RoboCop : la critique du film de Paul Verhoeven (1988)

Science-fiction | 1h42min
Note de la rédaction :
8/10
8
Robocop, l'affiche du film de 1987

  • Réalisateur : Paul Verhoeven
  • Acteurs : Ronny Cox, Miguel Ferrer, Dan O’Herlihy, Nancy Allen, Peter Weller, Kurtwood Smith
  • Date de sortie: 20 Jan 1988
  • Année de production : 1987
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : RoboCop
  • Titres alternatifs : RoboCop: O Policial do Futuro (Brésil, Portugal), RoboCop - Il futuro della legge (Italie), RoboCop - Das Gesetz in der Zukunft (Allemagne, Autriche), Robocop, el defensor del futuro (Mexique), Polițistul robot (Roumanie)
  • Scénaristes : Edward Neumeier, Michael Miner
  • Design de Robocop : Rob Bottin
  • Directeur de la photographie : Jost Vacano
  • Monteur : Frank J. Urioste
  • Compositeur : Basil Poledouris
  • Producteurs : Arne Schmidt, Edward Neumeier (Coproducteur), Phil Tippett (producteur associé), Jon Davison (producteur associé), Stephen Lim (producteur associé)
  • Sociétés de production : Orion Pictures
  • Distributeur : 20th Century Fox (France), Orion Pictures (Etats-Unis)
  • Distributeur reprise :
  • Date de sortie reprise :
  • Editeur vidéo : Gaumont Columbia TriStar (VHS), MGM / United Artists (DVD), Fox Pathé Europa (Blu-ray)
  • Date de sortie vidéo : 17 juin 2003 (DVD), 12 décembre 2008 (DVD), 14 mai 2014 (blu-ray), 4 juin 2014 (combo Digibook, Edition limitée)
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 1 686 525 entrées / 379 205 entrées
  • Box-office nord américain : 53 424 681$
  • Budget : 13 000 000$
  • Classification : Interdit aux moins de 13 ans / Interdit aux moins de 12 ans (depuis 1990)
  • Formats : 1.85 : 1 (35mm) / Couleur / Dolby Stereo
  • Récompenses : Oscar du Meilleur montage sonore (+2 nominations techniques) en 1988, 2 nominations aux BAFTA 1989, 5 prix aux Saturn Awards (+ 3 nominations),
  • Festivals : Sélection Officielle Avoriaz 1988, Meilleur réalisateur au Festival de Sitges en 1987, Sorrento Film Festival 12987,
  • Illustrateur / Création graphique : © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © 1987 Orion Pictures. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Tagline : 50% homme, 50% Madchine, 100% Flic.
  • Franchise : Premier film du diptyque RoboCop
Note des spectateurs :

Premier film américain de Paul Verhoeven, RoboCop est une série B fun et audacieuse, parangon du produit teigneux de la fin des années 80. Des décennies après, ce projet fou demeure l’un des incontournables de la science-fiction du XXe siècle.

Synopsis : Pour pallier à la violence et au crime en pleine expansion à l’aube de l’an 2000, financiers et technocrates décident de créer l’arme infaillible, un policier électronique de chair et d’acier : Robocop.

Sélection officielle Avoriaz 1988

Critique :  Janvier 1988. La France découvre Robocop, un film de science fiction avec un titre de série B idiot, un peu comme Terminator en 85, véritable blockbuster estival aux USA, et lancé en grande pompe à Avoriaz sur notre territoire où il remporte le grand Prix du Jury. Issu de l’imagination du jeune scénariste Ed Neumeier, le script est acheté par Orion et fait le tour des réalisateurs qui le déclinent tous les uns après les autres. C’est finalement Paul Verhoeven, chantre de la provocation décadente du vieux continent, qui accepte le métrage, avec la volonté d’en faire un pamphlet satirique, violent et fun.

Sortant de l’expérience mi-figue mi-raisin de la coproduction médiévale La chair et le sang, le réalisateur des notoires Spetters et le Quatrième Homme s’offre un ticket d’entrée sur le continent américain par la petite porte du cinéma B, mais ressort de l’aventure avec un premier effort hollywoodien musclé comme une grosse production, habilement tenu, véritable spectacle total pour les spectateurs de la fin des années 80.

Edition collector Arrow de RoboCop (2019)

Edition collector Arrow de RoboCop (2019) – Copyright 1987 Orion Pictures. Tous droits réservés.

Crucifier le flic dans un bain de sang tenté par le X

Avec intelligence et non sans humour généreux, Verhoeven trouve en Robocop, également son premier long de science-fiction, l’expédient parfait pour asséner la société de consommation américaine d’un coup de massue, œuvrant à la fois pour un studio et frappant à fond contre les multinationales. Rien de bien méchant comparé à ses brûlots passés, nappé de sexualité perverse, de provocation iconoclaste et de violence barbare. Toutefois, il réussit à sacrifier l’icone du brave flic américain, joué par le très froid Peter Weller des Aventures de Buckaroo Banzai, crucifié au fusil. L’humain en perd ses membres et devient, avant sa réincarnation complexe en homme-robot, une figure christique avec toute l’ironie que l’on connaît du cinéaste, puisque sa pensée anarchiste n’est pas des plus bienveillante à travers les figures d’autorité, celles de l’establishment étatique qu’il considère comme des outils d’autoritarisme.

La scène pivot du massacre du policier est violente et passera au cinéma tant bien que mal grâce à des coupes opérées pour éviter le classement X. Ces coupes ont aujourd’hui disparu, notamment depuis la généralisation de l’exploitation du director’s cut en DVD. RoboCop est, à l’instar de la plupart des blockbusters de Paul Verhoeven aux USA, classés R (interdit aux mineurs non accompagnés) et sera effectivement accompagné d’une interdiction aux moins de 13 ans en France.

Un drame humain puissant évoquant la tragédie de la créature de Frankenstein

Sans star (Peter Weller est alors un acteur de série B méconnu), Robocop, premier d’une trilogie, est le plus gros succès de la saga avec 53M$ (donc 125M$ en 2023, avec l’inflation) contre 65M$ (avec l’inflation), pour le remake sorti en 2014. Cet engouement autour du film de Verhoeven s’explique par la puissance de regard et la férocité de traitement du concept qui s’inscrit logiquement parmi les meilleures œuvres de S.F. de son époque : effets spéciaux de qualité, même sans l’apport du numérique des œuvres actuelles, design formidable de la carapace du flic, scénario cocktail astucieux qui mélange le pop-corn movie et drame existentiel… En effet, au spectacle pétaradant, Verhoeven le guerrier ne se contente pas d’exploiter les maraudes d’une machine à exécuter la loi, le flic Murphy, dans les limbes de son uniforme de métal, est surtout un esprit enfermé contre son gré, dans la carcasse d’un robot, une créature pathétique errant entre la vie et la mort et utilisé par la société à des fins policières ambigües.

RoboCop 1 de Paul Verhoeven en blu-ray chez Arrow

Edition collector Arrow de RoboCop (2019) – Design : Paul Shipper – Copyright 1987 Orion Pictures. Tous droits réservés.

Box-office :

Quand Paul Verhoeven présente RoboCop à Avoriaz, le jury est présidé par un grand cinéaste sur le déclin (Sidney Lumet, qui vient de sortir Le lendemain du crime, avec Jane Fonda). On retrouve l’esthète de l’érotisme Walerian Borowczyz, l’atout charme que sont Barbara Carrera et Valery Kaprisky, de grands auteurs comme Jacques Rouffio ou John Irvin, des noms à la mode, Lambert Wilson, Michael York, Lou Diamond Philips ou Elie Chouraqui. Pour les amateurs de bis ou de l’âge d’or d’Hollywood, le grand Mel Ferrer…

20th Century Fox utilise Avoriaz comme tremplin pour RoboCop

Le festival est donc plein de bonnes intentions et la sélection regorge de films qui marqueront. A côté du bis italien, réduit aux nanars – La maison du cauchemar d’Umberto Lenzi et Killing Bird l’attaque des morts vivants de Joe d’Amato -, John Carpenter présente son Prince des ténèbres, Renny Harlin le sympathique Prison, Kathryn Bigelow le sépulcral Aux frontières de l’aube, Clive Barker devient réalisateur avec Le pacte (Hellraiser), Jack Sholder s’apprête à recevoir le Grand Prix pour The Hidden, Princess Bride, conte féerique de Rob Reiner, A Chine Ghost Story pose des jalons, et Bigas Luna nous hypnotise de son inquiétant Angoisse. Au milieu de cette sélection éclectique, RoboCop fait figure d’événement américain, avec la réputation déjà établie auprès des critiques de Paul Verhoeven. RoboCop a figuré parmi les succès de l’été 1987 sur son territoire. La réputation du film est donc posée, solide. Il ne reste plus qu’à le gratifier d’un joli prix. Il repartira néanmoins déçu, avec deux prix secondaires.

Angoisse, l'affiche

© 1987 Luna Films – Ramaco Anstalt – Samba P.C. / Affiche : Deleuse (agence) – Pierre Collier (affichiste). Tous droits réservés.

Aucune concurrence n’ose affronter RoboCop lors de sa sortie

La Fox a parfaitement compris le jeu autour d’Avoriaz. Un an après le triomphe de La Mouche où elle avait poussé le film de David Cronenberg, la major n’a pas hésité à se mouiller. RoboCop sort donc le 20 janvier 1988, profitant du buzz autour de cette 16e édition du Festival du Film Fantastique. Aucun film ne vient se mettre sur le passage de Verhoeven qui a une autoroute devant lui. Proposé dans une combinaison de 52 cinémas, la production de S.F. doit au mieux affronter parmi les nouveautés Dandin de Roger Planchon, avec Claude Brasseur et Zabou (14 écrans sur Paris/Périphérie) ou Y’a Bon les Blancs de Marco Ferreri (13 salles). Parmi les continuations, Le Proviseur, ancien numéro 1, aborde sa 3e semaine et Le dernier empereur, lui succédait en 2e place, en 9e semaine. En fait, ce 20 janvier, les sorties sont essentiellement d’art et essai (le film yougoslave Ange Gardien, Candy Moutain, El sur du réalisateur de L’esprit de la ruche, Victor Erice, Une femme honnête de Huang Jianzhong), pornographiques (Douces fellations et défonces anales, dans 3 salles) ou proposées dans les cinémas de quartier (le film hongkongais Top Mission et chinois War Heroe).

52 écrans sur Paris et une magnifique première place

RoboCop ouvre un commissariat dans 20 cinémas en intra-muros voir la liste sur le document ci-dessous), et se retrouve ainsi tête d’affiche dans tous les quartiers qui comptent. A Paris, après un premier jour à 23 919 entrées, il démarre sur les chapeaux de roue en première place avec 159 557 salles. Le dernier empereur s’accroche en 2e place, Le proviseur est encore d’autorité (49 703). En revanche, Génération perdue fait un gadin important, avec une seconde semaine à 18 472 entrées et une petite 11e place sur P.P.

En deuxième semaine parisienne, l’androïde de Paul Verhoeven redescend sur terre (86 819 entrées), en raison de la sortie colossale de Liaison fatale d’Adrian Lyne. Le thriller érotico-domestique avec Michael Douglas et Glenn Close domine Paris avec 167 434 spectateurs. Avec Saxo d’Ariel Zeitoun, ce sont les deux seules entrées d’un top 20 en crise. Stable en 3e semaine (72 215), RoboCop s’effondre en 4e semaine, dans un contexte où comptent les nominations aux Oscars et César, et à ce jeu, Liaison fatale le domine indubitablement.

Liaison Fatale, fatal attraction, box-office

Les archives de CineDweller © 1987 Paramount Pictures. Tous droits réservés.

En 7e semaine, à Paris, RoboCop n’est plus que dans 2 cinémas (Le Paramount Opéra et le Forum Cinéma, accompagné de 2 écrans de périphérie, pour un total hebdo de 2 686 entrées. Il achève sa carrière sur la capitale au Hollywood Boulevard, cinéma de quartier de René Chateau qui en tire 1 988 entrées en 9e semaine (total de 379 205 entrées). Les yeux sont rivés sur Arnold Schwarzenegger cette semaine-là, avec la sortie de Running Man, d’après Stephen King.

Sur l’ensemble du territoire, RoboCop trouvera davantage de munitions, demeurant 1 semaine en première place, 2 semaines en 2e place, 5 semaines dans le top 10, et huit semaines dans le top 20.

Dans l’Hexagone, RoboCop achèvera sa carrière avec 1 686 000 entrées, soit une 14e place annuelle.

RoboCop, les salles parisiennes du film (box-office)

Extrait du Pariscope N°1026, du 20 janvier 1987 – Les Archives de CinéDweller. Tous droits réservés

La carrière américaine d’un blockbuster de mi-saison estivale

En juillet 1987, RoboCop avait trôné pendant deux week-ends au box-office américain, battant à plate couture Les dents de la mer 4 qui était pourtant paru dans 26 écrans de plus, puis Superman IV, production Cannon qui allait entrer en 4e place loin derrière l’hybride d’Orion Pictures.

C’est lors de son 3e week-end que RoboCop chutera (-25%), en 4e place, en raison de la sortie du James Bond Tuer n’est pas jouer (1er) et Génération perdue (2nd) qui est un carton. En 3e place, le sleeper de l’été, La Bamba est la surprise du moment.

RoboCop finira en 14e position annuelle aux USA (53M$), Liaison fatale en 3e place (125M$), La Bamba en 12e place (54M$), Tuer n’est pas jouer en 17e place (51M$), Running Man en 30e place (34M$), Génération perdue en 33e place (32M$).

Un succès au milieu de désastres commerciaux, souvent signés Cannon Films

Nous aurons une pensée émue pour les désastres que furent Les dents de la mer IV, 51e annuel avec 20M$, et Superman IV, 73e annuel (15M$). Ce fut effectivement l’année qui mit un terme aux ambitions de domination de la Cannon (Over the Top à 16M$, Les maîtres de l’univers à 17M, Le justicier braque les dealers à 6M, American Ninja 2 à 4M$, Allan Quatermain et la cité de l’or perdue à 3.7M$, Barfly à 3.2M$…).

Le Blu-ray

A l’occasion de la sortie du reboot de Robocop, la Fox ressort une nouvelle édition Blu-ray du classique. Cette fois-ci avec des heures de bonus et une restauration 4K qui force le compliment. On oublie donc tout de suite l’édition bon marché de 2008 qui en avait outré plus d’un.

Compléments : 4/5

Une armada de bonus viennent réparer l’erreur de la première édition HD, dépourvue de suppléments. Passons-les en revue, sachant que certains, comme les commentaires audio, étaient déjà présents sur le DVD MGM de 2003.
– 44mn d’interviews en 2008, avec l’équipe du film, Verhoeven, Weller et Nancy Allen inclus. Passionnant voyage dans le temps au cœur d’un projet hollywoodien atypique.
– 36mn de Making-of : procédure d’écriture, casting, recherche du metteur en scène, effets spéciaux en stop motion, conditions de tournage pénibles, conflits… Encore un complément passionnant !
– Filmer Robocop, module de 1987 de 7mn, qui a une valeur promotionnelle historique. Bref, une featurette à l’ancienne qui se déguste jusqu’à la dernière seconde.
– Storyboard commenté (6mn), explicitant la scène d’intégration du robot ED-209, en stop motion. Pour amateurs d’effets spéciaux.
– Scènes supplémentaires (2’51) : filmage cru sur le plateau, sans grand intérêt cinématographique. L’essentiel de l’inédit figure dans la version director’s cut présente sur le Blu-ray, avec des plans beaucoup plus violents. A noter la présence de la pub qui tourne en boucle sur les écrans de Robocop, avec deux paires de seins généreusement exposés. Très grivois, on comprend pourquoi ce spot TV n’apparaît pas dans le montage définitif.
– Interview des acteurs interprétant les grands méchants du film, dont Kurtwood Smith et Ray Wise, et même Dick Cox, qui n’est plus tout jeune aujourd’hui. Ils évoquent leur motivation, le style de Verhoeven, l’amusement furieux sur un plateau où la bonne humeur était au rendez-vous (17mn).

Edition blu-ray de RoboCop (2014)

Edition blu-ray de RoboCop (2014) – Copyright 1987 Orion Pictures. Tous droits réservés.

– Le bonus caché, 38’ où l’on découvre un caméo inattendu du cinéaste dans le film.
– Les effets spéciaux : de l’artisanat au numérique (18mn). Le chef décorateur et un artiste peintre qui a conçu les peintures architecturales, reviennent sur les défis de la création d’effets spéciaux à une époque où les CGI étaient à leurs balbutiements. Sculptures, stop motion, tout est passé au crible et le résultat est passionnant.
– RoboCop : bâtir une légende. On en vient enfin au design de l’armure, à la conception même du super-héros, 80% robot, 20% homme, au casting de Peter Weller, qui en est donc l’un des intervenants principaux. Les problèmes psychologiques du comédien dans sa carapace, les couacs techniques, les souffrances physiques, l’entraînement de mime pour approcher le rôle métallique. Weller a fait un boulot impressionnant qui ne doit pas être sous-estimé (21mn).
– Commentaires audio de Verhoeven, du scénariste Ed Neumeier et du producteur exécutif Jon Davidson.
– Bande-annonce et spot TV.

RoboCop en édition mediabook allemande (20

Robocop – Edition allemande collector, jaquette D éditée par ’84. Copyright 1987 Orion Pictures. MGM. Tous droits réservés.

Image : 4.5/5

A l’exception de certaines pubs et de vidéos dans le film, qui n’ont pas pu être restaurées de façon aussi pointilleuse, le master proposé pour l’ensemble du métrage est d’une propreté et d’une netteté jubilatoire. La profondeur de champ propre au support permet une appréhension remarquable de cet environnement de science-fiction. L’image baigne dans une belle luminosité propre aux restaurations 4K. C’est beau de redécouvrir ses classiques dans ces conditions-là.

Son : 4 / 5

L’éditeur gratifie cette nouvelle copie d’une solide piste originale en 5.1 DTS HD Master audio. Elle gagne en ampleur et en lisibilité. Les effets arrière sont mesurés, mais surviennent de temps à autre avec l’aplomb des productions actuelles. Malheureusement le DTS mi-débit pour la VF. est de mise.

Frédéric Mignard

Sorties de la semaine du 20 janvier 1988

Robocop, l'affiche du film de 1987

Copyright 1987 Orion Pictures. Tous droits réservés.

Trailers & Vidéos

trailers
x
Robocop, l'affiche du film de 1987

Bande-annonce de RoboCop

Science-fiction

x