de trois heures d’une ambition absolue.

Zack Snyder's Justice League, affiche

Zack Snyder’s Justice League – © 2021 Warner Bros

Zack Snyder broie du noir

Désormais étiqueté réalisateur maudit, Zack Snyder traverse une période noire. Warner a des doutes sur la direction qu’il prend sur le consortium de Justice League, méga-production de 300M$ qui n’en n’atteindra pas les 230 USA. Le cinéaste qui aime et prône la liberté artistique voit certains de ses choix contestés. Un drame le contraint à se mettre en retrait du chantier de Justice League. Alors sur la post-production du film, il perd sa fille adoptive, Autumn, qui se donne la mort le 12 mars 2017. Warner en profite pour engager le plus consensuel Joss Whedon qui retourne des scènes afin de mettre un terme à la post-production. Le moral des troupes n’y est plus. La vision de Whedon et des décideurs de Warner va à l’encontre des intentions de Snyder dont le montage est abandonné. Le cinéaste retravaillera dessus, avec son épouse, la productrice Deborah Snyder, très présente dans les choix artistiques de son époux, pour une version de quatre heures, qui sera diffusée en exclusivité sur HBO, en 2021, puis exploitée en format physique. Sombre, cohérent, développé, le Snyder’s cut permet à Justice League de retrouver une raison d’être et relance l’intérêt autour d’un cinéaste dont la carrière n’était devenue que l’ombre d’elle-même.

Un revival inespéré

Fort de ce revival inespéré, Zack Snyder, réalisateur de flops en série, redevient à la mode grâce à une nouvelle génération de critiques et une armée de twittos sur les réseaux sociaux. Sentant le vent tourner auprès des jeunes, il utilise la plateforme Netflix pour asseoir un peu plus son aura auprès d’un public qui n’est pas celui de sa génération de quinquagénaire. En revenant au film de zombie, genre qui lança sa carrière, Army of the Dead réussit le pari de créer le buzz, avec un budget de 70M$. Pour Netflix et la Snyder family, c’est un succès, même si, comme toujours la presse se déchire sur cette production entachée des défauts de la plupart de ces films.

De toutes les tendance Twitter, Snyder savoure son heure et sa revanche sur la Warner. Chez Netflix, il a joui d’une liberté absolue, celle dont les auteurs visionnaires comme lui ont besoin pour laisser exploser leur imagination créatrice. Rentrera-t-il un jour au panthéon des grands fondateurs du septième art ? L’histoire est pleine de surprises et ne semble pas privilégier les auteurs roublards. La maturité artistique du cinéaste se fait toujours attendre.

Frédéric Mignard

Army of the Dead, affiche du film de Zac Snyder

© Netflix.Tous droits réservés

Filmographie (réalisateur) :

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