Peter Weller restera à jamais le visage de RoboCop, personnage mi-homme mi-robot qui le révèle au monde en 1988.
Acteur vu une première fois sur les écrans français dans Les joyeux débuts de Butch Cassidy et le Kid de Richard Lester, en 1978, Peter Weller trouve un rôle important en 1982 chez Alan Parker, dans Shoot the Moon, l’usure du temps, aux côtés de Albert Finney, Diane Keaton et Karen Allen, mais le film est un échec.
Cet acteur de théâtre dans les années 70, qui a été dirigé alors par Otto Preminger, entretient au début des années 80, une histoire d’amour avec Ali MacGraw, peu après le divorce de celle-ci d’avec Steve McQueen. Ils se rencontrent sur le tournage de Just Tell Me What You Want (1980), l’une des rares comédies tournées par Sidney Lumet. La star féminine de Love Story et Weller resteront de proches amis toutes leurs vies.
Design affiche : artiste inconnu © Vestron Video International
Un avant et un après RoboCop peu mémorable
Jusqu’à la sortie de RoboCop en juillet 1987 aux USA, l’acteur trouve espoir dans de très nombreux longs métrages comme le film d’épouvante de George Pan Cosmatos Terreur à domicile (1983) et surtout Les aventures de Buckaroo Banzai à travers la 8e dimension (1984). Cette production cossue, devenue culte avec le temps et présentée à Avoriaz en 1986, est un échec foudroyant aux USA et dans le reste du monde. La même année en France sort Apology – Confessions criminelles, polar sombre avec Lesley Ann Warren, réalisé par Robert Bierman (Embrasse-moi vampire). Encore un flop.
Certains films de Peter Weller, comme Firstborn, ne trouvent même pas leur place dans nos salles. Ce teen movie issu du catalogue Paramount, avec Teri Garr, le présentait comme un “beau-père” menaçant, auprès d’une nouvelle génération de jeunes comédiens (Corey Haim, Sarah Jessica Parker et Robert Downey Jr.). Weller trouve dans la foulée un autre rôle de bad-guy dans le polar sudiste A Killing Affair, édité directement en VHS en France sous le titre de La nuit du crime. Dispensable.
RoboCop, le chef d’oeuvre de Peter Weller – Copyright 1987 Orion Pictures. Tous droits réservés.
RoboCop, satire de science-fiction explosive et premier long américain réalisé par le néerlandais Paul Verhoeven, lui sert de tremplin formidable dans sa carrière. Le film de studio est un triomphe mondial et donnera lieu à un sequel, en 1990 dont le succès sera bien moindre. Ce diptyque sera en fait le seul vrai succès commercial de Peter Weller. Le film espagnol El Tunel d’Antonio Drove, avec Jane Seymour et Fernando Rey, distribué en France sous le titre de Fatal Obsession, est un four. Blue Jean Cop est une comédie policière estivale peu mémorable, sorti en salle en 1988, quant au Léviathan de George Pan-Cosmatos, sélectionné à Avoriaz en 1991, coulera au plus profond de l’océan là où son monstre aquatique se nichait. Il en était la star, avec Richard Crenna. La même année, Peter Weller, encore très demandé, tourne pour Abel Ferrara dans Cat Chaser, l’un des opus les moins connus du réalisateur de Bad Lieutenant, avec également Kelly McGillis, Frederic Forrest et Tomas Milian au casting. La France n’en voudra pas sur le grand écran, le thriller érotique étant particulièrement insipide.
Peter Weller trouve un ultime grand rôle dans Le festin nu de David Cronenberg
En 1991, Peter Weller trouve son deuxième rôle le plus important de sa carrière dans Le festin nu (Naked Lunch) de David Cronenberg dont il s’agit du premier film en trois ans. Cronenberg est alors au sommet de la “hype”, après les succès de La mouche et de Faux-semblants. L’adaptation de William Burroughs déroutera et ne sera pas le succès escompté. Il restera néanmoins le second film le plus important dans la carrière de Peter Weller.
Un thriller érotique d’Abel Ferrara#30172 © 1989 Whiskers Productions Inc., Vestron Pictures
Après Le festin nu, l’acteur se perd dans des projets peu intéressants. Si il est du casting de Maudite Aphrodite de Woody Allen (1995) et du film européen Par-delà les nuages d’Antonioni (1995), ce ne sont pas les œuvres les plus remarquables de leurs auteurs.
Peter Weller est victime de l’insuccès de ses films et de surcroît n’a plus l’âge d’un jeune premier, puisqu’il a une quarantaine bien entamée. Aussi, tout au long des années 90, il se perd, non par choix, mais par manque d’opportunités offertes par les studios. On le voit dans la comédie de guerre Fifty-fifty avec Robert Hays (1992), la comédie The New Age avec Judy Davis qui sont des désastres. Seule la série B maline Planète hurlante (Screamers) de Christian Duguay, adapté par Philip-K. Dick, sera un beau succès estival, notamment en France. Son nom est encore isolée en haut de l’affiche.
Fifty-Fifty, exploité directement en VHS en France © Cannon Pictures. All Rights Reserved
Planète hurlante, un sursaut inattendu dans la série B
Pourtant, après Planète Hurlante, on ne reverra plus Peter Weller sur nos écrans, à part un second rôle dans le nanar d’épouvante avec Heath Ledger, Le Purificateur (The Order), en 2003, et un petit rôle dans Star Trek Into Darkness de J.J. Abrams, en 2013. L’acteur n’est pourtant pas au chômage technique, puisqu’il sera néanmoins dans une vingtaine de films entre 1995 et 2019, des DTV essentiellement comme Mercenaires (Decoy, en VO), avec Robert Patrick et Charlotte Lewis, Diplomatic Siege avec Daryl Hannah et Tom Berenger, Contamination d’Anthony Hickox, avec William Hurt, le film d’épouvante Shadow Hours, Jeux dangereux (alias Styx en V.O.), L’aventure du Poséidon version téléfilm, en 2005, Terreur dans la savane (Prey), Dragon Eyes avec Jean-Claude Van Damme et Cung Le… Des séries B sans intérêt. Ou bien figure-t-il au casting vocal de quelques films comme celui de Batman/le Chevalier noir, puisque Weller incorpore le DC Universe en 2012 en incarnant le rôle principal dans la franchise animée.
Edition Collector du Festin Nu chez Arrow (Royaume-Uni, 2023 – Copyright All Rights Reserved)
Comme tous les acteurs has-been de son temps, Peter Weller se tourne vers la télévision. Outre de nombreux téléfilms, il tourne dans de multiples séries qui ont besoin de noms. Il donne de sa personnne dans 24 heures chrono (11 épisodes en 2006), Odyssey 5, Fringe, Dexter, Dr. House, dans 11 épisodes de Sons of Arnarchy...
L’autre Peter Weller, docteur en littérature et histoire de l’art, enseignant à l’université
Surtout, à cette époque, Peter Weller passe derrière la caméra et tourne des épisodes à la chaîne pour The Strain, Sleepy Hollow, Under the Dame, Rush Hour, Salem, Longmire, The Last Ship, MacGyver, Magnum P.I., et surtout 15 épisodes d’Hawaii 5-0. On pourrait désormais considérer cet acteur comme un véritable réalisateur à plein temps s’il n’était pas, parallèlement à son métier d’acteur, professeur de littérature et d’histoire de l’art à l’Université de Syracuse, dans l’Etat de New-York. Fort de sa thèse qu’il a préparée en dix ans durant ses années d’acteur, Weller a donc su systématiquement évoluer avec passion. Mais que les fans de RoboCop se rassurent, à 75 ans, l’acteur a repris l’uniforme métallique en 2022 pour le jeu vidéo RoboCop : Rogue City. Le jeu Teyon pourrait sortir en juin 2023 , pour l’anniversaire de la star qui célèbrera donc ses 76 ans.
Blue Jean Cop (Shakedown) de James Glickenhaus, jaquette blu-ray du film (édition Carlotta) #29182 © 1988 Blue Jean Cop Company, Inc.
