Trois femmes : la critique du film (1977)

Drame | 2h04min
Note de la rédaction :
8/10
8
Trois femmes d'Altman, l'affiche

  • Réalisateur : Robert Altman
  • Acteurs : Sissy Spacek, Shelley Duvall, Janice Rule, Robert Fortier
  • Date de sortie: 25 Mai 1977
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : 3 Women
  • Distributeur : Fox-Lira
  • Éditeur vidéo (blu-ray) : Wild Side Vidéo
  • Sortie vidéo (blu-ray) : Le 8 mai 2019
  • Box-office France / Paris-périphérie : 324 413 entrées / 155 039 entrées
  • Budget : 1,5 M$
  • Festival : Prix de la meilleure actrice pour Shelley Duvall au festival de Cannes 1977
Note des spectateurs :

Etrange et fascinant, Trois femmes est un film insaisissable qui appartient à la catégorie des OVNI de la décennie 70. A découvrir en urgence.

Synopsis : Pinky, une jeune Texane de 18 ans, est engagée dans un sanatorium du désert californien. Elle y rencontre Millie, modèle de féminité en perpétuelle quête de perfection et de reconnaissance sociale, qui lui enseigne les ficelles du métier d’aide-soignante, l’invite à emménager dans son appartement et lui présente Willie, une mystérieuse artiste peintre. Fascination, répulsion, emprise, usurpation… De leur singularité va se tisser un lien vénéneux… Ces trois femmes en surface si différentes pourraient bien se rapprocher jusqu’à la folie…

Un film tourné dans l’urgence, avec beaucoup d’improvisation

Critique : Après l’échec commercial de Buffalo Bill et les Indiens (1976) produit par Dino de Laurentiis avec qui il avait signé un contrat pour trois films consécutifs, Robert Altman se retrouve mis sur la touche. Ainsi, la plupart des projets développés avec le producteur tombent à l’eau et Altman décide de rebondir très vite en s’inspirant d’un de ses rêves et en tournant rapidement une petite œuvre indépendante.

Trois femmes, jaquette du combo Wild Side

© 1977 Lion’s Gate Films / © 2019 Wild Side Vidéo. Tous droits réservés.

Alors que le script se réduit à une petite quarantaine de pages, Altman choisit de reconduire une méthode qui lui a déjà réussi, à savoir l’improvisation. A l’aide de son casting formé par Shelley Duvall, Sissy Spacek et Janice Rule, Altman met en place une intrigue cryptique qui tourne autour d’une usurpation progressive d’identité d’une femme sur une autre.

Altman bouscule les attentes du spectateur

Pourtant, très rapidement, le spectateur devra se rendre à l’évidence : le réalisateur s’évertue à nous troubler en bousculant nos habitudes. Ne basculant jamais pleinement dans le thriller, le métrage semble particulièrement rétif à toute forme d’analyse. Le spectateur doit donc se contenter de quelques pistes narratives évasives et se laisser porter par une ambiance assez anxiogène qui provoque souvent le malaise.

Altman suggère à plusieurs reprises que les trois femmes présentées ici n’en forment en réalité qu’une seule, comme une forme de synthèse de l’éternel féminin. Toutefois, l’image des femmes n’est pas nécessairement valorisante puisque l’une est une mythomane, l’autre une hystérique notoire et la troisième est tout bonnement mutique. Il est difficile dans ce cas de parler de film féministe, même si les hommes ne sont guère mieux lotis. On peut donc considérer Trois femmes comme une grande œuvre fondée sur la misanthropie.

Une critique à peine voilée du mode de vie américain

Comme à son habitude, Altman s’en prend au modèle américain en dénonçant l’extrême futilité de ce mode de vie où seul le paraître revêt de l’importance.

La femme incarnée par Shelley Duvall est désespérément seule, mais s’accroche à des inconnus de manière pathétique afin de se donner l’illusion d’être intégrée. Pour cela, elle se conforme aux clichés des magazines et organise toute sa vie en fonction de l’image qu’elle souhaite renvoyer aux autres. Totalement superficielle, celle-ci provoque toutefois l’admiration démentielle de Sissy Spacek qui ne semble pas pouvoir se détacher de cette figure tutélaire. Ces différents protagonistes n’existent donc jamais pour eux-mêmes et se dérobent à toute tentative de raisonnement cartésien.

Le seul personnage masculin n’est-il pas une parodie de cow-boy dérisoire ? Lui-même n’a fait carrière que comme doublure d’un célèbre acteur. Il ne vit donc que dans l’apparence qu’il renvoie aux autres. Finalement, le long-métrage ressemble à un rêve qui serait en réalité le cauchemar d’une Amérique vidée de toute substance, uniquement fondée sur le mensonge.

Altman développe une ambiance étrange et anxiogène

Doté d’une ambiance étrange et anxiogène, Trois femmes est un pur prototype d’œuvre en roue libre qui débouche pourtant sur un ensemble cohérent et troublant. Parfois à la limite du malaise, le résultat final est tout bonnement passionnant et constitue l’un des points forts de la filmographie d’un maître du cinéma. Sans être un gros succès, Trois femmes a tout de même intrigué plus de 300 000 spectateurs sur toute la France, ce qui se situe dans une moyenne correcte pour un réalisateur ayant tutoyé les sommets du box-office à quelques reprises, mais qui a aussi connu des scores bien plus décevants.

Trois femmes, détail du combo Wild Side

© 1977 Lion’s Gate Films / © 2019 Wild Side Vidéo. Tous droits réservés.

Aujourd’hui, le film ressort chez l’éditeur Wild Side dans un joli coffret Blu-ray / DVD / livret dont nous n’avons pu visionner que le DVD (qui ne contient pas les suppléments, uniquement visibles sur le blu-ray). Un entretien de 40min avec Diane Arnaud est donc inclus sur la galette au rayon bleu. Il est sans aucun doute passionnant au vu de la complexité du film. La copie proposée n’est pas la plus enthousiasmante, mais en l’absence de visionnage du blu-ray, nous nous abstiendrons de tout commentaire. Le livret, quant à lui, est intéressant et richement illustré.

Acheter le coffret blu-ray / DVD / Livret 

Critique : Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 25 mai 1977

Trois femmes d'Altman, l'affiche

© 1977 Lion’s Gate Films. Tous droits réservés.

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