Dans Morbius, les vampires ont la gueule de bois, tandis que les spécialistes des effets spéciaux souffrent de myopie aggravée. Le tout forme un brouet infame qui a connu un flop mérité.

Synopsis : Gravement atteint d’une rare maladie sanguine, et déterminé à sauver toutes les victimes de cette pathologie, le Dr Morbius tente un pari désespéré. Alors que son expérience semble être un succès, le remède déclenche un effet sinistre. Le bien vaincra-t-il le mal – ou Morbius succombera-t-il à ses nouvelles pulsions ?

Morbius, le troisième film du Sony’s Marvel Universe

Critique : En 2018, la firme Sony Pictures annonce qu’elle lance une série de films inspirés de personnages Marvel dont elle conserve les droits d’adaptation. Il va s’agir d’un Sony’s Marvel Universe dont la plupart des personnages gravitent autour de Spider-Man. Ainsi, le tout premier film à sortir fut le médiocre Venom (Fleischer, 2018) qui a suffisamment cartonné dans le monde pour que le studio livre une suite encore plus calamiteuse intitulée Venom : Let There Be Carnage (Serkis, 2021). Il paraissait difficile de faire plus mauvais, et malgré des retours très défavorables, le studio a choisi de poursuivre ses plans en donnant vie à un personnage très secondaire de l’univers de Spider-Man, à savoir le méchant vampire Morbius.

Positionné sur le projet dès son origine, l’acteur et chanteur Jared Leto a largement contribué à façonner le personnage pour l’écran. Il a été ensuite rejoint par le réalisateur Daniel Espinosa qui a déjà tourné le sympathique film de SF horrifique Life : origine inconnue (2017) pour le studio Sony. On est d’ailleurs en droit de se demander comment un réalisateur qui est loin d’avoir fait ses preuves au long d’une carrière très inégale, pour ne pas dire médiocre, se retrouve à la tête d’une production budgétée à plus de 75 millions de dollars. Quant à Jared Leto, son influence actuelle laisse rêveur tant il a saboté plusieurs rôles ces dernières années. De mémoire, il reste ainsi comme le pire interprète du Joker dans le navet Suicide Squad (Ayer, 2016).

Morbius, un vampire pas si méchant que ça!

Le duo à la tête de Morbius pouvait donc légitimement faire peur et, malheureusement, les craintes ont été légitimées par un résultat final assez déplorable. On peut certes mettre au crédit des auteurs d’avoir voulu traiter le long-métrage avec un maximum de sérieux. Avec Morbius, on est loin des passages humoristiques qui faisaient de la saga Venom une vaste blague de potaches avinés. Pourtant, cela ne sauve pas le film du naufrage puisque les scénaristes ont oublié de raconter une histoire qui tienne la route. Plombé par un script totalement incohérent et foncièrement invraisemblable, Morbius n’est qu’une énième histoire d’origine d’un super-méchant qui se doit ici d’être un héros quand même.

© 2022 Columbia Pictures – Marvel Entertainment / Affiche : design by Concept Arts – Photography by Gavin Bond. All Rights Reserved.

Produit hypocrite par excellence, Morbius nous vend une fois de plus un méchant tourmenté, une ambiance sombre et horrifique, tout en s’astreignant à être visible par le public le plus large possible. Il en ressort un film de vampires où le personnage boit du sang de synthèse car il se refuse à ôter la vie, tandis que la moindre goutte d’hémoglobine a été consciencieusement effacée de l’écran. Lors des quelques scènes d’action – pour la plupart illisibles tant la réalisation est mauvaise – le spectateur ne verra qu’un halo de soufre autour des deux antagonistes, et c’est à peu près tout. On notera d’ailleurs que les effets spéciaux font pitié dans cette production officiellement chiffrée à 75 millions de billets verts. On se demande vraiment où est passé l’argent, tant les évolutions des personnages font sourire, notamment lors de leurs prouesses aériennes.

Des acteurs qui font pâle figure

Outre cette absence de talent dans la conception des effets spéciaux, les auteurs recyclent des images déjà vues chez d’autres. Les hordes de chauve-souris sont copiées sur celles du Batman de Christopher Nolan, le duo de flics reprend une formule vue dans le comics Spawn et l’on pourrait continuer longtemps comme cela. Dans ce marasme, les acteurs ne sont pas non plus épargnés. On sera magnanime avec Jared Leto qui s’en sort finalement correctement dans un rôle qu’il a eu à cœur de porter.

On ne peut pas en dire autant de son antagoniste Matt Smith, particulièrement mauvais durant la totalité du métrage. Si l’on parvient à ne pas voir la transparente Adria Arjona, on ne pardonnera pas le manque de charisme absolu du duo de flics insipides joués par Tyrese Gibson et Al Madrigal. Non contents de ne servir absolument à rien au cœur de l’intrigue, ce duo nous rappelle à chaque instant à quel point le scénario est vide.

Tourné en 2019, Morbius a ensuite connu une sortie chahutée. Prévu pour le mois d’août 2020, le métrage fantastique est repoussé une première fois à mars 2021 en raison de la pandémie de la Covid-19. Ensuite, le long-métrage est encore retardé à octobre 2021, avant d’être finalement positionné pour janvier 2022. L’histoire ne s’arrête pas là et Morbius débarque enfin sur les écrans américains le 1^er avril 2022.

Morbius, le vilain petit vampire du box-office

Le vampire souffreteux se vautre assez rapidement au box-office américain, précédé par des rumeurs désastreuses qui le placent immédiatement dans la catégorie nanar friqué. Il finit d’ailleurs sa carrière nord-américaine avec seulement 73,8 M$ dans sa cape. Pas de quoi pavoiser !

A Paris et sa périphérie, Morbius démarre avec 3 115 spectateurs, ce qui le place en troisième position des premières séances parisiennes du 30 mars 2022. Sur la France, le film ne génère que 403 000 entrées lors de sa semaine d’investiture malgré une belle couverture de 670 salles. Près d’un mois plus tard, le vampire aux crocs émoussés terminera sa piteuse carrière avec seulement 767 295 buveurs de sang. Il s’agit clairement d’un flop patenté, victime d’un bouche-à-oreille désastreux et, en l’occurrence, parfaitement justifié.

On notera que le film propose durant son générique final deux scènes supplémentaires très médiocres avec Michael Keaton dans le rôle du Vautour. Autant dire qu’elles ne donnent vraiment pas envie de voir une éventuelle suite.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 30 mars 2022

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© 2022 Columbia Pictures – Marvel Entertainment / Affiche : Concept Arts. All Rights Reserved.

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