La maison du cauchemar fut l’un des derniers représentants du bis horrifique italien à sortir dans les salles françaises pour un résultat déplorable à tous les niveaux. Un pur nanar.
Synopsis : En 1967, un horrible drame se déroule dans une maison isolée du Massachusetts : la famille Baker est sauvagement assassinée. Seule la petite Henrietta, toute de blanc vêtue, est épargnée. Vingt ans plus tard, à Boston, Paul, radioamateur passionné, capte un étrange message : des appels à l’aide, des hurlements déchirants et un ricanement sur une étrange musique. Paul arrive à localiser le lieu d’appel. Il s’agit de la villa des Baker…
Le cinéma de genre italien à l’agonie
Critique : A la fin des années 80, le cinéma de genre italien est à l’agonie. Les fonds sont de plus en plus compliqués à réunir, les débouchés se raréfient, les coproductions cessent peu à peu et la télévision prend le relais. Toutefois, la firme Filmirage de Joe D’Amato a tenté de perpétuer les méthodes des années 70 jusqu’au cœur des années 90. La société finira par fermer ses portes définitivement en 1994, poussant la plupart des artisans du bis vers la case télévision (ou porno pour Joe D’Amato).
En 1988, Filmirage possède encore quelques moyens pour s’offrir des tournages aux Etats-Unis, ce qui a amené Umberto Lenzi à se rendre sur place et à tourner coup sur coup La maison du cauchemar (1988), Nightmare Beach (1989), Le voyageur de la peur (1989), Cop Target (1990) et Démons 3 (1991). Ce corpus peu connu en France est plutôt déplorable et La maison du cauchemar est loin d’être le pire rejeton de cette période où Lenzi cherche avant tout à payer ses impôts. D’ailleurs, La maison du cauchemar fut le seul de ce corpus à être d’abord présenté au festival d’Avoriaz, puis à sortir dans les salles françaises au mois de juin 1988.
Un faux Evil Dead 3 plus proche d’Amityville
Le long-métrage a connu un certain succès en Italie grâce à son titre mensonger : La Casa 3. Il faut savoir que la saga Evil Dead de Sam Raimi est sortie en Italie sous le titre La Casa et La Casa 2. La société Filmirage opte donc pour une arnaque bien dans l’esprit d’un certain cinéma d’exploitation en faisant croire au public distrait qu’il va découvrir le nouvel opus d’Evil Dead. Lenzi et Filmirage ne seront pas les seuls à s’emparer de cette méthode douteuse puisque la saga La Casa continuera à être exploitée en Italie par d’autres petits malins.
En ce qui concerne La maison du cauchemar, on retrouvera bien l’idée de plusieurs post-adolescents qui se retrouvent confrontés à un esprit frappeur dans une maison isolée, mais pourtant, ce n’est pas vraiment Evil Dead qui vient en priorité à l’esprit. Le long-métrage fait surtout penser à un mélange assez peu harmonieux entre Amityville 2, le possédé (Damiani, 1982) et Poltergeist (Hooper, 1982). Le spectateur se retrouve donc rapidement en terrain connu et le film parvient à faire illusion dans les dix premières minutes.
Un début correct, gâché par un script aux abonnés absents
Cela commence effectivement fort avec le massacre initial dans la maison, très largement influencé par celui d’Amityville 2. La réalisation se fait intrusive, avec des cadrages tarabiscotés et une bonne dose de gore qui laisse une bonne impression. Malheureusement, cela se gâte très vite avec l’apparition des personnages principaux, tous incarnés par des acteurs sans aucun charisme. Même Lara Wendel, pourtant connue pour ses belles prestations enfantines des années 70, semble se demander ce qu’elle vient faire dans cette galère. La plupart de ses partenaires ne savent pas jouer la comédie et finissent d’enterrer un peu plus une production à la peine.
Très rapidement, le spectateur doit faire son deuil du moindre scénario, simple prétexte à pousser les personnages à venir se faire trucider dans la maison, un par un si possible. L’absence d’invention de la réalisation, l’incapacité du cinéaste à créer la moindre ambiance horrifique et la nullité de la plupart des rebondissements font de la projection un calvaire. Au milieu de ce naufrage, le bisseux trouvera bien ça et là quelques petites idées sympathiques, un ou deux meurtres bien gore, mais cela reste maigre si l’on compare le métrage aux sommets macabres déployés par Lucio Fulci au début de la décennie 80.
Lenzi en bout de course
La photographie sans charme véritable, la musique alternativement kitsch ou navrante contribuent encore à faire de La maison du cauchemar un bien vilain petit canard boiteux. Sa sortie en juin 1988 n’a d’ailleurs attiré dans les salles françaises que 26 318 curieux. Il s’agit ainsi de la dernière sortie nationale d’une œuvre d’Umberto Lenzi, la plupart de ses productions suivantes n’étant exploitées que dans quelques salles provinciales, avant de passer ensuite par la case vidéo. Au vu de la qualité de ces nanars, on peut aisément comprendre pourquoi.
Les sorties de la semaine du 1er juin 1988
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Illustrateur : © E. Sciotti