Le justicier braque les dealers : la critique du film (1988)

Action, Policier, Nanar | 1h39min
Note de la rédaction :
4/10
4
Le justicier braque les dealers, l'affiche

  • Réalisateur : J. Lee Thompson
  • Acteurs : Charles Bronson, Danny Trejo, John P. Ryan, Perry Lopez, George Dickerson, Kay Lenz, Michele Michaels
  • Date de sortie: 23 Mar 1988
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Death Wish 4 : The Crackdown
  • Titres alternatifs : Le justicier dans la ville 4 (titre DVD/Blu-ray, 2021), Death Wish 4 - Das Weiße im Auge (Allemagne) / Yo soy la justicia II (Espagne) / O Exterminador da Noite (Portugal) / El vengador anónimo 4 (Pérou) / El regreso del justiciero (Mexique) / Il giustiziere della notte 4 (Italie) / Desejo de Matar 4 (Brésil)
  • Année de production : 1987
  • Scénariste(s) : Gail Morgan Hickman
  • Directeur de la photographie : Gideon Porath
  • Compositeur : Valentine McCallum, John Bisharat, Paul McCallum
  • Société(s) de production : Cannon Group, Golan-Globus Productions
  • Distributeur (1ère sortie) : Cannon France
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : Vestron Vidéo (VHS, 1989) / MGM (DVD, 2005) / Sidonis Calysta (DVD et blu-ray, 2020)
  • Date de sortie vidéo : 5 décembre 2020 (blu-ray)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 174 369 entrées / 44 938 entrées
  • Box-office nord-américain : 6,8 M$
  • Budget : 5 M$
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleurs / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : -
  • Illustrateur / Création graphique : -
  • Crédits : Metro-Goldwyn-Mayer Pictures Inc.
  • Franchise : 4ème segment de la série du Justicier dans la ville
Note des spectateurs :

Pathétique à plus d’un titre, Le justicier braque les dealers touche le fond de la médiocrité, mais s’avère être un nanar réjouissant si on le regarde au quinzième degré. Du pur cinéma Cannon, bas du front et fun à la fois.

Synopsis : Paul Kersey vit désormais avec Karen et la fille de celle-ci, Erica. Mais l’adolescente succombe à une overdose. Paul ne tarde pas à identifier et à abattre le dealer responsable. Il est bientôt contacté par un certain Nathan White, qui a vécu un drame identique au sien et lui propose de mettre fin aux agissements des deux gangs qui contrôlent le marché local de la drogue. Il lui offre de financer entièrement cette croisade et lui remet des dossiers sur les revendeurs et leurs chefs. Paul se met aussitôt au travail…

Un quatrième volet destiné à renflouer les caisses de la Cannon

Critique : Le tout premier Justicier dans la ville (Winner, 1974) produit par Dino De Laurentiis cherchait à surfer sur la vague du vigilante movie à la Clint Eastwood en exploitant la violence inhérente à certains quartiers, créant ainsi une ambiance malsaine typique des années 70. Ses suites tardives des années 80 produites par l’inénarrable duo de la Cannon Golan / Globus ne sont quant à elles que de basiques séries B de plus en plus excessives.

Le justicier braque les dealers, jaquette blu-ray

© 1987 Metro-Goldwyn-Mayer Pictures Inc. / Sidonis Productions.

Il faut dire que la firme Cannon est en cette année 1987 dans une bien mauvaise passe suite à l’échec financier de plusieurs de leurs productions. Menahem Golan et Yoram Globus se tournent donc vers des valeurs sûres du box-office, dont la fameuse saga du vigilante Paul Kersey. Toutefois, les compères revoient leurs ambitions à la baisse en ne déboursant que 5 millions de dollars pour le budget, ce qui mécontente fortement Michael Winner. Ce dernier abandonne l’idée de revenir derrière la caméra et c’est donc le fidèle collaborateur de Bronson, le vétéran Jack Lee Thompson qui s’y colle. Celui-ci devra gérer la pénurie au mieux. Le fils du cinéaste, Peter Lee-Thompson, sera par ailleurs monteur. Il retrouvait Bronson après Le justicier de minuit, L’enfer de la violence, La loi de Murphyet retrouvera sa casquette de monteur par la suite sur trois autres métrages avec Bronson.

Un script à la peine

Le justicier braque les dealers s’inscrit pleinement dans la dérive de plus en plus bis de la série, déjà vue dans Le justicier de New York (Winner, 1986). Incapables de renouveler la thématique de la vengeance, les auteurs font preuve d’un cruel manque d’imagination en faisant de Paul Kersey (Charles Bronson en mode automatique) l’homme le plus malchanceux de la planète. Après avoir perdu sa femme et sa fille dans les précédents volets, voici que la fille de sa nouvelle compagne succombe à une overdose. De quoi faire bouillir le sang de ce bon vieux Paul, reparti en croisade afin d’épurer la ville de ses gangsters et autres dealers.

Une actualité personnelle et nationale brûlante

Dans une Amérique rongée par l’explosion phénoménale du crack, drogue du pauvre aux ravages conséquents dans les ghettos, notamment de Los Angeles, Le justicier braque les dealers est donc d’une actualité brûlante, tragiquement brûlante puisque le fils adoptif de l’épouse de Bronson, Jason David McCallum, qu’il a élevé comme son fils pendant 21 ans, décèdera d’une overdose en 1989, un an plus tard. A ce moment-là, le cancer contre lequel Jill Ireland se battait depuis 1984 ne lui laisserait que six mois de plus à vivre. Une double tragédie pour Bronson qui, durant le tournage du Justicier braque les dealers est conscient du combat de son fils adoptif contre la drogue dure.

Retour au script minimaliste

Conscients de la minceur de l’intrigue principale, les auteurs greffent à ce pitch minimal une guerre des gangs dont on se contrefiche royalement, d’autant qu’elle débouche sur un retournement de situation final totalement absurde et qui enterre définitivement toute forme de crédibilité du produit. Entre-temps, on aura eu le droit à un festival de scènes improbables dont une première séquence de rêve hilarante (et voulue comme tel, dans une volonté d’humour noir revendiqué) dans un parking souterrain. On notera également la persistance de dialogues épicés qui ne prennent pas de gants, ni avec les femmes, ni avec les minorités, signe d’une autre époque, décidément bien révolue et noyée aujourd’hui dans une bienséance furieusement ennuyeuse.

Réac assurément, mais drôle également

Malgré la présence derrière la caméra de Jack Lee Thompson, Death wish 4 : The Crackdown n’arrive jamais au niveau de son 10 to Midnight (en France, Le justicier de minuit, pourtant sans rapport avec la série du Justicier) qui voyait Charles Bronson traquer un maniaque sexuel sous la caméra impudique de Thompson. Si ce film était déjà un sommet dans le genre réactionnaire, sa noirceur en faisait une œuvre intéressante.

Franchise Un justicier dans la ville Death Wish, toutes les critiques

Avec Le justicier braque les dealers, le spectateur aura encore une belle démonstration de ce que fut l’Amérique reaganienne, avec son lot de répliques réactionnaires, ses personnages maléfiques qui, comme par hasard, font tous partie d’une minorité ethnique et son héros sans peur et sans reproche qui vient faire le ménage dans la maison Amérique.

Attention, acteurs en roue libre !

Tout ceci ne peut définitivement pas être pris au sérieux, même si la réalisation de Jack Lee Thompson est plutôt efficace. Il n’a par contre pas vraiment pris soin de diriger ses acteurs, pour la plupart en roue libre. Alors que George Dickerson et Perry Lopez manquent clairement de charisme et d’incarnation, John P. Ryan signe une prestation hors normes en antagoniste qui roule des yeux et éructe en mode surcharge émotionnelle. Son élimination finale occasionnera également un bel éclat de rire.

Appelez-le désormais Un justicier dans la ville 4 !

Ayant tout juste remboursé son budget sur le territoire américain, Le justicier braque les dealers a sonné le glas de la série jusqu’en 1994 où un improbable Death wish 5 est sorti en catimini sur les écrans américains, glanant à peine 1,5 million de dollars et signant la fin de la carrière de Bronson. En France, le quatrième volet a été un cuisant échec, condamnant le cinquième épisode à rester un inédit vidéo. On notera enfin que ce nouvel échec commercial a entamé encore un peu plus les finances de la société Cannon. Une fois de plus, le quatrième opus a davantage fonctionné en vidéoclub qu’en salle.

Désormais édité en France par Sidonis sous le titre Le justicier dans la ville 4, Le justicier braque les dealers se retrouve sur la même galette bleue que le cinquième épisode (1994), ce qui est l’occasion de découvrir ce dernier opus assez rare.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 23 mars 1988

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Le justicier braque les dealers, l'affiche

© 1987 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc . Tous droits réservés.

Box-office de Le justicier braque les dealers :

La fin de la Cannon en France

Quand Le justicier braque les dealers sort en France, la Cannon Film est au plus mal. Distributeur de ses propres films dans l’Hexagone via Cannon France, la mini-major a connu un succès relatif avec Barfly en septembre 87 et un hit avec Tous les coups sont permis, mais elle aligne les bides majeurs : Superman IV, Les maîtres de l’Univers, Braddock (alias Portés disparus 3), Bernadette, Cordes et discordes, Le bayou, Les vrais durs ne dansent pas, Journal d’un vieux fou. Un mois plus tard, cela sera au tour des nouvelles aventures d’Hercule Poirot, Rendez-vous avec la mort, et de Dancers de Herbert Ross. La firme vit ses derniers mois.

Le justicier braque les dealers sort le 23 mars 1988. Le début d’année a été exécrable pour la série B désormais redirigée vers le marché de la VHS, sans passer par la case cinéma, les distributeurs spécialisés périclitent… Cannon balance le film un jour où 13 nouveautés vont se mener la guerre, une semaine après la sortie de Empire du Soleil de Spielberg et Running Man, avec Schwarzy.

Les sorties du 23 mars 1988

Le justicier tire ses munitions dans 19 cinémas et réalise 3 041 entrées. Les Français aiment Bronson, lui sont fidèles et ces 3 000 entrées paraissent faibles, mais cela aurait pu être pire.

Devant lui, Chouans (10 898/42 salles) est le blockbuster français de la semaine, Cry Freedom la grosse sortie américaine (3 848/29 salles). Hidden est la série B du moment, auréolée du Grand Prix d’Avoriaz en 1988 (5 620). Parmi les autres sorties de la semaine, on citera : Le festin de Babette, classique magnifique avec Stéphane Audran, Oscar du Meilleur film étranger (634 entrées/6 salles) ; le film démarrait timidement, mais allait vivre un vrai bouche-à-oreille ; Le marin des mers de Chine avec Jackie Chan prenait le large (1 320, 13 salles) ; Miracle sur la 8e rue (1 997/21) était en France un échec pour Amblin, mais pas aux USA) ; Les p’tits Schtroumpfs était le désastre de la lignée cinématographique de Peyo (682,17 salles) ; Sammy et Rosie s’envoient en l’air (2 582, 8 salles) avait du potentiel grâce au nom à la mode de Stephen Frears ; 36 fillette de Catherine Breillat, était trop audacieux pour l’audience parisienne (1 129/7).

Première semaine lamentable

Le justicier braque les dealers, avec son titre un peu VHS, et son affiche franchement ratée, sera un échec sur toute la ligne pour Cannon Distribution. Et pour cause. Cette production restera 4 semaines à l’affiche sur Paname. Pour son investiture, il faut compter sur 24 849 spectateurs en première semaine sur 19 écrans, et une petite 10e place.

Le Bronson ne bénéficie pas d’une aura événementielle. Beaucoup ignorent son existence et l’acteur principal est un peu trop âgé pour la nouvelle génération de spectateurs. Au moins la production Cannon peut se targuer d’avoir remis à sa place la production Spielberg, Miracle dans la 8e rue, qui démarre à 19 771 clients.

Les salles parisiennes intra-muros

Le justicier braque les dealers pâtit d’un circuit de salle assez médiocre. Seulement 9 écrans en intra-muros. Le Forum Cinéma accuse le nombre d’entrées le plus faible (479 en 7 jours). Le Gambetta réalise 785 spectateurs. Le Galaxie 744, Le Mistral 1 172. Sur les Champs, le film se retrouve placardé dans une salle secondaire du George V (1 712) ; le Miramar est heureusement là ( 1 172), le Pathé Clichy (2 308) est un bon emplacement. Curieusement, on aurait pu l’imaginer au Paramount Opéra mais c’est pourtant le Pathé Français qui en hérite ( 3 517). Il y fera son meilleur score. N’oublions pas de saluer la présence du Rex au compteur, site favorable aux productions bis (3 314) de par sa proximité avec le quartier de Strasbourg Saint-Denis.

Quatre semaines d’exploitation

Avec une perte de plus de 60% de sa fréquentation en 2e semaine et déjà un effritement des écrans (il passe à 14), Le justicier braque les dealers dépasse seulement les 1 000 spectateurs par écran au Rex (2040) et au Pathé Français. Le Miramar l’envoie finir sa vie de façon intempestive au notoire Montparnos. Et le Convention Saint-Charles, cinéma de peu de potentiel, est déjà sollicité. Cela sent le sapin. Le film a glané 35 695 justiciers en 14 jours.

En 3e semaine, notre justicier traîne son flingue dans 6 salles de centres commerciaux de périphérie. En intra-muros, il crève à petit feu au George V (428), au Galaxie (410), au Pathé Français (306). Le quartier de la gare de Montparnasse riche en passage lui vaut 947 tickets au Montparnos. Il faut donc compter sur 4 938 spectateurs en 3e semaine pour 40 633 dealeurs.

Pour son ultime semaine sur Paris Périphérie, Le justicier braque les dealers trouve refuge dans un cinéma de quartier, le Hollywood Boulevard, pour faire le plein de places bon marché (2 647) et ajoute 277 entrées dans un cinéma de Colombes. Au total, c’est 43 557 nostalgiques de la belle époque de Bronson qui ont fait le déplacement.

Cela fait mal. Le justicier de New York, deux ans plus tôt, exactement à la même période, avait dézingué 187 629 entrées Franciliens.

A l’échelle française, c’est tout aussi abyssal, avec une 14e place en première semaine et à peine 3 semaines dans le top 30 hexagonal. Avec 174 639 entrées France, il s’agit de l’un des scores les plus bas de la star au box-office français en plus de 20 ans, si l’on écarte Act of Vengeance qui était un téléfilm canadien, sorti de façon opportuniste par un distributeur indépendant hors de la zone de confort de la Cannon (138 229, en 1986).

box-office : Frédéric Mignard

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Bande-annonce de Le justicier braque les dealers (VF)

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