De sang-froid : la critique du film et le test blu-ray collector Wild Side (1968)

Thriller, Film Noir, Policier | 2h14min
Note de la rédaction :
10/10
10
De sang-froid, affiche 1988 par Jean-Marc Haddad

  • Réalisateur : Richard Brooks
  • Acteurs : Scott Wilson, Robert Blake, John Forsythe, Paul Stewart
  • Date de sortie: 20 Mar 1968
  • Année de production : 1967
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : In Cold Blood
  • Titres alternatifs : Truman Capote's In Cold Blood
  • Scénaristes : Richard Brooks
  • D'après l'ouvrage de Truman Capote
  • Directeur de la photographie : Conrad L. Hall (sous le nom de Conrad Hall)
  • Monteur : Peter Ziner
  • Compositeur : Quincy Jones
  • Producteur : Richard Brooks
  • Sociétés de production : Columbia Pictures, Pax Enterprises
  • Distributeur : Columbia Films
  • Distributeur reprise : AAA Classic (1988), Action Gitane (2003)
  • Date de sortie reprise : 13 janvier 1988, 19 novembre 2003
  • Editeur vidéo : Wild Side Vidéo (Mediabook Combo Livre-bluray-DVD)
  • Date de sortie vidéo : 28 avril 2020
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 184 499 entrées / 48 639 entrées // 7 542 entrées (1988, chiffres parisiens) // 1 231 (2003, France)
  • Box-office USA : 13 000 000 $ / 103 000 000 $ (recettes ajustées)
  • Budget : 3 500 000$
  • Classification : Interdit aux moins de 12 ans
  • Formats : 2.35 : 1 / Noir et Blanc (35mm, Panavision) / Mono (3 Channel Stereo (Westrex Recording System), 5.1 DTS
  • Festivals et récompenses : 4 nominations aux Oscars (Musique, Photographie, Adaptation, Réalisateur)
  • Illustrateur / Création graphique : Affiche © Jean-Marc Haddad (1988), © Thierry Couquard (Design Artwork Vidéo 2021) Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © 1967, renewed 1995 Pax Enterprises, Inc. Tous droits réservés.
Note des spectateurs :

Œuvre insaisissable qui peut être lue comme un douloureux plaidoyer contre la peine de mort, De sang-froid brille par sa finesse, oppresse par l’absurdité de sa violence et époustoufle par sa beauté d’œuvre cinématographique absolue. Ce chef-d’œuvre intemporel de Richard Brooks est un exemple rare où le film égale au moins le monument littéraire fondateur, ici signé Truman Capote.

Synopsis : A la fin des années 50, deux jeunes délinquants assassinent un couple de fermiers du Kansas, ainsi que leurs deux enfants. Recherchés par toutes les polices, ils finissent par être arrêtés, condamnés à mort et exécutés en 1965.

De sang-froid, du livre de Truman Capote au film

Critique : En 1966, l’écrivain Truman Capote bouleverse le monde littéraire en publiant De sang-froid, premier non-fiction novel (roman de non-fiction, en français) où le romancier s’inspire directement d’un fait divers pour créer une œuvre novatrice, mélange habile de fiction et de journalisme. Le succès est foudroyant et les producteurs hollywoodiens s’emparent immédiatement des droits de l’ouvrage. Ils comptent mettre en chantier une œuvre commerciale et lucrative, en couleur, et avec des stars montantes comme Paul Newman et Steve Mc Queen. Pourtant, Truman Capote impose ses volontés et choisit de confier l’adaptation à Richard Brooks, cinéaste réputé pour ses films engagés. Brooks, conscient du poids de l’ouvrage dans la société américaine, décide néanmoins de prendre les commandes du projet en imposant sa vision artistique sans concession du métrage, sans jamais trahir Capote. Aussi, cette œuvre hantée par la mort, l’angoisse et la peur est en noir et blanc, un choix mesuré par le cinéaste qui ne conçoit pas qu’il puisse en être autrement pour toucher aux émotions primaires du spectateur. Il réfute l’idée saugrenue de vedettes et dirige un casting d’inconnus afin de renforcer l’aspect véridique de l’intrigue, au grand dam des studios. Malgré les pressions, le film est tourné pour un budget dérisoire selon les desiderata de l’auteur.

De sang-froid, photo de Scott Wilson

© 1967, renewed 1995 Pax Enterprises, Inc. Tous droits réservés.

Exit Otto Preminger, Richard Brooks s’impose

Richard Brooks, metteur en scène confirmé (avec à son actif des œuvres comme Graine de violence (1955), La chatte sur un toit brûlant (1958) ou encore Elmer Gantry, le charlatan en 1960), retrouve ici une seconde jeunesse et expérimente de nouvelles techniques narratives. Tout d’abord, il confie la photographie à Conrad Hall qui fait des miracles en jouant sur le clair-obscur, renforçant l’aspect glacial et ténébreux du sujet. La beauté de la photographie, curieusement non oscarisée, malgré une nomination, permet une profondeur de plan et une appréhension de l’espace qui confine à l’angoisse. Ensuite, Brooks multiplie les raccords étranges, aussi bien visuels que sonores, et casse les règles habituelles du montage : il commence son film par une gigantesque ellipse et déstructure ainsi sa narration, toutefois, il n’épouse pas la complexité narrative de l’œuvre de Capote, dont la chronologie est trop alambiquée pour le cinéma de cette époque.

Quincy Jones au paroxysme de son art

Dans De sang-froid, la réussite des choix artistiques de Richard Brooks est confortée par la musique originale du grand Quincy Jones. L’artiste se situe dans sa grande période d’expérimentation et sa volonté de conquête de Hollywood. Quincy Jones, au paroxysme de son talent, fait part intégrante du processus créatif, ne se contentant pas d’illustrer des images déjà tournées, mais travaillant en étroite collaboration avec Richard Brooks, tout au long du tournage, pour que la musique puisse donner corps à l’angoisse et au trouble mental des personnages principaux jusqu’à la fin glaçante.

De sang-froid, photo

© 1967, renewed 1995 Pax Enterprises, Inc. Tous droits réservés.

Des acteurs inconnus impressionnants

Brooks, perfectionniste qui use de son autorité pour obtenir le meilleur de son équipe, utilise à bon escient ses deux acteurs principaux. Robert Blake fut dans les années 40 un enfant star que le public ne connaît pas en tant qu’adulte et Scott Wilson tourne ici son deuxième film. Cette fraîcheur se retrouve dans leur interprétation, magnifique et parfaitement troublante. Les deux marginaux se complètent dans leur monstrueuse humanité jusqu’à la sentence finale, partagée, mais avec une approche différente de la part de Capote et donc de Brooks, en s’intéressant davantage au personnage joué par Blake, davantage fouillé. On notera également la présence de John Forsythe (acteur méconnu qu’on reverra chez Hitchcock dans L’étau, et qui trouvera la gloire dans le rôle du patriarche des Carrington, dans le soap des années 80 Dynasty). Il est épatant de concision, avec un jeu chirurgical.

Une œuvre hantée par la mort et la barbarie, sans aucun didactisme

Richard Brooks s’essaie à la fidélité au récit de Capote en s’efforçant d’éviter le didactisme scolaire sur la peine de mort et le jugement binaire sur la cruauté de l’homme. On retrouve la même réflexion percutante sur la barbarie humaine et la relativité du meurtre que dans l’ouvrage. Légitime en temps de guerre (un des personnages est un héros du conflit coréen), condamné en temps de paix, mais officialisé lorsqu’il s’agit d’une peine de mort, l’acte de tuer s’interprète différemment. Le cinéaste oppose ainsi le crime absurde, d’une violence terrible et qui glace le sang, au crime d’État, implacable jusque dans sa logique administrative. Mais la finesse de Brooks n’impose aucun point de vue, suscitant dans un premier temps l’effroi, l’horreur, l’aversion et une réflexion constante qui hante le spectateur longtemps après le visionnage.

De sang-froid, photo de John Forsythe

© 1967, renewed 1995 Pax Enterprises, Inc. Tous droits réservés.

De sang-froid, une œuvre sans aucune concession

De sang-froid (1967) est une œuvre glaciale, tendue jusqu’au générique final uniquement constitué de battements de cœur qui s’arrêtent, avec la musique de Quincy Jones qui se fait rare. Il faudra attendre plusieurs années avant de retrouver un ton aussi froid, notamment dans le cinéma de Haneke (Funny Games en 1997). Toutefois Brooks ne filme pas l’assassinat sauvage d’une famille de façon clinique. Sa mise en scène est trop élaborée pour viser la radicalité quasi documentaire de Haneke qui compose autrement. Capote et Brooks soumettent une psychologie cabossée aux criminels et détruisent de l’intérieur la middle class américaine dans ce qu’elle a de plus honnête dans sa citoyenneté, avec une parcimonie journalistique pour l’auteur de l’ouvrage, et une composition artistique de l’image et de l’ambiance de la part du cinéaste, faisant converger l’horreur sur le mental trouble des tueurs et leur éventuelle rédemption.

Truman Capote (2005) de Bennett Miller, biopic complément essentiel

Le livre de Truman Capote et l’authentique chef-d’œuvre de Richard Brooks, sont aujourd’hui indissociables d’un autre regard de cinéma, celui de Bennett Miller, à l’occasion de son adaptation de la biographie de Truman Capote par Gerald Clarke, sobrement intitulée Truman Capote (2005). Se focalisant sur l’élaboration du projet De sang-froid (In Cold Blood, en version originale), Miller est parvenu à un miracle d’authenticité dans sa propre reconstitution de l’investigation de Truman Capote et son implication émotionnelle dans cette tragédie toujours en construction, avec le procès des assassins. Sa direction d’acteur (Philip Seymour Hoffman remportait l’Oscar en 2006) et la tonalité esthétique servent d’œuvre miroir au classique de Brooks, nous permettant de réinsérer, au fil de l’enquête, la présence de Truman Capote lui-même au cœur du film où son ombre plane inévitablement.

De sang-froid, photo

© 1967, renewed 1995 Pax Enterprises, Inc. Tous droits réservés.

Un succès américain, sauf aux Oscars

Succès confortable au box-office américain à sa sortie, avec un peu plus de 100 millions de dollars de recettes, si l’on ajuste la devise à son niveau de 2021, De sang-froid a été boudé par l’Académie des Oscars, mal à l’aise avec la noirceur d’une œuvre qu’elle n’a pas voulu récompenser dans un moment de célébration festif. Seulement quatre nominations, aucune victoire… L’évidence de la réussite artistique lui aurait-t-elle été fatale ? Le long métrage de Richard Brooks fascinait autant qu’il déconcertait par sa puissance et sa violence.

Un échec patent en France

En France, l’échec est manifeste. Le film de Columbia Pictures ne dépasse pas les 200 000 entrées et Paris est bien sévère à son égard (48 000 curieux). Dans la chaleur de la nuit de Norman Jewison, sorti trois semaines plus tôt n’en fera qu’une bouchée. Distribué dix jours avant l’assassinat de Martin Luther King (la dimension sociale, voire raciale de De sang-froid n’est jamais à sous-estimer), l’adaptation du livre de Truman Capote est mise en échec par Louis de Funès et son Petit baigneur. Le comique est un phénomène de société et cumule les succès en ce début d’année 1968. Le pacha de Lautner, avec Gabin, est un carton. Les biches de Chabrol ne fonctionnent pas trop mal. Même Reflets dans un œil d’or de John Huston, avec le duo Elizabeth Taylor – Marlon Brando, fera mieux dans la mélasse, une semaine plus tard.

De sang-froid, affiche 1988 par Jean-Marc Haddad

Affiche © Jean-Marc Haddad

Des reprises (presque) pour rien

Malgré tout, un culte autour du film de Richard Brooks se construit progressivement. Le polar psychologique sera repris en France en 1988 par le distributeur AAA Classic, qui s’est assuré de nombreuses copies sur Paris. Malheureusement, c’est de nouveau une déception en salle (7 000 entrées quand le même distributeur attirera sur Paname près de 30 000 entrées avec la reprise de Soudain l’été dernier). De façon plus anecdotique, en 2003, Action Gitanes/Les films du Théâtre du Temple, lui trouvent deux écrans pour l’un de leurs pires scores annuels. Une déception qui fait que ce classique de Richard Brooks demeure encore dans l’ombre de la cinéphilie de beaucoup de spectateurs.

2021, l’éditeur vidéo Wild Side compte répondre à cette injustice avec une édition collector vidéo éblouissante. La restauration 4K creuse la dimension esthétique du film qui n’est jamais paru aussi beau.

Frédéric Mignard / Virgile Dumez

Affiche originale 1968 de De sang-froid (In cold-blood), Richard Brooks

©Droits réservés

Le test blu-ray

Edition  d’une œuvre magistrale qui confine à la perfection et la pare de tous les leviers pour oppresser encore davantage dans son rendu HD hypnotique. Un collector, un vrai.

Les choix éditoriaux de Wild Side quant à leurs mediabooks collectors ne sont jamais aisés, car ils se situent dans une cinéphilie toujours très pointue. De sang-froid, classique trop méconnu en France, fait partie de ces décisions éditoriales qui démontrent la cinéphilie d’une équipe aimant visiblement Richard Brooks, pour lui avoir déjà consacré le mediabook d’Elmer Gantry, le charlatan.

De sang-froid appartient aux grandes réussites de l’éditeur qui propose ni plus ni moins l’une des plus grandes réussites de l’année 2021 dans l’édition blu-ray. Un coup de cœur intégral.

Wild Side Vidéo : les films de l'éditeur

Droits et conception graphique du logo Wild Side Vidéo

Compléments & packaging : 5 / 5

Wild Side poursuit dans la lignée de ses mediabooks luxueux. Peu différent dans la forme que ses classieux combos livre+DVD+blu-ray comme L’autre de Robert MulliganTrois femmes de Robert Altman ou La rumeur de William Wyler, l’éditeur soigne le packaging, épais sans prendre trop de place sur une étagère. L’édition à proprement parler parfaite dans son format s’apparente aux mediabooks dans la forme et le format des éditeurs Artus ou La Rabbia.

Loin de la sobriété des affiches cinéma du film De sang-froid, quelque peu oubliées en France, l’éditeur vidéo a fait confiance à un proche collaborateur pour un design exclusif dans le monde. C’est Thierry Couquard de l’agence Black Cherry qui a été commissionné ; il a déployé une série noire brossée à l’encre de chine. Une spirale d’éléments oppressants redéfinit bien le caractère de l’œuvre en la modernisant, tout en conservant un côté vintage. Couquard fait montre d’un talent différent des nombreuses jaquettes qu’il a élaborées pour Wild Side et Condor, et qui, parfois, dans un style pétaradant 2.0., survendait magnifiquement des séries B, comme à la grande époque des VHS. Cette personnalisation de l’objet est essentielle, puisque non seulement l’éditeur vend un film sur galette, mais également un très beau livre de photos, noir et blanc, mais aussi, pour certaines en couleur. Ces très nombreux clichés ont été nettoyés et sont particulièrement rares.

L’éditeur a opté pour une typographie parfaitement lisible pour mettre en page la présentation du film par Philippe Garnier. Au total, 20 pages de texte, qui sert d’illustration aux nombreuses images et non l’inverse, tant la partie illustrative est riche. Pour sa part, Garnier complète les bonus audiovisuels, avec une approche de l’œuvre de Capote, du fait divers qui a inspiré le romancier, et évoque même la sortie du biopic Truman Capote de Bennett Miller, dans les années 2000. Il a raison de dire que cette œuvre contemporaine se présente comme un complément du film de Richard Brooks.

Au niveau audiovisuel, on assiste à une interview de Richard Brooks en France, pour la promotion de la ressortie de De sang-froid. L’entretien est tiré de l’émission Cinéma, Cinémas. Il est toujours impressionnant de voir des monstres sacrés du cinéma revenir sur leur œuvre. On se sent tout petit face à cette figure d’autorité qui revient sur ce projet qu’il a voulu être sien et non une version cinéma par Truman Capote. Il a écarté l’auteur pour travailler en toute autonomie. Brooks explique le choix à contre-courant du noir et blanc, du format CinemaScope, son refus de mettre en scène des stars pour un tel projet, et livre une anecdote signifiante sur la venue promotionnelle de Capote et de journalistes internationaux venus assister au tournage.

Patrick Brion en tant qu’historien du cinéma, pendant 39 minutes, livre une introspection passionnante sur ce projet qu’il relate de façon exhaustive, avec une connaissance impressionnante de son sujet.

Plus original, le segment Contrebasses pour un massacre permet à un spécialiste et ami de Quincy Jones, Stéphane Lerouge, d’évoquer le travail du compositeur et sa démarche sur ce film exceptionnel. Lerouge, qui a notamment travaillé à la sortie d’un coffret regroupant l’intégralité des bandes originales que Quincy Jones a composées, est un expert. Il se livre à une remise en contexte dense de cette BO dans la carrière de l’artiste touche-à-tout. Quincy Jones a pu livrer une musique exceptionnelle d’ambiance et d’inventivité, tout en participant à l’écriture du film par la musique en amont. Lerouge revient sur les ambitions hollywoodiennes du musicien, son divorce d’avec le cinéma, et surtout le rendez-vous manqué aux Oscars. Réellement passionnant.

Sceno de l'édition blu-ray collector de De sa,g-froid

© Droits et conception graphique Wild Bunch – Design : Black Cherry (Thierry Couquard)

Image : 5 / 5

L’image sera-t-elle la plus belle qu’il vous sera donné de voir pour un film du répertoire cette année? Peut-être bien. Tout le travail photographique de Conrad Hall – ses choix méticuleux d’ombres et lumières, la précision de ses éclairages diurnes ou nocturnes -, est magnifié, sublimé, par la restauration qui nous a laissés abasourdis. Brooks qui avait notamment choisi le noir et le blanc pour mieux jouer sur l’espace et approfondir les plans, trouverait là matière à jubiler face à la justification de son travail, cinq décennies plus tard. Le master restauré est absolument parfait.

Son : 5 / 5

Il ne faut pas se fier à l’époque – la fin des années 60 -, qui imposait à tout film un son mono. De sang-froid propose ici en alternative à une solide piste 2.0., une piste 5.1 qui est légitime de par les conditions de réenregistrement de la bande musicale par Quincy Jones qui gagne en ampleur et étoffe la projection de ses expérimentations sonores. Quant aux voix, elles sont propres, à la bonne hauteur, du moins dans la version originale que nous avons privilégiée. La piste française existe bien, mais nous ne l’avons pas testée.

Le site de l’éditeur

Artwork face de De sang-froid de Richard Brooks, édition Wild Side 2021

© Droits et conception graphique Wild Bunch – Design : Black Cherry (Thierry Couquard)

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De sang-froid, affiche 1988 par Jean-Marc Haddad

Extrait de De sang froid

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