Réalisateur, directeur de la photographie, scénariste et producteur italien, Joe D’Amato est le pseudonyme le plus courant utilisé par Aristide Massaccesi. Il est né dans une famille qui travaille dans le cinéma – son père est chef électricien dans des studios – et il entre dès son adolescence dans ce monde en tant qu’assistant de son père. Il se spécialise assez vite dans la photographie et se retrouve même photographe de plateau sur Le carrosse d’or (Renoir, 1952). Par la suite, il devient assistant caméra sur Hercule contre les vampires (Bava, 1961).
Un directeur de la photographie apprécié
Toutefois, c’est en tant que directeur de la photographie qu’il se fait remarquer. Il travaille pour des artisans du cinéma populaire comme Michele Lupo ou encore Demofilo Fidani. Il apprend ainsi à tourner vite et bien.

© 1983 Filmirage / Affiche : Enzo Sciotti. Tous droits réservés.
Alors qu’il continue à photographier les films des autres, et notamment plusieurs gialli célèbres, il entame une carrière de réalisateur à partir de 1972 qui allait compter plus de deux cents titres en une trentaine d’années.
L’érotisme chevillé au corps
Joe D’Amato entame sa carrière de cinéaste avec des films bricolés comme Planque toi minable, Trinita arrive… (1972). Mais il trouve très vite sa voie avec Sollazzevoli storie di mogli gaudenti e mariti penitenti – Decameron nº 69 (1972) qui est une comédie érotique. Après quelques westerns et un thriller (La mort a souri à l’assassin), Joe D’Amato confirme son goût pour l’érotisme, en mêlant ce genre avec le mondo. Il fait tourner la jeune Laura Gemser dans la saga des Black Emanuelle qui surfe sur le succès planétaire d’Emmanuelle de Just Jaeckin (1974).
La saga compte notamment Black Emanuelle en Orient, Black Emanuelle en Amérique, Black Emanuelle autour du monde, Emanuelle et les derniers cannibales et Emanuelle et les filles de Madame Claude. On signalera également la réalisation d’un Emanuelle et Françoise (1975) qui n’a aucun rapport avec la saga, mais se présente comme une œuvre déjà bien crapoteuse.
1979-1984 : du gore crasseux au post-apo fauché
A la fin des années 70, le réalisateur se lance à corps perdu dans le film d’horreur avec des œuvres aussi putassières que Blue Holocaust (1979), Anthropophagous (1980) et Horrible (1981). D’Amato opère également une synthèse improbable entre film d’horreur et sexe débridé comme il l’avait initié dans ses œuvres érotiques. Cela donne La nuit fantastique des morts-vivants (1980) et Porno Holocaust (1981).
Dans les années 80, Joe D’Amato devient producteur en créant la société Filmirage. Il arpente toujours les terres du cinéma bis avec Caligula, la véritable histoire (1982) pour profiter du succès obtenu par le film de Tinto Brass. Il livre aussi un sous-Conan avec Ator l’invincible et sa suite (1982), ainsi que quelques post-apo comme 2020 Texas Gladiators (1983) et Le gladiateur du futur (1983). Le cinéaste ne néglige pas l’érotisme avec La retape (1985), La femme pervertie (1985) et La fille aux bas nylon (1986). A partir de 1987, D’Amato lance une nouvelle saga érotique intitulée Eleven Days, Eleven Nights.
Les années 90 et sa centaine de bandes X

© 1985 Filmirage
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Toutefois, le cinéma de genre italien meurt peu à peu et la compagnie Filmirage disparaît au début des années 90, malgré les sorties de Metamorphosis, Troll 2 ou Deep Blood. Le réalisateur se reconvertit alors avec succès dans le cinéma pornographique. Il tourne alors comme un forcené avec une vingtaine de titres en une seule année. Il met en scène les aventures sexuelles des stars du genre comme Tabatha Cash, Selen, Rocco Siffredi et Mark Shannon.
Il décède d’une crise cardiaque à l’âge de 62 ans en 1999, laissant derrière lui une filmographie gigantesque et protéiforme, entièrement dédiée au cinéma bis.