Liaison fatale : la critique du film (1988)

Thriller | 1h59min
Note de la rédaction :
6,5/10
6,5
Liaison fatale (Fatal Attraction), affiche du film (1988)

  • Réalisateur : Adrian Lyne
  • Acteurs : Michael Douglas, Glenn Close, Fred Gwynne, Anna Thomson (Anna Levine), Anne Archer, Ellen Latzen
  • Date de sortie: 27 Jan 1988
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Fatal Attraction
  • Titres alternatifs : Eine verhängnisvolle Affäre (Allemagne) / Atracción fatal (Espagne) / Atracção Fatal (Portugal) / Fatalne zauroczenie (Pologne) / Attrazione fatale (Italie) / Atração Fatal (Brésil)
  • Année de production : 1987
  • Scénariste(s) : James Dearden
  • Directeur de la photographie : Howard Atherton
  • Compositeur : Maurice Jarre
  • Société(s) de production : Paramount Pictures
  • Distributeur (1ère sortie) : UIP
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : CIC Vidéo (VHS) / Paramount (VHS, 2000) / Paramount (DVD, 2002) / Paramount Pictures (blu-ray, 2021)
  • Date de sortie vidéo : 18 août 2021 (blu-ray)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 2 209 239 entrées / 594 441 entrées
  • Box-office nord-américain : 156,6 M$ (384,3 M$ au cours ajusté de 2022)
  • Budget : 14 M$ (34,3 M$ au cours ajusté de 2022)
  • Rentabilité : -
  • Classification : Interdit aux moins de 12 ans
  • Formats : 1.85: 1 / Couleurs / Son : Dolby Stéréo
  • Festivals et récompenses : People's Choice Awards 1988 : meilleur film dramatique / BAFTA 1989 : meilleur montage d'un film pour Michael Kahn et Peter E. Berger / Nominations aux Oscars 1988 : meilleur film, meilleure actrice pour Glenn Close, meilleure actrice dans un second rôle pour Anne Archer, meilleur scénario adapté pour James Dearden et meilleur montage pour Michael Kahn et Peter E. Berger / Nominations aux Golden Globes 1988 : meilleur réalisateur pour Adrian Lyne, meilleur film dramatique, meilleure actrice dans un film dramatique pour Glenn Close, meilleure actrice dans un second rôle pour Anne Archer / Nomination au Saturn Awards 1988 : meilleur scénario pour James Dearden
  • Illustrateur / Création graphique : -
  • Crédits : Paramount Pictures
Note des spectateurs :

Thriller érotique au discours réactionnaire, Liaison fatale est d’une belle efficacité, même si le tout est gâché par une fin modifiée par les producteurs. Le film confirme toutefois le charisme fou de Glenn Close.

Synopsis : L’aventure d’un soir de Dan Gallagher, un avocat new-yorkais marié et père de famille, avec Alex Forrest, une éditrice célibataire à la personnalité obsessive, va se transformer en un véritable cauchemar pour lui et sa famille.

Adrian Lyne devient le spécialiste du thriller érotique

Critique : En 1986, le réalisateur britannique Adrian Lyne fait sensation avec son film érotique 9 semaines ½ qui est un échec aux États-Unis, mais qui connaît une jolie carrière en Europe. Surtout, le film établit une bonne fois pour toute Kim Basinger comme sex-symbol et confirme la place d’Adrian Lyne parmi les réalisateurs qui comptent. Celui-ci accepte dans la foulée de réaliser Liaison fatale (1987), basé sur un court-métrage britannique de James Dearden. Ce dernier a étendu son intrigue dans un scénario destiné à devenir un long-métrage, mais le studio préfère en confier la réalisation à un cinéaste confirmé.

Liaison fatale, jaquette du blu-ray

© 1987 Paramount Pictures. Tous droits réservés.

Adrian Lyne semble effectivement l’artiste le mieux placé pour en faire un événement puisqu’il a prouvé sa capacité à tourner des séquences chaudes avec des stars. Ici, il doit diriger Michael Douglas, désormais devenu une star mondiale depuis le triomphe d’A la poursuite du diamant vert (Zemeckis, 1984) et de sa suite Le diamant du Nil (Teague, 1985). Face à lui, Lyne offre le rôle de l’amante fatale à Glenn Close qui s’était déjà faite remarquer dans un autre thriller sensuel intitulé A double tranchant (1985) de Richard Marquand d’après un scénario d’un certain Joe Eszterhas (futur auteur de Basic Instinct). Enfin, le casting est complété par Anne Archer qui incarne l’épouse trompée.

Le modèle familial traditionnel menacé par la femme à la sexualité affirmée

Dès le début du film, le cinéaste retranscrit à merveille l’ambiance terriblement banale qui entoure la famille Gallagher, typique d’une certaine middle class américaine des années 80. La banalité de leur quotidien est soulignée à l’envi par un cinéaste qui préfère finalement s’attarder sur le personnage bien plus intrigant de Glenn Close. Décrite d’abord comme une femme libre et à la sexualité affirmée, le personnage d’Alex Forrest se révèle rapidement être une femme terriblement seule qui cherche à tout prix à se raccrocher à cet homme marié dont elle tombe éperdument amoureuse. Le fait qu’elle écoute en boucle l’opéra Madame Butterfly n’est bien entendu pas un hasard et cela annonce nécessairement la fin tragique du personnage.

Ainsi, pendant une grande partie du film, le cinéaste prend clairement parti pour cette femme qui est jetée comme un vulgaire kleenex par cet homme à la vie rangée qui s’est offert un coup d’un soir. Comme souvent, Michael Douglas incarne avec talent cet homme à la virilité affirmée, mais qui est finalement veule et lâche, se raccrochant désespérément à sa sacro-sainte famille dans un esprit typiquement conformiste. Pendant la deuxième heure, le script fait peu à peu évoluer les personnages en créant un suspense autour de la personnalité possiblement dérangée de la femme, devenue mante religieuse.

Liaison Fatale, fatal attraction, box-office

Les archives de CineDweller © 1987 Paramount Pictures. Tous droits réservés.

Comment les producteurs ont fait d’une œuvre ambiguë un parangon du film réactionnaire!

Toutefois, on sent encore durant la quasi-totalité du long-métrage la volonté de ne pas trop condamner les actes de la femme abandonnée. Cela est d’ailleurs confirmé par la fin originale qui est d’une parfaite logique narrative avec ce qui précède. On ne peut que vous encourager à visionner cette fin disponible sur YouTube et qui confirme le caractère profondément tragique du personnage joué avec maestria par Glenn Close.

Malheureusement, à la suite de projections test désastreuses, les exécutifs du studio Paramount ont contraint l’équipe à revenir tourner une autre fin, plusieurs mois après l’arrêt des prises de vue. C’est ce final outrancier dans la salle de bain qui a marqué durablement les esprits par son aspect grand-guignolesque, mais surtout assez ridicule. Pire, ces cinq dernières minutes transforment une œuvre nuancée en un modèle de film réactionnaire. Vu le triomphe du long-métrage, cela répondait assurément à une demande du grand public qui souhaitait condamner la femme trop indépendante et sexualisée au profit d’une famille lambda plus traditionnelle. Par contre, cela vient en contradiction évidente avec ce que souhaitait dire les auteurs et cette dichotomie se sent fortement.

Liaison fatale enterre pour de bon la libération sexuelle des années 70

Il est donc difficile de juger Liaison fatale de manière juste puisque le film voulu initialement par Adrian Lyne se révèle nettement supérieur à sa version cinéma. En l’état, le long-métrage vu par l’ensemble du public s’inscrit dans une veine puritaine qui vise à condamner toute forme d’adultère et de liberté sexuelle afin de promouvoir un modèle familial conforme à la norme. Liaison fatale, tout en jouant sur un érotisme débridé, sonne donc la fin de la partie pour la libération sexuelle des années 70. Entre-temps, l’épidémie du sida a fait rage et les Américains ont élu deux fois de suite le très conservateur Ronald Reagan.

Un vrai phénomène au box-office mondial

Le résultat fut totalement effarant au box-office américain puisque Liaison fatale a glané 156,6 M$ (384,3 M$ au cours ajusté de 2022) rien qu’en Amérique du Nord où il s’est classé au troisième rang de l’année 1987. Mais le phénomène ne s’est pas arrêté aux frontières américaines puisque Liaison fatale s’est également classé à la neuvième place du box-office français en 1988 avec plus de 2 millions d’entrées dans l’Hexagone. On notera que le film est resté deux semaines en tête du box-office parisien, avant d’être délogé par Wall Street, un autre long-métrage mené par Michael Douglas. D’ailleurs, les Parisiens ont été moins sensible au thriller érotique que la province puisque le film s’est effondré après sept semaines de présence et un résultat de 594 441 entrées dans la capitale.

Sur le reste de la France, Liaison fatale s’est maintenu en tête du box-office pendant un mois. La messe ne sera dite en province qu’à la mi-avril 1988 avec plus de 2,2 millions de tickets vendus. Une bien belle affaire qui a confirmé le statut de star de Michael Douglas, mais qui a également attiré l’attention sur Glenn Close, actrice magnifique. Enfin, signalons que le métrage a obtenu six nominations aux Oscars, mais n’a remporté aucune statuette.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 27 janvier 1988

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Liaison fatale (Fatal Attraction), affiche du film (1988)

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