Seven : la critique du film (1996)

Thriller, Policier | 2h07min
Note de la rédaction :
9/10
9
Seven, l'affiche du film de David Fincher

  • Réalisateur : David Fincher
  • Acteurs : Brad Pitt, Gwyneth Paltrow, Charles S. Dutton, John C. McGinley, Kevin Spacey, Morgan Freeman, Richard Roundtree, Allan Kolman, R. Lee Ermey
  • Date de sortie: 31 Jan 1996
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Se7en
  • Titres alternatifs : Sept (Québec) / Seven - 7 Pecados Mortais (Portugal) / Siedem (Pologne) / Pecados capitales (Uruguay) / Hetedik (Hongrie) / Seitsemän (Finlande) / Los siete pecados capitales (République dominicaine) / Seven: Os Sete Crimes Capitais (Brésil)
  • Année de production : 1995
  • Autres acteurs :
  • Scénariste : Andrew Kevin Walker
  • Monteur : Richard Francis-Bruce
  • Directeur de la photographie : Darius Khondji
  • Compositeur : Howard Shore
  • Chef maquilleur : -
  • Chef décorateur : Arthur Max
  • Directeur artistique : Gary Wissner
  • Producteurs : Phyllis Carlyle, Arnold Kopelson
  • Producteurs exécutifs : Dan Kolsrud, Anne Kopelson, Gianni Nunnari, Lynn Harris, Richard Saperstein
  • Sociétés de production : New Line Cinema
  • Distributeur : Metropolitan FilmExport
  • Distributeur reprise :
  • Date de sortie reprise :
  • Editeurs vidéo : TF1 Vidéo (VHS, 1998) / Metropolitan Vidéo (DVD, 2000 et 2001) / Metropolitan Vidéo (blu-ray, 2010, 2011 et 2017)
  • Dates de sortie vidéo : 1998 (VHS) / 19 janvier 2000 (DVD) / 18 avril 2001 (DVD) / 23 novembre 2010 (blu-ray) / 1er juin 2011 (blu-ray) / 25 octobre 2017 (blu-ray steelbook)
  • Budget : 33 000 000 $ (soit 66 190 000 $ au cours de 2023)
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 4 954 781 entrées / 1 109 189 entrées
  • Box-office nord-américain / monde : 100 125 643 $ (soit 200 830 000 $ au cours de 2023) / 327 333 559 $ (soit 656 570 000 $ au cours de 2023)
  • Classification : Interdiction aux mineurs -12 ans. Le climat d'angoisse, le caractère difficilement soutenable de certaines situations, la cruauté de certaines images conduisent la Commission à préconiser une mesure de protection à l'égard des plus jeunes spectateurs, d'où la proposition d'interdiction aux mineurs de 12 ans.
  • Formats : 2.39 : 1 / Couleur / Son : DTS, Dolby Digital
  • Festivals : Fantasporto 1996 : en compétition
  • Nominations : Saturn Awards 1996 : 5 nominations / Oscars 1996 : 1 nomination pour le meilleur montage / BAFTA 1996 : 1 nomination pour le meilleur scénario original
  • Récompenses : Fantasporto 1996 : prix du meilleur film et du meilleur scénario / Saturn Awards 1996 : prix du meilleur scénario et du meilleur maquillage / MTV Movie Awards 1996 : prix du meilleur film et du meilleur méchant (Kevin Spacey) / Hochi Film Award 1996 : prix du meilleur film étranger / Blue Ribbon Award 1996 : prix du meilleur film étranger / Empire Awards 1997 : prix du meilleur film et du meilleur acteur (Morgan Freeman) / Sant Jordi du cinéma 1997 : prix du public du meilleur film étranger
  • Illustrateur/Création graphique : © Gayot & Gayot (agence). Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Cecchi Gori Pictures - Juno Pix - New Line Cinema. All Rights Reserved. Tous droits réservés.
  • Attachés de presse : François Frey
  • Tagline : Sept péchés capitaux. Sept façons de mourir.
Note des spectateurs :

Thriller glauque et diabolique dans la maestria de son script et de sa réalisation, Seven est une date dans l’histoire du thriller, un diamant brut qui a initié à lui tout seul un nombre incalculable d’imitations, sans parvenir à l’égaler.

Synopsis : Deux policiers, William Somerset et David Mills, sont chargés d’une enquête criminelle concernant un tueur en série psychopathe, lequel planifie méthodiquement ses meurtres en fonction des sept péchés capitaux qui sont : la gourmandise, l’avarice, la paresse, la luxure, l’orgueil, l’envie et la colère.

Seven, un scénario convoité avec envie

Critique : Alors qu’il vit des années difficiles dans un environnement new-yorkais qui ne lui convient pas, le jeune aspirant scénariste Andrew Kevin Walker (qui signera plus tard de nombreux scripts pour David Fincher et aussi le très sombre 8mm pour Joel Schumacher) met trois ans pour écrire le scénario de ce qu’il intitule Seven. Une fois satisfait du résultat, il envoie le script au scénariste David Koepp qui le trouve formidable et le fait parvenir à la firme New Line qui cherche justement à financer un petit polar efficace.

Séduits par la proposition radicale du scénariste – même si le producteur Arnold Kopelson demande à en modifier la fin qu’il trouve trop dure – les instances du studio font parvenir le scénario au jeune réalisateur David Fincher. Celui-ci est alors un clippeur de renom à qui l’on doit des petits bijoux comme Express Yourself, Oh Father, Vogue ou encore Bad Girl pour la star Madonna, mais aussi Who Is It pour Michael Jackson. Fincher s’était pourtant juré de ne pas reprendre le chemin des plateaux de cinéma à cause de sa très mauvaise expérience sur Alien 3 (1992) dont il avait quitté le tournage avant le montage final qui lui a totalement échappé. Malgré cette première tentative malheureuse, David Fincher est saisi par le script qu’il lit, d’autant qu’on lui a fait parvenir la version non modifiée. C’est sur cette base que le jeune cinéaste s’engage.

Une noirceur soutenue par une bande sonore colérique

Au moment du tournage, des désaccords sont à nouveau intervenus avec notamment le producteur Arnold Kopelson qui tient à modifier la fin. Heureusement, David Fincher est ici soutenu par ses acteurs et notamment par Brad Pitt qui sortait tout juste des succès d’Entretien avec un vampire (Neil Jordan, 1994) et de Légendes d’automne (Edward Zwick, 1994) et qui a pesé de tout son poids de jeune star pour imposer la fin originelle, qui sera bien présente dans le long-métrage final. Toutefois, le final est assorti d’une petite scène supplémentaire qui permet au public de souffler un peu par rapport à la rudesse prévue initialement. Le compromis permet de satisfaire tout le monde et de ne pas dénaturer le film.

Totalement admiratif du travail effectué par Jonathan Demme sur Le silence des agneaux (1991), David Fincher s’inspire très largement de son chef d’œuvre du thriller glauque. D’ailleurs, il cite le polar de manière explicite à travers les dialogues où il est fait mention de Jodie Foster. De même, David Fincher a fait appel au compositeur Howard Shore pour qu’il reprenne l’ambiance sombre qu’il avait su si bien créer pour enrober les images du thriller séminal de 1991. Sa partition est à nouveau extraordinaire, avec notamment une bande-son progressive qui s’avère terriblement menaçante. Afin de soutenir cette ambiance glauque, le réalisateur a également fait appel à des musiques additionnelles qui contribuent pour beaucoup à l’ambiance générale. Ainsi, on retrouve un remix du morceau Closer de Nine Inch Nails lors du générique de début, tandis que la fin est portée par le Hearts Filthy Lesson de David Bowie. Des sonorités industrielles qui sonnent très 90’s, mais qui sont en parfait accord avec le sujet du film.

Une esthétique  travaillée au service d’un script jamais avare en rebondissements

Il faut dire que le film frappe fort dès le début, avec un générique marquant signé Kyle Cooper. Maintes fois imité par la suite, mais jamais égalé, le créateur a multiplié les images fortes sur une musique dissonante qui permet d’entrer de plain-pied dans la psyché désordonnée du serial-killer. Dès lors, David Fincher met en place une atmosphère particulièrement sombre, par l’omniprésence de la pluie et par la magie de la magnifique lumière du franco-iranien Darius Khondji. Parfois à la lisière de la sous-exposition, ses images parviennent toujours à saisir l’horreur par-delà les ténèbres. Il se sert notamment des lampes torches pour créer un ballet visuel impressionnant, d’autant que la caméra de David Fincher fait preuve d’une mobilité de chaque instant, ce qui rend l’éclairage encore plus ardu.

Outre cette maestria technique, Seven est porté par un script absolument diabolique. Il suffit de revoir à plusieurs reprises le long-métrage pour s’apercevoir de la mécanique narrative qui tient de l’horlogerie de précision. Rien n’est laissé au hasard dans ce script démoniaque marqué par une description très juste de la psychologie des différents protagonistes.

Plutôt que la luxure, David Fincher choisit la noirceur de l’âme

Certes, Morgan Freeman incarne une fois de plus un vieux sage, mais sa prestation est bien plus profonde que d’ordinaire et il propose un personnage très sombre qui dissimule un nombre conséquent de failles. Face à lui, Brad Pitt remplit parfaitement son rôle de jeune chien fou qui fonce tête baissée dans le piège tendu par le serial-killer. Mais il faudrait aussi citer la justesse de Gwyneth Paltrow dont le personnage n’est pas réduit à la classique épouse du flic, mais revêt une réelle profondeur humaine et tragique à la fois. Enfin, Kevin Spacey est tout à fait à l’aise dans un rôle qui lui va comme un gant depuis celui tenu dans le thriller machiavélique Usual Suspects (Bryan Singer, 1995).

D’une cohérence absolue sur le plan esthétique et thématique, Seven est donc bien un pur bijou du cinéma de genre, bouleversant au passage le thriller qui n’allait plus jamais être le même. Alors qu’il ne propose quasiment aucune scène d’action, si ce n’est une course poursuite à pied en son centre, Seven n’en demeure pas moins une œuvre d’une grande violence, par la description, souvent verbale, des meurtres commis par l’assassin. En ajoutant à cela sa puissance psychologique et son aspect radicalement pessimiste, Seven est un modèle de noirceur qui devait marquer profondément le cinéma hollywoodien des années suivantes, prouvant qu’une œuvre grand public peut mal se terminer pour les personnages principaux.

Un public gourmand qui en redemande

Sorti au mois de septembre 1995 aux Etats-Unis, le thriller glauque s’impose dans plus de 2 400 salles avec une première semaine à 13,9 M$, arrivant ainsi premier du box-office. Cela permet au métrage de gagner des sites supplémentaires et de se maintenir en tête du box-office nord-américain durant un mois, ne perdant à chaque fois que 10% du public, preuve d’un excellent bouche-à-oreille. Le métrage glane la plupart de ses entrées lors de ses deux premiers mois d’exploitation, mais il demeure à l’affiche durant 32 semaines, glanant ainsi un peu plus de 100 M$ (soit l’équivalent de 200 830 000 $ au cours de 2023). Ce beau succès lui permet même d’obtenir une nomination aux Oscars 1996 pour le meilleur montage.

A l’international, le thriller cartonne également, avec notamment une magnifique carrière en France où il sort fin janvier 1996. Seven, fort de son succès américain, se déploie dans une belle combinaison de 328 salles et décroche la première place du box-office avec 1 051 791 entrées. Ainsi, il parvient à déloger de la première place la comédie événement Les trois frères des Inconnus. En seulement deux semaines, David Fincher dépasse déjà les 2 millions de fidèles, glacés par les révélations fracassantes de son polar tortueux. Toujours en tête du box-office national en troisième et quatrième semaine, Seven franchit déjà la barre des 3,3 millions de policiers, mais doit plier la semaine suivante face à l’assaut de L’armée des douze singes (Terry Gilliam) avec un certain… Brad Pitt. Rapidement, le thriller dépasse les 4 millions de fans et ne commence à marquer le pas que vers début avril alors qu’il en est déjà à 4,5 millions de détectives. Alors que L’armée des douze singes est déjà retiré de l’affiche, Seven continue à être proposé aux retardataires jusqu’au mois de juin 1996.

La paresse des producteurs qui ont dupliqué l’esthétique de Seven

Avec un total de 4 954 781, Seven s’est classé troisième plus gros succès de l’année 1996 en France, juste derrière Le bossu de Notre-Dame (Disney) et Independence Day (Roland Emmerich). Ces résultats impressionnants expliquent pourquoi tous les studios ont souhaité exploiter le sous-genre du thriller horrifique à base de serial-killer. La fin des années 90 voient donc les copies affluer, comme Copycat (Jon Amiel, 1995) avec Sigourney Weaver, Le collectionneur (Gary Fleder, 1997) avec Morgan Freeman, Le témoin du mal (Gregory Hoblit, 1998), Bone Collector (Phillip Noyce, 1999) tous deux avec Denzel Washington ou encore Résurrection (Russell Mulcahy, 1999) avec Christophe Lambert.

Même la France a tenté de surfer sur la tendance avec des œuvres comme Six-Pack (Alain Berbérian, 2000) avec Richard Anconina et Frédéric Diefenthal. Enfin, on peut estimer que le tueur omniscient de Saw (James Wan, 2004) est largement inspiré de celui de Seven. Cette liste n’est aucunement exhaustive, preuve de l’influence majeure de ce long-métrage qui reste une date au cœur de la cinématographie des années 90.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 31 janvier 1996

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Seven, l'affiche

© 1995 Cecchi Gori Pictures – Juno Pix – New Line Cinema / Affiche : Gayot & Gayot (agence). Tous droits réservés.

Biographies +

David Fincher, Brad Pitt, Gwyneth Paltrow, Charles S. Dutton, John C. McGinley, Kevin Spacey, Morgan Freeman, Richard Roundtree, Allan Kolman, R. Lee Ermey

Mots clés

Les tueurs fous au cinéma, Les duos de flics

 

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