Le plus doué des Carradine ? Pour l’historien du cinéma Jean Tulard, c’est le père. Keith Carradine, l’un des fils, fut pourtant un nom important du cinéma indépendant des années 80 et 90, interprète charismatique de Robert Altman, Ridley Scott ou Andreï Kontchalovski.
Keith Carradine, enfant chéri du Nouvel Hollywood
Acteur américain, Keith Carradine est également chanteur, compositeur et parolier. Enfant de la balle, il est le fils du vétéran John Carradine, second rôle de l’âge d’or hollywoodien, interprète de Ford et Nicholas Ray. Son demi-frère David Carradine, vedette de la série télévisée Kung-fu, a tourné avec Bergman et Tarantino. Son frère Robert Carradine a été vu chez Scorsese ou Fuller. Keith débute au cinéma avec un rôle de cow-boy dans John McCabe (1971) de Robert Altman. Il tourne ensuite avec d’autres cinéastes dont Robert Aldrich (L’empereur du Nord) et Peter Fonda (Idaho Transfer), en 1973. Altman fait encore appel à lui pour des rôles importants avec Nous sommes tous des voleurs (1974) et surtout Nashville (1975).
Pour ce film choral culte se déroulant dans le milieu de la musique country, Keith Carradine obtient l’Oscar de la meilleure chanson originale avec I’m Easy. Si ses participations à des films français ne sont guère remarquées avec Antoine et Sébastien (1974) de Jean-Marie Périer et Lumière (1976) de Jeanne Moreau, le comédien est à son avantage dans Welcome to Los Angeles (1976) du cinéaste indépendant Alan Rudolph, et surtout Les duellistes (1977) de Ridley Scott. Dans ce drame historique désormais classique, il partage l’affiche avec Harvey Keitel et montre l’étendue de son registre. Un an plus tard, il est le partenaire de Brooke Shields dans le sulfureux La petite (1978) de Louis Malle, avant d’être celui de Monica Vitti dans le plus banal Un scandale parfait (1979) de Michael Ritchie.
Un acteur phare du cinéma indépendant
Dans les années 80, Keith Carradine reste un acteur de premier plan et jouit d’une filmographie honorable, bien que n’étant pas la vedette la plus tapageuse et bankable. Il retrouve ses frères David et Robert (mais aussi Stacy Keach et Dennis Quaid) dans Le gang des frères James (1980) de Walter Hill, qui le dirige à nouveau dans le célèbre Sans retour (1981). L’acteur reste fidèle à Alan Rudolph avec Choose Me (1984), Wanda’s Café (1985) et Les modernes (1988). On le remarque surtout en séducteur cynique de Nastassja Kinski dans Maria’s Lovers (1984) d’Andreï Kontchalovski, au sein d’une distribution brillante comprenant aussi John Savage, Robert Mitchum et Vincent Spano.
Cette décennie le voit également tête d’affiche de Blackout : L’obsession d’un flic (1985) de Douglas Hickox, L’enquête (1987) de Damiano Damiani ou Sans espoir de retour (1989) de Samuel Fuller. Ces derniers films peinent toutefois à séduire le public et la presse. Keith Carradine se tourne ensuite davantage vers la télévision, où il élargira son audience avec des séries comme Les sauvages et Deadwood. Il reste désormais plus discret au cinéma où il est vu toutefois dans Mrs Parker et le cercle vicieux (Rudolph, 1994), Secrets (1997) de Jocelyn Moorhouse, Le faucon islandais (2002) de Friðrik Þór Friðriksson, Les amants du Texas (2013) de David Lowery ou The Power of the Dog (Netflix, 2021) de Jane Campion.