Ça Chapitre 2 : la critique du film (2019)

Epouvante, Horreur, Fantastique | 2h50min
Note de la rédaction :
5.5/10
5.5
Ça chapitre 2 affiche française

Note des spectateurs :

Ça Chapitre 2 est un festival d’effets spéciaux grotesques qui évoque davantage l’univers de Freddy que celui d’un film d’épouvante adulte et mâture. Depuis le premier volet, les personnages ont vieilli, mais l’ambition d’un produit jeune et mainstream demeure, au détriment de l’œuvre originelle du King.

Synopsis : Tous les 27 ans, une créature maléfique revient hanter les rues de Derry, dans le Maine. Près de trente ans après les événements du premier opus, les membres du Club des Ratés, désormais adultes, se retrouvent.

Critique : Après les 700 millions de dollars rapportés par le premier film, Warner ne pouvait pas laisser la deuxième partie de l’adaptation du roman culte de Stephen King, Çase contenter d’un petit budget.  Le chapitre 2, réalisé par Andy Muschietti et produit notamment par son épouse, est un opulent déluge d’effets spéciaux en tous genres sur près de trois longues heures qui se veulent fidèles à “l’esprit” de l’œuvre du romancier du Maine, tout en étant beaucoup plus explicite dans les délires de transformations qui évoquent à bien des niveaux The Thing de John Carpenter, le sentiment de malaise et de peur viscérale en moins.

Ça Chapitre 2 piégé par la bienséance et la nécessité de recettes record

Parce que l’on a vu le téléfilm des années 90 et que l’on connaît bien le roman, on en connaît les enjeux majeurs et les pièges pour une production violente contemporaine (la séquence d’ouverture sur un crime homophobe, qui met en scène Xavier Dolan comédien, est dure) qui se doit donc et avant tout d’être mainstream. L’épouvante, malgré les crimes sur enfants, ne doit pas verser dans le glauque ; il fait donc assourdir les atrocités par des jeux de transformations multiples qui évoquent davantage la sensation d’avoir passé trois heures dans une attraction horrifique de fête foraine plutôt que d’avoir face à l’entité maléfique sans genre du roman, qui est ici réduite à une farce et à un délire grotesque.

Stephen King au cinéma

L’excès de démonstration horrifique tue le suspense, ce qui ne sera pas pour déplaire au public cible des moins de 16 ans, âge où l’on est forcément sensible à cet abattage de maquillages et de CGI plutôt bien fichus dans leur ensemble, mais qui noient le film dans un sentiment de trop-plein, comme si l’œuvre avait peur d’ennuyer en avançant sa psychologie et les psychoses/névroses de ses personnages  seules, sans un recours systématique aux effets pompiers.

Pennywise dans Ça chapitre 2

Ça chapitre 2 – Copyrights : 2019 Warner Bros – New Line Cinema

Grotesque, desservi par ses comédiens adultes

On ne dira pas que Ça Chapitre 2 est mauvais, car la réalisation est plutôt léchée et intéressante. Mais le sequel pèche par sa sur-créativité dans le grotesque qui fait de l’araignée finale un pachyderme. Les vedettes invitées au casting (Chastain, MacAvoy, Hader…), desservent plus leurs personnages qu’ils ne leur donnent une authenticité psychologique. Les personnages incarnent des stéréotypes de cinéma à chaque instant de la narration quand ce type de productions gagne toujours à employer des parcours un peu plus vierges, pour ne pas détourner l’attention du spectateur qui a forcément trouvé les stars bien mieux ailleurs. En particulier Chastain qui se demande encore pourquoi elle a accepté de retrouver le réalisateur argentin qui l’avait dirigée six ans plus tôt dans Mama

Retrouvant la structure alambiquée du roman de Stephen King, qui joue évidemment de son caméo, avec de nombreux flashback qui permettent de réinsérer le casting jeune du premier film, l’approche de Muschietti, un peu sombre, souffre encore et toujours de l’overdose que l’on peut ressentir face à l’esprit Goonies du fantastique contemporain dans lesquelles, récemment, trop de séries et productions cinématographiques ont pataugé. La terreur et le traumatisme n’enlèvent rien à l’humour des personnages assez grossièrement peints (mention spéciale au personnage joué par Bill Hader , humoriste de formation.

Maintenant que Ça Chapitre 2 clôt cette histoire devenue banale, il faudrait peut-être passer à autre chose. Et par pitié (un titre des New Kids on the Block entendu dans la B.O. nous y fait penser), pas en nous précipitant dans des ersatz écervelés des années 90. Au moins, durant cette décennie, le cinéma d’horreur était devenu inexistant, nous devrions donc être préservés de cette tentation. Du moins on l’espère.

Critique  : Frédéric Mignard

Sorties de la semaine du 11 septembre 2019

Stephen King au cinéma

 

Ça chapitre 2 affiche française

Ça chapitre 2 – Copyrights : 2019 Warner Bros – New Line Cinema

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